À la bienveillance des professeurs s’est ajouté la triche, visiblement massive avec les examens à distance.
Le 6 mai dernier, à Rouen, une étudiante en biologie prépare ses examens du second semestre qui ont eu lieu en ligne le jour du déconfinement.
Une réussite en nette augmentation, dans tous les domaines. Après les résultats exceptionnels du bac 2020 - 95,7 % d’admis après les rattrapages —, les universités vont à leur tour connaître une explosion de leur taux de réussite. C’est en tout cas ce qui ressort des premiers chiffres révélés par les différents établissements d’enseignement supérieur. « Cette année, dans notre université, le taux de réussite va augmenter d’une dizaine de points », atteste Pierre Denise, le président de l’université de Caen Normandie. Même constat à l’université Paul-Valéry de Montpellier, qui anticipe également une augmentation de près de 10 points de la réussite sur l’ensemble de l’établissement. « Nous avons même quelques filières où la hausse est supérieure à 15 points. C’est par exemple le cas en première année de licence d’information-communication, où le taux de validation passe d’un peu plus de 70 % à 90 % », renseigne Patrick Gilli, le président de l’établissement. Les chiffres sont également éloquents à l’université d’Angers, où les étudiants de première année de droit sont 56 % à avoir validé leur année, contre moins de 40 % les années précédentes.
Les raisons de cette hausse sont multiples. Il y a tout d’abord la bienveillance dont tous les enseignants ont fait preuve dans leur notation. « Avec le confinement, les cours en ligne, les examens à distance, nous avons demandé à nos collègues d’être compréhensifs à l’égard des étudiants », explique le président de l’université Paul-Valéry. Les partiels du second semestre n’ont d’ailleurs porté que sur une petite partie du programme. « Nous avons allégé les examens et interrogé les étudiants uniquement sur les cours qu’ils avaient suivis en présentiel », témoigne Mohammed Benlahsen, président de l’université de Picardie Jules-Verne. « Certains syndicats étudiants souhaitaient que l’on attribue la moyenne à tout le monde, nous avons refusé. Mais nous devions tout de même tenir compte de la situation exceptionnelle, nous avons donc élaboré des sujets moins difficiles et été plus souples dans la correction », confirme Pierre Denise (université de Caen).
« Du jamais vu »
Autre facteur qui a pesé dans cette réussite accrue : le « présentéisme » des étudiants lors des examens. Là où, tous les ans, les universités constatent de nombreuses absences lors des partiels de fin de semestre, elles ont cette année remarqué une participation en nette augmentation. À l’université de Caen par exemple, 95 % des étudiants ont composé lors des partiels à distance du second semestre. « Du jamais vu », selon le chef d’établissement. « Nous avons eu un taux de défection beaucoup plus faible que les années précédentes. Il semble que les partiels à la maison aient connu un meilleur succès que les examens en présentiel », abonde Christian Roblédo, le président de l’université d’Angers.
Des partiels en ligne qui ont permis aux étudiants de tricher plus facilement. Pendant la période des examens, nombre d’entre eux ne s’en sont d’ailleurs pas cachés et l’ont clamé sur les réseaux sociaux. « Dans ma fac, la plupart des étudiants ont triché. C’est le cas de tous mes camarades de promotion, mais aussi, de tous mes amis d’autres filières », avoue une étudiante. Si les universités jurent avoir tout fait pour limiter et détecter les fraudes, elles reconnaissent que les tricheries ont pu jouer un rôle dans la réussite exceptionnelle des étudiants cette année. « Il est fort possible que les cas de fraude aient augmenté, mais nous ne pouvons pas chiffrer cela », concède Patrick Gilli (université Paul-Valéry). « Au-delà des cas de triches, certains étudiants ont composé dans un environnement extrêmement favorable et ont pu être aidés par leur entourage », complète Denis Varaschin, le président de l’université Savoie Mont-Blanc. Une fois de plus, cette réussite inédite pose une question essentielle : celle de la valeur des diplômes obtenus par les étudiants dans ces conditions.
