jeudi 26 septembre 2024

Le Canada pris au piège de sa politique migratoire


Après avoir doublé l’immigration permanente sous son mandat, Justin Trudeau fait [un peu] marche arrière, pressé par l’opinion.

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, salue, le 3 juillet dernier, des personnes dans un parc de sa circonscription de Papineau, l’une des plus multiethniques du pays.

Trudeau (avec bandeau rouge à la tête) à Ottawa

Au nord de Montréal, la circonscription de Justin Trudeau, Papineau, est l’une des plus multiethniques du pays. Africains, Haïtiens et Latino-américains s’y retrouvent sur la grande artère piétonne du quartier de Rosemont-la-petite-patrie, où l’on trouve des commerces vendant des spécialités de pays variés. Mais au niveau national, l’immigration est devenue le plus grand défi du gouvernement de Justin Trudeau depuis que ce dernier est arrivé au pouvoir en 2015. Le sujet est devenu obsessionnel dans l’opinion publique et les médias canadiens, alors qu’il ne l’avait jamais été ces dernières décennies, dans un pays traditionnellement accueillant envers les réfugiés.

«Le legs de Justin Trudeau sera d’avoir détruit le consensus canadien sur l’immigration », a titré récemment le quotidien de référence [centre gauche] The Globe and Mail. À moins d’un an de la fin de son mandat, pressé tant par une bonne partie de la population que par les partis d’opposition et, parfois, par son propre camp, le premier ministre consent donc à diminuer le nombre d’immigrés qu’accueillera le pays. Son ami d’adolescence, également ministre de l’immigration, Marc Miller, a reconnu en fin de semaine à Radio-canada : « Très franchement, on a pris un peu trop longtemps pour ralentir la machine. »

En dix ans, le nombre d’immigrés a doublé au Canada, passant de 259 000 en 2013 à 465 000 en 2023. Il faut y ajouter plus de 2,8 millions d’« immigrants temporaires ». C’est principalement le nombre de ces visas de travail temporaires et celui des étudiants étrangers qu’Ottawa souhaite réduire. Pendant des décennies, le pays avait soigneusement sélectionné son immigration en fonction de ses capacités d’intégration. Or, Justin Trudeau, influencé par un think-tank canadien anglophone, L’Initiative du siècle, a décuplé l’immigration pour créer de la croissance économique, sans calculer si le pays avait les moyens d’accueillir les nouveaux venus. Le think-tank estime que « la croissance de la population canadienne est essentielle à la prospérité économique et l’influence du pays sur la scène mondiale. L’objectif est de porter la population du Canada à 100 millions de personnes d’ici à 2100 (contre 40 millions actuellement). »

Au Québec, certains se sont emparés du sujet, dénonçant un projet purement politique qui viserait à diluer les Canadiens francophones dans une masse de ressortissants asiatiques et indiens, l’immigration privilégiée par Trudeau, opposé à l’indépendance du Québec… Quoi qu’il en soit, force est de constater que son gouvernement, en ouvrant les vannes de l’immigration, a gravement déséquilibré les infrastructures essentielles du Canada.

Ghettoïsation en hausse


« C’est impossible d’inviter 1,2 million de nouvelles personnes au Canada chaque année lorsqu’on ne bâtit que 200 000 logements », s’est exclamé récemment le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, un populiste [dixit Le Figaro...] pressenti pour être le prochain premier ministre. Dépassés par la demande, les services publics sont sous pression. Les prix de l’immobilier et des loyers se sont envolés, suscitant une crise du logement et une augmentation du nombre de sans-abri… Une crise qui affecte tant les nouveaux arrivants que les Canadiens. Le Canada, longtemps abordable, est devenu une destination chère. Le chômage est aussi reparti à la hausse. Il atteint désormais 6,6 %.

