jeudi 8 avril 2021

Étude préconise plus de lecture à voix haute en classe

 
Une étude réalisée par le groupe éditorial britannique Egmont s’est penchée sur l’impact de la lecture à voix haute en classe sur les enfants. Sur une période de 5 mois, s’étalant de septembre à décembre 2018, les résultats de l’enquête démontrent les bénéfices sur le comportement des élèves et ainsi qu’une amélioration de leur niveau de compréhension et d’attention.

L’étude menée par Egmont a été réalisée auprès de 120 élèves âgés de 7 à 11 ans de l’Académie catholique Saint-Joseph, basée à Stoke-on-Trent (Angleterre), classé comme quartier défavorisé.

Parmi les élèves, 27 % sont issus de milieux défavorisés, 8 % de minorités ethniques et 13 % de famille de voyageurs, précise l’enquête. Pour certains d’entre eux, leurs parents ne savent pas lire, et l’école représente alors leur seul lieu d’accès à la lecture.

Visant à évaluer l’impact de la lecture dans l’éducation, l’étude consistait ainsi à instaurer, sur une période de cinq mois, des sessions quotidiennes de lecture à voix haute par les enseignants d’une durée de 20 minutes.

Egmont s’est également engagé à fournir les écoles en livres et magazines afin de renouveler les collections de l’établissement. 624 nouveaux livres et 1120 nouveaux magazines ont ainsi été mis à disposition des élèves et des enseignants.

Amélioration globale

Les résultats observés montrent que le temps consacré s’avérait bénéfique pour les enfants : il constituait un moment propice à leur épanouissement et permettait d’augmenter leur capacité d’attention, de concentration et de compréhension.

En outre, les enseignants interrogés ont également noté que les sessions de lecture à voix haute avaient contribué à améliorer leurs relations avec les élèves. Elles ouvraient en effet la voie à un moment de partage à même d’instaurer davantage de proximité.

Les élèves ont quant à eux fait part de leur enthousiasme d’avoir accès à de nouveaux livres et magazines, ce qui conduit Egmont à estimer que le renouvellement des livres mis à disposition constitue une source de motivation pour lire.

De fait, à la fin des cinq mois de l’enquête, le niveau de lecture des enfants s’est amélioré, les élèves ayant acquis en moyenne un niveau supérieur de lecture équivalent à 10,2 mois.

De manière plus détaillée, le rapport établit ainsi que :

  • Un garçon de 3e année âgé de 7 ans et 6 mois, avec un âge de lecture de 7 ans et 4 mois au début du projet, avait atteint un âge de lecture de 10 ans en février — soit une amélioration de 2 ans et 8 mois.
  • Une fille de 4e année âgée de 8 ans, avec un âge de lecture de 5 ans et 11 mois au début du projet, avait atteint l’âge de 8 ans en février — soit une amélioration de 2 ans et 1 mois.
  • Une fille de 5e année âgée de 9 ans et 11 mois, avec un âge de lecture de 5 ans et 11 mois au début du projet, avait atteint un âge de lecture de 7 ans et 6 mois en février — soit une amélioration de 1 an et 7 mois.
  •  Un garçon de 6e année âgé de 10 ans et 2 mois, avec un âge de lecture de 5 ans et 11 mois au début du projet, avait atteint un âge de 6 ans et 11 mois en février — soit une amélioration d’un an.

Intégrer les sessions de lecture dans le programme scolaire

Au vu de ces résultats, Egmont estime que le temps consacré à la lecture devrait faire partie intégrante du programme scolaire. Pourquoi ne pas le considérer comme un enseignement à part entière, conformément aux suggestions des enseignants eux-mêmes ? Ils furent nombreux à avoir fait part de leur difficulté à maintenir les sessions de lecture à voix haute une fois l’enquête terminée, du fait de la charge élevée du programme d’éducation nationale.

Comme en témoigne un des professeurs interrogés à la fin de l’enquête : « Il était extrêmement difficile d’adapter l’heure du conte au quotidien avec les exigences du calendrier scolaire et du programme. »

Or, « lire pour le plaisir pendant une petite quantité de temps chaque jour fait des merveilles pour la relation enseignant/élève…. C’est particulièrement vital pour tant de nos enfants qui vivent dans des foyers qui souffrent d’un manque d’alphabétisation  », renchérit l’un de ses confrères.

