mardi 4 février 2025

Étude : la plupart des partis politiques traditionnels sont beaucoup plus favorables à l'immigration que la majorité de leurs électeurs

Résumé : selon une étude,la plupart des partis politiques traditionnels sont beaucoup plus favorables à l'#immigration que la majorité de leurs électeurs ...Sur presque toutes les questions culturelles, telles que le multiculturalisme ou les relations hommes-femmes ...les électeurs sont plus conservateurs que leurs députés.

 La montée des partis dits « populistes » de droite se poursuit dans les pays occidentaux, et nombreux sont ceux qui s'interrogent sur la manière dont les partis traditionnels pourraient y répondre. Cette situation s'explique en partie par le fait que les partis politiques ne parviennent pas à répondre à l'opinion des électeurs sur l'immigration par des mesures politiques.

L'Allemagne en est un bon exemple. En 2013, elle ne comptait aucun parti identitaire de droite notable. L'Alternative pour l'Allemagne (AfD) existait déjà, mais elle n'était pas fortement anti-immigration. Toutefois, l'immigration en Allemagne était en augmentation.

Avant 2013, plusieurs centaines de milliers de demandeurs d'asile originaires d'Afrique et du Moyen-Orient entraient chaque année dans le pays. De nombreux Allemands souhaitaient une diminution de l'immigration, mais les partis politiques allemands ne proposaient pas de politiques correspondantes. L'opinion publique et les celle des parlementaires divergeaient déjà.

Pour mesurer ce désaccord, les chercheurs ont posé la question suivante à des échantillons représentatifs de parlementaires allemands et de citoyens ordinaires en 2013 : « L'immigration des étrangers devrait-elle être plus facile ou plus difficile ? »

Ils avaient le choix entre 11 réponses, allant de « 0 - l'immigration des étrangers devrait être beaucoup plus facile » à « 10 - l'immigration des étrangers devrait être beaucoup plus difficile ».

Les résultats montrent que la plupart des Allemands souhaitaient restreindre l'immigration en 2013. Malgré cette demande du public, la quasi-totalité des parlementaires des quatre grands partis souhaitaient faciliter l'immigration.

Attitudes à l'égard de l'immigration en 2013 :

Évolution du fossé de représentation sur la question de l'immigration. L Guenther, CC BY-ND

Deux ans plus tard, en 2015, la crise des réfugiés a commencé. En l'espace de quelques années, deux millions de demandeurs d'asile sont entrés en Allemagne. En réaction, les Allemands ont considéré l'immigration comme une question de plus en plus importante et ont de plus en plus voté en fonction de leur attitude à l'égard de l'immigration. La plupart des Allemands souhaitant une diminution de l'immigration, la demande d'un parti anti-immigration s'est accrue.

Au cours de cette période, l'AfD a modifié son programme politique pour devenir le seul parti allemand à réclamer clairement une diminution de l'immigration. L'AfD est ainsi devenu le seul parti à représenter la volonté de nombreux Allemands sur la question qu'ils considèrent comme la plus importante.

Attitudes à l'égard de l'immigration en 2017 :

Comment le fossé de représentation est apparu sur l'immigration. L Guenther

De ce point de vue, il n'est pas surprenant que l'AfD ait fortement augmenté sa part de voix lors des élections de 2017 et soit devenu le premier parti à la droite des conservateurs à entrer au parlement fédéral.

Dans le cadre de ses recherches, l'auteur a constaté que des tendances similaires se manifestent dans toute l'Europe. Dans 27 pays, la plupart des grands partis politiques sont beaucoup plus favorables à l'immigration que ne l'exigent la majorité de leurs électeurs et de leurs citoyens.

L'écart de représentation n'est pas seulement systématique d'un pays à l'autre, mais aussi d'une question politique à l'autre et d'un sous-groupe d'électeurs à l'autre. Sur presque toutes les questions culturelles, telles que le multiculturalisme ou les relations hommes-femmes, j'ai constaté que les électeurs sont plus conservateurs que leurs parlementaires.

Dans toute l'Europe, la différence entre l'électeur moyen et le parlementaire moyen est aussi importante que la différence entre le parlementaire moyen conservateur et le parlementaire moyen socialiste.

