mardi 24 février 2015

Climat de violence à l'UQAM ?

Commission Curzi Dumont : Menaces et vandalisme à l’UQAM : jusqu’où iront les étudiants et les syndicats ?

Intervenants : Mario Dumont, Commission Curzi-Dumont et Pierre Curzi

Cliquez pour écouter audio

Durée : 7:42     Date : 24/02/2015


Le Devoir révélait lundi que des extrémistes de gauche font régner une petite terreur quotidienne à l’UQAM. Ils barbouillent les murs, ils interrompent des conférences, ils sont violents, ils gâchent la vie d’un peu tout le monde, et cela, dans un climat général d’impunité. Des professeurs n’en peuvent plus et ont pris la parole publiquement pour dénoncer cela.

Le Journal de Montréal rapporte que le jour même où 14 professeurs de l’UQAM dénonçaient les grèves à répétition, le vandalisme et l’intimidation qui mettent en péril leur institution, les étudiants ont voté hier pour une grève d’au moins deux semaines.

« Vive la révolte ! » a lancé un étudiant, poing levé, au sortir de l’assemblée générale convoquée par l’Association facultaire des étudiants en science politique et droit.
Pendant près de six heures, une majorité d’étudiants a appelé à prendre la rue contre l’austérité, le pétrole, le capitalisme, pour les droits des handicapés, des femmes ou des autochtones, notamment.

Comme ses collègues, le Pr Bauer s’inquiète particulièrement des chances de ses étudiants de trouver un emploi après leurs études. Il dénonce notamment le sabotage, le 20 janvier, d’une rencontre de réseautage avec un sous-ministre de Ressources naturelles Canada, annulée à cause d’un groupe de manifestants opposés aux oléoducs.

« Ils nous reprochaient de vouloir travailler pour les compagnies pétrolières », se désole un étudiant victime d’intimidation lors de cet évènement.

Ayant requis l’anonymat par crainte de représailles, il explique qu’il a plutôt manqué une occasion unique de débattre avec le sous-ministre et de recueillir des informations qui auraient pu l’aider à obtenir un emploi au ministère pour influencer les politiques publiques en environnement.

« Si on n’a même plus le droit d’aider nos étudiants à avoir un emploi après leurs études, à quoi sert-on ? » interroge le Pr Bauer.

Soulevée en assemblée, la question de l’emploi a cependant été suivie d’une réponse cinglante d’une étudiante. « En étudiant pour se préparer au marché du travail, on reproduit le système capitaliste », a-t-elle dit.






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lundi 23 février 2015

Ontario — Théorie du genre dans le nouveau programme d'éducation sexuelle

Le gouvernement de l’Ontario, dirigé par Kathleen Wynne (qui se revendique ouvertement comme lesbienne), a présenté son nouveau programme d’éducation sexuelle. Il introduit les enfants à la théorie du genre dès la 3e année du primaire (9 ans).

Face à la pression de groupes conservateurs, les libéraux ontariens avaient annulé, en 2010, la mise à jour du programme d’éducation sexuelle de la province. Cela signifie que le curriculum n’a pas évolué depuis 1998, soit bien avant l’arrivée des médias sociaux, des téléphones intelligents et de pratiques telles que le sextage. C’est là le prétexte de la mise à jour. Bien évidemment personne n’est contre le fait que l’on dise aux enfants de ne pas envoyer de photos compromettantes sur Internet par exemple. Mais cette révision du programme s’accompagne également d’une introduction à une théorie (présentée ici comme un fait) : la théorie du genre selon laquelle l’identité sexuelle est une construction sociale sans rapport avec la biologie et que les élèves peuvent la construire à leur gré et en changer. Évidemment, le programme présente également toutes les « orientations sexuelles » comme dignes d’un même respect. Que se passera-t-il en classe si un jeune enfant réprouve l’homosexualité ? Il faut comprendre qu’on le corrigera, même si cette réprobation est ancrée dans les préceptes de la religion de ses parents.

Mais laissons le nouveau programme définir cette « identité de genre » :

« L’identité de genre fait référence au sentiment d’appartenance d’une personne à l’un ou l’autre des deux sexes, homme ou femme, et peut différer du sexe biologique. L’identité de genre et l’orientation sexuelle sont deux choses distinctes, et la première ne détermine en rien la deuxième. L’orientation sexuelle fait référence à l’attirance sexuelle ou romantique qu’une personne éprouve envers les personnes du même sexe, du sexe opposé ou des deux sexes. L’expression sexuelle fait référence à la façon dont une personne affirme son identité de genre (selon la répartition traditionnelle des rôles entre les sexes), que ce soit par ses agissements, ses vêtements ou ses comportements. L’identité de genre, l’expression sexuelle et l’orientation sexuelle sont liées à la façon dont une personne se perçoit et à ses interactions avec les autres. Comprendre et accepter notre identité de genre et notre orientation sexuelle peut avoir de grandes répercussions – positives ou négatives – sur notre image de soi. »

Ces différentes questions d’identité de genre, d’orientation sexuelle seront à plusieurs reprises au primaire.

En 3e année du primaire :


En 5e :



En 6e :



Un point de vue catholique sur l'idéologie du genre avec Tony Anatrella :




Voir aussi

Ontario — Ministre de l’éducation : les écoles catholiques devront enseigner le nouveau programme d’éducation sexuelle

Ontario — L’Archevêque d'Ottawa critique le projet d'éducation sexuelle : une « confiscation de l'autorité parentale »

Ex-sous-ministre responsable pour l’élaboration du programme d’éducation sexuelle au primaire accusé de pornographie juvénile (il a depuis lors déclaré qu'il plaidera coupable le 3 mars).

Un enseignement de la sexualité dès la maternelle

Théorie du genre, le nouveau puritanisme

La théorie du genre : la réduction de l'altérité et la rééducation des enfants

Le paradoxe de l'égalité entre les sexes c. la théorie du genre

L'affaire Bruce/Brenda/David Reimer c. la théorie du genre

La théorie du genre imposée à tous en Europe par l'État : « s'appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités »


« Au tour du PQ de restreindre la liberté d’expression » et d'opinion...

Libre opinion d’Éric Lanthier :

« Après la Coalition Avenir Québec (CAQ) c’est au tour du Parti Québécois (PQ) de vouloir restreindre la liberté d’expression des groupes religieux. Encore une fois, nos politiciens visent la mauvaise cible.

Récemment, la CAQ voulait retirer les lettres patentes, les certificats d’occupation et les exemptions de taxes des organismes religieux qui contredisent leur vision de l’égalité homme-femme et de la pratique homosexuelle. La semaine dernière, c’était au Parti Québécois de vouloir limiter la liberté des organismes religieux en les étiquetant d’intégristes.

Effectivement, le Parti Québécois croit que tout débat sur l’égalité homme-femme et sur la pratique homosexuelle doit se limiter à sa vision du monde. À défaut, un organisme religieux qui diffère de son opinion serait identifié comme un mouvement intégriste. C’est essentiellement ce qu’on retrouve dans cette motion déposée à l’Assemblée nationale par le PQ, mercredi dernier à 15 h 04 :

« Que l’Assemblée nationale affirme, à l’instar du rapport Bouchard-Taylor, que l’intégrisme est une interprétation littérale et monolithique des religions, en vertu de laquelle ces dernières acquièrent une préséance absolue sur les autres considérations sociales, politiques, scientifiques, et qui conduit à rejeter toute évolution1 :

«Qu’elle déclare que l’intégrisme religieux s’exprime le plus souvent par une atteinte au principe fondamental d’égalité entre les femmes et les hommes ainsi qu’aux droits fondamentaux des personnes homosexuelles ;

«Qu’elle soutienne que la pratique de l’intégrisme religieux a des impacts sur la collectivité et qu’elle ne peut se résumer à l’expression d’un choix personnel ;

«Enfin, qu’elle rappelle l’urgence de documenter ce phénomène par un observatoire de l’intégrisme religieux.»
Le PQ veut non seulement se limiter à assimiler le discours des groupes religieux à sa vision du monde ; il veut par surcroît, coller l’étiquette d’intégriste sur le front de ceux qui diffèrent de sa perspective sociale. Quoiqu’en matière de conséquences, la CAQ n’y aille pas avec le dos de la cuillère, le PQ exprime sa sévérité par les mots qu’il utilise. L’ex-parti de René Lévesque n’y va pas de main morte en qualifiant d’intégrisme religieux ceux qui divergent de sa perspective sociale.

Ainsi donc, le PQ et la CAQ visent la mauvaise cible. Ils se servent du ras-le-bol populaire pour s’en prendre à notre liberté d’expression. Cette motion ne contribue en rien au renforcement de la sécurité publique. Au contraire, elle démontre aux terroristes qu’au Québec on ne se préoccupe vraisemblablement pas d’eux. En visant volontairement la mauvaise cible, le PQ, tout comme la CAQ, préfère l’opportunisme à la sécurité publique.

Les Québécois ont besoin d’un gouvernement qui cerne les vrais enjeux et qui prend les moyens pour remédier aux vrais problèmes. Les honnêtes citoyens qui visent le bien commun n’ont pas besoin de muselière. Certes non ! Ce sont les gens odieux, haineux et sans scrupule qui doivent être privés de liberté et non le contraire. C’est envers eux que l’État doit sévir. À défaut, les intégristes associés au terrorisme vont poursuivre aisément leur déplorable mission.

