mardi 1 juillet 2025

États-Unis - Pour la Cour suprême, parents ont le droit de retirer leurs enfants des cours scolaires susceptibles de violer leurs croyances


La Cour suprême des États-Unis a statué vendredi qu'un groupe de parents du Maryland avait le droit de retirer leurs enfants des cours scolaires susceptibles de porter atteinte à leurs convictions, dans une affaire centrée sur la liberté religieuse. 

Les juges ont décidé à 6 voix contre 3, selon des lignes idéologiques, dans l'affaire Mahmoud c. Taylor, que les parents pouvaient retirer leurs enfants des cours du système scolaire public du Maryland traitant de l'homosexualité et du transgenre s'ils estimaient que ces thèmes étaient en contradiction avec leurs convictions religieuses.

« Un gouvernement entrave la pratique religieuse des parents lorsqu'il leur impose de soumettre leurs enfants à un enseignement qui représente « une menace très réelle de compromettre » les croyances et pratiques religieuses que les parents souhaitent inculquer », a écrit le juge Samuel Alito au nom de la majorité. « Et un gouvernement ne peut subordonner le bénéfice de l'enseignement public gratuit à l'acceptation par les parents d'un tel enseignement. »

L'affaire trouve son origine dans l'intégration, il y a quelques années, par les écoles publiques du comté de Montgomery, de livres mettant en scène des « personnages lesbiens, gays, bisexuels, transgenres et queer » dans leur programme d'enseignement des langues, de la maternelle à la terminale, ont déclaré les avocats du district scolaire à la Cour suprême.

Les avocats ont déclaré que le district scolaire avait pris cette mesure dans le cadre d'une initiative visant à être « sensible à la culture » et à enseigner des leçons qui encouragent « l'équité, le respect et la civilité ».

Les parents du Maryland qui ont intenté le procès ont déclaré dans leur requête à la haute cour que le conseil scolaire avait introduit dans leurs écoles primaires des livres qui faisaient la promotion des « transitions de genre, des marches des fiertés et des relations amoureuses entre personnes du même sexe dans les cours de récréation ».

Les parents ont déclaré que le conseil scolaire avait initialement autorisé les parents à retirer leurs enfants des cours impliquant ces livres, mais qu'il avait ensuite cessé de le faire.

Ils ont également déclaré que la présence de ces livres créait « une pression indirecte pour renoncer à une pratique religieuse », ce qui constituait une charge suffisante pour violer leurs droits à la liberté religieuse.

La juge de gauche Sonia Sotomayor, rédigeant l'opinion dissidente, a déclaré que le fait d'exposer les élèves à l'existence des personnes LGBTQ ne justifiait pas l'intervention de la Cour suprême. Elle a ajouté qu'elle pensait que la décision de la haute cour ouvrirait la voie à un nombre croissant d'élèves souhaitant se retirer d'un plus grand nombre de cours.

« Il en résultera le chaos dans les écoles publiques de ce pays », a écrit Sotomayor. « Exiger des écoles qu'elles fournissent un préavis et la possibilité de se retirer de chaque programme de cours ou heure du conte susceptible d'impliquer les croyances religieuses d'un parent imposera une charge administrative impossible à supporter pour les écoles. »

Les parents qui ont intenté le procès sont issus de divers horizons religieux. Tamer Mahmoud et Enas Barakat sont musulmans, tandis que d'autres appartiennent à différentes confessions chrétiennes.

Au cours des plaidoiries, le juge Clarence Thomas a interrogé un avocat représentant les écoles du comté de Montgomery pour savoir si les livres étaient simplement présents dans la classe ou s'ils étaient activement présentés aux élèves.

L'avocat a indiqué que les enseignants avaient dispensé cinq fois au cours de l'année scolaire des cours aux élèves portant sur les livres en question.

Rosalind Hanson, membre du groupe conservateur Moms for Liberty, a déclaré à Fox News Digital lors d'une récente interview devant la Cour suprême qu'elle-même et les autres parents qui ont contribué à porter l'affaire devant les tribunaux « n'essayaient pas de modifier le programme scolaire » pour les parents qui acceptaient que leurs enfants soient exposés à ces livres.

« La majorité des États du pays ont déclaré que vous pouvez choisir de ne pas participer à ces questions et sujets très sensibles, en particulier en raison de la composante religieuse, mais aussi en raison de l'adéquation à l'âge », a déclaré Mme Hanson.

La secrétaire au ministère de l'Éducation, Linda McMahon, a salué cette décision comme une victoire pour les « droits parentaux » et une défaite pour les « bureaucrates ».

« Les parents ont le droit de savoir ce que leurs enfants apprennent à l'école et d'exercer leur liberté de religion garantie par le premier amendement pour refuser les cours controversés et idéologiques qui vont à l'encontre des valeurs et des croyances de leur famille », a déclaré Mme McMahon.

lundi 30 juin 2025

Attaque de colons sionistes contre un village chrétien palestinien (Taybeh/Tayibé)

Témoignage du Père Bachar sur l’attaque de Tayibé.

Le Père Bachar, prêtre de Tayibé en Cisjordanie, témoigne des violences perpétrées par des colons israéliens contre son village chrétien.


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Programme d’éducation à la sexualité à l’école : « Ça va élargir le fossé qu’il y a entre [...] parents et l’institution scolaire »

Le Conseil d’État rejette le recours de sept associations qui demandaient l’annulation du programme d’éducation sexuelle à l’école : « C’était couru d’avance », réagit estime Anne Coffinier, fondatrice de la Fondation Kairos-Institut de France.

Programme d’éducation à la sexualité à l’école : « Ça va élargir le fossé qu’il y a entre un nombre important de parents et l’institution scolaire », d'ajouter Mme Coffinier.


France — Remous autour du programme d’éducation sexuelle à l’école

Le Conseil d’état a rejeté le recours de sept associations, parmi lesquelles le Syndicat de la famille. Le texte entrera en application à la rentrée.

De nouvelles crispations autour du programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) viennent de s’exprimer. Le 27 juin, le Conseil d’état a rejeté le recours déposé par sept associations conservatrices et 300 parents d’élèves pour demander l’annulation de ce programme, qui doit entrer en vigueur à la rentrée de septembre, de la maternelle au lycée, dans les établissements publics et privés sous contrat.

En février, le texte avait été adopté après de nombreuses tergiversations, sur fond d’opposition entre deux lignes irréconciliables : d’un côté, le camp « progressiste », emmené par les associations de défense des droits LGBT ou bien le planning familial, et soutenu par l’essentiel des syndicats enseignants, et de l’autre, le camp conservateur, incarné par le Syndicat de la famille (exmanif pour tous). Au coeur des débats : la question ultrasensible des prérogatives respectives de l’école et des parents, en matière d’éducation à la sexualité.

«Notre recours a été rejeté dans un grand moment de déni de réalité, y compris scientifique», réagit auprès du Figaro Ludovine de La Rochère, présidente du Syndicat de la famille, qui portait ce recours aux côtés des associations Juristes pour l’enfance, SOS Éducation, les Mamans Louves, Au coeur de l’humain, Enfance et compagnie, et Famille et Liberté. En mars, le Conseil d’état avait déjà rejeté le recours en référé porté par ces mêmes associations. Celles-ci faisaient valoir la « primauté éducative des parents » et le « principe de neutralité du service public ». La plus haute juridiction administrative avait estimé que ces éléments n’étaient pas de nature à caractériser l’urgence. Le 27 juin, elle a délibéré sur le fond.

Le programme Evars est « conforme à la volonté du Parlement », explique le Conseil d’état. Il relève d’abord que c’est le code de l’éducation qui, depuis la loi du 4 juillet 2001 sur L’IVG et la contraception, prévoit au moins trois séances d’information et d’éducation à la sexualité. « Le législateur a ainsi voulu que le service public de l’éducation forme les élèves au respect de l’égale dignité des êtres humains et à la lutte contre les discriminations et contribue à prévenir les atteintes à l’intégrité physique et psychique des personnes», observe-t-il. Il estime ensuite que le contenu du programme est « adapté à chaque niveau scolaire et reprend l’état de la science ou du droit ». À l’éducation à la «vie affective et relationnelle», prévue en maternelle et en élémentaire, s’ajoute ensuite l’« éducation sexuelle » à partir du collège. Les enseignements prévus pour « chaque niveau scolaire » s’appuient sur « des notions résultant de l’état de la science ou de l’état du droit », indique le Conseil d’état. Celles-ci «doivent être enseignées de manière neutre et objective, en veillant au respect de l’intimité des élèves, et sans les inciter à adopter un comportement donné », poursuit-il.

« Le Conseil d’état n’étaye pas ses assertions et s’en tient à des affirmations subjectives, qui vont parfois même jusqu’au déni des enjeux de fond et des débats idéologiques actuels » Le Syndicat de la famille

Enfin, le Conseil d’état rappelle que les établissements doivent «au minimum informer » les parents des objectifs de ces enseignements, et que l’éventuelle intervention d’associations extérieures doit être préparée avec des personnels de l’éducation nationale - professeurs ou infirmières scolaires et organisée en leur présence.