Aussi le rapport d’Egmont préconise-t-il de rééquilibrer l’approche pédagogique en consacrant, par exemple, moins de temps à l’apprentissage de la grammaire, jugée « trop technique » selon les dires des enseignants, et pouvant contribuer à rebuter les enfants à lire davantage.

Le groupe éditorial entend à ce titre démarcher le gouvernement britannique pour que celui-ci « modifie le programme d’études afin que l’heure de lecture fasse partie intégrante de la journée scolaire pour tous les enfants du primaire. »

L’ensemble de l’étude est consultable ici.

Trop blanc !

Extrait du nouvel essai de Mathieu Bock-Côté, La Révolution racialiste et autres virus idéologiques qui sort la semaine prochaine en France, aux presses de la Cité.

Au début des années 2000, l’humoriste Michel Mpambara, originaire du Rwanda, lançait dans son pays d’adoption son premier spectacle, qui avait pour titre : Y a trop de blanc au Québec.

Chaque fois, il suscitait l’hilarité des spectateurs, amusés par cet homme venu d’ailleurs qui posait un regard caustique sur sa terre d’accueil. Nul n’aurait imaginé, à ce moment, que l’humoriste puisse dire cela sérieusement, et d’ailleurs, ce n’était pas le cas.

Un quart de siècle plus tard, on utilise les mêmes mots, mais désormais sans rire. C’est sur un ton inquisiteur qu’on répète la même formule dans le cadre d’un grand exercice se réclamant de la lucidité collective pour dénoncer la suprématie blanche au Québec. Ainsi, il n’est pas rare de voir des reportages des médias publics s’inquiéter du caractère « trop blanc » de la fonction publique, du monde des affaires ou du milieu du spectacle — le rap québécois serait lui aussi trop blanc, ainsi que l’univers des célébrités.

Même la littérature pour enfants serait apparemment trop blanche. Le journal La Presse affirmera : « La littérature jeunesse québécoise met en scène des héros presque tous blancs, qui s’appellent plus souvent Tremblayet Gagnon que Wong ou Khan. » Il n’était apparemment pas venu à l’esprit du quotidien qu’il est encore bien plus courant, au Québec, de s’appeler Tremblay que Wong et Gagnon que Khan.

Cette dénonciation ritualisée n’est évidemment pas exclusive au Québec. Le journaliste occidental se transforme en adepte de la comptabilité raciale et multiplie ainsi les enquêtes pour voir où en sont les institutions censées s’adapter aux exigences nouvelles de la diversité et quels efforts elles déploient pour se déblanchir. La traque à la société trop blanche est à la mode.

Ainsi, en France début 2020, on a pu entendre dire à Aïssa Maïga, au moment de la cérémonie des César : « C’est plus.fort que moi, je ne peux pas m’empêcher de compter le nombre de Noirs dans la salle. » Il s’agissait, sur le mode insolent, de faire le procès d’une salle trop blanche en réinventant le délit de faciès.

« Salut, les Blancs », avait quant à lui lancé l’humoriste Fary à la 31e cérémonie des Molières avant d’ajouter : « Il faut que quelqu’un leur dise… Euh… C’est trop blanc. » Ces remarques, déjà fréquentes des deux côtés de l’Atlantique depuis plusieurs années, se sont multipliées, comme on l’a vu d’ailleurs en Écosse le 18 août 2020 lorsque le ministre Humza Yousaf a fait la liste de plusieurs figures en position d’autorité en les définissant par leur couleur de peau, pour en conclure que son pays était trop blanc et avait un problème de « racisme structurel ». Comme d’autres, il considère que le pays dans lequel ses parents se sont installés est trop blanc, et entend en finir avec cette injustice structurelle.

Un regard rapide sur les thèmes privilégiés par la presse confirme la prédominance de cette approche. La gendarmerie, la police, les sciences de la terre, la médecine, les mathématiques, la mode, l’univers du spectacle vivant, l’Opéra, l’univers de la musique classique… seraient trop blancs. On ne se demande plus, en se rendant à un concert, si l’orchestre jouera bien, mais à quoi il ressemblera. li n’est donc plus rare, au-delà des frontières américaines, de voir des inspecteurs mandatés par le régime diversitaire tenir une comptabilité raciale stricte des organisations publiques et privées, pour en arriver à la conclusion attendue que les Blancs y sont encore trop présents et que la diversité peine à s’y faire une place. « Diversité » étant le terme codé pour dire que les Blancs sont trop nombreux dans des sociétés historiquement « blanches », même si elles ne se représentaient pas dans ces termes.