Dans une société civile et civilisée, on se doit de primer la civilité et non de la brimer. Si le PQ et la CAQ pouvaient comprendre cela, notre démocratie s’en porterait beaucoup mieux. À nous, concitoyens, d’être vigilants, spécialement le jour du scrutin. »

Comme prévu, prenant prétexte de la lutte contre l’intégrisme violent (musulman dans l’actualité), les laïcistes qui se disent progressistes en profitent pour limiter la liberté de tous les Québécois trop conservateurs à leurs yeux. Tout comme ces laïcistes urbains ont profité de l’immigration et de la diversité censée être enrichissante pour restreindre le choix de cours de morale et de religion et imposer un seul cours d’éthique et de culture religieuse (pour assurer le « vivre ensemble ») et imposer leur vision des religions et de leurs relations (toutes finalement bonnes pour autant qu’elles ne soient pas « intégristes », qu’on n’y croit donc pas trop).




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La Cour suprême du Canada : décideur politique de l'année 2014




Sommaire de l'étude de  l’Institut de politiques publiques Macdonald-Laurier :

Chaque année, l’Institut de politiques publiques Macdonald-Laurier désigne le « Décideur de l’année ». Parmi les précédents élus figurent le précédent gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, et le ministre des Affaires étrangères, John Baird, qui ont tous deux joué un rôle exceptionnel, le premier sur le maintien de la stabilité économique au pays et le deuxième sur notre renommée internationale.

Si les personnes occupant de telles positions exercent un pouvoir incontestable, on peut néanmoins avancer qu’une entité rarement reconnue pour son influence sur la politique publique canadienne a réellement influé sur elle de façon étendue et durable l’an dernier : il s’agit de la Cour suprême du Canada.

Cette étude (en anglais) examine la portée et les conséquences sur la politique publique des dix arrêts les plus importants de la Cour suprême depuis 12 mois sur des questions allant de la réforme du Sénat à la contestation des lois canadiennes sur la prostitution dans l’affaire Bedford, en passant par la reconnaissance du titre ancestral revendiqué par la Première Nation Tsilhqot’in en Colombie-Britannique.

Cette analyse arrive à un moment où les chroniqueurs caractérisent les décisions de la Haute Cour comme une série ininterrompue d’« échecs » pour le gouvernement fédéral. Que démontrent les faits en réalité?

  • Les incidences dans les domaines politique et juridique des décisions de la Cour suprême l’an dernier sont importantes et vraisemblablement durables;
  • La Cour suprême du Canada est une institution remarquablement unie au sein de laquelle les décisions prises de manière consensuelle sur des dossiers importants sont la norme et les opinions dissidentes sont rares; et
  • Le gouvernement fédéral présente en effet un bilan catastrophique, ayant subi un revers dans pratiquement toutes les causes importantes et n’ayant remporté une victoire sûre que pour seulement l’une des dix.
Au cours de la dernière année, la Cour a effectivement reporté sine die la réforme du Sénat qui était à l’ordre du jour et torpillé avec une grande efficacité à la fois le programme de réforme du Sénat du gouvernement conservateur et l’engagement de l’opposition néo-démocrate visant à l’abolir. La Cour a invalidé une grande partie de la législation sur la prostitution au Canada, ce qui oblige le gouvernement actuel à réécrire la loi.

Elle a changé complètement la donne en ce qui concerne les droits des Autochtones dans certaines régions du Canada, s’est prononcée sur les méthodes utilisées pour combattre le crime et le terrorisme et a remis en question la façon dont les futures nominations à la Cour du Québec seront effectuées. On aurait bien du mal à trouver un autre acteur au Canada qui a eu un impact plus important sur un tel éventail de questions cette dernière année. Notre « Décideur de l’année » est donc bien choisi. La Cour suprême, sans doute, résisterait à porter une telle étiquette en faisant valoir qu’elle ne fait qu’appliquer la loi dans le cadre de son mandat constitutionnel. Mais l’impact sur la politique de ses décisions récentes est indiscutable.





Voir aussi :

La Cour suprême bien partie pour remporter le prix 2015 : Suicide assisté : décision disproportionnée de la Cour suprême dans ses effets prévisibles et potentiels ?

Suicide assisté : décision disproportionnée de la Cour suprême dans ses effets prévisibles et potentiels ?

L’Institut Macdonald-Laurier a décerné à la Cour suprême du Canada le prix du Décideur politique de l’année 2014. Ce prix était bien mérité.

La Cour suprême du Canada est bien partie pour l’emporter une nouvelle fois en 2015 alors qu’elle a récemment rendu sa décision Carter c. Canada (Procureur général) rendant le suicide assisté légal au Canada (dans un an), en dépit de l’opinion divergente du Parlement. Cette même question avait été soulevée au Parlement à neuf (9) reprises depuis 1993. Elle a fait l’objet de six (6) votes séparés qui confirmèrent tous la loi contre le suicide assisté. Ces décisions ont été prises avec l’appui de tous les partis politiques.

Mais la Cour suprême du Canada ne semble guère se soucier de l’avis d’un Parlement démocratiquement élu, censé représenter l’opinion de la population. Les juges estiment clairement qu’ils savent mieux ce qui est dans l’intérêt du public.

Selon cette décision (plus de détails ci-dessous), il suffit pour qu’un docteur vous tue que vous y consentiez et que vous soyez affecté de problèmes de santé graves et irrémédiables (y compris une affection, une maladie ou un handicap) qui vous causent, selon vous, des souffrances persistantes et intolérables.

Dans un sens, la Cour s’est bornée à décider si l’interdiction absolue opposée au suicide assisté — la norme dans tous les pays à l’exception d’une poignée d’entre eux et cela à travers l’histoire — n’entravait pas la liberté d’adultes sains d’esprit qui avait choisi librement de mettre fin à leur vie ou plutôt de ceux qui demandait l’aide d’un tiers pour y mettre fin — distinction cruciale dont le plus haut tribunal ne s’embarrasse désormais plus. Donc il s’agissait de déterminer si cette interdiction qui entravait cette liberté en cherchant à protéger des Canadiens vulnérables contre les abus était disproportionnée. Les juges de la Cour suprême ont décidé que la loi en l’état empiétait sur le droit à « la vie [sic], à la liberté et à la sécurité de la personne » et que cet empiètement ne pourrait plus être justifié en vertu de l’article 1 de la Charte portant sur les « limites raisonnables » que l’on peut opposer aux droits des Canadiens.

Malheureusement, on est en droit de se demander si, justement, la décision du tribunal suprême de la confédération n’est pas disproportionnée dans ses effets prévisibles et potentiels.

La Cour omet de considérer les infirmières, les pasteurs, les éducateurs

L’arrêt de la Cour est particulièrement troublant quand il déclare que : « Rien dans cette déclaration ne contraindrait les médecins à dispenser [sic : offrir] une aide médicale à mourir. » Combien de temps faudra-t-il avant que de futures décisions de la Cour suprême du Canada ne modifient cette déclaration maintenant que le suicide assisté est « un droit » ? Mais qu’en est-il des droits des autres membres du personnel médical comme les infirmières ou les psychologues ? Qu’en est-il des droits des aumôniers hospitaliers, des ambulanciers qui doivent se déplacer pour une tentative de suicide ? Et que dire des enseignants, des prêtres et des pasteurs ? Seront-ils inquiétés ou sanctionnés s’ils venaient à essayer de dissuader quelqu’un de mettre fin à leur vie ou s’ils cherchaient à dissuader un médecin de prêter main à un suicide ?

Effets sur lien de confiance entre médecins et patients ?

La Cour ne se penche pas plus sur l’effet de sa décision sur le lien de confiance des patients envers les médecins, lien qui pourrait être mis à mal. Alors qu’hier les médecins n’étaient là que pour faire faire vivre, demain, ils pourront administrer la mort. Cette confusion des rôles est-elle bonne ? Pas d’analyse sur le sujet.

Pressions morales sur les patients pour en finir « dignement » ?
Dérive belge à prévoir ?


Que faut-il penser des pressions morales qui s’exerceront sur les vieux et les invalides dont la vie ne sera plus « digne » et qui coûte si cher à l’État ? Pourquoi l’État investirait-il massivement dans les soins palliatifs coûteux alors que d’autres choix respectueux de la « qualité de la vie » existeront, des choix nettement moins dispendieux ? Oui, oui, la « qualité de la vie » c’est bien l’argument qu’utilise la Cour suprême quand il invoque l’article 7 de la Charte. Nous y reviendrons.

Ce jugement réduira la pression politique sur l'offre généralisée de soins palliatifs, soins sur lesquels tous s’accordent, mais qui coûtent tellement cher alors que la population vieillit rapidement. Il se pourrait bien que les gens n'aient plus le choix de soins palliatifs.

Décision peu surprenante

De toute évidence, le tribunal n’a pas réfléchi aux conséquences de sa décision qui n’était pas surprenante étant donné la composition de la Cour (la juge en chef actuelle était déjà pour le droit au suicide assisté dans l’affaire Rodriguez en 1993 alors qu’elle était en minorité) et quand on considère l’air du temps, le zeitgeist.

