samedi 26 novembre 2011

Bock-Côté : Merveilleux Monsieur Lazhar

Bock-Coté sur le film Monsieur Lahzar qui traite de l'enseignement.

Je n’ai pas l’habitude des critiques de films. Mais je m’en voudrais de ne pas vous dire tout le bien que je pense d’un film remarquable que j’ai vu récemment : Monsieur Lazhar, réalisé par Philippe Falardeau.

Je vous raconte vite l’histoire. Dans une école montréalaise, une enseignante se suicide. Le traumatisme est généralisé. Bachir Lazhar, un résident permanent se présente à l’école et se fait passer pour un maître d’école prêt à prendre le relais et à faire la classe aux enfants.

Mais voilà, Bachir Lazhar n’est pas vraiment résident permanent. Il est réfugié politique algérien. Et il n’est pas maître d’école. Mais restaurateur. Mais parce qu’il est cultivé, parce qu’il a aussi du bon sens, il devient vite un professeur exemplaire.

Il ne s’agit pas d’un film-à-thèse. Falardeau ne milite pas. Et les personnages eux-mêmes ne sont pas des caricatures d’idées ambulantes. Mais à travers son film, Falardeau fait un portrait ironique, tout en retenue, mais incisif, de l’école québécoise. Peut-être même de la société québécoise.

Dans un système atrocement bureaucratisé, où le ministère impose sa pédagogie sans connaissances, où l’autorité du maître est niée, où les psychologues gèrent mécaniquement les émotions des enfants, où les parents d’enfants-roi ne tolèrent pas qu’on critique leur marmaille, Bachir Lazhar ramène un peu d’humanité.

Non pas que ses collègues en manque. Mais ils ont démissionné devant la pesanteur morbide de la bureaucratie. Monsieur Lazhar ramène le vouvoiement et les bureaux en belles rangées disciplinées. Mieux, il fait ses dictées avec Balzac. Détails ? Non. Ou détails fondamentaux, alors.
Monsieur Lazhar n’est peut-être pas enseignant au sens où l’entendent les sciences de l’éducation et le ministère. Mais c’est un professeur. J’ai bien dit un professeur et non pas un gestionnaire de classe ou un psychopédagogue. Un professeur, c’est-à-dire un homme qui nous fait aimer la culture parce qu’il l’incarne.

C’est parce qu’ils ont un jour rencontré leur propre Monsieur Lazhar que bien des étudiants ont pris le goût de la culture. Monsieur Lazhar me fait penser à quelques films de profs. L’Opus de Monsieur Holland, par exemple. Ou The Browning Version.

C’est le privilège des privilèges, pour les professeurs : compter vraiment, au fil du temps, pour quelques étudiants, peut-être pour beaucoup.

Alors j’en reviens à ce film, à cette histoire. Il nous a donné un personnage merveilleux. Difficile de ne pas y voir un petit chef d’œuvre.

Oui. Merveilleux Monsieur Lazhar.




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Cour de justice de l’Union européenne : respect de l'embryon humain dès fécondation

Mère pleurant son enfant avorté. Œuvre du sculpteur Martin Hudáčeka,
statue inaugurée en présence du ministre slovaque de la Santé, Ivan Uhliarik.
La Cour de justice de l’Union européenne a rendu le 18 octobre un arrêt qui devrait enchanté les défenseurs de la vie à naître et susciter des discus­sions dans les cours d'ECR. Et cela sur la demande de… Green­peace ! Le mouvement écolo­giste interna­tional plaidait contre le biolo­giste allemand Oliver Brüstle, qui avait breveté des cellules souches neurales produites à partir d’em­bryons humains.

« Inac­ceptable, disait Green­peace, on ne doit pas breveter l’humain  ! » D’où procès devant la Cour fédérale de justice alle­mande, qui a saisi la Cour européenne. Et celle-ci vient de trancher : « Tout ovule humain doit, dès le stade de sa fécondation, être considéré comme un embryon humain dès lors que cette fécondation est de nature à déclencher le processus de développement d’un être humain. Donc la recherche scientifique impliquant l’utilisation d’embryons humains ne peut pas accéder à la protection du droit des brevets : le respect de la personne humaine pourrait en être affecté. »

Jubilation aussitôt chez les catholiques : enfin « une définition large et scientifiquement solide de ce qu’est un embryon humain. », déclare la Commission des épiscopats de la Communauté européenne. Là en effet était le coeur du problème. Que l’embryon humain soit humain, c’est ce que les instances occidentales refusaient de reconnaître depuis trente-cinq ans (la légalisation de l’avortement) ; c’était la chose à ne pas dire. Mais maintenant c’est dit. Et par l’Union européenne… À partir de là, pour les partisans du respect envers l'enfant à naître, on peut détricoter le canevas de sophismes sur lequel repose la bioéthique officielle. C’est une révolution. Le plus singulier est qu’elle soit venue de Greenpeace, bête noire des défenseurs des valeurs traditionnelles.

Il faudra en informer les concepteurs de manuels d'éthique et de culture religieuse qui accumule bien souvent les approximations et les simplismes quand ils décrivent les positions prudentes vis-à-vis des manipulations génétiques. C'est le cas dans la page reproduite ci-dessous.

Cahier de savoirs et d'activités vivre ensemble 2 des éditions ERPI
conçu pour cours d'éthique et culture religieuse, p. 159

En effet, dire au sujet des catholiques à la page 159, que « pour eux, la vie commence dès la conception » est un non-sens. Ce n'est pas l'Église catholique qui dit ça, mais c'est la réalité biologique. Dès la fusion des gamètes, une nouvelle vie humaine est présente, ce n'est pas une question de dogme ou de croyance. Aucun biologiste, athée ou d'une autre religion, ne peut le nier ni prouver le contraire. Mais ce que fait l'Église catholique en revanche, c'est qu'elle admet cette donnée de la biologie et en prend acte et donc se dit : si c'est bien un être humain, alors c'est mon frère, alors je dois le respecter comme un autre moi-même. Et donc, je ne puis détruire sa vie, ni l'instrumentaliser même pour me guérir ou guérir mon propre enfant.

Cet embryon est un sujet de droit, non un objet. De là à dire que l'Église catholique interdise toute manipulation génétique (même page, légende de l'illustration 10.11, Le Devoir, 10 mars 2008) c'est également faux : l'Église catholique interdit toute manipulation qui attenterait à la vie ou au respect d'un être humain, mais une manipulation génétique (la thérapie génique par exemple) qui aurait pour but de guérir est tout à fait légitime et même souhaitable.

Voir aussi

Débat sur l'avortement : l'ainée est pro-avortement et défend l'ordre établi, la cadette pro-vie veut dialoguer

Denise Bombardier : « On paie des avortements » et dans un cas d'espèce une même femme a avorté « 23 fois » aux frais du contribuable québécois.

Seuls 30 % des Ontariens pensent que l'État devrait continuer à rembourser tous les avortements

Complément cour d'ECR — avortements tardifs en Russie, en Espagne et au Québec

Réactions à la suite des propos de Mgr Ouellet sur l'avortement

Erreurs et imprécisions dans le chapitre sur le clonage d'un livre d'ECR pour la 2e secondaire

Omissions et critiques pédagogiques du chapitre sur le clonage d'un livre d'ECR pour la 2e secondaire