dimanche 27 novembre 2022

Les illusions perdues et la conversion au nucléaire de Greta Thunberg

Pour Bruno Alomar, économiste et professeur à Sciences-po, la conversion de l’icône du climat au nucléaire est la preuve que le réel finit toujours par renverser l’idéologie :

L’Europe gelée, victime collatérale consentante, du Grand Jeu américain contre la Russie ?

« Enfin Greta adouba l’énergie nucléaire », serions-nous tentés de nous écrier pour saluer la jeune Greta Thunberg, égérie de l’écologie politique, qui a déclaré le 11 octobre à la télévision allemande qu’il serait sans doute préférable de prolonger les activités des centrales nucléaires plutôt que de rouvrir des centrales à charbon. Voilà le nucléaire civil sauvé ! Les autorités politiques nationales et européennes n’ont plus qu’à obtempérer. D’ailleurs la Suède l’a bien compris, qui a annoncé la construction de nouveaux réacteurs nucléaires quelques jours après ces déclarations.

Le propre du réel, est que, tout ou tard, il renverse l’idéologie

Disons-le sans ambages : la façon dont les médias, le monde politique, en un mot l’Occident s’en laisse compter par une jeune fille — dirions-nous une gamine ? — inexpérimentée ne lui fait pas honneur. Et si de beaux esprits citeront avec emphase le rôle de l’enfant du conte d’Andersen qui ose seul dire que le « roi est nu », il faut plutôt voir dans les fureurs de Mademoiselle Thunberg une lointaine réminiscence de ces enfants destructeurs que le Moyen-Âge et la Renaissance ont connus, qu’il s’agisse des pastoureaux ravageant la France ou des séides de Savonarole brûlant les œuvres d’art dans la Florence du Quattrocento.

Le propre du réel, est que, tout ou tard, il renverse l’idéologie. Alors que le réel frappe à notre porte, beaucoup de certitudes tombent, et pas seulement celles de Mlle Thunberg. Trois exemples l’attestent. Les écologistes ont entraîné le monde dans une transition si rapide qu’elle est pour partie ratée.

Le premier, tient donc à l’énergie. L’idéologie environnementale a causé des dégâts immenses et durables. Car au mépris des réalités, les écologistes ont entraîné le monde dans une transition si rapide qu’elle est pour partie ratée. Comprenons-nous bien : le développement d’alternatives aux énergies fossiles, une utilisation mesurée des ressources sont indispensables. L’UE a d’ailleurs plaidé en ce sens dès 2000. Mais tout est question de mesure, de cette mesure dont Nietzsche disait qu’elle est le plus sûr acquis de l’expérience, et dont les écologistes radicaux sont à l’évidence dénués… quel que soit leur âge.

Le second tient à la question de la défense. Durant des années, bercée de l’illusion des dividendes de la paix, se croyant si moderne que seule elle avait compris que le doux commerce allait mettre fin aux conflictualités, l’Europe a regardé avec suspicion les questions militaires. Il était temps d’en finir — si besoin en les privant de financement — avec ces entreprises que l’on condamnait tels les « marchands de canons » de l’entre-deux-guerres. Et puis la guerre en Ukraine survint. Et dans un mouvement de panique, après avoir stigmatisé les entreprises de défense, l’on — c’est-à-dire financiers, journalistes, politiques — s’est souvenu que, peut-être, il était nécessaire de savoir se défendre. Que l’industrie de défense c’était aussi non seulement des emplois, non seulement de l’innovation, mais bien plus encore la colonne vertébrale de cette réindustrialisation qui est devenue un nouveau mantra.

L’Union européenne ne pèse plus rien
 
Obsédée par la réduction des émissions de CO2, l’Union européenne n’a pu que constater qu’elle n’était pas suivie dans sa croisade. Son isolement, désormais acté, risque de nous coûter cher.
 
Sans surprise, la COP-27 est une déception pour les militants du climat, mais une réussite pour l’Égypte et d’autres pays africains et quelques autres qui ont fait pression pour défendre leurs intérêts. L’Union européenne, leader des COP, a été, comme l’année dernière à Glasgow, désavouée par la majorité des pays.
 
Il n’y a toujours pas d’« augmentation des ambitions » pour réduire les émissions mondiales de CO2. La COP-27 a finalement admis que tenter de les atténuer est une chimère. Depuis la COP-1, les émissions ont augmenté de 59 % et, sans la crise du Covid, elles auraient augmenté de 65 %. L’Union européenne peut encore penser qu’elle est le leader mondial, elle ne l’était déjà plus, et la rencontre de Charm el-Cheikh l’a confirmé.

Les négociateurs de l’Union n’ont pas apprécié, paraît-il, la façon dont les tractations ont été menées par la présidence égyptienne. Mais comment le pays hôte pourrait-il s’opposer à l’utilisation des combustibles fossiles alors que, grâce à de nouveaux gisements de gaz naturel dans la mer du Levant, il est non seulement en train de devenir autosuffisant, mais il va devenir un exportateur de gaz ?

​Ce ne sera guère mieux l’année prochaine, puisque la COP-28 se tiendra aux Émirats arabes unis, un pays qui doit sa prospérité au pétrole et au gaz au point d’avoir choisi de faire figurer sur son drapeau la couleur noire, pour l’« or noir ». L’année prochaine, l’Union européenne sera de nouveau désavouée.
 
​On voudrait nous faire croire que cette COP a posé les bases de la justice climatique, car on a annoncé la création d’un fonds d’aide aux pays les plus pauvres pour compenser les « pertes et dommages » causés par le développement de la prospérité et de la qualité de vie dans les pays de l’OCDE. Seule l’idée a été adoptée, tout le reste est à définir. Mais déjà la France a proposé d’organiser une réunion à Paris pour convaincre les potentiels donateurs, sans doute aussi pour tenter de contrer la forte influence russe et chinoise en Afrique.

La COP-27 aura surtout servi à montrer à l’UE que les pays africains ont l’intention de se développer et que cela ne se fera qu’en augmentant les émissions de CO2.
 
C’est lors de la COP de Cancún, en 2010, que les 100 milliards de dollars par an d’un fonds vert avaient été promis pour que les pays en croissance puissent acheter des éoliennes dans les pays riches. En vain puisque, entre 2011 et 2021, les éoliennes et les panneaux solaires n’ont répondu qu’à 20 % de la croissance de la demande énergétique, si bien que l’écart entre les énergies fossiles et les énergies renouvelables se creuse. Mais on ne change pas une équipe qui perd ! 
 
Heureusement, comme le montrent des travaux de plus en plus nombreux, il n’y a pas d’urgence climatique. Il faut économiser avec mesure et s'adapter.

Voir aussi 
 

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Une fois en Amérique Nord, l’empreinte carbone d’un immigré est multipliée par plus de trois (3) 

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« Écologie » — Forêt millénaire allemande détruite pour faire place à des éoliennes 

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Pour une écologie scientifique et non politique 

Bureau de l’environnement de l’ONU en 1989 : Plusieurs pays risquent de disparaître sous les flots

AFP — Ours polaire « symbole du réchauffement climatique » aperçu en Gaspésie

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