Décision peu surprenante enfin car, comme le rappelle l'Institut Macdonald-Laurier, « la Cour suprême du Canada est une institution remarquablement unie au sein de laquelle les décisions prises de manière consensuelle sur des dossiers importants sont la norme et les opinions dissidentes sont rares. »

Deux fois plus de pages sur les dépens que sur les conséquences sociales

Le peu de réflexion de la Cour suprême du Canada quant aux conséquences sociales se mesure d’ailleurs facilement : le plus haut tribunal du pays passe ainsi deux fois plus de pages dans l’arrêt Carter c. Canada à se pencher sur la question de savoir à qui attribuer les dépens qu’aux implications pratiques et philosophiques de sa décision. Six pages portent sur les dépens ; trois pages sur les conséquences de cette décision…

Exceptionnalisme canadien

Il est d’ailleurs intéressant de voir que, lorsque la Cour ose se pencher sur les effets potentiels de sa décision et qu’on lui présente un « nouvel élément de preuve », elle l’écarte du revers de la main. En effet, le point de vue de la Cour suprême sur l’expérience belge, où l’euthanasie est légale depuis plus d’une décennie, était pour le moins étonnant.

Le professeur Étienne Montero, un professeur en bioéthique et un expert sur la pratique de l’euthanasie en Belgique a pu déposer un rapport. Il y affirmait que les garanties offertes étaient faibles et qu’il y avait eu de nombreux abus en Belgique. Sans contester ces constats, la Cour a déclaré que l’expérience en Belgique n’était pas pertinente en raison des nombreuses différences culturelles (!) entre les deux pays. Et hop !, la Cour suprême déclare son exceptionnalisme culturel, mais elle n’hésite pas en d'autres cas à utiliser les expériences dans d’autres pays. Selon les besoins de la cause ? [Voir Use of Foreign Precedents by the Supreme Court of Canada: a Cosmopolitan Approach Towards Protection of Fundamental Rights dans Use of foreign precedents by constitutional judges, Hart Publishing, 2013.]

Critères vagues et subjectifs

Il est clair à la lecture de l’arrêt que « les souffrances persistantes » qui permettent de requérir l’aide d’un tiers pour qu’il vous tue (avec votre consentement, bien sûr) ne sont pas limitées aux douleurs physiques, mais comprennent également les souffrances psychologiques. Non seulement s’agit-il là d’un concept vague, mais cette souffrance est-elle purement subjective (« qui lui sont intolérables au regard de sa condition »).

Ajoutons également que les termes « problèmes de santé graves et irrémédiables » — l’autre critère retenu par le tribunal pour exercer ce droit à un suicide assisté — ne signifient pas que la mort doive être proche ou même probable. Il suffit de souffrir d’un problème de santé incurable ; il ne doit même pas être mortel.

Qu’est-ce qui empêchera une personne souffrant de dépression chronique, mais incapable pour une raison quelconque — la lâcheté, peut-être — de se tuer, de demander à quelqu’un de le faire pour lui ? Rien apparemment. Une personne souffrant de dépression — intolérable à ses yeux — se verra-t-elle refuser le droit à un suicide assisté alors qu’elle y consent clairement ? Pour quelles raisons ?

En effet, sur quelle base pourrait-on restreindre ce droit ? Une fois qu’on adopte l’idée du suicide non plus comme une tragédie qu’il faut à tout prix éviter, mais comme un droit que la société se doit de respecter ; dès qu’ôter la vie n’est plus un crime, mais un soin — « la mort médicalement assistée » — qui doit être fourni aux frais du contribuable ; dès qu’on franchit ces limites philosophiques et juridiques, comment peut-on s’arrêter aux cas médiatiques et extrêmes qui ont suscité l’émoi initial ?

Un jour, quelqu’un va porter une affaire devant un tribunal en faisant valoir que les enfants atteints d’une maladie incurable et souffrant de douleurs « intolérables » devraient également avoir le droit au suicide assisté, peut-être avec le consentement de leurs parents. Comment la Cour pourra-t-elle condamner ces enfants à endurer des années de souffrances atroces jusqu’à ce qu’ils soient majeurs ? De même, la Cour suprême sera-t-elle vraiment prête à laisser souffrir abominablement des personnes mentalement incompétentes qui, avec la signature d’un tuteur légal, pourraient être « libérées » ? Enfin, si l’autonomie personnelle est le critère suprême, pourquoi « des problèmes de santé graves et irrémédiables » sont-ils nécessaires ? Ne suffit-il pas de vouloir mourir et que vous ayez besoin d’assistance ?

À ce moment-là, la Cour sera prise, impuissante, dans les rets de sa propre logique. Et d’ici là, nous serons tous dans le même pétrin.

Opinion fondée sur la jurisprudence ou sur les préjugés des juges ?

En outre, on est en droit de se demander si la décision sur le suicide assisté est fondée sur le droit et la jurisprudence ou si elle ne l’est pas plutôt sur l’opinion personnelle des juges de la Cour suprême. Les mêmes arguments utilisés par la Cour suprême de 2015 avaient déjà servi en 1993 dans l’affaire Rodriguez. Ces arguments avaient été rejetés par la Cour suprême d'alors. La juge en chef actuelle avait alors été dans la minorité. La chose avait donc déjà été jugée. Et quand un nouvel élément de preuve est fourni, le rapport du professeur Montero, il est écarté, comme nous l’avons vu, par un genre d’exceptionnalisme canadien fort opportun pour les juges.

Le droit à la vie comme base du suicide assisté…

L’arrêt Carter c. Canada se fonde sur l’article 7 de la Charte canadienne :
« L’alinéa 241 b) et l’art. 14 du Code criminel portent atteinte de manière injustifiée à l’art. 7 de la Charte et sont inopérants dans la mesure où ils prohibent l’aide d’un médecin pour mourir à une personne adulte capable qui (1) consent clairement à mettre fin à sa vie ; et qui (2) est affectée de problèmes de santé graves et irrémédiables (y compris une affection, une maladie ou un handicap) lui causant des souffrances persistantes qui lui sont intolérables au regard de sa condition. »
Mais que dit cet article 7 ?

« Chacun a droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne ; il ne peut être porté atteinte à ce droit qu’en conformité avec les principes de justice fondamentale. »

Arrêt Perry c. Royaume-Uni (2003)

On se sert donc du droit à la vie pour justifier le droit au suicide assisté… Ce qui est pour le moins paradoxal. La Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire Perry c. Royaume-Uni (2003) avait eu à juger d’une affaire similaire qui faisait également appel à un droit à la vie (article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme) pour justifier le droit au suicide assisté. Voici ce qu’en dit la Cour européenne :
« 5. […] Un article ayant pareil objet ne peut s’interpréter comme conférant un droit à mourir ou à obtenir le concours d’autrui pour mettre fin à sa propre vie. Dans la thèse développée par lui pour le compte de Mme Pretty, M. Havers QC s’est efforcé de limiter son argument au suicide assisté, admettant que le droit revendiqué ne peut aller jusqu’à couvrir l’homicide volontaire consensuel (souvent qualifié dans ce contexte d’“euthanasie volontaire”, mais considéré en droit anglais comme un meurtre). Le droit revendiqué serait suffisant pour couvrir l’affaire de Mme Pretty, et l’on comprend que le conseil de l’intéressée ne souhaite pas aller plus loin. Mais rien sur le plan de la logique ne justifie que l’on trace pareille ligne de démarcation. Si l’article 2 confère bel et bien un droit à l’autodétermination en rapport avec la vie et la mort et si une personne est à ce point handicapée qu’elle se trouve dans l’impossibilité d’accomplir quelque acte que ce soit de nature à provoquer sa propre mort, il s’ensuit nécessairement, en bonne logique, que cette personne a un droit à être tuée par un tiers sans assistance aucune de sa part et que l’État viole la Convention s’il s’immisce dans l’exercice de ce droit. Il n’est toutefois pas possible d’inférer pareil droit d’un article ayant l’objet décrit ci-dessus. »

Changer ses règles d’analyse pour pouvoir ignorer la jurisprudence ?

Mais voilà les juges canadiens ne s’arrêtent pas à ces détails, ils ont trouvé que leurs règles d’analyse quant à la portée excessive (ou non) d’une décision avaient changé et donc qu’ils pouvaient revenir sur la cause Rodriguez... Il suffisait d’y penser : la nouvelle Cour suprême change les règles d'analyse et revoit ensuite les décisions qui lui déplaisent. Jean Giraudoux ne faisait-il pas déjà remarquer que « Le droit est la plus puissante des écoles de l’imagination. Jamais poète n’a interprété la nature aussi librement qu’un juriste la réalité. » ?

La Cour a déclaré dans ce cas que tout ce qui est nécessaire pour changer les précédentes décisions juridiques, c’est qu’elles découvrent qu’il faut soulever de nouvelles questions juridiques, qu’elles arrivent à une nouvelle méthode d’analyse et qu’il y ait, selon elle, un changement de circonstances qui déplaceraient les paramètres du débat. Ces conditions donnent à coup sûr à la Cour suprême du Canada une grande marge de manœuvre pour décider de toute future affaire qui lui plaira et continuer à dicter à l’exécutif et au législatif le cadre des futures lois.

La Cour suprême est décidément bien partie pour encore remporter le Prix du décideur politique de l’année, cette fois-ci pour 2015.






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samedi 21 février 2015

Les écoles indépendantes en France


Reportage sur des écoles indépendantes en France (nettement plus libres que les écoles privées du Québec) :





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Mise à jour — Conservatisme en France : Zemmour, les veilleurs et la Manif pour tous, et les scouts en demande

Mise à jour

Décryptage d’une partie de ce reportage (amalgame, bande sonore, plans de coupe tendancieux, techniques de montage, voix hors-champ, faux chiffres) :



Éric Zemmour dit dans le reportage qu’il y aurait 5 millions d’étrangers [en fait d’immigrés] en France et que leurs enfants représentaient 7 millions, en tout douze millions. Le journaliste de France 2 corrige (il est là pour cela) : il y aurait trois fois moins d’étrangers que ce que Zemmour aurait affirmé : moins de 4 millions... Le journaliste ne sait-il pas que dans les 12 millions mentionnés, il y avait 7 millions d’enfants d’immigrés nés en France qui ne sont pas étrangers ?