Une série d’arguments qui sont loin de convaincre les sept associations dépositaires du recours. Selon le Syndicat de la famille, le Conseil d’état « n’étaye pas ses assertions » et s’en tient à « des affirmations subjectives, qui vont parfois même jusqu’au déni des enjeux de fond et des débats idéologiques actuels ». Selon l’association, la haute juridiction se réfère à la seule introduction de présentation du programme et aux grands objectifs, sans aller voir dans le détail du texte qui définit les notions à aborder selon les âges. Elle regrette notamment que le Conseil d’état ne se soit pas attardé sur l’extrait selon lequel seront abordés en CP « les différents types de familles », notamment « hétéroparentale, homoparentale ».

«L’homoparentalité n’a évidemment rien d’anodin ni de neutre puisqu’elle prive sciemment des enfants de père ou de mère et puisqu’elle renvoie aux débats anthropologiques, éthiques et politiques sur la PMA sans père et la gestation pour autrui », explique l’association héritière de la Manif pour tous. Et pour les associations farouchement opposées à ce programme, certains points sont fondamentalement inacceptables.

« Exposer une distinction entre le sexe et le genre à partir de la classe de cinquième (…), c’est ouvrir auprès d’élèves qui approchent de l’adolescence des doutes vertigineux sur leur propre identité », défend le Syndicat de la famille, qui y voit une «atteinte à l’intégrité physique et psychique des personnes ». La mention, à plusieurs reprises dans le texte, de l’« identité de genre » (le fait de se sentir homme, femme, les deux ou ni l’un ni l’autre), peut « porter atteinte au respect de la liberté éducative des parents ». On se souvient qu’en novembre 2024, le député LR Alexandre Portier, alors ministre délégué aux côtés de l’éphémère ministre de l’éducation Anne Genetet, avait jeté un pavé dans la mare en affirmant qu’il «s’engagerait personnellement pour que la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles ».

Après la chute du gouvernement Barnier, c’est l’actuelle ministre de l’éducation, Élisabeth Borne, qui était parvenue à faire adopter ce programme en février. Un texte annoncé par la Rue de Grenelle depuis juin 2023, qui avait fait l’objet de trois versions depuis mars 2024. C’est dire l’inflammabilité du sujet. Après avoir émis des réserves sur certains points, les associations familiales catholiques (AFC) ne se sont pas associées au recours qui vient d’être rejeté. Quant à l’enseignement catholique, il a déjà affirmé qu’il appliquerait ce programme. Son secrétaire général l’avait affirmé en avril, lors de son audition devant la commission d’enquête sur le contrôle des établissements scolaires par l’état, lancée dans la foulée de l’affaire Bétharram.

Source : Le Figaro

Pourquoi les Français font moins d’enfants qu’ils n’en voudraient

Alors que 70 % des moins de 35 ans déclarent vouloir devenir parents, de multiples freins les dissuadent de fonder une famille.

La France a beau être un pays qui comptera bientôt plus d’enterrements que de naissances, le désir d’enfants n’y faiblit pas. En contradiction avec les chiffres moroses de la démographie, 70% des Français de moins de 35 ans qui n’ont pas d’enfant disent souhaiter devenir parents, dans une enquête de la Fondapol, « Le défi de la natalité » (1) menée en collaboration avec la Fondazione Magna Carta pour l’Italie. Ce pourcentage continue de grimper chez les jeunes de cette tranche d’âge qui sont déjà parents. La famille avec un enfant unique ne s’est pas imposée comme modèle puisque 75% d’entre eux expriment le souhait d’avoir encore un ou plusieurs autres bébés.

Si la parentalité continue de faire rêver la jeunesse, leurs projets de famille sont cependant revus à la baisse au fil du temps. Ainsi, seulement 42% des 3549 ans sans enfant souhaitent en avoir. Et un quart des parents de ces âges espèrent en avoir d’autres.

Depuis plus de dix ans, le chiffre annuel des naissances ne cesse de dégringoler en France : 663 000 bébés ont vu le jour en 2024, soit 21,5 % de moins qu’en 2010. Contredisant l’engagement martial d’Emmanuel Macron d’un « réarmement démographique », les bulletins mensuels de l’Insee se suivent pour annoncer toujours moins de bébés. Le dernier en date relaie une baisse de près de 5 % en mai 2025 par rapport à mai 2024. Il faut dire que l’indicateur de fécondité continue de reculer. À 1,62 enfant par femme en 2024, il n’a jamais été aussi bas depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Dans ce contexte de crise des berceaux, cet attrait tenace pour la parentalité a de quoi surprendre.

« Le désir d’enfant est intime, complexe et dépend de nombreux facteurs. Est-ce l’envie de faire des enfants qui baisse ou la possibilité de réaliser ce projet? C’est un sujet de débat chez les démographes. Ces chiffres tendent à montrer que le désir d’enfant n’est pas en train de s’éteindre mais qu’il est plus difficile de faire des enfants aujourd’hui», note l’économiste Maxime Sbaihi, auteur de l’essai Les Balançoires vides, le piège de la dénatalité aux Éditions de l’Observatoire. L’enquête de la Fondapol rejoint les conclusions d’un récent rapport de L’ONU, publié le 10 juin, et qui a sondé les populations de quatorze pays. « La baisse mondiale de la fécondité n’est pas due au fait que les jeunes tournent le dos à la parentalité, mais aux pressions sociales et économiques qui les empêchent d’avoir les enfants qu’ils souhaitent», pointe ce dernier.

Le facteur religieux continue d’avoir une influence sur ces projets puisque les 18-35 ans sans enfants sont plus nombreux à en vouloir quand ils sont catholiques (80%) ou musulmans (78%). En parallèle, l’idée qu’il faudrait faire moins d’enfants pour sauver la planète ne séduit pas à la hauteur de son impact dans les médias. Cette assertion n’est validée que par une minorité des répondants (20 %) même si les moins de 35 ans y sont plus sensibles (31%). «C’est la marque d’un discours écomalthusien qui prend, même s’il a sans doute été surestimé médiatiquement », relève Maxime Sbaihi. Il faudra encore attendre «une dizaine d’années » pour voir si ce lien « très idéologique entre écoanxiété et fécondité» a un impact sur le nombre de naissances.

Ces dernières semaines, la haut-commissaire à l’Enfance, Sarah El Haïry, a alerté sur la progression des attitudes « no kids », hostiles à la présence d’enfants dans l’espace public. Au-delà de son avertissement aux hôtels, restaurants ou voyages organisés qui excluent les mineurs, cette dernière entend mener un combat en profondeur contre une idéologie jugée dangereuse. « Le mouvement “no kids” nie la place de l’enfant dans la société. Ces discours qui véhiculent l’idée qu’un enfant puisse être une nuisance risquent d’être intériorisés. Pour les contrer, il faut redire haut et fort que les enfants ont pleinement leur place partout et accompagner les familles », plaide-t-elle.

La montée en puissance d’un discours peu favorable aux tout-petits a-t-elle un impact concret sur la démographie ? 21 % de jeunes sans enfants et ne souhaitant pas en avoir évoquent leurs « convictions personnelles », sans plus de précisions sur ce choix intime, quand ils sont interrogés sur leur non-désir de faire une famille. D’autres citent plus ouvertement le manque d’envie de «devenir mères ou pères » (19% et 15%). Changeront-ils d’avis dans quelques années? L’âge moyen des mères au premier enfant n’a en tout cas pas cessé d’augmenter pour passer à 31 ans.

Dans les freins à la parentalité, la peur de ne pas être en mesure d’élever correctement un enfant et les difficultés économiques sont citées par près d’un jeune sur six. Un niveau moins élevé qu’attendu alors que la plupart des démographes font le lien entre crise économique et natalité. Dans cette tranche d’âge, le désir de maintenir un équilibre entre vie professionnelle et vie privée joue aussi un rôle important. La question du logement n’est pas non plus jugée négligeable. « Avec l’explosion des prix de l’immobilier et la quasi-stagnation de leur revenu brut, les jeunes qui veulent acheter ont perdu de la surface habitable, souligne Maxime Sbaihi. Quant à la crise des modes de garde, elle est l’un des premiers freins. »

 
Si «le peuple français ne se multiplie plus, alors la France ne peut plus rien être qu’une grande lumière qui s’éteint », avait averti le général de Gaulle en 1945. Aujourd’hui, plus de la moitié des Français (59 %) se disent préoccupés par la baisse de la natalité et attendent davantage de soutien pour mener à bien leur « projet de vie ». La piste d’une réduction d’impôts pour les couples ayant un ou plusieurs enfants est plébiscitée, avec environ deux tiers d’opinions favorables (62%). Mais, parmi les mesures d’encouragement des naissances, l’ouverture de crèches arrive en tête chez les moins de 35 ans (35 %). Alors que l’Assemblée nationale a adopté début juin, en première lecture, une proposition de loi communiste pour verser les allocations familiales dès le premier enfant, 31 % des sondés citent également l’augmentation de ces prestations comme une mesure favorable à la natalité. Dans un pays confronté à la pénurie de main-d’œuvre et à la mise en péril du système de retraite, l’encouragement à l’immigration n’apparaît pas comme une solution aux Français sondés pour remédier aux manques de naissances. Seuls 29 % d’entre eux y sont favorables.