Dans le monde occidental du début des années 2020, on peut donc, très ouvertement, reprocher à quelqu’un la couleur de sa peau au nom de l’antiracisme.

Voir aussi

La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques (recension)

Le Québec choisit-il bien ses immigrants? «Le programme de francisation est un échec»

Extraits d’un texte de Jérôme Blanchet-Gravel.

L’immigration fait toujours débat dans la Belle Province, où l’on continue de s’inquiéter du déclin du français et de la survie de l’identité québécoise. Dans un récent ouvrage, l’enseignant Hassan Jamali propose un modèle de sélection des immigrés tenant moins compte de la langue. Une manière de rajeunir le Québec ? Sputnik l’a interrogé.

 

Élèves de l’école publique Montcalm à Saint-Michel (Montréal)

 

Le Québec n’a pas fini de débattre de l’immigration ni de ses impacts sur les plans économique, linguistique et identitaire. La seule province canadienne entièrement francophone est sensible à la survie de sa langue, perçue comme l’emblème de sa différence en Amérique du Nord.

Avec la publication de Quelle immigration pour une société distincte ? (éd. Dialogue Nord-Sud), Hassan Jamali entend contribuer au débat.

L’immigration, un sujet tabou au Québec ? En entrevue avec Sputnik, il souligne d’abord que l’immigration est un « thème sensible » au Québec, mais qu’il est plus que jamais nécessaire d’en parler :

« Les Européens ont tendance à penser que le Canada et le Québec font un bon travail en ce qui concerne l’intégration des immigrants. Cette image projetée en Europe est trop optimiste. […] Le Québec rencontre les mêmes problèmes que la France, mais ils arrivent quelques années plus tard. […] L’immigration est d’autant plus délicate à aborder que les Québécois ne veulent pas disparaître comme peuple distinct », explique l’auteur.

L’auteur, qui a travaillé à l’intégration de nombreux réfugiés, estime qu’il est primordial de freiner la progression des « ghettos scolaires » en diversifiant davantage l’origine des immigrés et en choisissant des candidats plus jeunes. [Note du carnet : Et pas en diminuant l’immigration ou en introduisant un élément culturel à la sélection ? Mais voilà: il serait tabou de préférer des francophones de tradition occidentale (culture gréco-latine et chrétienne). Nos élites permettent de sélectionner par la langue ou ici selon l’âge, mais pas par la culture pourtant ce n'est pas un facteur mineur pour assurer l'assimilation...]

Le Québec fait face à un déclin de l’usage du français en raison de l’immigration plus marqué qu’attendu

« À Montréal, il y a des écoles où les Arabes représentent presque 100 % de la clientèle. Il y a des écoles où il n’y a plus aucun Québécois de souche. Les jeunes qui ont choisi de rejoindre l’État islamique* étaient issus de ces milieux ghettoïsés. Si l’on optait pour une immigration plus jeune et plus diversifiée, les nouveaux arrivants auraient moins tendance à se regrouper en fonction de leurs origines », analyse [prétend] le concepteur de « Réussir aux Québec », un guide d’intégration pour les immigrants (Prix québécois de la citoyenneté).

Avec son nouvel ouvrage, Hassan Jamali sait qu’il ne plaira pas à tous les publics et surtout pas aux lecteurs de tendance nationaliste. Il estime que l’État québécois doit rompre avec son approche essentiellement linguistique et privilégier d’autres critères dans sa grille de sélection des immigrés.

« Je sais bien que le déclin du français préoccupe, particulièrement à Montréal, mais trop de points sont accordés à la maîtrise de cette langue. De toute façon, la francisation des immigrants adultes au Québec est un échec. Si on choisissait des immigrés jeunes et plus de célibataires, ils seraient forcés d’apprendre le français pour terminer leurs études et intégrer le marché du travail », assure notre interlocuteur.

