mercredi 1 mai 2019

Éducation, l'échec d'un système ?

Barbara Lefebvre, enseignante dans le secondaire jusqu’à l’an passé, dresse un constat est accablant : la nouvelle génération présente tous les signes d’un individualisme grandissant.

La faute à un système d’éducation en déliquescence et démissionnaire. Elle développe cette thèse pessimiste tout au long de son ouvrage Génération « J’ai le droit » aux Éditions Albin Michel.


Voir aussi

Les traits du système finlandais que copie l'étranger n'expliquent pas le succès finlandais, ils sont au contraire source de problèmes

Un homme qui se dit femme fracasse quatre records d'haltérophilie féminine

Un homme biologique qui s’identifie comme une femme a provoqué un scandale dans le monde du sport en battant quatre records mondiaux d’haltérophilie. Ses homologues féminins jugent qu’il est injuste de reconnaître les performances d’un sportif qui ne soit pas physiquement comme ses rivales.

« Mary » Gregory (ci-contre), un haltérophile, a suscité une réaction très négative chez certaines Olympiennes après avoir annoncé qu’il avait battu quatre records du monde d’haltérophilie féminine à une compétition de 100 % Raw Weightlifting Federation aux États-Unis.

Mary Gregory a déclaré sur Instagram qu’elle avait remporté la victoire « neuf fois sur neuf », notamment en établissant quatre nouveaux records mondiaux.

L’ancienne nageuse olympique britannique, Sharron Davies, s’était déjà prononcée auparavant contre la participation de transgenres aux compétitions, affirmant sur Twitter : « Tous les records établis par une femme transgenre (un homme né avec une biologie et des avantages masculins) doivent être effacés lorsque toute cette confusion et cette injustice sont comprises. »

​Cette fois-ci, la sportive a prétendu qu’il s’agissait d’un « terrain de jeu injuste ».

« C’est une femme transgenre, un corps masculin avec une physiologie masculine, qui établit un record mondial et remporte une compétition féminine en haltérophilie en Amérique. Une femme avec une biologie féminine ne peut pas rivaliser. C’est un terrain de jeu injuste et inutile », a-t-elle écrit.


Une autre athlète olympique britannique, Kelly Holmes, a commenté le message de Mme Davies sur Twitter, affirmant qu’elle « se préparait à ce que les femmes biologiques boycottent certains événements ». « C’est une sacrée bonne blague », a-t-elle ajouté.

Tyrannie de la modernité : Des jeux vidéo à l’école...

Texte de Mathieu Bock-Coté :

Une des plus grandes peurs de l’homme de notre temps, c’est de ne pas être assez moderne. Elle le hante. Alors il guette les modes, vestimentaires, culturelles, politiques et intellectuelles en cherchant chaque fois à se mettre au diapason de son époque. S’il n’y parvient pas, il se sentira déclassé, déphasé et ringard. On le traitera de conservateur. Et même de réactionnaire.

La plupart de nos contemporains, qui n’ont pas l’estomac assez solide pour supporter la controverse, décident alors de suivre la vague. Faire le mouton, ça peut être très rassurant.

Technologie

Et cette très vilaine manie s’est emparée de l’école. Depuis longtemps d’ailleurs. Alors qu’elle était porteuse d’une riche tradition humaniste, l’école s’est laissée réformer au cours des dernières décennies par mille innovations pédagogiques plus loufoques les unes que les autres. Il fallait relativiser, ou même abolir, le rapport entre le maître et l’élève, et cela, au nom d’une éducation anti-autoritaire.

Il fallait aussi rendre la culture moins intimidante. On a chassé les grands textes de la littérature pour proposer une lecture plus proche du quotidien de l’élève. On a ainsi favorisé un processus de déculturation à grande échelle. La nouveauté n’est pas toujours créatrice. Elle peut être destructrice. Illusion du progressisme !

Mais cela dit, cette quête de la modernité à tout prix se révèle surtout aujourd’hui dans la volonté de connecter l’école aux nouvelles technologies. Le grand fantasme, c’est d’enseigner avec un écran. On rêve à l’école-iPad. On cherche à tout prix à transformer le téléphone portable en instrument pédagogique. Et maintenant, on veut en faire de même avec les jeux vidéo, en les intégrant au domaine des « sports électroniques ».

Dans une société cyberdépendante, où la jeunesse est soumise à un conditionnement technologique sans précédent, qui relève à certains égards de l’hypnose collective et de la manipulation des consciences, la présence hégémonique des écrans est en train de devenir un problème de santé publique.

C’est un tout autre rapport à l’éducation qu’il faudrait privilégier. Je m’imagine un instant ministre de l’Éducation. J’aurais un objectif clair : dés-écran-iser l’école. C’est-à-dire que je romprais avec la culture des écrans.


C’est autour d’un slogan qu’il faudrait se rassembler : à l’école, on se débranche ! À l’école, on renoue avec la concentration. [Lire : L'utilité de l'école : la formation de la faculté d'attention ] À l’école, on renoue avec la lecture. On renoue avec le livre. Et quand vient le temps de faire du sport, on en fait vraiment, sans la médiation d’une console de jeux vidéo. En d’autres mots, l’école devrait moins chercher à se plier à l’esprit de l’époque que résister à ses tendances destructrices.

Tradition

On nous répondra que les choses sont plus compliquées. Qu’il ne faut pas caricaturer. Qu’on peut faire un usage subtil et intelligent des jeux vidéo à l’école sans s’aplatir devant la civilisation du Nintendo.

Mais je ne le crois pas.

