L'ancien député et chef de l'ADQ, Mario Dumont, est revenu dans les colonnes du Journal de Québec sur les raisons, selon lui, pour lesquelles on a peu parlé d'éducation pendant cette campagne. Notons que même lorsqu'n a parlé d'éducation on en est resté soit au niveau des infrastructures (moisissures), des structures bureaucratiques (commissions scolaires) ou des intérêts corporatistes (autonomie professionnelle des enseignants et volonté de ne plus financer que le public). Voir à ce sujet notre billet précédent. Mais rien sur les programmes scolaires, sur la liberté de programmes, d'une implication plus grande des parents en échange d'une plus grande liberté, rien sur les bons d'études, etc. Voici donc ce qu'en pense Mario Dumont :
D’abord, la première erreur consiste à comparer avec l’élection 2012 en disant qu’on y avait abordé davantage la question de l’éducation à cause des carrés rouges. Je m’excuse, personne ne parlait alors vraiment d’éducation. Le débat était : doit-on se soumettre aux volontés de manifestants dans la rue en matière de droits de scolarité? Pas mal loin des véritables enjeux sur la qualité de nos universités. Maintenant tous les partis ont peur des étudiants et se réfugient derrière la simple indexation des droits de scolarité. Et le sous-financement des universités? Pardon? Quoi? On a oublié.
Québécois peu intéressés
L’éducation n’est pas un thème électoral payant. Tout stratège politique sérieux sait cela. André Boisclair a fait une campagne là-dessus. Catastrophe. Ensuite, j’ai moi-même fait une campagne centrée sur l’école québécoise. Catastrophe. Vous me direz : Boisclair, Dumont, deux nuls qui fournissaient bien d’autres raisons de ne pas voter pour eux. Pas si simple. Les analyses a posteriori de ces campagnes ont été faites dans tous les partis, qui ont bien noté que parler d’éducation aux Québécois ne suscite pas d’enthousiasme.
C’est difficile à expliquer. En général, on aurait l’impression que l’éducation pour tous fait partie des fiertés de la Révolution tranquille. Je perçois que les parents sont en général intéressés par la réussite de leur enfant. Mais collectivement, l’éducation n’est pas du tout un projet de société pour nous. Société tristement distincte sur ce point, le Québec est loin derrière la mentalité anglo-saxonne pour qui l’école est au cœur de la communauté et l’éducation au cœur des priorités.
Faire fuir les votes
Il y a une autre grande raison pour ne pas vraiment parler d’éducation en campagne. La peur de déplaire. Personnellement, je crois que ce qu’on doit faire en éducation, c’est demander plus à tout le monde. En demander plus aux parents pour supporter la réussite plutôt que de se fier uniquement à l’enseignant. Mais les parents sont des votants à qui on ne veut pas déplaire.
Demander plus de rigueur aux enseignants en les encadrant d’un Ordre professionnel. Leurs syndicats sont en guerre contre cela. Et les enseignants votent. En demander plus aux communautés, aux municipalités, au milieu des affaires pour appuyer les écoles autour d’eux. Mais voyons! En campagne électorale, les partis sont là pour en donner plus, pour en offrir plus, surtout pas pour en exiger davantage de chacun!
Pour moi l’éducation est une gigantesque priorité. De la maternelle à l’université. Puis-je blâmer les partis politiques d’en parler peu? Demander aux partis d’insister sur un thème qui ne marche pas dans l’électorat. Comme pousser quelqu’un à aller pêcher dans un lac sans poisson? Donnons-nous comme défi d’être un peuple qui met une véritable priorité à l’éducation. La politique suivra.
D’abord, la première erreur consiste à comparer avec l’élection 2012 en disant qu’on y avait abordé davantage la question de l’éducation à cause des carrés rouges. Je m’excuse, personne ne parlait alors vraiment d’éducation. Le débat était : doit-on se soumettre aux volontés de manifestants dans la rue en matière de droits de scolarité? Pas mal loin des véritables enjeux sur la qualité de nos universités. Maintenant tous les partis ont peur des étudiants et se réfugient derrière la simple indexation des droits de scolarité. Et le sous-financement des universités? Pardon? Quoi? On a oublié.
Québécois peu intéressés
L’éducation n’est pas un thème électoral payant. Tout stratège politique sérieux sait cela. André Boisclair a fait une campagne là-dessus. Catastrophe. Ensuite, j’ai moi-même fait une campagne centrée sur l’école québécoise. Catastrophe. Vous me direz : Boisclair, Dumont, deux nuls qui fournissaient bien d’autres raisons de ne pas voter pour eux. Pas si simple. Les analyses a posteriori de ces campagnes ont été faites dans tous les partis, qui ont bien noté que parler d’éducation aux Québécois ne suscite pas d’enthousiasme.
C’est difficile à expliquer. En général, on aurait l’impression que l’éducation pour tous fait partie des fiertés de la Révolution tranquille. Je perçois que les parents sont en général intéressés par la réussite de leur enfant. Mais collectivement, l’éducation n’est pas du tout un projet de société pour nous. Société tristement distincte sur ce point, le Québec est loin derrière la mentalité anglo-saxonne pour qui l’école est au cœur de la communauté et l’éducation au cœur des priorités.
Faire fuir les votes
Il y a une autre grande raison pour ne pas vraiment parler d’éducation en campagne. La peur de déplaire. Personnellement, je crois que ce qu’on doit faire en éducation, c’est demander plus à tout le monde. En demander plus aux parents pour supporter la réussite plutôt que de se fier uniquement à l’enseignant. Mais les parents sont des votants à qui on ne veut pas déplaire.
Demander plus de rigueur aux enseignants en les encadrant d’un Ordre professionnel. Leurs syndicats sont en guerre contre cela. Et les enseignants votent. En demander plus aux communautés, aux municipalités, au milieu des affaires pour appuyer les écoles autour d’eux. Mais voyons! En campagne électorale, les partis sont là pour en donner plus, pour en offrir plus, surtout pas pour en exiger davantage de chacun!
Pour moi l’éducation est une gigantesque priorité. De la maternelle à l’université. Puis-je blâmer les partis politiques d’en parler peu? Demander aux partis d’insister sur un thème qui ne marche pas dans l’électorat. Comme pousser quelqu’un à aller pêcher dans un lac sans poisson? Donnons-nous comme défi d’être un peuple qui met une véritable priorité à l’éducation. La politique suivra.
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