(1) L’enquête française a été réalisée en ligne entre le 15 et le 23 janvier 2025, sur un échantillon représentatif de 3 023 personnes. 




« Le soutien à la natalité exige un plan ambitieux »

Dominique Reynié est professeur à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol). Il est interrogé par le Figaro.

LE FIGARO. — La crainte d’un déclin de la population française est-elle justifiée ?

DOMINIQUE REYNIÉ. — Oui. Ce déclin provoque une angoisse diffuse dans notre société. Il n’y a rien de plus triste que de voir sa nation vieillir et sembler disparaître. Moins de naissances, cela veut dire moins de femmes capables de procréer demain. C’est une spirale. Nous compterons bientôt plus de décès que de naissances. Est-ce l’extinction de notre communauté historique, culturelle, politique? Notre étude montre cependant qu’il y a des raisons d’espérer. Le désir d’enfant ne décline pas. Si les Français font moins de bébés, ce n’est pas faute d’en vouloir. Une population dont les jeunes souhaitent avoir des enfants, c’est une force. La baisse de la natalité reflète donc un désir empêché plutôt qu’un rejet de la parentalité.

— Le « réarmement démographique » promis par Emmanuel Macron n’a pas encore eu lieu. Les politiques sous-estiment-ils l’importance du défi de la natalité pour l’avenir du pays ?

— L’apparition de l’État a amené l’idée que sa puissance est fonction de sa population. Cette idée est profondément ancrée dans la culture politique française. Longtemps, on y a vu aussi un signe de prospérité. Au XVIIIe siècle circulait cet adage : «Peuple nombreux, peuple heureux.» Cette conscience politique démographique a marqué notre inconscient collectif. Hélas ! Depuis une quarantaine d’années, les politiques oublient que le premier de leurs devoirs est la reconduction du peuple dont ils ont la charge. Nos dirigeants, craignant souvent de passer pour sexistes et réactionnaires, ne portent plus de discours en faveur de la natalité. Jusqu’aux années 1980, la démographie était encore tirée par la combinaison de l’héritage religieux, catholique, et de l’État-providence. Depuis, aucune politique n’a répondu à l’affaiblissement de ces deux facteurs. Des signaux contraires ont même été envoyés avec le rabotage de la politique familiale sous François Hollande. Renouer avec une natalité dynamique suppose une politique de soutien aux naissances. Le drame est que nos dirigeants sont encore moins capables de gérer les conséquences du déclin démographique, comme le montrent l’état de notre système de retraite et celui de nos finances publiques… L’hiver démographique risque de créer une société plus chaotique, avec moins de solidarité entre les générations.

— Les Français attendent plus de mesures du gouvernement pour favoriser la natalité. Lesquelles seraient les plus efficaces ?

La première est d’assumer un discours en faveur de la natalité. Du côté des jeunes, c’est l’aménagement du temps de travail des parents qui est attendu, ce qui suppose une mobilisation globale impliquant les entreprises. De plus, les efforts doivent largement converger vers les femmes, car, de fait, la charge liée à l’éducation pèse davantage sur elles, et trop souvent au détriment de leur carrière. Il faut aussi remédier au manque criant de places en crèche. Par ailleurs, si les raisons économiques sont moins évoquées qu’on ne pouvait s’y attendre, le logement demeure un obstacle après le premier enfant. Le soutien à la natalité exige un plan ambitieux, mais la France reconduit des politiques sociales parfois improductives, souvent coûteuses, alors qu’elle investit trop peu dans les familles, qui sont pourtant la condition de la société.

— Dans l’enquête, les Français estiment que le recours à l’immigration n’est pas une solution pour contrer la baisse des naissances…

— Oui, car, en l’état actuel des choses, présenter l’immigration comme une réponse à la crise démographique revient, pour la plupart des Français, à proposer un problème comme solution. C’est d’ailleurs à l’origine de polémiques sur le « grand remplacement ». Il faut bien constater les ratés de l’intégration. Le taux d’emploi des immigrés en France est le plus bas d’Europe. De plus, comment peut-on faire des arrivants ces actifs à haute valeur ajoutée dont nous aurons de plus en plus besoin chaque année ? Aucune nation ne peut admettre que son futur réside dans l’idée simpliste et brutale d’une importation croissante de populations dont les valeurs sont souvent profondément différentes. Il est injuste, malhonnête ou absurde de voir du racisme ou de la xénophobie dans ces inquiétudes, d’autant plus qu’elles ne suscitent aucune réponse de la part des gouvernants.

— Un discours « no kids » a émergé. Est-ce le début d’un phénomène de société ?

— Le refus de faire des enfants reste une attitude marginale, mais ce discours prend beaucoup de place dans le monde médiatique. Certains revendiquent de manière sincère le souci de la planète. Mais le « no kids » recouvre aussi la préférence pour un mode de vie individualiste, souvent plus consumériste, tandis que le discours médiatique balance entre un grand silence et une vision négative - voire hostile - de la famille et des enfants. C’est ainsi qu’on en arrive à imaginer des effets néfastes de la natalité française sur le climat… C’est dire que l’on ne modère pas les craintes des jeunes qui aspirent à la parentalité. Si certaines questions sont légitimes, le bonheur d’être parent est trop rarement mis en avant. On oublie de dire à quel point les enfants sont inspirants et apportent l’essentiel au monde : la vie même.


Source : Le Figaro


dimanche 29 juin 2025

Harvard et l'université de Toronto collaborent pour permettre aux étudiants étrangers d'étudier à Toronto si interdits d'accès aux États-Unis


Harvard et l'université de Toronto élaborent un plan d'urgence pour permettre aux étudiants étrangers d'étudier s'ils sont interdits d'accès aux États-Unis.

Le programme sera accessible aux étudiants internationaux qui ont déjà effectué une année sur le campus américain de Harvard

L'Université de Harvard et l'Université de Toronto ont révélé un plan d'urgence qui permettrait à certains étudiants internationaux diplômés de Harvard de poursuivre leurs études au Canada si le plan de l'administration Trump visant à imposer des restrictions sur les visas américains et à les empêcher de rentrer aux États-Unis est confirmé par les tribunaux.

Le mois dernier, le ministère américain de la Sécurité intérieure a pris des mesures pour mettre fin à la capacité de Harvard d'inscrire des étudiants internationaux après que l'université ait prétendument omis de fournir les dossiers comportementaux complets des détenteurs de visas d'étudiants que l'agence avait demandés, y compris les images d'activités de protestation impliquant des détenteurs de visas d'étudiants, même si elles ne sont pas criminelles, et les dossiers disciplinaires de tous les détenteurs de visas d'étudiants au cours des cinq dernières années.

Depuis, un juge fédéral a bloqué la tentative du gouvernement de mettre fin au programme de visas de l'université.En raison des difficultés potentielles liées à l'obtention d'un visa américain, les étudiants de la faculté de gouvernement John F. Kennedy de l'université de Harvard qui ne pourraient pas retourner aux États-Unis auront la possibilité de poursuivre leurs études dans le cadre d'un programme d'étudiants invités à la faculté Munk d'affaires mondiales et de politique publique de l'université de Toronto.

Selon les doyens, ce programme combinera des cours dispensés par les professeurs de la Kennedy School (HKS)  et de la Munk School.

Les plans d'urgence ont été publiés pour atténuer l'incertitude des étudiants, mais ils ne seront utilisés que s'il y a une demande suffisante de la part des étudiants qui ne peuvent pas entrer aux États-Unis en raison d'éventuelles restrictions en matière de visa ou d'entrée, ont déclaré les doyens dans un communiqué.

"Grâce à ces plans d'urgence, la HKS sera en mesure de continuer à dispenser un enseignement de politique publique de niveau international à tous ses étudiants, même s'ils ne peuvent pas se rendre sur notre campus cette année", a déclaré Jeremy Weinstein, doyen de la Harvard Kennedy School.

Le programme sera accessible aux étudiants étrangers qui ont déjà passé une année sur le campus américain.

L'administration Trump a décidé de réduire de plusieurs milliards de dollars le financement fédéral de la recherche à Harvard, en partie à cause de sa gestion des allégations d'antisémitisme et de violence sur le campus au milieu des manifestations anti-israéliennes déclenchées par la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

M. Weinstein a annoncé des licenciements à l'université Kennedy dans un récent courriel adressé au corps enseignant et au personnel, évoquant de « nouveaux vents contraires sans précédent » qui créent des « défis financiers importants », notamment une « proposition d'augmentation substantielle de l'impôt sur les dotations » et des « réductions massives du financement fédéral de la recherche ».

