vendredi 16 février 2024

Non, ni les Canadiens ni les Québécois ne sont wokes

Les Canadiens ont des opinions presque identiques à celles des Américains et des Britanniques sur les questions liées à la guerre culturelle. En réponse à une cinquantaine de questions concernant la liberté d’expression, le patrimoine national et les questions relatives aux transsexuels, les Canadiens, comme les Britanniques et les Américains, penchent à environ deux contre un contre l’option communément appelée « woke » (socialisme culturel) et en faveur du libéralisme culturel ou du conservatisme. C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport pour l’Institut Macdonald-Laurier, « The Politics of the Culture Wars in Canada ».

Des centaines de personnes participent à un rassemblement visant à « protéger » les enfants qui se disent transgenres à Calgary, le samedi 3 février 2024.

Le terme « woke » fait référence à la sacralisation des groupes historiquement marginalisés en termes de race, de genre et d’identité sexuelle. Ce système de croyances fait de l’égalité des résultats et de la protection émotionnelle de ces groupes sa valeur la plus élevée. En conséquence, les activistes « woke » cherchent à priver de tribune les conférenciers ou les personnages historiques jugés susceptibles de heurter la sensibilité du membre le plus délicat d’un groupe minoritaire. Dans ce conflit de valeurs, le socialisme culturel l’emporte sur la liberté d’expression et l’attachement symbolique.

Le Premier ministre Justin Trudeau s’est distingué sur la scène internationale en tant que figure de proue de ce système de croyances, et de nombreuses personnes à l’étranger supposent qu’il est le reflet d’un public canadien tout aussi réveillé. Mais est-ce vraiment le cas ? Pour mieux comprendre les opinions des Canadiens, l’Institut Macdonald-Laurier a demandé à Maru Public Opinion Polls de réaliser un sondage représentatif à l’échelle nationale auprès de 1 500 adultes, au cours duquel j’ai répondu à de nombreuses questions précédemment posées à des échantillons américains et britanniques.
 
 Ce rapport s’appuie sur un sondage national représentatif réalisé par la société d’études de marché en ligne Maru Voice Canada du 18 au 20 septembre 2023. Il montre que les attitudes des Canadiens sur les questions litigieuses qui font l’objet de ces articles penchent à 2 contre 1 en faveur de la position socialiste culturelle, et que l’opinion canadienne est étonnamment similaire à celle des États-Unis et de la Grande-Bretagne.

En outre, alors que de nombreux Canadiens pensent que les Canadiens français ont des opinions très différentes sur ces questions, les résultats montrent très peu de variation entre les répondants francophones et anglophones. Sur le plan international, le Canada se distingue par le fait que ses électeurs sont plus déférents à l’égard de la culture politique de l’élite, les Canadiens faisant preuve d’une confiance un peu plus grande dans les journalistes, les enseignants et les universitaires que leurs homologues de l’anglosphère.

Ceci dit, la structure de l’opinion publique canadienne indique qu’il existe un potentiel considérable pour les partis de centre-droit d’augmenter l’importance des questions liées aux guerres culturelles, et un risque électoral concomitant que les partis libéraux et de centre gauche doivent gérer.

Ce rapport s’appuie sur un sondage national représentatif réalisé par la société d’études de marché en ligne Maru Voice Canada du 18 au 20 septembre 2023. Il montre que les attitudes des Canadiens sur les questions litigieuses qui font l’objet de ces articles penchent à 2 contre 1 en défaveur de la position woke (socialiste culturelle), et que l’opinion canadienne est étonnamment similaire à celle des États-Unis et de la Grande-Bretagne.

En outre, alors que de nombreux Canadiens pensent que les Canadiens français ont des opinions très différentes sur ces questions, les résultats montrent très peu de variation entre les répondants francophones et anglophones. Sur le plan international, le Canada se distingue par le fait que ses électeurs sont plus déférents à l’égard de la culture politique de l’élite, les Canadiens faisant preuve d’une confiance un peu plus grande dans les journalistes, les enseignants et les universitaires que leurs homologues de l’anglosphère.

Ceci dit, la structure de l’opinion publique canadienne indique qu’il existe un potentiel considérable pour les partis de centre-droit d’augmenter l’importance des questions liées aux guerres culturelles, et un risque électoral concomitant que les partis libéraux et de centre gauche doivent gérer.
 