Il y a en fait 5,34 millions d’immigrés en France (3,17 millions restés étrangers et 2,17 ayant acquis la nationalité française). L’Insee estime à environ 6,7 millions de personnes le nombre de descendants directs d’immigrés nés en France, soit 11 % de la population. Donc 5,34 + 6,7 = 12,04 millions. Le journaliste de la chaîne publique corrige à tort.

Billet original

Reportage (pas toujours bienveillant, mais relativement honnête) sur Éric Zemmour, le mouvement de la Manif pour tous et les scouts en France. Une demande d’autorité, d’encadrement ?




Nostalgique de la France d’avant mai-68, Éric Zemmour développe dans son livre « Le Suicide français » ses thèses conservatrices, et les curieux se pressent à ses séances de dédicaces ou ses conférences. Au sommaire : La fièvre Zemmour. — Les réacs contre-attaquent. — Scouts : toujours plus !

Portrait du polémiste de droite le plus célèbre de France, dans les coulisses de ses conférences et dédicaces. Comment l’éditorialiste s’est-il construit son personnage ? Qui sont ses supporters ?

Des militants issus de la « Manif pour tous », réunis dans le mouvement « Sens commun » se mobilisent contre la soi-disant « théorie du genre », incarnant le renouveau du conservatisme.

Les parents cherchent dans le scoutisme un complément d’éducation qu’ils ne trouvent plus à l’école ou dans le sport. Enquête sur mouvement « tradi » qui connait aujourd’hui un nouvel engouement. On regrettera l’amalgame de trois mouvements scouts assez différents sans qu’on sache lesquels croissent le plus vite par exemple.



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vendredi 20 février 2015

Régis Debray et son dépit devant le retour du religieux aggravé par la modernité


Historiquement show 189 — Dialogue entre Régis Debray et Jean-François Colosimo

La recension de Basile de Koch de cette émission :

« Retour du sacré », ou pas ? Rien de tel qu’un petit topo de Régis Debray pour se faire une religion.

Récemment, ici même, je vous entretenais du Régis Debray politique, à propos d’un court pamphlet sur l’économisme et la République (l’Erreur de calcul). Le voici de retour à l’anthropologie, son refuge d’altitude depuis trente ans, avec la parution d’Un Candide à sa fenêtre. Dans ce deuxième tome d’une série intitulée « Dégagements », il analyse, sans enthousiasme excessif, le « retour du religieux » — dans une époque qui croyait au moins en une chose : s’en être définitivement débarrassée.

Pour l’occasion, Michel Field consacre à l’auteur, sur la chaîne Histoire, un numéro spécial de son émission Historiquement show où, en compagnie du théologien Jean-François Colosimo, il « accouche » Debray. « L’“intellectuel engagé” est-il vraiment devenu un intellectuel dégagé ? » entame Field. « Difficile d’y croire... » De fait, l’ami Debray n’est pas devenu zutiste ; toujours aussi grave et ronchon, mais non sans raison.

Entre engagement et dégagement, il n’y a d’ailleurs pas contradiction pour lui. Plutôt une dialectique, tirée de ses observations comme de son expérience personnelle : impossible de s’engager intelligemment sans savoir se dégager des rumeurs de la ville et de l’époque. « Se retirer du brouhaha pour comprendre ce qui se passe. »

Jusque-là on est d’accord, j’imagine. Quant au fond, Debray enchaîne stoïquement des constats de plus en plus déplaisants pour lui. Et d’abord le plus évident : le religieux, « de retour », ne fait que reprendre sa place. Il comble ainsi le vide laissé par le politique, qui lui-même l’avait remplacé triomphalement — avant de perdre peu à peu toute crédibilité (idéologies à court d’idées, pouvoirs impuissants... je ne vous raconte pas tout).

Le vrai paradoxe, pour Régis, c’est la façon dont le progrès technique et scientifique a « balkanisé » le monde à force de l’uniformiser : « Plus on est déraciné, plus on se recherche une identité — quitte à fantasmer un retour aux origines », explique-t-il ; et si vous trouvez ça banal, c’est juste que vous êtes plus réac que lui.

Quand même, notre chercheur est accablé par ses propres découvertes. Il fait son « travail de deuil », avec une rigueur intellectuelle peu commune chez ses collègues en cour. Attali et Minc, par exemple, n’ont jamais eu tort, du moins à leur connaissance. Debray, lui, reconnaît ses erreurs et les « désillusions du progrès », comme disait Aron.

Un petit reproche quand même : à force de négliger le qu’en-dira-t-on, ce misanthropologue place parfois la barre un peu haut. Ainsi quand il explique (?) : « Le religieux est un point de fuite qui, en nous élevant, nous permet de nous coordonner. » C’est dans ce genre de circonstances qu’on est content quand même de profiter du progrès, ne serait-ce qu’en appuyant sur la touche « replay » pour être sûr d’avoir compris.

La suite du raisonnement, en revanche, je l’ai saisie instantanément : « Toute coordination suppose une subordination ; l’assujettissement à quelqu’un ou quelque chose qu’il est convenu d’appeler “sacré”. » Mais surtout, j’ai apprécié la chute : « C’est une très mauvaise nouvelle, pour un homme de gauche comme moi ! »

Dans un one-man-show de Gaspard Proust, ça ferait un tabac. Mais Régis ne plaisante pas, et ça peut se comprendre. Pour un intellectuel athée progressiste, perdre en plus la foi dans le salut terrestre, c’est la double peine. Avant moi déjà, le révérend père de Lubac appelait ça le Drame de l’humanisme athée.

Au moins Debray l’assume-t-il comme une tragédie grecque, pour nous changer des comédies germanopratines. Au fond de l’impasse où l’autocar fou du progrès s’est encastré dans le mur de la réalité, il fait avec celle-ci ce qu’on fait dans ce cas-là : un constat.

Et de prouver définitivement qu’il est sur la bonne voie, avec une jolie conclusion sur l’émission de Field, pour laquelle il suggère même un slogan : « Intéressez-vous à ce qu’il y avait avant, parce que c’est ce qu’il y aura après ! » ●

« Une mort digne »


L’ancien député Jacques Brassard se penche sur la décision de la Cour suprême du Canada en matière de suicide assisté.

Voilà donc que la Cour suprême – haut lieu du relativisme moral – vient de décréter que l’euthanasie et le suicide assisté sont des « morts dignes ».

J’ose redire, malgré tout, que de désigner la mort d’un malade par injection létale par l’expression « mourir dans la dignité », constitue une mystification délibérée visant à embrouiller les esprits.

« Notre dignité est indépendante de notre âge et de notre forme physique ou mentale, écrivent Louis-André Richard, philosophe, et Michel L’Heureux, médecin, elle est attachée à notre statut d’être humain en qualité d’être humain. Elle ne dépend pas d’un moment précis du continuum, elle est dans ce continuum et elle s’actualise jusqu’à la fin, jusqu’à la mort. »

La dignité d’un être humain n’est donc pas altérée par l’âge, la maladie, la dépression. Elle est toujours et en tout temps pleine et entière.

Laïcisation


Rappelons que ce concept de dignité est d’origine judéo-chrétienne, l’être humain étant doté de dignité parce que, comme le dit la Bible, il est créé « à l’image et à la ressemblance » de Dieu.

La laïcisation des sociétés occidentales ne l’a pas abolie, mais elle est devenue une valeur intrinsèque de la nature humaine et dissociée de toute transcendance.

Quand ce sont les jeunes qui se suicident, nous sommes, avec raison, scandalisés. Et nous faisons des campagnes pour les convaincre que « le suicide n’est pas une option ».

Pourquoi alors, lorsque ce sont des personnes avancées en âge, malades, fragiles, en perte d’autonomie, en fin de vie, le suicide assisté et l’euthanasie deviennent-ils des options tout à fait acceptables ?

Selon Louis-André Richard et Michel L’Heureux, ce serait là une confirmation que la personne mourante « a un statut inférieur et n’a plus la dignité d’un être humain à part entière, dont il faudrait s’occuper avec déférence ».

De nos jours, les soins palliatifs se sont développés de telle façon que nous sommes en mesure d’apaiser les souffrances et les angoisses de fin de vie avec tout le respect et l’empathie qui sont dus à la personne. Encore faut-il que de tels soins soient accessibles sur tout le territoire québécois. Ce qui est loin d’être le cas.

Dérives

Quant aux balises qui encadreront l’euthanasie (dont le consentement de la personne concernée), des études démontrent qu’elles ne sont pas toujours respectées. En Belgique, par exemple, il y a, chaque année, 300 morts assistées sans le consentement des patients.

Dans un système de santé d’une ampleur comme le nôtre, où l’on est, par exemple, incapable de réduire à zéro la maltraitance envers des personnes âgées, des dérives comme on en voit en Belgique et en Hollande seront inévitables.

La marraine de l’euthanasie, la députée Véronique Hivon, nous assure que de tels dérapages n’auront pas lieu. Ce sera malheureusement le cas, surtout que pour elle, ce n’est qu’un « premier pas ». L’autre pas, ce sera, comme en Belgique, de rendre accessible l’euthanasie aux mineurs. Là-bas, pour les jeunes, « le suicide est une option convenable ».