Les Canadiens, majoritairement plutôt ouverts à l’immigration, n’en veulent pas aux demandeurs d’asile d’avoir choisi leur pays. Ils reprochent en revanche à leurs dirigeants de ne pas avoir mesuré les conséquences de leurs politiques, malgré les mises en garde d’experts. La plupart de ces derniers estiment qu’il faudrait près d’une décennie pour construire suffisamment de logements pour abriter la population actuelle.

Autre problème : les conséquences sociétales et les revendications religieuses croissantes dans un pays où la ghettoïsation est en hausse. Selon l’institut national Statistique Canada, Toronto compte 55 % de « minorités visibles » et Vancouver, 54%. Il faut «accroître la représentation des professeurs musulmans (dans les universités) », a dit, il y a quelques jours, la représentante spéciale de la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby. La sortie de cette militante nommée par Justin Trudeau a soulevé un tollé au Québec, mais elle est symbolique de la politique du premier ministre. Si Ottawa a assuré qu’il diminuerait l’immigration, les Canadiens sont sceptiques, tant Justin Trudeau peine à reconnaître franchement son erreur. The Globe and Mail, journal anglophone modéré, a d’ailleurs titré : «Le gouvernement Trudeau règle le problème de l’immigration, aussi lentement qu’il le peut ».


Source : Le Figaro

Après bien des hésitations, la Chine relève son âge de départ à la retraite, étonnamment bas


Le dirigeant chinois, Xi Jinping, se targue de la capacité inégalée de son système politique à faire aboutir des projets difficiles. « Pour tout ce qui profite au parti et au peuple, a-t-il déclaré, nous devons agir avec audace et détermination. » Pourtant, ce n’est que le 13 septembre, après des années d’indécision, que la Chine a annoncé le premier relèvement de l’âge de la retraite depuis les années 1950. Alors qu’il était l’un des plus bas du monde, il va commencer à se rapprocher des normes des pays riches.

Ayant vu le mécontentement suscité par des changements similaires dans d’autres pays, M. Xi avait peut-être des raisons d’hésiter. L’agitation en Occident est normalement un élément que les propagandistes de la Chine exploitent. Mais les grandes manifestations organisées en France l’année dernière pour protester contre le relèvement de l’âge de la retraite ont suscité des commentaires inquiets et furieux en Chine à propos des rumeurs répétées du gouvernement sur l’adoption d’une mesure similaire. « Les gens du peuple jurent derrière des portes closes », écrit un utilisateur de Weibo, une plateforme de médias sociaux, en faisant référence au contraste entre la colère publique en France et sa forme furtive en Chine.

Lorsque la Chine a enfin pris le taureau par les cornes et publié son propre calendrier, elle l’a fait sans grande fanfare. La télévision d’État a mentionné la décision en dessous de plusieurs autres titres dans son principal journal télévisé du soir. Les téléspectateurs ont dû attendre plus de 35 minutes (et assister à près de 20 minutes de reportages sur les activités de M. Xi) pour n’avoir droit qu’à un simple aperçu. L’âge de la retraite passera de 50 à 55 ans pour les ouvrières, de 55 à 58 ans pour les employées et de 60 à 63 ans pour les hommes. Ces changements commenceront en janvier 2025 et s’étaleront sur 15 ans. Pour les hommes et les femmes employés, l’âge de la retraite augmentera d’un mois tous les quatre mois. Pour les ouvrières, il augmentera d’un mois tous les deux mois.

Le journal télévisé du soir n’a pas pris la peine de faire un reportage complémentaire. Mais les internautes chinois ont été très gênés par les mesures prises par le gouvernement. Les messages portant le mot-dièse « réforme pour retarder l’âge légal de la retraite » ont recueilli plus de 870 millions de vues et plus de 240 000 commentaires sur Weibo. Les censeurs n’ont pas tardé à intervenir. Plus de 5 100 de ces commentaires ont été publiés sous un premier rapport de Xinhua, la principale agence de presse du gouvernement. Essayez de les lire maintenant ; il en reste moins de 30, dont aucun n’est défavorable.