Même les électeurs ayant le même niveau d'éducation, ou les électeurs bien informés sur la politique, sont beaucoup plus conservateurs sur le plan culturel que leurs représentants. Les immigrés eux-mêmes sont beaucoup plus opposés à l'immigration et au multiculturalisme que le parlementaire moyen.

Bien que ces écarts de représentation culturelle existent depuis longtemps, c'est l'augmentation de leur visibilité et de leur importance perçue qui contribue à la montée du populisme de droite. L'importance accrue de l'immigration en est le principal moteur.

L'un des principaux arguments des politiciens traditionnels contre les populistes est qu'une fois que les populistes arrivent au pouvoir, ils cherchent à établir des dictatures et à gouverner contre l'intérêt du peuple. Toutefois, cet argument sonne creux si les partis traditionnels ne sont pas disposés à reconnaître les questions considérées comme les plus importantes par les citoyens et à agir en conséquence.

Source: The Conversation

France — Deux records battus en 2024

Deux records battus en 2024:
  • 663.000 bébés nés en France, le chiffre le plus bas depuis 1945.
  • 336.700 premiers titres de séjour délivrés (immigration légale), le chiffre le plus haut depuis 1945.

Québec — le droit d'instruire ses enfants à la maison a été retiré plus de 1000 fois

Le gouvernement du Québec a demandé à plus de 1000 élèves scolarisés à la maison de retourner en classe depuis 2021, notamment parce que certaines exigences administratives n’avaient pas été remplies par leurs parents, a constaté Le Devoir.

Entre le début de l’année scolaire 2021-2022 et le 30 octobre dernier, ce sont exactement 1079 enfants qui ont été rappelés sur les bancs d’école après avoir perdu l’autorisation de suivre un enseignement à la maison, montre une demande d’accès à l’information rendue publique sur le site Web du ministère de l’Éducation. La dispense dont ils disposaient pour pouvoir apprendre à la maison leur a été retirée à la suite de « non-conformités » au Règlement sur l’enseignement à la maison relevées par les fonctionnaires de l’État.


« Ça peut exister, des parents qui ont retiré leurs enfants sans avoir mis en place un vrai projet d’apprentissage », relève la professeure Christine Brabant. Or, l’encadrement de l’éducation à domicile est bien ficelé au Québec et compte notamment des suivis auprès des parents en cours d’année. Ainsi, lorsque ceux-ci sont incapables de répondre aux exigences de l’État, l’autorisation d’enseigner à leurs enfants à la maison peut leur être retirée, explique l’experte.

Par courriel, le ministère de l’Éducation rappelle qu’il a comme mandat de veiller « au respect du cadre juridique applicable, notamment au respect des programmes d’études établis par le ministre et de l’obligation de réaliser les épreuves ministérielles ».

Ainsi, même s’il privilégie « une approche de soutien et de collaboration avec les familles en enseignement à la maison », lorsque le règlement encadrant cette pratique n’est pas respecté, « le Ministère informe le parent que leur enfant ne fait plus l’objet d’une dispense de l’obligation de fréquenter une école aux fins de recevoir à la maison un enseignement approprié pour l’année scolaire en cours et qu’il doit, par conséquent, être inscrit dans une école afin que cette obligation soit respectée », ajoute-t-il.
 
Québec faisait état de 8104 enfants suivis en enseignement à la maison en date du 27 décembre dernier.

Croissance du nombre d'enfants instruits à la maison

Le nombre d’enfants québécois qui sont scolarisés à la maison a augmenté à un rythme beaucoup plus rapide que celui de la population étudiante en général au cours des dernières années. Les doléances de parents qui enseignent à leurs enfants à domicile sont aussi nombreuses à l’endroit du réseau scolaire, qui peine à répondre à leurs demandes en contexte de pénurie de main-d’œuvre. État des lieux.

Après avoir atteint un sommet en 2020-2021, pendant la pandémie, le nombre d’élèves suivis en enseignement à la maison est en diminution depuis. Il s’établissait à 8104 en date du 27 décembre dernier, selon des données fournies par le ministère de l’Éducation à la suite d’une demande d’accès à l’information.

