dimanche 6 mars 2011

Pourquoi autant de garderies dites « illégales » ?

Les listes d'attente s'allongent dans les services de garde à 7 $ 50 $ (coût réel) du Québec. Et les 15 000 places supplémentaires promises par Québec aux dernières élections tardent à se concrétiser.

Entre 2007 et 2009, le nombre moyen d'enfants inscrits sur la liste d'attente de chaque Centre de la petite enfance (CPE) est passé de 435 à 620, selon le dernier rapport annuel Situation des centres de la petite enfance, des garderies et de la garde en milieu familial du ministère de la Famille et des Aînés.

Selon La Presse, et avec son style inégalable, « Québec débusque de plus en plus de garderies illégales. Au cours des cinq dernières années, ses inspecteurs ont pris en défaut 479 établissements qui accueillaient plus de six enfants sans avoir de permis ».

Le nombre de « délinquants démasqués » augmenterait d'année en année. Le ministère de la Famille aurait découvert deux fois plus de « garderies clandestines » l'année dernière que trois ans auparavant : 120 en 2009-2010 contre 62 en 2006-2007. D'avril à décembre derniers — les statistiques les plus récentes &mdash,; « il en a débusqué 103. Il s'agit aussi bien de garderies qui se trouvaient dans des maisons privées que dans des locaux commerciaux » de rapporter le quotidien libéral de Montréal.

Pour Tommy Chouinard, le journaliste de La Presse, les propriétaires de garderies dites illégales sont « des gens sans scrupules ». N'est-ce pas un peu excessif, pourquoi offrir un service réclamé par des parents seraient-ils des gens sans scrupule ? Vaut-il mieux laisser poireauter des gens pendant 3 ans sur des listes d’attente ?

Ce qui est frappant dans ces chiffres, autant la pénurie que le marché noir né de l'étatisation des services de garde à l'enfance, c'est précisément que dans la grande presse personne ne semble se demander si ce ne sont pas des effets naturels, inhérents, de cette étatisation.

À ce sujet, L'Antagoniste s'interroge sur la manière dont « a réagi notre bon gouvernement devant cette pénurie ? »


« À la maison, je m'ennuie ! À la garderie, je suis content ! »
Affiche soviétique des années 30
Pour ce site libertarien, « En adoptant la méthode soviétique soit en fermant 479 garderies illégales et en triplant le nombre d’inspecteurs pour faire la chasse aux garderies qui osent opérer sans avoir obtenu la permission du gouvernement ! Rappelons que selon la loi, toute garderie avec plus de 6 places, même si elle n’est pas subventionnée, se doit d’avoir un permis du gouvernement. [...] Durant la prohibition, l’intervention du gouvernement a créé un marché noir de l’alcool. Qui aurait cru que, quelques décennies plus tard, les politiciens allaient être assez stupides pour répéter le même schème, mais en remplaçant l’alcool par des… garderies !»




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Réaction contre l'imposition de l'année bilingue aux jeunes écoliers francophones québécois

Pour Christian Dufour, politologue à l'ENAP,
« La décision du premier ministre Jean Charest de bilinguiser intégralement la 6e année de l'école primaire francophone à la grandeur du Québec — cinq mois en français et cinq mois en anglais — résulte de la conjonction de deux facteurs.

Tout d'abord, il existe une soif évidente d'anglais, tout particulièrement dans ces régions massivement francophones où les anglophones sont absents, y compris la ville de Québec.

Joue également une idéologie du bilinguisme intolérante qui, indépendamment de la réalité québécoise et des contraintes de notre environnement nord-américain, veut imposer une nouvelle norme: désormais tous les Québécois doivent être bilingues par principe sous peine de ne pas être mondialisés, modernes et ouverts. Ne parler que le français devient la marque d'un statut inférieur. »
L'anglais, ouverture sur le « monde »

Notons au passage, que c'est exactement le discours de Gérard Deltell, chef de l'ADQ, qui désire « intensifi[er] l'enseignement de l'anglais afin que la prochaine génération soit fière de nos institutions francophones, mais bilingue et plus ouverte sur le monde. » Comme si l'anglais ouvrait sur le monde africain plus que le français, le monde hispanique plus que l'espagnol. Comme si les traductions n'existaient pas, comme si la connaissance intensifiée de l'anglais n'ouvrait pas surtout sur le monde anglo-saxon et non le monde tout court. Monde anglo-saxon dans lequel le Québec baigne pourtant déjà. Et puis comment être fier des « institutions francophones » si le signal donné c'est que l'anglais est la langue qui ouvre sur le monde, la connaissance, l'emploi ? On attend d'ailleurs de l'ADQ son plan pour renforcer la position du français au Québec. Mais là, silence radio. L'ADQ montre bien par là qu'il est un parti surtout ancré autour de Québec où l'anglais n'est en rien une menace immédiate au fait français.