[Pourquoi seraient-ils forcés d’apprendre le français ? Les cégeps et universités anglophones sont libres d’accès à tous, y compris les immigrants ! En outre, les jeunes célibataires sont souvent plus turbulents : ils sont moins casés, ont moins de responsabilités familiales. La délinquance n’est généralement pas le fait des immigrants avec famille, mais plutôt de jeunes sans familles, sans femme. Et les études que ces jeunes « devraient » terminer, qu’est-ce qui empêcherait le décrochage ? qui les paierait ? Les Québécois ? À ce compte, pourquoi ne pas bonifier radicalement les aides à la naissance de jeunes nés au Québec ? Pourquoi l’État ne pas valorise-t-il pas les valeurs familiales et la venue d’enfants au monde plutôt que les combats wokes à la mode et l’idée que la carrière est ce qui prime ? Priorité au Québec : Des écoles s’adaptent aux élèves « trans », Québec — Clinique de changement de sexe débordée (épidémie psychologique sociale ?)]

[…]  

Vieillissement de la population : l’actuelle immigration n’y change rien

Selon l’Institut national de santé publique du Québec, la province sera d’ici à quelques années l’une des plus vieilles sociétés en Occident. L’organisme prévoit qu’une personne sur quatre sera âgée de 65 ans et plus en 2031. Un problème auquel l’actuelle immigration ne permettrait aucunement de remédier [.] [C'est globalement exact, l'immigration fait grossir la population du Canada, mais la rajeunit peu.]

[…]  

 

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Canada — Faire passer l’immigration de 300 000 personnes par an à un million (Brian Mulroney appuie l’Initiative du Siècle…)

Tariq Ramadan : vos frontières n’auront raison de notre jeunesse […] vous croyez que l’on va rester là ? 

Française en PVT à Montréal : ce qui est bien c’est qu’on peut y améliorer son anglais 

Le PQ veut que les enfants de résidents temporaires étudient en français 

Québec — L’écart entre le taux de chômage des immigrants et ceux nés au Canada se creuse 

Québec — Indice de fécondité pour 2020 est tombé à 1,52 enfant/femme, il était de 1,57 en 2019  

Analphabétisme — 47,8 % des Québécois et un quart des diplomés universitaires peinent à comprendre un texte complexe

La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques (recension)

Mathieu Bock-Côté, sociologue bien connu, va publier un nouvel essai à Paris le 15 avril 2021. Voici la recension de son nouvel ouvrage par Michel de Jaeghere publiée dans Le Figaro Histoire (avril-mai 2021).

IL ÉTAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION

Nous croyons trop souvent avoir affaire à des échappés de l’asile.

Devant les délires de la cancel culture [culture du bâillon], le boycottage vertueux de Sylviane Agacinski, l’interruption violente des représentations d’une pièce d’Eschyle, ou la justification balbutiante de réunions non mixtes, réservées aux « non-Blancs », par la présidente de l’Unef, nous avons le sentiment d’assister à de déplorables sorties de route, témoignant que la montée de l’intolérance est corrélée à celle de la bêtise. Nous sourions de l’extension illimitée du domaine de la lutte. De la multiplication des phobies traquées par les experts auto proclamés de la sociologie comme par leurs servants du monde médiatique, vigilants de la conscience morale ou professionnels de l’indignation, vérificateurs de faits du politiquement correct associant l’arrogance du bas clergé à la science confuse de Diafoirus, et prompts à recueillir les humeurs des représentants des minorités ethniques ou sexuelles avec une servilité de domestiques.

La Révolution racialiste, le nouveau livre de Mathieu Bock-Côté, vient mettre fin à notre insouciance. Il nous révèle qu’il ne suffit pas d’éteindre nos télévisions non plus que de déserter les réseaux sociaux pour échapper au cirque. Les thèmes mis en circulation, depuis cinquante ans, par les tenants du décolonialisme, pourfendeurs du racisme systémique ou militants de l’indigénisme qui ont prospéré sur les campus américains ou dans les universités françaises, ne relèvent pas d’une polémique absurde. Ils forment une « idéologie toxique », un corpus doctrinal d’une cohérence redoutable.