Je suis minoritaire, je le sais bien, mais je persiste et je signe : l’euthanasie n’est pas une mort digne, pas plus qu’elle n’est un soin.




Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

Chantal Delsol : défense du populisme et des « demeurés »


Revue de presse sur le dernier ouvrage de Chantal Delsol « Populisme. Les demeurés de l’Histoire ». Chantal Delsol est membre de l’Institut, philosophe et historienne des idées.

Le Figaro : Plaidoyer pour le populisme

Chantal Delsol
Les jeunes gens qui voudraient connaître un de ces admirables professeurs que fabriquait la France d’avant — et qui la fabriquaient en retour — doivent lire le dernier ouvrage de Chantal Delsol. Tout y est : connaissance aiguë du sujet traité ; culture classique ; perspective historique ; rigueur intellectuelle ; modération dans la forme et dans la pensée, qui n’interdit nullement de défendre ses choix philosophiques et idéologiques. Jusqu’à cette pointe d’ennui qui se glisse dans les démonstrations tirées au cordeau, mais que ne vient pas égayer une insolente incandescence de plume. L’audace est dans le fond, pas dans la forme. On s’en contentera.

Notre auteur a choisi comme thème de sa leçon le populisme. Thème dangereux. Pour elle. Dans le Dictionnaire des idées reçues de Flaubert revisité aujourd’hui, on aurait aussitôt ajouté au mot populisme : à dénoncer ; rejeter ; invectiver ; ostraciser ; insulter ; néantiser. Non seulement Chantal Delsol ne hurle pas avec les loups, mais elle arrête la meute, décortique ses injustes motifs, déconstruit son mépris de fer. À la fin de sa démonstration, les loups ont perdu leur légitimité de loups. « Que penser de ce civilisé qui, pour stigmatiser des sauvages, les hait de façon si sauvage ? »

Pourtant, les loups sont ses pairs, membres comme elle de ces élites culturelles, universitaires, politiques, ou encore médiatiques, qui depuis des siècles font l’opinion à Paris ; et Paris fait la France, et la France, l’Europe. Chantal Delsol n’en a cure. Elle avance casquée de sa science de la Grèce antique. Se sert d’Aristote contre Platon. Distingue avec un soin précieux l’idiotès de l’Antiquité grecque, qui regarde d’abord son égoïste besoin, au détriment de l’intérêt général du citoyen, de l’idiot moderne, incapable d’intelligence. Dépouille le populiste de l’accusation de démagogie. Renvoie vers ses adversaires la férocité de primate qui lui est habituellement attribuée par les donneurs de leçons démocratiques :
« Dès qu’un leader politique est traité de populiste par la presse, le voilà perdu. Car le populiste est un traître à la cause de l’émancipation, donc à la seule cause qui vaille d’être défendue. Je ne connais pas de plus grande brutalité, dans nos démocraties, que celle utilisée contre les courants populistes. La violence qui leur est réservée excède toute borne. Ils sont devenus les ennemis majuscules d’un régime qui prétend n’en pas avoir. Si cela était possible, leurs partisans seraient cloués sur les portes des granges. »

Chantal Delsol analyse avec pertinence le déplacement des principes démocratiques, depuis les Lumières : la raison devient la Raison ; l’intérêt général de la cité, voire de la nation, devient celui de l’Humanité ; la politique pour le peuple devient la politique du Concept. Les progressistes veulent faire le bien du peuple et s’appuient sur lui pour renverser les pouvoirs ancestraux ; mais quand ils découvrent que le peuple ne les suit plus, quand ils s’aperçoivent que le peuple juge qu’ils vont trop loin, n’a envie de se sacrifier ni pour l’humanité ni pour le règne du concept, alors les élites progressistes liquident le peuple. Sans hésitation ni commisération. C’est Lénine qui va résolument basculer dans cette guerre totale au peuple qu’il était censé servir, lui qui venait justement des rangs des premiers « populistes » de l’Histoire. Delsol a la finesse d’opposer cette « dogmatique universaliste » devenue meurtrière à l’autre totalitarisme criminel du XXe siècle : le nazisme. Avec Hitler, l’Allemagne déploiera sans limites les « perversions du particularisme ». Ces liaisons dangereuses avec la « bête immonde » ont sali à jamais tout regard raisonnablement particulariste. En revanche, la chute du communisme n’a nullement entaché les prétentions universalistes de leurs successeurs, qu’ils s’affichent antiracistes ou féministes ou adeptes de la théorie du genre et du « mariage pour tous ». Le concept de l’égalité doit emporter toute résistance, toute précaution, toute raison.

Alors, la démocratie moderne a tourné vinaigre : le citoyen, soucieux de défendre sa patrie est travesti en idiot : celui qui préfère les Autres aux siens, celui qui, il y a encore peu, aurait été vomi comme traître à la patrie, « émigré » ou « collabo », est devenu le héros, le grand homme, le généreux, l’universaliste, le progressiste. De même l’égoïste d’antan, l’égotiste, le narcissique, qui préférait ses caprices aux nobles intérêts de sa famille, au respect de ses anciens et à la protection de ses enfants, est vénéré comme porte-drapeau flamboyant de la Liberté et de l’Égalité. Incroyable renversement qui laisse pantois et montre la déliquescence de nos sociétés : « Le citoyen n’est plus celui qui dépasse son intérêt privé pour se mettre au service de la société à laquelle il appartient ; mais celui qui dépasse l’intérêt de sa société pour mettre celle-ci au service du monde... Celui qui voudrait protéger sa patrie face aux patries voisines est devenu un demeuré, intercédant pour un pré carré rabougri ou pour une chapelle. Celui qui voudrait protéger les familles, au détriment de la liberté individuelle, fait injure à la raison. La notion d’intérêt public n’a plus guère de sens lorsque les deux valeurs primordiales sont l’individu et le monde. »

Les élites progressistes ont déclaré la guerre au peuple. En dépit de son ton mesuré et de ses idées modérées, Chantal Delsol a bien compris l’ampleur de la lutte : « Éduque-les, si tu peux », disait Marc-Aurèle. Toutes les démocraties savent bien, depuis les Grecs, qu’il faut éduquer le peuple, et cela reste vrai. Mais chaque époque a ses exigences. « Aujourd’hui, s’il faut toujours éduquer les milieux populaires à l’ouverture, il faudrait surtout éduquer les élites à l’exigence de la limite, et au sens de la réalité. » Mine de rien, avec ses airs discrets de contrebandière, elle a fourni des armes à ceux qui, sous la mitraille de mépris, s’efforcent de résister à la folie contemporaine de la démesure et de l’hubris [la démesure en grec].

Quand ils découvrent que le peuple ne les suit plus, quand ils s’aperçoivent que le peuple juge qu’ils vont trop loin, n’a envie de se sacrifier ni pour l’humanité ni pour le règne du concept, alors les élites progressistes liquident le peuple.

Sud-Ouest : Ce diable de populisme

Un nombre record de cégépiens faibles en français

D’après un article publié dans le Journal de Montréal, Les cégeps accueillent de plus en plus d’étudiants faibles en français. Depuis dix ans, le nombre de jeunes qui ont dû s’inscrire à un cours de mise à niveau a grimpé de 50 %.

Selon les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur obtenus par une demande d’accès à l’information, 9962 étudiants en 2005 avaient dû suivre un cours de rattrapage en français à leur arrivée au cégep. En 2014, ils étaient 14 851. De ce nombre, 54 % étaient des garçons.

Les cours de mise à niveau, maintenant appelés cours de « renforcement », sont imposés aux étudiants dont la moyenne générale en français au secondaire est faible. Les règles varient d’un cégep à l’autre.

Dans certains collèges comme le cégep Lévis-Lauzon, ce cours est obligatoire pour les étudiants qui ont obtenu une moyenne de 65 % et moins en français au secondaire. Au cégep de Sainte-Foy, des étudiants dont la moyenne générale est de moins de 75 % doivent se plier à un test diagnostic, qui déterminera s’ils doivent suivre ce cours ou non.


Difficile à expliquer

À la Fédération des cégeps, on indique que cette hausse est « difficile à expliquer ». À partir de 2008-2009, les cégeps ont commencé à accepter sous condition des élèves qui n’avaient pas tout à fait complété leur diplôme d’études secondaires, si bien que davantage d’élèves faibles ont pu avoir été admis au cours des dernières années.

« On leur donne une chance de plus, mais est-ce suffisant pour expliquer la hausse ? », lance la directrice des communications, Judith Laurier.

Au cours de la même période, le nombre d’étudiants dans le réseau collégial a progressé de 18 %. Toutes proportions gardées, l’augmentation des inscriptions dans les cours de mise à niveau est donc bien réelle. Les exigences sont aussi restées les mêmes, affirme-t-on à la Fédération des cégeps.

Dans les cégeps de la région de Québec, le nombre d’inscriptions est relativement stable ou fluctue d’une année à l’autre.

Détérioration du français

dimanche 15 février 2015

Québec — L’immigration, ou plus précisément la « diversité », sera vue comme une fin en soi

L’immigration au Québec : entrevue avec le démographe Guillaume Marois  :

— Vous étiez récemment de passage en commission parlementaire pour donner votre avis de démographe sur la nouvelle politique d’immigration et de valorisation de la diversité proposée par le gouvernement Couillard. Une première question d’ensemble : que retenez-vous de cette commission parlementaire ?

