lundi 9 octobre 2023

Québec — les élèves « assument avec une étrange fierté de mal écrire en français et de ne pas le maitriser »

Un texte de Frédéric Lacroix qui reproduit une lettre d'un enseignant du collège Montmorency qui veut rester anonyme. 


J’ai publié récemment un texte intitulé « L’anglicisation de Laval », texte qui faisait le tour de certains indicateurs démolinguistiques issus des recensements canadiens. J’y démontrais que le recul du français-et l’avancée de l’anglais- était proprement spectaculaire à Laval depuis une vingtaine d’années.

Un lecteur qui est également professeur au collège Montmorency à Laval et qui souhaite rester anonyme m’envoie ce témoignage sur la situation du français dans son cégep. Comme souvent, ce genre de témoignage, branché directement sur le terrain, donne une vision qu’un tableau statistique peine à fournir. On peut y constater que les données statistiques issus des recensements sont probablement bien en retard sur la réalité et que l’état de déliquescence du français à Laval est probablement beaucoup plus avancé que plusieurs ne veulent l’admettre ou que ne le reflètent les indicateurs linguistiques.
 

À Laval, le français est une langue en chute libre sur le plan symbolique, au point où les jeunes francophones, socialisés dans un univers numérique anglophone et dans une « province » qui dévalorise implicitement et presque ouvertement sa seule langue officielle, subissent déjà, à 17-18 ans, une érosion de leur vocabulaire de base dans cette langue alors qu’ils trouvent facilement les mots en anglais. Disons-le : à Laval, chez les jeunes, l’assimilation collective à l’anglais est en marche.

Quant aux allophones, leur intégration à la « majorité francophone » est, disons, de plus en plus sujet à caution. À lire ce texte, l’on comprend que le gouvernement Legault a probablement une vingtaine d’années de retard dans sa lecture de la dynamique linguistique.

Au cégep Montmorency

 Au collège Montmorency où j’enseigne, le français est dans un sale état.

Oubliez l’intégration d’anglicismes au sein de discussions ou de travaux en français : il y a belle lurette que la régression du français a largement dépassé la simple notion de vocabulaire emprunté de l’anglais.

Aujourd’hui, on fait passer pour des « anglicismes » des termes qu’on refuse simplement de traduire adéquatement. Ainsi, dans certains travaux étudiants, on peut lire des phrases comme : « C’est à ce moment que le policier a pris son « gun » » ou encore « Elle marchait tout bonnement sur le « sidewalk ». On ne parle pas ici d’anglicismes comme « timing » ou « brainstorm », qui seraient déjà plus faciles à accepter en raison de traductions plus ou moins évidentes. On parle de termes ayant des équivalents français directs, mais pour certains, qui en oublient leur vocabulaire français, le terme en anglais leur vient naturellement et ils n’essaient même pas de le retraduire vers le français.

Une aliénation linguistique

Remarquez le processus d’aliénation linguistique : une personne francophone, qui a grandi en français toute sa vie, finit par oublier des termes de vocabulaires aussi simples que « fusil » et « trottoir », mais les identifient très facilement en anglais. Déjà, on peut repérer un problème majeur, mais c’est pire que cela : la personne en vient à ne même plus tenter une traduction en français pour réappliquer le vocabulaire qu’elle a pourtant toujours su. Lorsque questionnés sur ces mots anglais intégrés au sein d’une phrase en français, certains étudiants se défendent candidement : « Mais monsieur, c’est ok, j’ai mis des guillemets! » ou encore « Mais monsieur, vous avez compris ce que je voulais dire! »

Lorsque réprimandés pour ces erreurs linguistiques (rappelons une évidence que plusieurs aimeraient ignorer : le collège Montmorency est un cégep francophone où la langue d’usage est le français et où les travaux sont réalisés en français), les étudiants ne se gênent pas pour émettre de profonds soupirs d’insatisfaction et de découragement, ni de rappeler à voix haute, devant toute la classe, que « ça serait tellement plus simple en anglais! »

Ce type de réflexion est répandu, et pas que chez les étudiants immigrants : plusieurs jeunes francophones y adhèrent.

On aura beau leur offrir tous les outils du monde pour les aider en français, rien n’y fait : pour les étudiants, le français est ringard, difficile et inutile. L’indifférence et l’insouciance triomphent, quand ce n’est pas directement du dédain ou du mépris. Ils assument avec une étrange fierté de mal écrire en français et de ne pas le maitriser. Avisés qu’ils peuvent perdre jusqu’à 10% de leur note pour les fautes de français, nombreux sont ceux à préférer cette pénalité qu’à prendre 5-10 minutes pour corriger leur texte.

Dans un des cours donnés par un collègue, les étudiants avaient à élaborer une mise en scène à partir d’un court texte. En groupe, les étudiants ont demandé s’ils pouvaient traduire eux-mêmes le texte en anglais pour faciliter l’exercice. Vous avez bien lu : ils rejettent un texte en français, qu’ils comprennent clairement (puisqu’ils arrivent à le traduire), et préfèrent alourdir la tâche en effectuant une traduction vers l’anglais plutôt que de traiter le texte en français, tel qu’il est.