Ils ont préparé la révolution culturelle qui est désormais à l’œuvre des deux côtés de l’Atlantique, et qui vise, par le déboulonnage des statues, l’intimidation, la censure, la mise en accusation des grands personnages de notre histoire, la délégitimation de notre héritage par une « entreprise de nettoyage éthique », à exercer sur les consciences un effet de sidération au terme duquel nous soyons paralysés par la honte, avides de trouver une échappatoire susceptible de nous faire pardonner d’être ce que nous sommes.

Mathieu Bock-Côté nous en avertit : face à la déferlante, il est vain de jeter sur notre passé un regard critique, de tenter d’y trier le bon grain de l’ivraie, de rêver de continuer l’aventure de notre civilisation en nous efforçant d’éviter les erreurs et les fautes auxquelles l’imperfection de la nature humaine a parfois condamné nos pères. C’est notre existence même qui est désormais considérée comme un crime, notre survie qui est un scandale. Telle est l’épine dorsale de la révolution racialiste qui a consisté, à l’heure même où les crimes de Hitler avaient conduit les Occidentaux à répudier le vocabulaire de la race, à le réintroduire pour en faire le principal chef d’accusation du procès mené contre nous.

L’Occidental hétérosexuel n’est pas, aux yeux de ses instigateurs, criminel par simple accident, il l’est par nature : parce qu’il est blanc et qu’il doit tout ce qu’il croit tenir de l’inventivité, du travail, de l’énergie déployés par ses ancêtres à travers les siècles à l’exploitation millénaire des minorités qui secouent aujourd’hui le joug de sa suprématie. Il ne peut donc trouver sa rédemption qu’en « tuant le vieil homme blanc » qui est en lui, par le rejet de son passé, la repentance et l’acceptation de sa disparition de l’histoire, afin qu’appuyés sur le « coup d’État démographique » qui leur a permis de s’installer en masse sur notre territoire sans plus songer, évidemment, à assimiler nos mœurs, notre langue, notre culture (l’exigence serait elle-même d’une « terrible violence symbolique »), les ressortissants du tiers-monde puissent y imposer la cohabitation de pratiques diversitaires et les substituer au monolithisme hégémonique qui fait de nous, chez nous (quand même nous avons, depuis longtemps, renoncé à les exporter outre-mer), d’insupportables colons.

Mathieu Bock-Côté avait décrypté, dans un précédent livre, les enjeux du déploiement du politiquement correct depuis sa naissance aux États-Unis. Il l’avait montré fondateur d’un nouveau régime qui fait de la diversité et du relativisme l’alpha et l’oméga de la science politique. li sait tout de l’histoire des idées au XXe siècle, de la vie académique aux États-Unis, des débats qui agitent l’intelligentsia française, des recherches qui mobilisent les facultés de sociologie. li excelle à mêler l’actualité la plus chaude aux concepts les plus pointus. Il appelle de ses vœux le regard d’un « nouveau Tocqueville » qui viendrait faire le récit de la névrose au terme de laquelle la colonisation des sciences sociales par une idéologie de remplacement, après l’échec du communisme, a permis de formater les esprits des Occidentaux pour leur faire admettre que leur rédemption passait par l’avènement d’un monde où ils seraient étrangers à eux-mêmes dans leur propre patrie, et où la dernière mission de leurs nations autrefois souveraines serait de s’abolir. Faute de trouver Tocqueville autour de lui, il a fait lui-même le voyage. Il nous en donne ici le prodigieux compte rendu. Son livre a, par sa cruauté, sa profondeur, sa précision, quelque chose de suffocant. 

Voir aussi

Trop blanc ! (extrait du livre)

 


 

 

Mathieu Bock-Côté, sociologue bien connu, va publier un nouvel essai à Paris le 15 avril 2021.

Présentation de l’éditeur

« On ne saurait segmenter une société sur une base raciale sans condamner chaque groupe à s’enfermer dans sa couleur de peau, qui devient dès lors l’ultime frontière au cœur de la vie sociale. »

La vision racialiste, qui pervertit l’idée même d’intégration et terrorise par ses exigences les médias et les acteurs de la vie intellectuelle, sociale et politique, s’est échappée de l’université américaine il y a vingt ans.