Guillaume Marois — Auparavant, le gouvernement voyait l’immigration comme un outil pour atteindre certains objectifs d’ordre économique et démographique. L’on voyait dans l’immigration un moyen de redresser la démographie et les finances publiques, de combler des pénuries de main-d’œuvre et de pérenniser le français. Si l’on se fie au document de consultation[1] préparé par la ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion pour guider les discussions sur la nouvelle politique d’immigration, le paradigme va changer. L’immigration, ou plus précisément la « diversité », sera vue comme une fin en soi. L’on multiplie les formules creuses et vides de sens associant nécessairement la diversité à des choses positives, par exemple que « [l]a richesse de la diversité québécoise et l’apport des personnes immigrantes contribuent à favoriser le dynamisme et la prospérité du Québec ainsi que la vitalité de son territoire ». C’est le nouveau mantra : la diversité est une richesse. Et si les effets positifs de cette diversité ne se font pas sentir, c’est que la population n’est pas assez ouverte pour l’accueillir. Pour cette raison, les lignes directrices des orientations à prendre visent maintenant à convaincre la population des bienfaits de la diversité, à favoriser l’ouverture et à faire reconnaitre les apports multiples de la pluralité. En bref, ce qui ressort jusqu’à maintenant des orientations de la nouvelle politique d’immigration ressemble plus à la consolidation et l’acceptation des dogmes du multiculturalisme canadien, avec quelques nuances, qu’à une véritable politique publique basée sur des évidences empiriques.

La ministre, les intervenants de la gauche multiculturaliste et les lobbys patronaux sont les principaux acteurs soutenant cette orientation. Il aurait été intéressant que ceux-ci cherchent à expliquer les fondements de leur démarche, mais jusqu’à présent, l’on ne peut que constater la pauvreté de la recherche pour appuyer cette idée. En premier lieu, il est difficile d’approuver ou d’infirmer empiriquement que « la diversité est une richesse » étant donné l’imprécision des concepts utilisés.

La diversité peut référer à différents attributs qui n’ont pas tous le même effet : l’origine, la langue, l’éducation, la culture, la religion, la classe sociale, etc. La richesse se mesure souvent en termes économiques, mais peut également se rapporter à d’autres aspects sociétaux (qu’on pense aux arts). Ensuite, le ministère et les divers intervenants qui soutiennent cette idée ne semblent pas particulièrement préoccupés par le besoin de se fixer des objectifs précis et des indicateurs pour faire le suivi de la politique, ce qui nécessiterait d’abord de préciser de quoi l’on parle exactement. Actuellement, il y a une importante lacune à cet effet, mais c’est peut-être voulu ainsi, car il sera alors pratiquement impossible de mesurer objectivement si la politique est une réussite ou un échec.

— Pouvez-vous développer sur cette idée que la diversité est une richesse ? Qu’en dit la recherche universitaire ? 

— La littérature académique ne permet pas de trancher de manière définitive sur l’effet de la diversité sur la richesse et la prospérité. Les effets sont variables d’un contexte à l’autre, mais sont généralement très faibles. Plusieurs études ont par ailleurs mis de l’avant que la question du nombre importe moins que la question de la composition[2]. Ainsi, il ne s’agit pas d’accroître la diversité en général pour en accroître ses effets positifs, mais plutôt de cibler certains de ses aspects précis. En fait, le contexte et les concepts que l’on utilise sont déterminants des conclusions qu’on en tire. Par exemple, une étude de Nathan et Lee[3] montre qu’une augmentation de la diversité ethnique chez les gestionnaires en Grande-Bretagne favorise l’innovation et ouvre de nouveaux marchés, mais cette simple étude n’est évidemment pas généralisable à tous les contextes et toutes les situations. Par exemple, Pitts et Jarry[4] montrent qu’il n’y a pas de gain de performance lorsqu’il y a une plus grande diversité ethnique chez les gestionnaires des écoles publiques du Texas, car l’effet positif qui peut découler de l’apport de nouvelles approches pour résoudre des problèmes est annulé entre autres par des problèmes de communication. L’étude de Stuen et coll. [5], qui porte sur la production des connaissances dans un contexte universitaire, va dans un sens similaire : les avantages apportés par une plus grande diversité d’idées sont réduits par les problèmes supplémentaires de communication et de coordination.

Que les résultats soient positifs ou négatifs, je tiens à souligner qu’il ne faut surtout pas prendre des études portant sur des contextes spécifiques et des concepts précis pour les transposer à grande échelle, par exemple, comme le fait la ministre de l’Immigration pour orienter la nouvelle politique d’immigration. La population étudiée dans ces recherches n’est absolument représentative de l’ensemble des immigrants et de la diversité et les contextes ne sont pas toujours comparables. Pour reprendre les études portant sur les gestionnaires, la réalité est que très peu d’immigrants occupent ce genre de postes et que nécessairement, ceux concernés ont aussi souvent d’autres caractéristiques spécifiques, telles qu’un diplôme reconnu. De la même manière, l’on ne peut transposer au Québec les conclusions montrant un effet négatif de la fragmentation ethnique sur la croissance économique, si ces recherches ont ciblé des pays où la diversité ethnique est issue de facteurs géographiques et historiques (par exemple, les Balkans ou certains pays d’Afrique) plutôt que d’une immigration sélectionnée.

Concernant le cas spécifique de la diversité au Québec, aucune étude ne s’est penchée sur le sujet. Il est néanmoins peu probable qu’une augmentation de la diversité, mesurée sous l’angle ethnique, ait un impact important sur la prospérité. Cela signifierait qu’il y aurait proportionnellement trop de « Québécois de souche » au Québec et que cette homogénéité nuirait à sa prospérité. Cette idée est d’autant plus douteuse que les taux d’immigration au Québec sont parmi les plus élevés au monde et que les francophones de langue maternelle représentent déjà moins de la moitié de la population de l’île de Montréal. Concernant l’effet de l’immigration dans les pays développés plus spécifiquement, le consensus scientifique est que son impact sur les indicateurs de prospérités tels que le PIB par habitant ou le revenu est toujours très faible, parfois positif, parfois négatif[6][7].

Les adhérents au multiculturalisme tendent souvent à voir la diversité comme une fin en soi. Cette idée se défend évidemment, mais d’un point de vue arithmétique et démographique, si l’on porte le prisme d’analyse à une échelle plus élevée que la province, par exemple, l’Amérique du Nord ou même le monde, c’est plutôt en favorisant la convergence culturelle dans les régions en déclin que l’on favorise la diversité. En effet, il faut rappeler que les tendances démographiques naturelles de faible fécondité défavorisent les nations occidentales et plus particulièrement le Québec dans le contexte nord-américain, alors que la plupart des régions d’origine des immigrants sont encore en pleine expansion. Selon cet angle, les gouvernements occidentaux appliquant un multiculturalisme favorisant la préservation des différentes cultures étrangères en son territoire tendent à réduire la diversité dans le monde, alors qu’une politique de convergence culturelle la favoriserait.

— C’est une thèse qui revient en boucle : l’immigration contribuerait au rajeunissement de la population, payerait les retraites et nous rendrait plus riches. C’est du moins la thèse défendue en général par les milieux patronaux qui souhaitent augmenter toujours plus les seuils d’immigration. Est-ce bien vrai ? Que dit la recherche scientifique à ce sujet ? Par ailleurs, quel est l’impact de l’immigration sur la situation du français ?

— Le vieillissement de la population a été une préoccupation de premier ordre lors de la planification des niveaux d’immigration des dernières années. Plus généralement, cet enjeu démographique est au cœur de la dernière politique d’immigration. L’idée générale est que dans un contexte de faible fécondité, les immigrants viennent compenser les naissances manquantes pour contrer le vieillissement. Or, toutes les études qui ont cherché à mesurer explicitement l’impact de l’immigration sur la structure par âge aboutissent à une même conclusion : l’impact est certes positif, mais d’une ampleur si faible qu’il n’en vaut pas la chandelle[8][9][10]. Pour le Québec, de manière strictement arithmétique et selon les paramètres actuels, la différence entre recevoir 55 000 immigrants au lieu de 35 000 immigrants par année sur une période de 20 ans (soit une différence de 400 000 nouveaux arrivants) ne permet de retarder le vieillissement que d’environ 2 ans. Ce faible effet s’explique par le fait que l’impact de l’immigration sur la structure par âge n’est pas cumulatif, car, on l’oublie souvent, les immigrants vieillissent eux aussi et ont des comportements en matière de fécondité similaires à ceux des natifs. Dans un tel contexte, chercher à contrer le vieillissement par l’immigration, comme le souligne le démographe français Henri Leridon[11], c’est « chercher à remplir un tonneau des Danaïdes ».