Source : Le Figaro
Le 6 mai dernier, à Rouen, une étudiante en biologie prépare ses examens du second semestre qui ont eu lieu en ligne le jour du déconfinement.
Une réussite en nette augmentation, dans tous les domaines. Après les résultats exceptionnels du bac 2020 - 95,7 % d’admis après les rattrapages —, les universités vont à leur tour connaître une explosion de leur taux de réussite. C’est en tout cas ce qui ressort des premiers chiffres révélés par les différents établissements d’enseignement supérieur. « Cette année, dans notre université, le taux de réussite va augmenter d’une dizaine de points », atteste Pierre Denise, le président de l’université de Caen Normandie. Même constat à l’université Paul-Valéry de Montpellier, qui anticipe également une augmentation de près de 10 points de la réussite sur l’ensemble de l’établissement. « Nous avons même quelques filières où la hausse est supérieure à 15 points. C’est par exemple le cas en première année de licence d’information-communication, où le taux de validation passe d’un peu plus de 70 % à 90 % », renseigne Patrick Gilli, le président de l’établissement. Les chiffres sont également éloquents à l’université d’Angers, où les étudiants de première année de droit sont 56 % à avoir validé leur année, contre moins de 40 % les années précédentes.
Les raisons de cette hausse sont multiples. Il y a tout d’abord la bienveillance dont tous les enseignants ont fait preuve dans leur notation. « Avec le confinement, les cours en ligne, les examens à distance, nous avons demandé à nos collègues d’être compréhensifs à l’égard des étudiants », explique le président de l’université Paul-Valéry. Les partiels du second semestre n’ont d’ailleurs porté que sur une petite partie du programme. « Nous avons allégé les examens et interrogé les étudiants uniquement sur les cours qu’ils avaient suivis en présentiel », témoigne Mohammed Benlahsen, président de l’université de Picardie Jules-Verne. « Certains syndicats étudiants souhaitaient que l’on attribue la moyenne à tout le monde, nous avons refusé. Mais nous devions tout de même tenir compte de la situation exceptionnelle, nous avons donc élaboré des sujets moins difficiles et été plus souples dans la correction », confirme Pierre Denise (université de Caen).
« Du jamais vu »
Autre facteur qui a pesé dans cette réussite accrue : le « présentéisme » des étudiants lors des examens. Là où, tous les ans, les universités constatent de nombreuses absences lors des partiels de fin de semestre, elles ont cette année remarqué une participation en nette augmentation. À l’université de Caen par exemple, 95 % des étudiants ont composé lors des partiels à distance du second semestre. « Du jamais vu », selon le chef d’établissement. « Nous avons eu un taux de défection beaucoup plus faible que les années précédentes. Il semble que les partiels à la maison aient connu un meilleur succès que les examens en présentiel », abonde Christian Roblédo, le président de l’université d’Angers.
Des partiels en ligne qui ont permis aux étudiants de tricher plus facilement. Pendant la période des examens, nombre d’entre eux ne s’en sont d’ailleurs pas cachés et l’ont clamé sur les réseaux sociaux. « Dans ma fac, la plupart des étudiants ont triché. C’est le cas de tous mes camarades de promotion, mais aussi, de tous mes amis d’autres filières », avoue une étudiante. Si les universités jurent avoir tout fait pour limiter et détecter les fraudes, elles reconnaissent que les tricheries ont pu jouer un rôle dans la réussite exceptionnelle des étudiants cette année. « Il est fort possible que les cas de fraude aient augmenté, mais nous ne pouvons pas chiffrer cela », concède Patrick Gilli (université Paul-Valéry). « Au-delà des cas de triches, certains étudiants ont composé dans un environnement extrêmement favorable et ont pu être aidés par leur entourage », complète Denis Varaschin, le président de l’université Savoie Mont-Blanc. Une fois de plus, cette réussite inédite pose une question essentielle : celle de la valeur des diplômes obtenus par les étudiants dans ces conditions.
Source : Le Figaro