Et la voilà qui se répand au Canada, au Québec et maintenant en France. Elle déboulonne des statues, pulvérisant la notion même d’histoire, elle interdit de parler d’un sujet si vous n’êtes pas héritier d’une culture, et vous somme de vous excuser « d’être blanc », signe de culpabilité pour l’éternité. Le racialisme sépare et exclut, n’apporte pas de libertés quoi qu’en disent ses hérauts, et, plus dangereux, modélise une manière de penser le monde.

Mathieu Bock-Côté est sociologue, et chroniqueur pour la presse québécoise et française. Ses travaux portent sur le régime diversitaire, le multiculturalisme et les mutations de la démocratie. Seul lui pouvait signer un essai aussi éloquent, percutant. Sidérant même.

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Progressisme, diversité... quelle idéologie derrière Netflix ?

Si la célèbre plateforme de vidéos à la demande par abonnement se dit soucieuse de montrer le monde tel qu'il est, dans toute sa diversité, le catalogue Netflix semble pourtant particulièrement orienté.

La série Pose sur Netflix est une plongée dans le New York des années 80, elle raconte les multiples discriminations subies par des travailleuses du sexe, transsexuelles et noires essayant tant bien que mal de s'intégrer dans cette «société hétéronormative et cisgenre», dixit Konbini.

Le temps des barricades révolu, le feu de la révolte se répand désormais à coups de mots-croisillons (mots dièses/hashtags). Sur Twitter, on énonce, on dénonce, on appelle au boycott aussi. Et cette année-là, en 2018, les conservateurs américains prirent Netflix en grippe avec le mot-dièse : #boycottNetflix, une façon d'exprimer leur indignation face au virage bleu (la couleur des démocrates aux États-Unis) qu'a selon eux enclenché la marque au logo rouge, ces dernières années. Dans leur viseur : les sympathies affichées par le PDG fondateur, Reed Hastings, à l'égard du parti démocrate, des prises de position contre Donald Trump, la levée de fonds de Ted Sarandos, le directeur des contenus de l'entreprise, pour Barack Obama lors de sa deuxième campagne électorale, un juteux contrat signé avec les Obama pour développer une série de contenus autour du couple, et l'arrivée au conseil de direction d'une ancienne conseillère de l'ex-locataire de la Maison Blanche. La goutte d'eau pour la droite conservatrice. Sur les réseaux sociaux, elle interpelle les dirigeants de la plateforme de vidéos en ligne ; les tweets indignés pleuvent par dizaines de milliers dans l'espoir de voir des internautes renoncer à leur abonnement... avec le succès que l'on connaît. L'insolente réussite de Netflix se poursuit, au point que les chiffres de l'année 2020 sont si impressionnants qu'ils ne nous disent rien. Pour paraphraser l'espion OSS 117 dans le film de Michel Hazanavicius, vous voyez ce que ça fait 204 millions d'abonnés dans le monde (+37 millions en un an), 6,6 milliards de dollars de chiffre d'affaires et 542 millions de dollars de bénéfice ?  [Il faut se méfier pourtant des chiffres d'audience que Netflix publie... et 2020 est une année exceptionnelle sans la concurrence des cinémas et les confinements qui ont enfermé tant de gens.]

Racisme systémique, destruction du patriarcat et féminisme intersectionnel

Par-delà cette série d'événements, le contenu des productions ulcère une frange plutôt conservatrice de la population. Les séries et les films valoriseraient avec une bienveillance doucereuse les concepts en vogue au sein d'une partie de la gauche, comme le féminisme intersectionnel ou le «racisme systémique», ou s'emploieraient à «détruire le patriarcat». C'est le cas du film «Moxie», l'histoire d'une ado timide de 16 ans qui publie une revue anonyme dénonçant le sexisme dans son établissement scolaire, dont les réseaux sociaux de l'entreprise ont fait la promotion début février. Faut-il y voir le fantasme de réactionnaires zélés qui verraient du «gauchisme partout» ou alors, le monde selon Netflix est-il vraiment empreint de progressisme ? Une chose est sûre, les adeptes de fictions aux thématiques ouvertement progressistes en ont pour leur argent, et les médias ne s'y trompent pas.