Dans les discussions orales, même son de cloche : les étudiants se parlent fièrement en anglais dans les corridors ou même en classe. Et avant qu’on ne réitère le sempiternel faux argument qui cherche à minimiser ce phénomène sous prétexte que « mais c’est bien qu’ils pratiquent leur anglais », mettons les choses au clair : ce n’est pas de la « pratique ». Ces conversations sont légion et n’ont rien d’un exercice formateur ou pédagogique. Exemple de conversation entendue à la cafétéria : « And then I was like, you know, oh my god! I can’t believe you just said that, you bitch! No way! That girl needs to chill out big time… »


Je peux vous garantir que ce ne sont pas des formulations apprises dans un cours d’anglais. Et il ne s’agit pas d’un moment d’imitation ou de parodie d’un extrait de film ou autre mise en scène : il s’agit d’une conversation du quotidien entre amies, qui était à 100% en anglais.

Autre phénomène en hausse : les interventions d’étudiants en classe qui incorporent de plus en plus d’anglais, avec des mots fourre-tout aussi issus de l’anglais.

Exemple de question reçue : « Monsieur, selon vous, ce serait qui le… I mean… ce serait qui le best director ever? » Et tout cela sans compter les innombrables intégrations de termes en anglais tout simplement plaqués dans une phrase, sans ajustement, sans conjugaison, sans réappropriation.

Exemple entendu le matin : « Bof rien de spécial, j’ai spread mes toasts avec du beurre de peanuts. » On acceptera évidemment sans trop de reproche les anglicismes « toasts » et « peanuts », mais les verbes repris de l’anglais tels quels ont la cote : oubliez les verbes anglais conjugués pour la syntaxe française (j’ai callé un taxi / on a switché les rôles), désormais, le verbe anglais conserve sa forme intacte, et on n’essaie même plus de lui donner une apparence francisée.

Inversion du rapport langue première/langue seconde

Il n’y pas si longtemps, les professeurs fournissaient un effort de francisation de textes issus de l’anglais pour les présenter en français aux étudiants, histoire de faciliter la compréhension et parce qu’on ne pouvait jamais présumer du bilinguisme des étudiants. Cette tendance est désormais inversée : plusieurs préfèrent étudier des textes ou des films en anglais plutôt que de lire, écouter ou réfléchir en français.

La culture américaine triomphe

Les ramifications de ce déclin du français sont très nombreuses, mais il y a fort à parier que l’hégémonie culturelle américaine, combinée à une dévalorisation du français au sein de nos propres institutions, contribuent colossalement à la perdition du français chez les étudiants.

Pour la plupart d’entre eux, ils ne consomment que de la culture anglophone : films, téléséries, musique, médias sociaux, balados, YouTube… tout est en anglais. À Montmorency, les étudiants qui consomment de la culture québécoise sont l’exception et non la règle.

L’élastique linguistique va sauter

Le déclin du français m’apparait alors comme un élastique avec deux forces qui tirent chacune de leur côté : d’un côté, la dévalorisation générale du français, et de l’autre, une admiration sans réserve de l’anglais. A mon avis, la rupture de l’élastique linguistique est donc imminente.


Le mouvement d'opposition à l'activisme LGBTQ2SAI+ dans les écoles prendrait de l'ampleur

Pour la chroniqueuse Barbara Kay du National Post, la fixation croissante sur le genre à l'école a suscité une vague de protestation à l'échelle du Canada - et la science serait du côté des contestataires. Sa chronique traduite ci-dessous.

En 2017, la fille de six ans de Jason et Pamela Buffone, parents ontariens, est arrivée à la maison bouleversée. Son enseignante de première année, selon l'enfant de six ans, avait informé la classe que "les filles ne sont pas réelles et que les garçons ne sont pas réels". Il a été révélé par la suite que l'enseignante novice avait profité de multiples occasions pour promouvoir l'idéologie radicale du genre auprès de ses élèves à l'aide de livres de contes et de vidéos.
 

La discussion sur le genre ne fait pas partie du programme scolaire de l'Ontario pour la première année, mais l'enseignante a contourné cette contrainte en présentant le matériel comme des " occasions pédagogiques " - des leçons spontanées basées sur le jugement personnel de l'enseignant quant à leur pertinence. Les "moments d'enseignement" sur le genre se sont poursuivis et l'anxiété de la fille a augmenté. À la fin de l'année, elle a été transférée dans une autre école.

Les plaintes des Buffone ont été bloquées par la hiérarchie. Ils ont finalement déposé une requête devant le Tribunal des droits de la personne de l'Ontario au nom de leur fille, alléguant une "discrimination en matière de services éducatifs, en raison du sexe et de l'identité de genre, contraire au Code des droits de la personne". L'argument des Buffones était que "l'identité de genre" et "l'expression de genre", qui sont protégées par le Code des droits de la personne de l'Ontario, incluent les personnes dont l'identité correspond à leur sexe, c'est-à-dire la plupart des enfants. Le conseil scolaire a soutenu que la loi n'offrait une protection qu'aux personnes historiquement désavantagées. Les Buffone ont perdu leur procès.

Tout au long de leur périple, les Buffone ont reçu des encouragements privés de la part d'autres parents, mais sont restés seuls lorsqu'ils ont exprimé publiquement leurs inquiétudes concernant la pédagogie du genre lors des réunions sur le programme scolaire. Pamela Buffone a été galvanisée par son isolement et s'est plongée dans la recherche sur l'idéologie radicale du genre : ses théories, son enracinement dans la pédagogie et le modèle controversé d'« affirmation » de la transition qui en a découlé. Elle a tendu la main à des dissidents dans l'enseignement et les soins de santé qui avaient été contraints de confirmer rapidement le genre déclaré par des patients  en dépit de leur conscience et de leur bon sens.