Au cours des cinq dernières années, plus de 50 % des étudiants de Kennedy sont venus de l'extérieur des États-Unis, a indiqué le service de presse de l'école.

Au total, 739 étudiants originaires de 92 pays sont inscrits à des programmes visant à développer le leadership en matière de politique publique et de gouvernement, selon le site web du Bureau international de Harvard.

samedi 28 juin 2025

Omerta scolaire ou la relégation des parents par le réseau scolaire québécois


Libre Média, en collaboration avec le Centre juridique pour les libertés constitutionnelles, annonce la sortie d’Omerta scolaire, un documentaire réalisé par Francis Denis révélant une réalité troublante du réseau scolaire québécois. 

Des directives scolaires dites «inclusives» imposeraient-elles aux enseignants de dissimuler aux parents des informations cruciales, notamment liées à l'identité de genre de leur propre enfant? 

À travers des témoignages d’enseignants, de parents, de juristes, de psychothérapeutes et d’intellectuels, le film soulève cette question de fond.

La pointe de l’iceberg 

Tout part du témoignage d’un enseignant: une élève, biologiquement de sexe féminin, demande à être appelée par un prénom masculin. 

L’école acquiesce immédiatement et impose à tout le personnel d’utiliser ce prénom, tout en interdisant formellement d’en informer les parents. L’enseignante refuse de participer à ce qu’elle considère comme un mensonge. Elle risque alors des sanctions disciplinaires, voire la perte de son emploi.

Ce cas, aujourd’hui porté devant les tribunaux par Me Olivier Séguin, avocat au Centre juridique pour les libertés constitutionnelles et représentant de cette enseignante, est loin d’être un incident isolé.

Selon Me Séguin, il s’agit seulement de la pointe de l’iceberg: une dérive systémique où, sous couvert d’inclusion, l’école agit à l’encontre des droits fondamentaux des parents — et de la liberté de conscience des enseignants.

Au nom de la Charte des droits et libertés de la personne et d’interprétations juridiques discutables, les écoles québécoises appliquent une politique selon laquelle, dès l’âge de 14 ans, un enfant peut amorcer une transition sociale (changement de prénom, de pronom, etc.) sans que ses parents ne soient informés, et parfois même dès le primaire.

Des voix courageuses au premier plan

Le documentaire met en scène des voix courageuses qui brisent l’omerta: la psychothérapeute Stella O’Malley, fondatrice de Genspect; l’avocate Erin Friday, cofondatrice du réseau Our Duty; la docteure en droit Titine Kouendze, spécialiste de la parentalité et des droits de l’enfant; l’avocat Olivier Séguin ainsi que la militante féministe française Marguerite Stern. 


Le film n’entend pas du tout stigmatiser les personnes transgenres, mais alerter sur un climat d’intimidation où remettre en question certains courants devient pratiquement impossible.

Le lien de confiance entre l’école et les familles est brisé. Les enseignants agissent sous la menace de sanctions s’ils refusent d’obéir. 

Les parents, souvent écartés, n’osent plus questionner ce qui se passe entre les murs des établissements. Et les enfants, eux, sont laissés à eux-mêmes face à des décisions irréversibles. C’est, pour plusieurs, un détournement profond de la mission éducative.

vendredi 27 juin 2025

Des chercheurs alertent sur l'impact de ChatGPT sur le cerveau

Alors que l'usage des agents conversationnels d'IA se généralise, leur effet sur le cerveau humain est de plus en plus discuté.Une étude du très sérieux MIT jette le trouble sur l'avenir de nos capacités cognitives à l'ère de ChatGPT.

Répondre à un courriel, trouver son prochain lieu de voyage ou rédiger son mémoire de recherche… En moins de trois ans, utiliser ChatGPT est devenu une habitude pour 500 millions de personnes chaque semaine sur la planète. A tel point que beaucoup s'inquiètent désormais des répercussions de cet outil - et plus généralement de tous les agents d'intelligence artificielle - sur les capacités du cerveau humain.

Notre cerveau travaille-t-il moins que d'habitude lorsque nous utilisons ChatGPT ? Notre mémoire est-elle aussi bien entraînée ? Perdons-nous en capacités cognitives ? Autant de questions que se sont posées huit chercheurs du prestigieux MIT (Massachusetts Institute of Technology) durant quatre mois.

Le groupe d'experts vient de publier les premières conclusions d'une étude dénommée « Votre cerveau sur ChatGPT ». Ils ont étudié à l'aide d'un encéphalogramme l'activité cérébrale de 54 adultes de 18 à 39 ans lors de trois sessions de tests consistant à rédiger un essai en vingt minutes sur un sujet donné.

Les participants ont été divisés en trois groupes : certains pouvant utiliser ChatGPT (le modèle 4o), d'autres pouvant s'aider d'un moteur de recherche classique (comme Google), et les derniers n'ayant que leur cerveau pour réfléchir.


Moins de connexions neuronales

Le premier constat est clair : « la connectivité cérébrale est systématiquement réduite en fonction de la quantité de soutien externe », expliquent les chercheurs. En clair, les personnes aidées par ChatGPT opèrent nettement moins de connexions neuronales que celles utilisant un moteur de recherche, et encore moins que celles réfléchissant sans aucune aide extérieure.

Les chercheurs ont réalisé une quatrième phase de test sur 18 participants en échangeant le groupe pouvant s'aider de ChatGPT (« Grands modèles langagiers seul ») avec celui n'ayant aucun outil à disposition (« cerveau seul »). Ceux qui avaient d'abord utilisé le robot conversationnel pour rédiger leur essai se souvenaient moins bien de ce qu'ils avaient écrit, et présentaient en moyenne une activité cérébrale plus faible lors de ce test.

Cette phase suggère une « diminution probable des compétences d'apprentissage », selon l'étude. En fait, l'usage répété de ces outils pourrait créer une « dette cognitive » dans le cerveau, affectant à long terme ses capacités.
 
Ainsi, ces résultats suggèrent que l’IA peut favoriser un « traitement passif » de l’information, au prix « d’une perte de l’engagement cognitif profond » et « d’une moindre activation des capacités d’esprit critique lorsque la personne effectue ensuite des tâches seule », écrivent les auteurs.
 
Conséquences ? Lorsqu’il leur a été demandé de citer un extrait de leur propre texte quelques minutes après la rédaction, les deux groupes non assistés par IA ont été capables de restituer au moins partiellement leur production dès la seconde session d’exercice. À l’inverse, 83 % des utilisateurs de ChatGPT se sont révélés incapables de se souvenir d’un seul passage. Une amnésie cognitive qui s’expliquerait par une diminution de l’activation des réseaux impliqués dans le traitement sémantique, si bien que l’utilisateur intègre des phrases produites par l’algorithme sans réelle appropriation intellectuelle. Les auteurs parlent de « délestage cognitif »: à force d’utiliser l’intelligence artificielle, notre cerveau lui « transfère » certaines tâches mentales de sorte à n’avoir plus besoin de retenir le contenu d’une information, mais à facilement pouvoir retrouver son emplacement.

En seulement quelques jours, cet article a fait l'objet de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux, certains arguant que la méthodologie et la cohorte auraient biaisé les résultats. « Cette étude nous apprend quelque chose d'important sur la tricherie avec l'IA (si vous la laissez faire votre travail, vous n'apprendrez rien), mais cela ne nous apprend rien sur le fait que l'utilisation du Grand modèle langagier (LLM) nous rend plus bête dans l'ensemble », affirme sur LinkedIn Ethan Mollick, professeur à l'université de Wharton.

Si l'article n'a pas encore fait l'objet d'une publication dans une revue scientifique, d'autres soulignent néanmoins son sérieux. « Certes, la cohorte est faible, mais la méthodologie est très bien faite, avec une expérience répétée dans le temps et l'alternance des différents groupes. C'est un procédé en général très probant », commente Jean-Gérard Pailloncy, docteur en informatique et en mathématiques. « Lorsque l'on apprend, on construit un raisonnement et de nouvelles connexions cérébrales se mettent en place. Se servir de ChatGPT quand on ne connaît pas un sujet pour le régurgiter immédiatement tel quel conduit inévitablement à ne rien retenir » , ajoute le chercheur. Pour lui, « l'outil multiplie les capacités d'un esprit formé, mais réduit les capacités des cerveaux non formés ». D'autant plus quand l'on sait que tous les chatbots présentent un certain niveau d'hallucinations.

Un affaiblissement de la créativité

Si ces conclusions du MIT, publiées dans l’archive ouverte arXiv, doivent encore être validées par des experts et qu’elles ne fournissent aucune preuve sur le long terme, elles font écho aux résultats d’une  autre étude parue en mai  dans laquelle une équipe de l’université de Pennsylvanie a évalué l’impact de l’utilisation de ChatGPT sur la créativité. Les participants devaient imaginer des idées de produits combinant une brique et un ventilateur, soit en utilisant ChatGPT, soit en s’aidant de recherches en ligne, soit grâce à leur seule imagination. Résultat : les participants qui utilisaient internet pour enrichir leurs propres idées produisaient les concepts les plus « uniques », sans que leurs propositions ne se recoupent. À l’inverse, 94 % des propositions émises par l’IA présentaient des concepts très similaires. Neuf participants assistés par ChatGPT sont allés jusqu’à donner le même nom à leur produit sans s’être concertés.