Ce nombre demeure néanmoins 63,12 % plus élevé que celui de 4968 observé lors de l’année scolaire 2018-2019. Pendant cette même période, le nombre total d’élèves au primaire et au secondaire, qui dépasse le million, a augmenté de 9,64 %, montrent des données tirées du tableau de bord du ministère de l’Éducation.

« La croissance qui n’est pas liée à la pandémie, elle est assez stable », confirme en entrevue Christine Brabant, professeure à l’Université de Montréal et chercheuse spécialisée en éducation à domicile. Selon elle, le nombre d’enfants scolarisés à la maison serait sans doute le même actuellement, même si la crise sanitaire n’avait pas eu lieu.

Cet attrait grandissant pour l’école à la maison est notamment associé à l’incapacité du réseau scolaire, aux yeux de plusieurs parents, de répondre aux besoins de leurs enfants. L’Association québécoise pour l’éducation à domicile constate d’ailleurs qu’environ la moitié des enfants dont les parents comptent parmi ses membres présentent des défis d’apprentissage ou encore un problème de santé psychologique ou physique.

Des demandes de parents (contribuables...) sans réponse

Christine Brabant souligne que les études réalisées à l’échelle internationale font état, en général, d’un niveau de socialisation et de réussite scolaire similaire pour les enfants qui suivent l’école à la maison et ceux qui se rendent en classe. « Il y a peu d’études qui ont réussi à trouver des inconvénients et des résultats négatifs » rattachés à l’école à la maison, souligne-t-elle.

Il est toutefois difficile d’avoir un état des lieux clair en la matière au Québec en raison du manque de données publiques disponibles, évoque la professeure.

L’Association québécoise pour l’éducation à domicile (AQED) constatait cependant, au terme d’un sondage mené l’an dernier auprès de 200 familles, que 68 % des demandes effectuées par des parents membres de son association pour avoir accès à des services auxquels ils ont droit en vertu du Règlement sur l’enseignement à la maison auraient été refusées par leur centre de services scolaire. Ces requêtes portaient notamment sur l’accès à des locaux, à du matériel pédagogique et à des services professionnels — de la part d’orthopédagogues ou de psychoéducateurs, par exemple.

Cette situation ne surprend pas le président de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec, Jacques Landry. « Déjà, ce qu’on voit, c’est que même quand les enfants sont à l’école, on n’arrive pas à leur offrir le service adapté, alors imaginez quelqu’un qui est à la maison, la marche est encore plus haute », tente-t-il d'expliquer.

Des résultats variables

C’est dans ce contexte qu’au sein du CSS de Laval, pendant l’année scolaire 2023-2024, la note moyenne à l’examen ministériel de lecture en français, administré en quatrième année du primaire, a été de 14,76 % inférieure chez les élèves scolarisés à la maison.

Pendant cette même période, ceux-ci avaient aussi obtenu une note moyenne de 17,39 % inférieure à celle obtenue par leurs collègues fréquentant les bancs d’école pour l’examen de mathématiques en sixième année du primaire. La différence était de 13,28 % en 2022-2023.

« En raison du grand écart entre le nombre d’élèves qui fréquentent nos établissements et ceux qui font l’école à la maison, la comparaison devient difficile », nuance toutefois par courriel le centre de services scolaire, qui appelle à la « prudence » dans l’interprétation de ces données.

La réponse du CSS Marguerite-Bourgeoys, quant à elle, montre que ceux-ci ont obtenu des résultats moyens sous la note de passage pour l’ensemble des épreuves dans les matières à sanction en 4e et 5e secondaire. La moyenne était aussi une note d’échec pour les examens de français en quatrième année du primaire.

Au CSS de la Pointe-de-l’Île, les élèves scolarisés à la maison ont à l’inverse mieux réussi  que les autres dans une majorité d’examens, en 2022-2023 comme en 2023-2024. Le bilan est plus partagé dans les commissions scolaires anglophones de Montréal, où les élèves scolarisés à la maison semblent réussir davantage dans certaines matières, comme le français, tout en ayant une moyenne moindre dans d’autres, par rapport à ceux qui se rendent sur les bancs d’école.