Mesure excessive, manque de souplesse

Pour M. Dufour,
« une mesure excessive à sa face même, incompatible à terme avec le maintien de la claire prédominance du français sans exclusion de l'anglais au Québec. En effet, on veut imposer la 6e année bilingue aux jeunes du Saguenay et de Québec, mais également à Gatineau et dans le West Island, où vivent beaucoup de jeunes francophones souvent déjà bilingues et pour qui le défi linguistique est avant tout de vivre en français.

Il y a également ces écoles de l'île de Montréal où les jeunes issus de l'immigration apprennent tant bien que mal le français faute d'un nombre suffisant de francophones de langue maternelle, sans compter toutes ces parties de la grande région métropolitaine où l'apprentissage de l'anglais se fait tout naturellement au contact des anglophones. Vouloir bilinguiser la 6e année dans ces milieux est aberrant. »
Bilinguisme généralisé d'État, aucune mesure pour le français ?

Pour le politologue de l'ENAP,« M. Charest donne suite à la proposition de l'aile jeunesse du Parti libéral à laquelle il s'était opposé il y a deux ans, alors qu'il avait insisté sur le fait qu'il fallait avant tout protéger le français. » Mais, de s'indigner M. Dufour, où sont donc les mesures pour un meilleur enseignement du français — « un problème nettement plus grave que celui de l'anglais — alors que le gouvernement du Québec se lance dans une opération totalement inédite de promotion systémique de l'anglais ? »

« La bilinguisation intégrale de la 6e année rend compte d'une tendance de fond qui ne porte pas le Québec vers l'excellence mais nourrit la médiocrité d'une société tentée par l'abdication de ce qu'elle est.  » de conclure l'essayiste Dufour.

Complicité du PQ

Comme le souligne également M. Dufour, l'élément nouveau dans cette lutte linguistique, c'est « la complicité de ces souverainistes qui veulent nous faire croire qu'ils seront en mesure d'imposer le cégep en français à des adultes de 18 ans quand ils ne sont même pas capables de préserver l'enseignement en français à des enfants de 11 ans. »

Ce n'est pas étonnant. Le PQ n'a plus aucune structure philosophique, d'appareil intellectuel qui lui permette de contester le point de vue antinationaliste du PLQ.  Comme dans le cas du cours d'éthique et de culture religieuse, c'est de moins en moins l'identité du Québec, son caractère historique français, qui semble intéresser le PQ, mais c'est la volonté de « s'ouvrir sur le monde », le combat contre les éléments conservateurs dans la société québécoise et la lutte pour la « laïcité » (entendre le laïcisme le plus souvent) qui semblent mobiliser les ardeurs des apparatchiks du PQ.

« Et si l'anglais était une menace ? »

Si une langue étrangère (pas uniquement l'anglais bien sûr) peut être un enrichissement personnel (comme le développement de n'importe quelle autre compétence), c'est nettement moins vrai pour une société dans son ensemble. Rappelons que l'usage des langues dans une société se ramène nettement plus à un jeu à somme nulle qu'à un « enrichissement » irénique  de ladite société : plus on donne de place à une langue (à l'école, au travail, dans la famille, sur les frontons et panneaux) moins on en donne à une autre.

Valérie Lesage dans Le Soleil le rappelle dans un article intitulé « Et si l'anglais était une menace ? » :

« Si vous avez l'impression qu'on entend de moins en moins de chansons francophones sur certaines radios commerciales, ce n'est peut-être pas juste une impression mais un fait. Et il est drôlement temps qu'un coup de barre soit donné pour remettre en valeur la chanson d'expression française.

La semaine dernière, l'émission J.E. soulevait le problème dans un de ses reportages. Une étude de l'ADISQ menée en 2008 montre que des stations de radio de Corus et d'Astral Media se servent abondamment des montages anglophones, ce qui diminue la portée des quotas de musique francophone, établis par le CRTC à 55 % aux heures de grande écoute et à 65 % dans une semaine de diffusion. En liant trois pièces anglophones, desquelles seulement quelques secondes sont supprimées, les radios calculent qu'un montage vaut une chanson... qui dure en moyenne 11 minutes 11 secondes. »
Il existe un temps limité d'antenne, de jours de classe, plus l'État en donne à l'anglais en imposant celui-ci, moins il en donne au français.





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