Le sujet des compétences cognitives


Le sujet résonne évidemment avec l'appropriation de plus en plus grande de ChatGPT et consorts chez les adolescents, dont le cerveau est encore en formation, et l'usage de ces outils à l'école. « Il faut apprendre aux jeunes à développer leur esprit critique et à se poser les bonnes questions. Peut-être faut-il même aller jusqu'à poser une limite d'âge », abonde Chloé Duteil, fondatrice de Stlar, un cabinet spécialisé en data & IA.

Vers un déclin cognitif ?

Faut-il pour autant en conclure à un déclin cognitif inexorable des futures générations ? Le débat n’est pas sans rappeler celui qui entourait autrefois à l’arrivée des calculatrices dans les écoles. « À l’époque déjà, on redoutait une perte des capacités de calcul mental. Crainte qui s’est démontrée fausse », rappelle Justine Cassell. C’est pourquoi les spécialistes appellent à nuancer : « Le danger, c’est que les utilisateurs acceptent trop facilement les IA, sans les remettre en question, estime le Pr Terwiesch. Ce n’est donc pas en soi l’IA qui diminue les capacités cognitives humaines, mais plutôt l’usage qu’on en fait car la fluidité des réponses peut inciter à la passivité. »

Plusieurs études ont en effet montré que l’IA pouvait stimuler la production d’idées, affiner un raisonnement et ainsi constituer ainsi un véritable vecteur de créativité... à condition d’en faire un usage raisonné. « Interagir avec l’IA peut apporter la capacité de penser plus loin, de confronter nos idées, l’utiliser intelligemment signifie aussi de devoir recontextualiser, vérifier les réponses produites, estime Justine Cassell. À l’inverse, une utilisation passive peut devenir un frein. » Ces considérations sont d’autant plus inquiétantes lorsqu’il est question des jeunes utilisateurs, dont le cerveau est encore en développement. « Un usage trop systématique de l’IA pourrait ralentir le développement de compétences fondamentales, telles que l’analyse, la construction d’un raisonnement », estime le Pr Terwiesch.

Alors qu’un retour en arrière paraît peu probable, les spécialistes s’accordent finalement à dire qu’un seul scénario permettrait une utilisation véritablement responsable des IA : en les intégrant comme un « partenaire intellectuel » plutôt que comme des substituts de notre réflexion. « Par exemple, un enseignant peut utiliser l’IA pour stimuler la réflexion des élèves, en exigeant cependant qu’ils critiquent, trouvent les failles, les contredisent et apprennent ainsi à discerner le vrai et du faux », illustre le Pr Cassell. « Dans un contexte professionnel, ajoute le Pr Terwiesch, on peut structurer l’usage de l’IA dans des processus encadrés, où les idées générées sont ensuite filtrées par le jugement humain. »


jeudi 26 juin 2025

États-Unis — Pourquoi les diplômés d'aujourd'hui sont dans le pétrin

Pauvre jeune ambitieux. Pendant des décennies, le chemin vers une vie agréable était tout tracé : aller à l'université, trouver un emploi pour diplômé, puis regarder l'argent rentrer. Aujourd'hui, les jeunes qui travaillent dur semblent avoir moins d'options qu'auparavant.

Se lancer dans la technologie ? Les grandes entreprises suppriment des emplois. Et le secteur public ? Il est moins prestigieux qu'avant. Devenir ingénieur ? De nombreuses innovations, des véhicules électriques aux énergies renouvelables, voient désormais le jour en Chine. Devenir avocat ? L'intelligence artificielle va bientôt vous prendre votre emploi. Ne pensez même pas à devenir journaliste.

Dans tout l'Occident, les jeunes diplômés perdent leur position privilégiée ; dans certains cas, ils l'ont déjà perdue. Les données sur l'emploi laissent entrevoir ce changement. Matthew Martin, du cabinet de conseil Oxford Economics, s'est penché sur les Américains âgés de 22 à 27 ans titulaires d'une licence ou d'un diplôme supérieur. Pour la première fois dans l'histoire, leur taux de chômage est désormais systématiquement supérieur à la moyenne nationale. La hausse du chômage chez les jeunes diplômés est due à ceux qui recherchent un emploi pour la première fois.

Cette tendance n'est pas seulement observable aux États-Unis. Dans toute l'Union européenne, le taux de chômage des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur se rapproche du taux global pour cette tranche d'âge (voir graphique 1). La Grande-Bretagne, le Canada, le Japon... tous semblent suivre la même voie. Même les jeunes issus de l'élite, tels que les diplômés d'un MBA, sont touchés. 

En 2024, 80 % des diplômés de l'école de commerce de Stanford avaient trouvé un emploi trois mois après avoir quitté l'université, contre 91 % en 2021. 

Jusqu'à récemment, la « prime salariale universitaire », qui permet aux diplômés de gagner plus que les autres, était en hausse (voir graphique 2). Mais elle a récemment diminué, notamment aux États-Unis, en Grande-Bretagne et au Canada. À partir des données sur les jeunes Américains fournies par la succursale new-yorkaise de la Réserve fédérale, The Economist estime qu'en 2015, le salaire médian des diplômés universitaires était supérieur de 69 % à celui des diplômés du secondaire. L'année dernière, cet avantage était tombé à 50 %.

Les emplois sont également moins épanouissants. Une grande enquête suggère que l'écart de satisfaction entre les diplômés et les non-diplômés aux États-Unis, c'est-à-dire la probabilité pour les diplômés de se déclarer « très satisfaits » de leur emploi, est désormais d'environ trois points de pourcentage, contre sept points auparavant.

Est-ce une mauvaise chose que les diplômés perdent leurs privilèges ? D'un point de vue éthique, pas vraiment. Aucun groupe n'a un droit inné de surpasser la moyenne. Mais d'un point de vue pratique, cela pourrait l'être. L'histoire montre que lorsque les personnes intelligentes – ou celles qui se croient intelligentes – obtiennent des résultats inférieurs à ce qu'elles pensent mériter, ils s'en suit des événements négatifs.

Peter Turchin, scientifique à l'université du Connecticut, affirme que la « surproduction d'élites » a été la cause immédiate de toutes sortes de troubles au cours des siècles, les « contre-élites » menant la charge. Les historiens identifient « le problème de l'excès d'hommes instruits » comme ayant contribué aux révolutions européennes de 1848, par exemple. Luigi Mangione ferait partie de la contre-élite. M. Mangione, diplômé de l'université de Pennsylvanie, devrait mener une vie prospère. Au lieu de cela, il est jugé pour le meurtre présumé du directeur général d'une compagnie d'assurance maladie. Plus révélateur encore est le degré de sympathie que suscite son aliénation : M. Mangione a reçu des dons dépassant largement le million de dollars.

Pourquoi les diplômés perdent-ils leurs privilèges ? Peut-être que l'expansion considérable des universités a abaissé le niveau. Si les tours d'ivoire admettent des candidats moins talentueux, puis font un travail moins bon pour les former, les employeurs pourraient, à terme, s'attendre à moins de différences entre le diplômé moyen et le non-diplômé moyen. Une étude récente, menée par Susan Carlson de l'université d'État de Pittsburgh et ses collègues, suggère que de nombreux étudiants d'aujourd'hui sont fonctionnellement analphabètes. Un nombre inquiétant d'étudiants en anglais ont du mal à comprendre « La Maison d'Âpre-Vent » de Charles Dickens. Beaucoup sont déconcertés par la première phrase : « Michaelmas term lately over, and the Lord Chancellor sitting in Lincoln’s Inn Hall » (La session judiciaire qui commence après la Saint-Michel vient de s’ouvrir, et le lord chancelier siège dans la grande salle de Lincoln’s Inn).

Il est certain que certaines universités proposent des cours médiocres à des candidats qui n'y ont pas leur place. D'un autre côté, il y a peu de corrélation entre le nombre de diplômés et la prime salariale à long terme : les deux ont augmenté aux États-Unis dans les années 1980, par exemple. De plus, si vous discutez avec des étudiants de la plupart des universités, en particulier celles d'élite, vous vous rendrez compte qu'ils ne sont pas stupides. Ceux de Stanford sont extrêmement intelligents. Beaucoup d'étudiants d'Oxford et de Cambridge passaient autrefois leur temps à flâner et célébraient même leur « gentleman's third » (note de passage minimale, obtenue sans trop d'effort) s'ils avaient cet honneur. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.

Un nouvel article rédigé par Leila Bengali, de la succursale de San Francisco de la Fed, et ses collègues, est une autre raison de remettre en question l'explication selon laquelle les diplômés sont trop nombreux. Ils constatent que l'évolution de la prime salariale universitaire reflète principalement « des facteurs liés à la demande, en particulier un ralentissement du rythme des changements technologiques favorisant les travailleurs qualifiés ». En clair, les employeurs peuvent de plus en plus faire appel à des non-diplômés pour occuper des emplois qui étaient auparavant réservés aux diplômés.