Les préoccupations liées au vieillissement démographique ne sont toutefois pas directement liées à la structure par âge, mais plutôt à l’effet de cette modification de la structure par âge sur les finances publiques et sur l’économie, car une part plus importante de personnes âgées peut signifier plus de dépenses sociales, notamment pour les soins de santé et les retraites, et moins de travailleurs en mesure de payer. Ainsi, pour que l’impact faible, mais positif, de l’immigration sur la structure par âge se transpose en effet bénéfique sur les conséquences du vieillissement de la population, une très bonne intégration socioprofessionnelle des immigrants est une condition sine qua non [12]. En effet, l’impact de l’immigration sur les conséquences du vieillissement ne doit pas uniquement se mesurer relativement à la population en âge de travailler, mais également à celle réellement en emploi et plus spécifiquement, à la balance des revenus et de dépenses. Or, la situation actuelle montre que des améliorations importantes sont nécessaires à cet égard. Non seulement les immigrants présentent-ils des taux d’emploi faibles, mais un retard important s’observe également au niveau de leur revenu[13]. La situation, qui est généralisée à différents degrés aux pays occidentaux, s’est par ailleurs nettement détériorée au fil des dernières décennies[14]. Devant ces résultats, il est possible que l’effet légèrement positif de l’immigration sur la population en âge de travailler soit complètement annulé, voire qu’il devienne légèrement négatif, si l’on considère son effet général sur les finances publiques. Un nombre réduit d’immigrants, mais en meilleure situation socioprofessionnelle, pourrait avoir un effet plus favorable sur les conséquences du vieillissement qu’un nombre élevé, mais en moins bonne situation. Quoi qu’il en soit, il importe de rappeler que positif ou négatif, l’effet du nombre d’immigrants sur le vieillissement et les finances publiques demeure si faible qu’il n’est pas utile de le considérer dans l’élaboration des politiques d’immigration[15].

Concernant la situation du français au Québec, l’immigration a un effet arithmétiquement négatif. Bien que les immigrants soient beaucoup plus nombreux qu’avant à s’intégrer en français, essentiellement à cause de la sélection de francotropes et des effets de la loi 101, les tendances sont encore défavorables à la langue officielle du Québec. Le français demeure en effet encore sous-utilisé parmi la population immigrante et leurs descendants. Les tendances actuelles montrent que, peu importe l’indicateur utilisé, que ce soit la langue parlée à la maison, au travail ou dans l’espace public, l’immigration fait diminuer le poids du français, augmenter ou maintenir le poids de l’anglais et augmenter le poids des autres langues[16][17]. Ainsi, compte tenu de ces chiffres, sans une nette amélioration des tendances en faveur du français, l’immigration mènera de manière incontournable à un affaiblissement de la place du français au Québec. Si la connaissance du français est un déterminant essentiel de son utilisation, ce n’est pas le seul et surtout, elle n’est pas une police d’assurance à cette fin. En somme, les cours de francisation, la sélection basée sur la connaissance du français et l’instruction obligatoire en français au primaire et au secondaire sont des mesures certes favorables, mais insuffisantes pour éviter le déclin du français.

En somme, ce n’est pas une dynamique très surprenante étant donné le contexte géopolitique du Québec. Bien que les tendances puissent sans doute encore s’améliorer, il serait néanmoins peu probable qu’elles s’inversent au point de favoriser le français. Il est important d’être bien au fait de cet impact de l’immigration, car l’on soutient souvent que l’immigration est essentielle pour assurer la pérennité du français, alors que son effet est contraire ! Par ailleurs, l’une des principales raisons de la création du ministère de l’Immigration du Québec et du rapatriement des pouvoirs en la matière était de s’assurer que les immigrants s’intègrent à la communauté francophone et fonctionnent en français. Cette préoccupation est d’autant plus importante de nos jours que dans un contexte de faible fécondité, le nombre d’immigrants reçus et leurs comportements linguistiques auront de plus en plus d’effet sur l’avenir du français au Québec.

Certains intervenants, souvent issus des milieux patronaux, suggèrent d’accorder moins d’importance à la connaissance du français lors de la sélection des immigrants, car, soutiennent-ils, cela se ferait au détriment des critères socioéconomiques d’employabilité. Cette suggestion ne tient pas la route, car elle va en fait à l’encontre de ses prétentions d’intégration professionnelle. La connaissance du français est en soi un critère déterminant de la réussite de l’intégration socioprofessionnelle, tout comme l’est celle de l’anglais. À profil équivalent, les immigrants qui connaissent à la fois le français et l’anglais ont plus de chance d’obtenir un emploi que ceux connaissant uniquement l’anglais et ont un revenu supérieur[18]. La connaissance du français comme critère de sélection n’entre donc pas en conflit avec les préoccupations d’intégration économique, au contraire. S’il est vrai que la méconnaissance de l’anglais nuit également à l’intégration professionnelle, le fait d’accorder moins de points au français n’améliorerait en rien la situation. En fait, pour suivre les objectifs de ce discours, il faudrait hausser le seuil de passage de la grille de sélection de manière à exclure ceux qui ne sont pas bilingues. Il ne resterait alors plus beaucoup de candidats pour se qualifier. Mais puisqu’une langue, ça s’apprend, pourrait-on alors diminuer l’importance des critères linguistiques pour mettre plus de poids aux autres critères d’employabilité ? Peut-être, mais il faudrait alors consentir à réinvestir massivement en formation linguistique. Je ne suis pas certain que cette idée soit populaire au gouvernement en ces temps de restrictions budgétaires.

— Il y a, me semble-t-il, une contradiction dans les termes dans les débats entourant l’immigration. On nous dit : l’immigration est une richesse, et au même moment, on nous explique que plusieurs communautés immigrées ne réussissent pas leur intégration économique, ce qui veut dire, on s’en doute bien, qu’elles contribuent moins qu’elles ne le pourraient à la richesse nationale. Puis on résout le problème en expliquant qu’elles sont victimes de discrimination et d’exclusion de la part de la société d’accueil. Que pensez-vous de cette vision des choses ?

— D’un côté, le gouvernement maintient de hauts niveaux d’immigration pour satisfaire aux demandes des milieux patronaux qui soutiennent avoir besoin de cette main-d’œuvre. De l’autre, les entreprises sont réticentes à l’embauche des personnes issues de l’immigration. Il est alors légitime de se poser des questions sur les réelles motivations des lobbys patronaux à faire constamment pression pour toujours hausser les niveaux d’immigration.

Des études, tant dans le reste du Canada qu’au Québec, ont fait état de discrimination systématique envers les personnes ayant des noms d’origine étrangère en faisant des tests de CV aux qualifications identiques[19][20]. La frilosité de certains ordres professionnels envers les diplômes étrangers peut également avoir nuire à certains immigrants (bien que la proportion ayant une formation nécessitant l’adhésion à un ordre soit faible). Néanmoins, la discrimination et le protectionnisme n’expliquent pas tous les problèmes rencontrés à l’insertion professionnelle. De nombreuses autres difficultés sont présentes et plusieurs d’entre elles sont systémiques et peuvent ainsi difficilement se résoudre sans réaménagement en profondeur de la société. En somme, le pouvoir d’action des intervenants du Québec demeure limité sur ce genre de difficultés. Entre autres, pensons aux compétences linguistiques, pour lesquelles un haut niveau est souvent indispensable pour occuper un poste qualifié. Pour beaucoup d’immigrants, le français n’est pas la langue maternelle, ce qui les désavantage à ce niveau. Pensons également à la qualité des systèmes d’éducation, qui est très variable d’un pays à l’autre et qui défavorise généralement les personnes issues des pays les plus pauvres. Si l’on admet qu’une coupure de quelques pourcentages des budgets reliés à l’éducation au Québec a un effet sur la qualité des services rendus, imaginez un système où les budgets par habitant ne représentent même pas le cinquième de ce que l’on a ici. Ensuite, nous pouvons également penser à la non-transférabilité internationale du capital humain. Pour prendre un exemple parlant : un avocat formé en Arabie séoudite, aussi compétent soit-il dans son pays d’origine, ne pourrait pas exercer au Québec, le système judiciaire étant trop différent. De la même manière, même si le corps humain est le même partout, les maladies ne sont pas les mêmes et les moyens de bord non plus, de sorte qu’un excellent médecin formé en Afrique pour soigner la malnutrition avec peu de matériels et médicaments aura nécessairement besoin d’une importante mise à niveau avant de pouvoir traiter les problèmes des patients au Québec. Pour les immigrants venant d’arriver, la méconnaissance des institutions et des codes culturels, de même que le fait d’avoir un réseau professionnel beaucoup moins développé constituent d’autres difficultés systémiques.

Finalement, il est également important de souligner qu’il est possible que l’augmentation des niveaux d’immigration explique en partie la détérioration de l’intégration économique des immigrants. Une récente étude effectuée par Statistique Canada[21] sur les immigrants arrivés entre 1982 et 2010 montre en effet que toute chose étant égale par ailleurs, une augmentation de la taille d’une cohorte entraine une diminution des revenus moyens de celles-ci, la raison probable étant une plus forte concurrence sur le marché du travail pour des profils similaires. Cela dit, il faut également rappeler que ces problèmes d’intégration économique ne pèsent probablement pas beaucoup sur la balance des finances publiques et sur la prospérité en général. La principale préoccupation à ce niveau doit plutôt se situer à l’échelle humaine, c’est-à-dire par rapport au bien-être de la population concernée par ces problèmes.

— Vous souhaitez une régionalisation de l’immigration. L’objectif est louable, mais comment le concrétiser ? Dans une société libérale, une fois les gens installés ici, une fois devenus citoyens, ils ont tous les mêmes droits et on imagine mal un gouvernement les assigner à résidence pour quelques années, pour repeupler des régions que les Québécois sont souvent les premiers à fuir. Comment réussir la régionalisation de l’immigration ?