Le magazine féminin belge L'Officiel a listé «six séries pour s'éduquer/lutter contre le racisme systémique», le défunt site Buzzfeed a noté «16 séries à regarder sur Netflix quand vous en avez marre du patriarcat» et Konbini a recensé «dix séries pour comprendre le racisme systémique» (actant ainsi l'idée selon laquelle il existerait un racisme inhérent à notre société) - parmi lesquelles «Pose», série qui coche toutes les cases de l'idéologie dominante au sein de l'aile gauche du parti démocrate américain. Elle se déroule dans le New York des années 1980 et raconte les multiples discriminations subies par des travailleuses du sexe, transsexuelles et noires essayant tant bien que mal de s'intégrer dans cette «société hétéronormative et cisgenre», dixit Konbini, qui en tire cette conclusion: «Pose nous dit une chose primordiale : black trans lives matter». Une fois la série visionnée, l'algorithme dirige d'ailleurs le spectateur vers d'autres productions similaires, à l'image d'un documentaire-enquête sur les «identités trans», ou la série «Dear white people». Le synopsis: Samantha White, une étudiante afro-américaine profite de son temps de parole dans une émission de radio de son campus pour s'en prendre aux comportements racistes dans son établissement où ses camarades s'adonnent au «blackface» (le fait de se grimer en noir), s'attirant ainsi la haine et la rancœur des blancs. On voudrait donner du grain à moudre aux pourfendeurs de Netflix qu'on ne s'y prendrait pas autrement.

L'identité, préoccupation occidentale numéro un

Concernant les productions «original Netflix» (les productions maison), la balance entre progressisme et «anti-progressisme» est loin d'être parfaitement étalonnée, celle-ci a tendance à pencher du premier côté avec le risque pour ses dirigeants de voir le plateau mal calibré leur sauter au visage. Évidemment, ces exemples ne suffisent pas à dépeindre l'intégralité du catalogue proposé. On trouve de tout sur Netflix y compris des longs métrages accusés de faire la part belle aux idées plus traditionnelles, à condition de mettre la main dessus. «Une ode américaine», le dernier film de Ron Howard, retrace par exemple le destin des invisibles, les oubliés de l'Amérique périphérique. Pour les séries, il faut chercher du côté des fictions israéliennes, à l'image d'Homeland, qui se sont imposées dans le monde entier. La clé de leur succès: elles abordent le retour du religieux et la question de l'identité devenue lancinante dans toutes les sociétés occidentales dont Pascal Bruckner ou Alain Finkielkraut font régulièrement écho dans leurs ouvrages. En 2014, Mekimi relatait l'histoire d'une jeune femme de gauche, de Tel Aviv, présentatrice télé brillante d'une émission idiote, qui quitte cette vie face caméra pour mener une vie de juive orthodoxe avec l'homme qu'elle aime. L'année passée, en 2020, Unorthodox racontait l'émancipation et la fuite à Berlin d'une jeune Juive ultraorthodoxe américaine. Plus récemment, Les Shtisel a connu un engouement indéniable. Le speech de la troisième saison ne paye pas de mine: une grossesse cachée, un mariage blanc, et un amour contrarié. Des péripéties dignes de n'importe quel feuilleton à l'eau de rose, mais sa force repose sur le fait qu'elle évoque le quotidien du milieu juif ultraorthodoxe.

Polarisation des esprits

Doit-en conclure qu'un consommateur assidu de contenus Netflix se transformera en électeur de Benoît Hamon et collera des affiches d'Alexandria Ocasio-Cortez, l'élue démocrate au Congrès américain et icône de la gauche dans sa chambre ? Non. La raison tient en une expression: l'apprentissage automatique, une technologie d'intelligence artificielle au nom barbare qui analyse de façon très poussée le comportement de l'utilisateur. L'algorithme l'incitera à regarder telle ou telle vidéo en changeant la vignette de présentation par exemple avec une image d'une scène spécifique, et lui proposera à celui qui ne cherche pas des contenus progressistes d'autres vidéos plus proches de ses valeurs, de sa conception du monde, à la manière de Facebook et sa bulle d'algorithmes qui laisse penser qu'une majorité d'êtres humains sur la planète partagent les mêmes opinions que vous. Chacun conforte ainsi ses propres positions. Dans son livre, Jérôme Fourquet pointait très justement du doigt notre société en voie d'«archipélisation». Nous y sommes, et Netflix n'y est pas étranger.

Source : Le Figaro

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Préjugés — Les Noirs ne sont pas sous-représentés aux Oscars... (m-à-j avis de Laurent Dandrieu)