Une mention très bien ? Tout le monde s'en fiche

Cela est particulièrement vrai pour les emplois qui nécessitent une utilisation rudimentaire de la technologie. Jusqu'à récemment, beaucoup de gens ne pouvaient se familiariser avec un ordinateur qu'en fréquentant l'université. Aujourd'hui, tout le monde possède un téléphone cellulaire, ce qui signifie que les non-diplômés sont eux aussi à l'aise avec la technologie. Les conséquences sont claires. Selon Indeed, un site web consacré à l'emploi, les exigences en matière de formation deviennent moins strictes dans presque tous les secteurs de l'économie. Le secteur américain des services professionnels et commerciaux emploie plus de personnes sans diplôme universitaire qu'il y a 15 ans, même si ces personnes sont moins nombreuses.

Les employeurs ont également réduit le nombre d'emplois dans les secteurs favorables aux diplômés. Dans l'ensemble de l'UE, le nombre de jeunes âgés de 15 à 24 ans employés dans la finance et l'assurance a diminué de 16 % entre 2009 et 2024. Les États-Unis ne comptent que légèrement plus d'emplois dans les « services juridiques » qu'en 2006. Jusqu'à récemment, la voie évidente pour un étudiant britannique souhaitant gagner de l'argent était un programme interne pour diplômés dans une banque. Depuis 2016, cependant, le nombre de jeunes de 20 à 30 ans dans le domaine du droit et de la finance a diminué de 10 %. À la troisième saison de « Industry », une série télévisée sur les jeunes loups diplômés d'une banque londonienne, une grande partie du distribution originale a été écartée (ou est décédée).

Il est tentant de blâmer l'IA pour cette diminution des perspective d'emploi. La technologie semble capable d'automatiser les tâches « intellectuelles » de base, telles que le classement ou les tâches parajuridiques. Pourtant, les tendances décrites dans cet article ont commencé avant ChatGPT. De nombreux facteurs contingents sont responsables. De nombreux secteurs qui employaient traditionnellement des diplômés ont connu des difficultés ces derniers temps. Des années d'activité modérée dans le domaine des fusions et acquisitions ont réduit la demande d'avocats. Les banques d'investissement sont moins dynamiques qu'avant la crise financière mondiale de 2007-2009.

Les études universitaires en valent-elles donc la peine ? Les Américains semblent avoir décidé que non. Selon les données de l'OCDE, entre 2013 et 2022, le nombre d'étudiants inscrits en licence a baissé de 5 %. Pourtant, dans la plupart des pays riches, où l'enseignement supérieur est moins cher car l'État le subventionne davantage, les jeunes continuent d'affluer vers les universités. Hors États-Unis, les inscriptions dans l'OCDE sont passées de 28 millions à 31 millions au cours de la décennie précédant 2022. En France, le nombre d'étudiants a augmenté de 36 % ; en Irlande, de 45 %. Les gouvernements subventionnent des diplômes inutiles, encourageant les jeunes à perdre leur temps à étudier.

Les étudiants ne choisissent peut-être pas non plus les bonnes matières. En dehors des États-Unis, la part des arts, des sciences humaines et des sciences sociales augmente en général. Il en va de même, de manière inexplicable, pour les inscriptions aux cours de journalisme. Si ces tendances reflètent les idées des jeunes sur l'avenir du travail, ils sont vraiment en difficulté. 

Source : The Economist

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mercredi 25 juin 2025

Inde et Chine — Examens d'entrée y sont notoirement difficiles, mais ils tendent à favoriser le bachotage



Faire la queue est la partie la plus facile


Mégots de cigarettes, verres de lunettes et pneus de voiture. Lesquels de ces articles contiennent du plastique ? Papaye, ananas, goyave. Combien de ces fruits ont été apportés en Inde par les Portugais ? Le mois dernier, environ un demi-million d'Indiens se sont assis pour répondre à ces questions, qui étaient éclectiques, mais dont l'enjeu était important. Elles faisaient partie de l'examen d'entrée dans la fonction publique indienne.

Pour ceux qui ont réussi en répondant correctement à des questions comme celles ci-dessus (les trois objets contiennent du plastique et les trois fruits ont été importés par les Portugais), il ne s'agit que de la première étape, la plus facile, d'un processus long et ardu. Neuf autres épreuves, d'une durée de 27 heures, se dérouleront à partir du mois d'août. Elles porteront sur un large éventail de sujets et sur des questions encore plus obscures. L'année dernière, les candidats ont été invités à rédiger 1 000 mots sur des affirmations telles que : « Les empires du futur seront les empires de l'esprit ». Ceux qui ont réussi cet exercice sont ensuite invités à un entretien final.

Si le processus de sélection est si éprouvant en Inde, c'est parce qu'un poste dans la fonction publique est très convoité. Même si le secteur privé indien s'est développé, les emplois publics restent un gage de prospérité, de prestige et de meilleures perspectives de mariage. L'année dernière, 1,1 million de personnes ont posé leur candidature pour intégrer l'échelon supérieur de la fonction publique, mais environ 1 000 d'entre elles (0,2 % de celles qui se sont présentées au premier examen) se sont vu offrir une place.
Les examens indiens sont donc encore plus compétitifs que ceux de la Chine, où, dans un contexte de ralentissement économique, un nombre croissant de personnes se tournent vers le secteur public. L'année dernière, un nombre record de 3,4 millions de Chinois se sont inscrits et ont passé la sélection initiale pour l'examen national de la fonction publique, soit bien plus du double du nombre de Chinois ayant passé l'examen en 2014. Un peu plus de 39 700 d'entre eux (1,5 % des candidats) ont obtenu un emploi.

Dans les deux pays, les examens sont considérés comme le moyen le plus équitable de filtrer les candidats. Mais malgré les intentions méritocratiques des examens, les critiques dans les deux pays estiment qu'ils filtrent les candidats selon les mauvais critères. En sélectionnant l'apprentissage par cœur et la capacité à passer des tests, ils négligent d'évaluer les compétences réelles en matière de politique publique, telles que la gestion, le travail d'équipe et la communication. En Chine, le processus comporte de plus en plus de questions visant à tester la familiarité avec la pensée de Xi Jinping, l'idéologie du dirigeant.

Tout cela contribue à la performance médiocre des deux bureaucraties. Selon une mesure de l'efficacité gouvernementale calculée par la Banque mondiale, la Chine et l'Inde se classent respectivement aux 74e et 68e rangs mondiaux. Les examens ne contribuent pas non plus à éliminer la corruption, un autre fléau commun. Le 9 juin, un jeune fonctionnaire indien de l'État d'Odisha, dans l'est du pays, a été accusé d'avoir accepté un pot-de-vin de 1 million de roupies (11 683 dollars) de la part d'un homme d'affaires, ce qui constitue le dernier exemple en date de corruption bureaucratique très médiatisée. (Il a été suspendu, mais nie avoir commis des actes répréhensibles).

Dans les deux pays, des efforts sont déployés pour recruter des personnes par d'autres moyens. La Chine expérimente le recrutement de certains candidats pour des contrats à durée déterminée en fonction de leur expérience plutôt que de leurs résultats aux examens. De même, l'Inde a mis en place un programme de « recrutement latéral » afin de permettre à des spécialistes du secteur privé de rejoindre la fonction publique. Mais ces initiatives en sont encore à leurs balbutiements. Les examens restent le pilier du recrutement dans le secteur public.

Si les mérites de ce processus de sélection sont discutables, ses coûts, tant humains qu'économiques, sont plus visibles. La réussite à ces deux examens exige un travail acharné. Beaucoup de candidats ne travaillent pas pendant les années qui précèdent l'examen ; ceux qui ont un emploi finissent par étudier tôt le matin ou tard le soir. Des milliers de personnes font appel à des centres de préparation ; les meilleures écoles proposent une formation à temps plein et un hébergement.

Shikha Singh a quitté une petite ville du centre de l'Inde pour s'installer à Delhi afin de se préparer à l'examen, entourée d'autres candidats. Avant sa quatrième tentative récente, Mme Singh a travaillé dix heures par jour, mais elle craint que cela ne soit pas suffisant pour couvrir la grande variété de sujets. Dans le sud-est de la Chine, une future fonctionnaire (qui a préféré rester anonyme) de la province du Jiangxi (Kiang-si) a suivi un rythme similaire depuis qu'elle a quitté son emploi en 2023 et est retournée vivre chez ses parents. Le cycle des candidatures et des refus a un effet sur le moral : l'échec à l'examen peut parfois pousser les candidats au suicide dans les deux pays. Mme Singh a le sentiment d'avoir perdu son statut social à cause de ses échecs. Son homologue chinoise est également accablée par l'anxiété. « Seules quelques personnes réussissent l'examen », dit-elle. « Je me demande ce que font ceux qui échouent. »

C'est une bonne question. Les années de jeunesse passées à étudier, au lieu de travailler, constituent une perte économique. Les examens obligent les diplômés universitaires à retarder leur entrée sur le marché du travail, ce qui réduit leur consommation à long terme. Et les matières étudiées fébrilement tard le soir ne sont pas nécessairement utiles une fois les examens terminés. Connaître l'histoire des fruits ou les détails de la pensée de Xi Jinping peut aider les candidats à obtenir un emploi dans la fonction publique et tous les avantages qui l'accompagnent, mais peut-être pas une place dans le secteur privé.