Un professeur qui connaît sa matière ; une classe attentive faite d’élèves au moins minimalement disciplinés ; une pédagogie fondée sur la culture et la transmission d’un patrimoine de civilisation : telle devrait être l’école québécoise.


Voir aussi

Le conservatisme est l’essence même de l’éducation

Accros aux écrans : l'« héroïne numérique »

Les écrans, source de problèmes mentaux et sociaux chez les enfants ?

Le tout numérique à l'école, une fausse bonne idée ?

L'école québécoise et son malaise face au passé

Le numérique ne fait pas de miracles à l'école (étude OCDE)

« L’école doit être conservatrice » rappelle Barbara Lefebvre

Fresque dans une école de Chicago : Cachez ces blancs que je ne saurais voir


Une fresque murale de l’époque de la Grande Dépression et qui représente des enfants blancs jouant à l’extérieur en hiver a été retirée de l’école moyenne (12-16 ans) Percy Julian à Oak Park dans les environs de Chicago, car, dans les mots des responsables de l’école, elle ne représentait pas la diversité actuelle de l’école.

« Enfant et sports - hiver », une fresque murale enlevée de la cafétéria de l’école moyenne Percy Julian.
Alors que d’aucuns ont déclaré que la fresque bouleversait les élèves de couleur qui se sentaient « exclus », un historien local a comparé cette suppression à un « autodafé moderne ».

Le directeur de l’école, Todd Fitzgerald, a annoncé l’élimination de la fresque en fin de semaine dans un courriel envoyé lundi au personnel de l’école.

« Des étudiants m’ont fait remarquer que cette image ne représente pas notre corps étudiant ni la diversité d’Oak Park », a écrit Fitzgerald. « Nous allons travailler avec le Cercle de justice sociale et notre Comité sur la diversité pour créer une fresque ou une toile qui représente mieux l’école moyenne Julian. »

Cynthia Brito Millan, coordinatrice du Cercle de justice sociale du collège, a déclaré que la campagne en vue de supprimer la murale avait commencé en février lors d’une réunion du conseil scolaire de district. Les élèves se sont dits frustrés par une ambiance d’exclusion à l’égard des étudiants de couleur — lesquels constituent 45 % du corps étudiant. Ces élèves ont cité la fresque comme exemple.

« Cette fresque occultait la présence d’élèves, car elle ne reflétait pas le corps étudiant actuel », a déclaré Brito Millan. « Comment un élève peut-il apprendre dans un environnement sain s’il se sent ignoré ? »

Brito Millan a déclaré que l’enlèvement de la fresque n’était pas un processus aisé et qu’il avait nécessité plusieurs réunions avec un conservateur. Elle espère que les élèves pourront collaborer avec un artiste local sur une future peinture murale représentant davantage de diversité.

La peinture murale — nommée « Enfant et sports - Hiver » — se trouvait dans le bâtiment depuis 2002. Elle était auparavant à l’école primaire Lowell qui a depuis lors fermé. Ethel Spears a peint cette œuvre en 1937 avec un financement de la Works Progress Administration (WPA), une agence New Deal créée en 1935 dans le but de créer des emplois pour les chômeurs et d’améliorer l’infrastructure du pays.

Dans le cadre du Projet artistique fédéral, le WPA a financé de 1935 à 1943 des artistes au chômage afin de doter d’œuvres artistiques des lieux publics tels que les écoles. La peinture murale est l’une des huit fresques réalisées à Oak Park. Une des fresques sœurs, « Enfant et sports - Été », se trouve à l’école moyenne Gwendolyn Brooks, dans la partie ouest de la banlieue. Les Blancs sont également les seules personnes représentées sur cette fresque.

D’autres peintures murales financées par WPA ont suscité l’indignation dans une autre école à Oak Park et dans d’autres villes, notamment certaines comprenant « des images stéréotypées de Noirs ou d’Amérindiens ».


La fresque était située en haut d’un mur de la cafétéria

« On ne peut pas effacer l’histoire »

David Sokol, professeur retraité d’histoire de l’art américain à l’Université de l’Illinois à Chicago, a qualifié l’enlèvement de la fresque murale d’« autodafé des temps modernes ».

«  La fresque n’a rien d’offensant ; elle montre seulement des enfants blancs qui jouent », a déclaré Sokol, auteur et résident d’Oak Park. « Ce n’est pas parce qu’il n’a pas d’enfants noirs que cela devient offensant. Elle ne contient aucun stéréotype [offensant]. C’est à cela que ressemblait Oak Park. On ne peut effacer l’histoire. »


Barbara Bernstein, fondatrice du New Deal Art Registry, a déclaré que le retrait de la fresque était une occasion manquée pour les étudiants de se familiariser avec l’histoire qui les entourait.

« Je pense que d’ôter une œuvre d’art historique c’est vraiment rendre un mauvais service », a déclaré Bernstein. « Votre environnement ne peut pas toujours vous refléter parfaitement. »

Sokol préférerait plutôt que l’école conserve la fresque et s’en serve comme d’un objet pédagogique ou l’équilibre en faisant peindre une autre fresque représentant l’Oak Park « ethnique » actuel.

Sur la façade de l’école figure déjà une mosaïque en hommage à Percy Julian, un scientifique afro-américain qui a vécu à Oak Park. L’école se nomme Julian Percy en son honneur. Un grand tableau de l’école représente également un enfant noir et un enfant blanc en train de grandir ; à un moment donné, on les montre se donnant la main.

Élèves devant la mosaïque à l’entrée de l’école