Principaux résultats
  • L’opinion des Canadiens sur la culture de l’annulation, les théories critiques sur la race et l’histoire, et les questions relatives aux transgenres est presque identique à celle des Britanniques et des Américains ;
  • Les Canadiens sont moins enclins à qualifier leur pays de raciste que les Américains ou les Britanniques ;
  • Les Canadiens sont opposés à l’idée de séparer les élèves dans les écoles en fonction de leur race, entre privilégiés et opprimés, dans une proportion de 92 à 8 ;
  • Les personnes interrogées s’opposent à l’idée d’enseigner aux enfants que « le sexe biologique n’existe pas, il n’y a que des préférences de genre », par 85 voix contre 15 ;
  • Par une marge de 80 contre 20, les gens s’opposent aux tentatives d’annulation des féministes critiques à l’égard du genre comme J.K. Rowling et Kathleen Stock ;
  • Les Canadiens s’opposent à la chirurgie de réassignation sexuelle pour les moins de 16 ans dans une proportion de 4 contre 1 ;
  • Par une marge de 78 contre 22, les Canadiens sont d’accord pour dire que « le politiquement correct est allé trop loin » ;
  • Par une marge de 70 contre 30, les Canadiens s’opposent à l’idée que le Canada est un pays raciste et une proportion similaire ne veut pas que cette idée soit enseignée à l’école ;
  • Dans une proportion de 70 contre 30, les gens préfèrent une approche des problèmes de société qui ne tienne pas compte de la couleur plutôt que d’en tenir compte ;
  • Les Canadiens s’opposent à l’enlèvement des statues du Premier ministre John A. Macdonald dans une proportion de 2 contre 1 ;
  • Par une marge de 2 contre 1, les gens disent que nous parlons trop de la race au Canada ;
  • Les répondants, dans une proportion de 2 contre 1, veulent que les parents soient informés lorsque les enfants de moins de 16 ans changent de pronoms à l’école ;
  • Les personnes interrogées, dans une proportion de 2 contre 1, ne veulent pas que les hommes qui se disent femmes (transgenres) participent à des compétitions sportives féminines ;
  • Les Canadiens sont plus nombreux à désapprouver qu’à approuver le fait que des personnes affichent leurs pronoms préférés ;
  • Les jeunes Canadiens sont beaucoup plus « wokes » que leurs aînés (c’est-à-dire qu’ils considèrent comme sacrés les groupes marginalisés de race et d’identité sexuelle, ainsi que les femmes), bien que l’écart entre les générations ne soit pas aussi important qu’en Grande-Bretagne ou aux États-Unis ;
  • Les jeunes Canadiens sont nettement moins susceptibles que les jeunes Britanniques ou Américains de décrire leur pays comme étant raciste ;
  • Les personnes qui ont suivi une formation sur la diversité craignent beaucoup plus que les autres de perdre leur emploi ou leur réputation à cause de ce qu’elles disent ;
  • Les personnes qui ont suivi une formation sur la diversité sont nettement plus wokes que celles qui n’en ont pas suivi ;
  • Les plus grands utilisateurs de médias sociaux sont significativement plus wokes, même en tenant compte de l’idéologie, de l’âge et de nombreux autres facteurs ;
  • 60 % des Canadiens croient que « 215 enfants autochtones des pensionnats ont été enterrés dans une fosse commune sur le terrain de l’école à Kamloops, en Colombie-Britannique » [malgré l’absence patente de preuves], et seulement 15 % ne sont pas d’accord ;
  • 39 % des Canadiens et 55 % des Américains pensent que « les peuples autochtones vivaient en paix et en harmonie avant la colonisation européenne » de leur pays ;
  • Les attitudes des francophones sont généralement très similaires à celles des anglophones sur les questions de guerre culturelle ;
  • Les francophones sont moins enclins que les anglophones à défendre des personnages historiques anglo-canadiens tels que Macdonald ou Egerton Ryerson et sont moins préoccupés par les menaces à la liberté d’expression ou par le politiquement correct ;
  • Les francophones sont plus sceptiques que les anglophones à l’égard de l’idéologie du genre et des politiques d’équité et de diversité tenant compte de la couleur ;
  • Les Canadiens font trois fois plus confiance aux journalistes que les Britanniques et plus de 50 % plus que les Américains ;
  • Lorsqu'on montre aux Canadiens des graphiques qui permettent de trancher dans la complexité, ils deviennent plus anti-wokes. Ceux qui ont seulement lu une description textuelle de «Kayla» Lemieux autorisé à enseigner avec des prothèses mammaires de taille 9 s'y sont opposés à 43 % contre 38 %, alors que cette oppose monte à 75 % contre 11 % parmi ceux qui ont vu cette image.

  • Ces résultats suggèrent que les partis conservateurs peuvent obtenir un soutien électoral en défendant les figures et symboles historiques et en s’opposant aux politiques transactivistes. Il est conseillé aux partis de gauche d’esquiver ou de désamorcer ces questions, car elles peuvent s’avérer coûteuses sur le plan électoral ; et
  • Les résultats indiquent que la formation à la diversité, telle qu’elle est pratiquée actuellement, doit être réformée ou supprimée dans les organisations, car elle accroît l’anxiété des employés et favorise des croyances litigieuses.