Source : The Economist

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Poutine a signé une loi sur la protection de la langue russe dans l'espace public

Le président russe Vladimir Poutine a signé une loi visant à protéger et à promouvoir la langue russe dans l'espace public. Le document correspondant a été publié mardi sur le site officiel des actes juridiques.

La loi modifie plusieurs actes normatifs, notamment les lois « Sur la protection des droits des consommateurs » et le Code de l'urbanisme, et vise à limiter l'utilisation de mots et de noms étrangers dans les enseignes, les publicités et les panneaux indicateurs, ainsi que dans les noms des complexes résidentiels et des micro-quartiers.

Selon la loi, toutes les informations destinées aux consommateurs doivent être fournies en russe. L'utilisation de mots étrangers tels que « sale » et « shop » sera désormais limitée. La traduction dans d'autres langues est autorisée, à condition que le contenu soit identique et que la présentation soit équivalente à la version russe.

Les nouvelles normes du Code de l'urbanisme interdisent de donner aux complexes résidentiels et aux micro-quartiers des noms à consonance étrangère. Tous les noms doivent être écrits exclusivement en cyrillique.

Le document consacre également l'obligation d'utiliser la norme littéraire de la langue russe dans les médias, ce qui suppose l'absence d'erreurs linguistiques et lexicales.


Selon le document, les informations doivent être présentées en russe. Les langues officielles des républiques ou d'autres langues des peuples de Russie peuvent également être utilisées, mais les informations dans ces langues doivent être identiques à celles en russe.

À la discrétion du fabricant ou du vendeur, ces informations peuvent être rédigées en langues étrangères, à condition d'être également affichées en russe. Il est précisé que les informations dans les deux langues doivent être identiques en termes de contenu, équivalentes en termes de placement et avoir les mêmes couleurs, types et tailles de police. Toutefois, ces dispositions ne s'appliquent pas aux noms de marque et aux marques commerciales.

La signature de la loi a suscité un débat au sein du Conseil de la Fédération. La sénatrice Lioudmila Naroussova a exprimé son indignation face à l'absence de responsabilité en cas de violation des nouvelles normes lors d'une discussion au sein du comité constitutionnel. Le président du comité, Andreï Klichass, a proposé à la sénatrice d'élaborer des propositions concernant les mesures administratives.

Les modifications entreront en vigueur le 1er mars 2026.

Le 5 juin, Poutine a tenu un conseil sur le soutien à la langue russe, au cours duquel il a notamment appelé à la promouvoir plus activement sur les terres historiques de la Fédération de Russie et à se débarrasser des emprunts vulgaires. Le président russe a également souligné la nécessité d'utiliser l'alphabet cyrillique dans l'espace public, et non « un mélange de caractères latins et d'autres symboles ».

mardi 24 juin 2025

Peur, précaution, confort... Comment nous avons perdu le goût du risque

La peur est aujourd'hui partout. Peur climatique, peur sécuritaire, peur sanitaire... Les lendemains qui chantent semblent avoir laissé place aux scénarios catastrophes. La révolution a cédé le pas à l'Apocalypse. Et pourtant, nous vivons dans des sociétés occidentales où nous n'avons jamais été aussi riches. Nous n'avons jamais vécu aussi longtemps. Mais nous semblons avoir abandonné toute espérance tout se passe comme si nous étions tétanisés par l'avenir.

C'est justement ce paradoxe de ces sociétés de plus en plus hostiles aux risques qui cherchent et qui tendent vers l'utopie du risque zéro qu'Eugénie Bastié interroge dans ce nouveau numéro du Club Le Figaro Idée. Pour ce faire, elle reçoit Pascal Bruckner et Catherine van Velen.

00:00 – La peur : un phénomène politique moderne  
04:37 – Le principe de précaution : paralysie ou prudence ?  
20:59 – L’éducation par la peur : des enfants déjà vieux  
36:16 – Tragique, démocratie... Ce que nous avons perdu
 
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dimanche 22 juin 2025

Syrie — Au moins 20 morts dans un attentat contre une église grecque-orthodoxe

Un attentat suicide a visé l’église grecque-orthodoxe Saint-Élie (Mar Elias) dans le quartier de Dweila, à Damas, pendant la messe du dimanche soir. 

Un assaillant, identifié par le ministère syrien de l’Intérieur comme membre de l’État islamique (EI), est entré dans l’église, a ouvert le feu sur les fidèles, puis a déclenché une ceinture explosive.

Certaines sources mentionnent un possible second assaillant ayant pris la fuite, mais cela n’est pas confirmé officiellement.

L’attaque a eu lieu lors d’une liturgie, avec environ 400 personnes présentes, selon un prêtre sur place.

Au moins 20 à 22 morts et 52 à 63 blessés, selon le ministère syrien de la Santé, l’Observatoire syrien des droits de l’homme et des médias comme Reuters, The Guardian et AP.

Des rapports initiaux mentionnaient 9 à 15 morts, mais le bilan a été revu à la hausse.


Des enfants figureraient parmi les victimes, selon certains médias locaux.

L’église a subi d’importants dégâts : autel endommagé, bancs détruits, sol couvert de sang et débris.

Il s'agit du premier attentat suicide à Damas depuis la chute de Bachar el-Assad en décembre 2024, renversé par une insurrection menée par des rebelles islamistes.

L’EI a revendiqué l’attaque via ses canaux médiatiques, exploitant le vide sécuritaire post-Assad pour cibler les minorités chrétiennes.

Le gouvernement intérimaire syrien, dirigé par Ahmed al-Charâ (issu du groupe Hayat Tahrir al-Sham soit l'Organisation pour la Libération du Levant), promet de protéger les minorités. Depuis la prise de pouvoir par HTS, des rapports font état d’actes de violence ciblée contre les Alaouites, particulièrement dans les régions côtières comme Lattaquié et Tartous, bastions alaouites sous l’ancien régime. Ces actes incluent des assassinats, des enlèvements et des pillages, souvent attribués à des factions rebelles ou à des règlements de compte locaux,

Le Patriarcat grec-orthodoxe d’Antioche a condamné l’attaque, qualifiant les victimes de « martyrs » et exigeant des autorités syriennes qu’elles protègent les lieux de culte.

La France, la Grèce, les Émirats arabes unis, la Turquie et l’ONU (via l’envoyé spécial Geir Pedersen) ont dénoncé cet acte terroriste, appelant à la justice et à la protection des civils.

Le ministre syrien de l’Intérieur, Anas Khattab, a qualifié l’attaque de « crime répréhensible » et annoncé une enquête.

Cet attentat souligne les tensions sectaires persistantes en Syrie, malgré les déclarations du gouvernement dit intérimaire pour stabiliser le pays.

Les chrétiens, minorité visée, sont particulièrement vulnérables face à la résurgence de l’EI, qui a déjà ciblé des sites religieux par le passé, exemples:

  • 2013 - attentats contre le village chrétien de Maaloula (20 morts);2015 Enlèvements de 200 à 300 chrétiens assyriens dans la vallée du Khabour;
  • 2015 Destruction de l’église de l’Immaculée Conception, Qaryatayn (160 chrétiens enlevés, plusieurs décapitations);
  • 2016 - Attentat-suicide à Qamishli, quartier chrétien 9au moins 44 morts);
  • 2016 près du sanctuaire chiite Sayyida Zeinab.

Plus de détails dans L'Orient-Le Jour de Beyrouth.

Réaction de l'Œuvre d'Orient

L’Œuvre d’Orient est horrifiée et condamne l'attentat perpétré dans l'église grecque orthodoxe Saint-Elie, à Damas, au cours de la messe du dimanche 22 juin. Cette attaque, dans un lieu de foi et de paix, a fait selon un bilan encore provisoire 25 morts et 63 blessés. L'Œuvre d'Orient présente ses condoléances aux familles des victimes et à toute la communauté chrétienne de Syrie. 

Assurer la sécurité de toutes les communautés religieuses est un élément indispensable pour la reconstruction du pays. Les autorités syriennes et internationales doivent prendre immédiatement les mesures nécessaires. Une enquête doit être diligentée.

Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de L'Œuvre d'Orient, a déclaré : « Cet attentat est dramatique, il nous rappelle l’attentat de la cathédrale Sayedat al-Najat de Bagdad, il y a 15 ans. C’est un événement effroyable qui fragilise complètement la communauté chrétienne en Syrie, et plus largement au Moyen-Orient. Cela risque de se traduire par un exode des chrétiens. Nous déplorons l’absence de mesures de sécurité autour des lieux de culte, en particulier des églises, que nous savons sous menace constante. Nous ne voulons pas simplement des paroles de la part des autorités syriennes, il convient absolument de mettre en œuvre des mesures de sécurité auxquelles la communauté chrétienne a le droit. » 

Vidéo du kamikaze (avec sac à dos) qui s'est fait exploser 

La rue Trutch à Vancouver devient officiellement la rue Šxʷməθkʷəy̓əmsəm

La décision de Vancouver de renommer la rue Trutch en rue Šxʷməθkʷəy̓əmsəm s’inscrit dans un effort de promotion de l’histoire autochtone (indienne) de la région. Le nom original, Trutch, faisait référence à Sir Joseph Trutch, un ancien lieutenant-gouverneur de la Colombie-Britannique connu pour ses politiques coloniales dont la réduction des terres occupées par les « Premières Nations » et des déclarations désobligeantes envers ces peuples autochtones. En changeant ce nom, la ville cherche à retirer les hommages à des figures associées à l’histoire britannique de la province et à honorer les cultures et les langues des Premières Nations locales, en l’occurrence la nation Musqueam, dont le territoire traditionnel englobe Vancouver.

Le nouveau nom, Šxʷməθkʷəy̓əmsəm, provient de la langue hən̓q̓əmin̓əm̓ anciennement parlée par les Musqueam. Ce changement reflète un mouvement croissant au Canada anglais. Cette initiative a suscité des discussions, certains y voyant un pas vers la justice sociale, tandis que d’autres s’interrogent sur l’effacement de l’histoire, mais elle reste un exemple concret de décolonisation des espaces publics.

Le changement de nom de la rue Trutch à Vancouver, désormais désignée Šxʷməθkʷəy̓əmsəm, suscite une controverse dont la portée dépasse le simple enjeu toponymique. Les critiques s’articulent principalement autour de deux axes : la perception d’un effacement historique et les difficultés pratiques liées à l’adoption d’un nom autochtone complexe pour les non-locuteurs.

1. L’effacement perçu du passé et la mémoire controversée

Certains résidents et observateurs estiment que l’effacement du nom de Joseph Trutch – figure historique du colonialisme britannique en Colombie-Britannique – équivaut à une forme de réécriture ou de négation du passé. Même si ses politiques envers les Premières Nations furent notoirement discriminatoires et rétrogrades, ces critiques soutiennent qu’un tel acte symbolique élimine une occasion d’enseigner et de confronter ces aspects problématiques de l’histoire locale.

Selon eux, maintenir le nom Trutch n’implique pas une glorification, mais plutôt un devoir de mémoire critique. Ce point de vue s’inspire d’approches muséales ou patrimoniales qui valorisent le contexte et l’explication plutôt que l’effacement. En renommant des lieux, notamment sans contrepartie éducative claire (panneaux explicatifs, programmes scolaires, etc.), la ville court le risque de substituer un oubli confortable à un inconfort pédagogique nécessaire.

2. Une décision perçue comme idéologique et clivante

Au-delà de la mémoire historique, certains dénoncent une instrumentalisation idéologique de la toponymie, accusant les autorités municipales d’imposer des décisions symboliques sans véritable consultation démocratique. Ce point de vue exprime une défiance envers ce qui est perçu comme un activisme institutionnalisé, qui imposerait des valeurs progressistes à une population diverse, sans nécessairement obtenir son assentiment.

La crainte sous-jacente est celle d’une polarisation communautaire : ces changements, au lieu de favoriser la réconciliation, risqueraient d’accentuer les lignes de fracture entre groupes culturels, en opposant un récit autochtone restauré à une mémoire collective plus large, jugée illégitime ou embarrassante.

3. Obstacles linguistiques et appropriation pratique

Par ailleurs, la complexité du nouveau nom, Šxʷməθkʷəy̓əmsəm, issu de la langue hən̓q̓əmin̓əm̓ autrefois parlée par les Musqueams, soulève des objections d’ordre pratique et linguistique. De nombreux citoyens rapportent des difficultés à le prononcer, l’écrire ou même s’en souvenir. Pour une population urbaine plurilingue qui n’a aucun contact préalable avec cette langue, l’usage quotidien devient ardu, et le nom risque de demeurer abstrait ou inaccessible, voire ignoré dans les usages courants.

Toutefois, il est également important de reconnaître que cette langue compte aujourd’hui moins de 10 locuteurs pleinement compétents, aucun locuteur natif, et environ 500 semi-locuteurs, malgré les efforts de revitalisation.

Dans ce contexte, certains résidents s’interrogent : dans quelle mesure un nom de rue peut-il devenir un outil de reconnaissance partagé s’il est pratiquement inemployable par la majorité des citoyens, y compris ceux des communautés autochtones locales ? Pour beaucoup, cette décision peut donner l’impression d’un geste hautement symbolique mais faiblement intégré dans la vie réelle, risquant de créer une fracture entre l’intention politique et la réception populaire.

4. Un déficit de participation citoyenne

Enfin, plusieurs critiques pointent un manque de transparence et de concertation dans le processus de décision. Si la démarche entend honorer la langue et la culture des Premières Nations, elle semble avoir été perçue par certains comme un processus unilatéral, vertical, excluant les résidents concernés. Ce déficit démocratique alimente un sentiment de dépossession symbolique : les citoyens ont vu leur espace urbain renommé sans avoir été pleinement consultés, voire entendus.

À Montréal aussi, un nom imprononçable et une appropriation partiale du passé autochtone

À Montréal, en 2019, la rue Amherst (nommée d’après Jeffery Amherst, général britannique associé à des massacres envers les Autochtones) a été renommée Atateken, un mot issu de la langue des Agniers (Mohawks), pourtant alliés des Anglais, signifiant « fraternité », « groupe de personnes vivant ensemble dans l’harmonie ». Nom intéressant pour un peuple aussi guerrier (voir la liste des nations détruites ou dispersées par les Agniers ci-dessous).

Or, une proposition circulait pour remplacer le nom d'Amherst (ou celui de Wolfe) par celui de « Pontiac », en hommage au grand chef autochtone Odawa Pontiac, qui mena une coalition de nations autochtones contre la domination britannique après la conquête, notamment en riposte directe aux actions de Wolfe et Amherst. 

Pour de nombreux observateurs, renommer la rue Wolfe ou Amherst en Pontiac aurait offert : une symétrie historique puissante (l’oppresseur remplacé par le résistant)  et un nom facile à prononcer et à mémoriser pour l’ensemble des Montréalais, y compris les nouveaux arrivants.

Depuis juin 2017, le sommet de la colline d’Outremont (Mont Royal) se voit imposer un nom mohawk : Tiohtià:ke Otsira’kéhne, Rappelons que malgré les prétentions de l'administration de la ville de Montréal, Montréal n'est pas en territoire traditionnel agnier (mohawk). 

Au moment de la fondation de Ville-Marie (1642), les Mohawks habitaient surtout la vallée de la Mohawk, dans l’actuel État de New York. Ils n’étaient pas établis à Montréal, mais y faisaient des incursions — souvent guerrières... Ce sont en fait les Français qui, après les guerres iroquoises, ont permis aux Mohawks catholiques convertis (les Agniers) de s’établir à proximité de Montréal, notamment à Kahnawake, au sud de Montréal. En 1760, pendant la guerre de la Conquête (sept Ans), les Mohawks catholiques de Kahnawake ont trahi les Français, alors même qu’ils avaient été protégés et installés par eux un siècle plus tôt. Ces Agniers ont choisi de ne pas soutenir Montréal lors de l’attaque britannique. Ils ont permis aux Britanniques d’approcher sans opposition, en s’abstenant de défendre et d'avertir leurs anciens alliés. 

Agnier est le nom (transcrit par une oreille française) que les Mohawks se donnent dans leur propre langue, Kanien'kehá:ka, qui signifie « peuple du silex » ou « peuple de la pierre à feu ». Mohawk est le nom que les Anglais leur donnent, il viendrait probablement d'un mot algonquin, mohowawog, signifiant « mangeurs d'hommes », un nom donné par leurs ennemis pour les décrire comme des guerriers redoutables.

Voici la liste des principales nations disparues ou largement détruites lors des guerres avec les Agniers/Mohawks (et plus largement les Iroquois) :

  • Iroquoiens du Saint-Laurent
  • Hurons-Wendats (réduits de 60 % à 90% puis dispersés)
  • Neutres (Attawandaron)
  • Ériés
  • Petun (Tionnontatés)
  • Susquehannocks (Andastes)
  • Mahicans (en grande partie absorbés)
  • Algonquins de l'Est (en recul ou déplacement)
  • Illinois (en partie détruits ou repoussés)
  • Shawnees (forcés à migrer à plusieurs reprises)
  • Tionnontouans indépendants (groupes iroquoiens non affiliés)
  • Réfugiés mixtes autour des missions françaises (dispersés ou intégrés)

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