— Des études ont montré l’effet bénéfique pour les immigrants de vivre hors région métropolitaine[22], ceux-ci ayant une meilleure situation professionnelle, sans compter que leur milieu de vie favorise les contacts avec les natifs. Cela dit, si je suis effectivement favorable à encourager la régionalisation de l’immigration, je demeure réaliste quant à notre pouvoir pour changer les choses de manière significative. La réalité est que l’immigration internationale est avant tout un phénomène intermétropolitain. Inévitablement, ce sont les grands centres qui accueilleront la majeure partie des immigrants, Montréal dans le cas de l’immigration au Québec, car c’est là que se situent les principaux points d’entrées, qu’il y a le plus d’occasions et c’est également là que se trouve un réseau déjà établi de la communauté d’origine, sans compter que les structures favorisant l’accueil sont également plus présentes (pensons entre autres au transport en commun). La région métropolitaine de Montréal reçoit ainsi plus de 80 % des 50 000 immigrants accueillis annuellement au Québec, alors qu’elle compte pour environ la moitié de la population. Les autres s’installent pour l’essentiel à Québec (6 %), Gatineau (3 %) et Sherbrooke (3 %). L’immigration internationale est ainsi un phénomène à peu près étranger aux autres régions du Québec. Par exemple, l’Abitibi-Témiscamingue et le Bas-Saint-Laurent n’accueillent que quelques dizaines d’immigrants par année, en incluant les adoptions internationales. Néanmoins, s’il est peu probable qu’une proportion importante d’immigrants s’installe dans les villages, les régions métropolitaines plus petites (Québec, Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières, Saguenay) et d’autres villes de taille moyenne pourraient certainement améliorer leur bilan, notamment celles où l’on retrouve un pôle universitaire.

S’il est inconcevable de forcer les immigrants à s’installer dans une région prédéterminée et à y rester, certains programmes pourraient néanmoins favoriser la régionalisation. Par exemple, l’on pourrait ouvrir un certain nombre de places à un tarif préférentiel (c’est-à-dire le même qu’aux Québécois) à des candidats étrangers dans des programmes universitaires ou collégiaux ciblés en partenariat avec les acteurs économiques locaux, plutôt que de charger le tarif international. Ces candidats seraient recrutés en fonction de leur performance scolaire, de leur âge et de leur connaissance linguistique. Le ministère de l’Immigration leur accorderait la résidence permanente de manière conditionnelle à l’obtention du diplôme. Les candidats ayant ensuite des diplômes québécois reconnus et recherchés sur le marché du travail au terme de leurs études auront beaucoup moins de barrières à l’obtention de bons emplois. Le fait d’étudier et de vivre durant un certain nombre d’années dans les régions faciliterait par ailleurs la rétention.

— La question des seuils est fondamentale, même si vous la prenez de biais. Le Québec a-t-il les moyens d’accueillir plus de 50 000 immigrants par année ? On vient tout juste de l’évoquer, d’ailleurs, ces immigrants ont moins à s’intégrer à 8 millions de Québécois, mais plutôt à une population métropolitaine d’environ 3 000 000 de personnes où les Québécois francophones sont en voie de minorisation accélérée. Le peuple québécois pourra-t-il encore longtemps supporter des seuils d’immigration aussi élevés ? 

— Il est difficile de répondre à la question des seuils et plus généralement de la capacité d’accueil, dans la mesure où ces enjeux sont intimement liés à nos attentes, notamment en ce qui concerne l’intégration économique, la francisation et la régionalisation. Si la plupart des intervenants s’accordent généralement sur l’importance de ces trois points, ceux-ci sont néanmoins souvent relégués au second plan. Le principal défaut de la manière de procéder habituelle de la politique d’immigration actuelle est que les objectifs sont quantitatifs avant d’être qualitatifs. Avant d’assurer une bonne intégration professionnelle, une francisation adéquate et une régionalisation de l’immigration, le ministère cherche à atteindre les seuils d’immigration qu’il s’est fixés. Or, devant l’absence d’impact important du nombre d’immigrants reçus sur le vieillissement de la population, les finances publiques, la prospérité et le marché de l’emploi, cette approche doit être revue.

À mon avis, il serait préférable de considérer les seuils non pas comme un objectif, mais comme une conséquence de nos attentes en matière d’intégration économique, de francisation et de régionalisation. Le principal objectif des planifications du ministère de l’Immigration serait alors de déterminer les conditions minimales que l’on juge acceptables sur chacun des trois points ci-dessus (par exemple, un taux de chômage maximum jugé acceptable, une proportion minimum d’intégration en français et une proportion minimum s’installant en régions) et d’ajuster la grille de sélection en conséquence, en prenant en considération les moyens financiers pouvant aider l’atteinte de ces objectifs (formation linguistique, stages subventionnés en entreprise, etc.). Le nombre d’immigrants reçus serait alors la conséquence de ces objectifs d’intégration et non un objectif en soi.

Selon cette approche, si l’on dispose des moyens pour assurer une bonne intégration professionnelle des immigrants, en français et suffisamment en région, alors il n’y a pas de raisons de limiter les seuils à 50 000. Au contraire, si dans un contexte de restriction budgétaire, on coupe dans les services de francisation et si en plus, le nombre de candidats très qualifiés désirant immigrer au Québec n’est pas suffisant pour permettre une sélection évitant de trop grandes difficultés d’intégration professionnelle, alors il est inutile de chercher à atteindre quand même des seuils élevés. Pour information, pour atteindre les seuils qu’il s’est fixés, le Québec doit actuellement avoir une grille de sélection beaucoup moins sévère que celle du gouvernement fédéral qui s’applique aux immigrants en destination du reste du Canada.

Par rapport à la taille de la population, le Québec se situe parmi les régions les plus accueillantes du globe. À 50 000 immigrants par année, le taux annuel d’immigration au Québec est d’environs 6/1000. C’est moins que la Norvège (13/1000), la Belgique (10/1000) et que la moyenne canadienne (7/1000), comparable au Danemark (6/1000), mais plus élevé que la France (2/1000), la Finlande (4/1000) et les États-Unis (3/1000). La comparaison avec l’Europe est difficile, dans la mesure où les définitions ne sont pas les mêmes (par exemple, le statut de « résident permanent » n’existe pas dans plusieurs pays d’Europe et l’on inclut aussi souvent dans les entrées les résidents temporaires, contrairement au Canada). De plus, pour les pays faisant partie de l’espace Schengen, la migration entre les pays membres est conceptuellement plus proche d’une migration interprovinciale au Canada que d’une véritable migration internationale. Les taux comparés ne réfèrent ainsi pas à la même chose. Si on limite la comparaison aux 13 provinces et territoires canadiens et 50 états américains, le Québec se positionne au 9e rang, ce qui le place à un niveau comparable aux états de New York et de la Floride.

Source et notes

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Début d'un petit débat sur l'immigration au Québec ?


L'immigration, le remède imaginaire (Benoît Dubreuil et Guillaume Marois)

Institut Fraser : L’immigration massive nuit au bien-être des Canadiens en général ; les politiques d’immigration doivent être revues (étude de 264 pages)

Bock-Côté : Immigration, un tabou explose

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mercredi 11 février 2015

États-Unis : un militant athée tue trois musulmans

Deah Shaddy Barakat, sa femme Yousor Mohammad et la sœur de celle-ci Razan Mohammad Abou-Salha. Craig Hicks (à droite) a été accusé de leur meurtre
Trois musulmans ont été tués par balle chez eux mardi soir, dans le quartier de Chapel Hill en Caroline du Nord (États-Unis), suscitant l’émotion de nombreux internautes, un homme de 46 ans farouchement anti-religieux s’est ensuite rendu à la police.

Agés de 19 à 23 ans, les victimes sont Shaddy Barakat, un étudiant dentiste, sa femme Yousor Mohammad, et la sœur de celle-ci, Razan Mohammad Abou-Salha, selon le site du journal local Chapel Hill News. Le suspect, Craig Hicks, partageait régulièrement sur sa page Facebook des messages athées militants mettant en cause l’islam, mais aussi le christianisme. Pour autant, la police déclare que le mobile n’est pas encore établi.

Parmi les programmes de télévision de prédilection de Hicks on retrouve The Atheist Experience, Esprits criminels et Friends, alors qu’il se décrit comme un admirateur du Siècle de la raison de Thomas Paine et de Pour en finir avec Dieu de Richard Dawkins.

« Nos enquêteurs étudient ce qui aurait motivé M. Hicks à commettre un tel acte insensé et tragique. Nous comprenons les préoccupations qu’il pourrait s’agir d’un crime haineux et nous explorerons toutes les pistes afin de déterminer si c’est bien le cas. Nos pensées sont avec les familles et les amis de ces jeunes gens qui ont perdu leur vie inutilement », a déclaré Chris Blue, chef de la police de Chapel Hill. Une dispute entre voisins sur des questions de stationnement est également envisagée, selon le communiqué de la police.

Toutefois, le père musulman de deux des victimes a insisté mercredi que le voisin de ses filles et leur tueur présumé les avaient menacées auparavant et aurait été poussé par la haine envers les religions. Le docteur Abou-Salha a déclaré que sa fille, qui habitait à côté de Hicks, portait un foulard islamique et qu'elle aurait dit à sa famille il y a une semaine qu'elle avait « un voisin haineux ». « Je vous le jure, il nous hait pour ce que nous sommes et à cause de notre apparence », a déclaré le père désemparé qui citait sa fille défunte.

Les sœurs Salha étaient étudiantes à l’Université d’État de Caroline du Nord et Barakat était doctorant à l’École médecine dentaire (UNC-Chapel Hill), selon les médias locaux. Dans un communiqué, la police dit qu’ils ont répondu à un rapport de coups de feu dans la zone habituellement calme de Summerwalk Cercle à Chapel Hill à 17 h 11 ce mardi. À l’arrivée, les agents ont trouvé les trois jeunes personnes déclarées mortes sur la scène du crime.

Sur Twitter, le mot-dièse (croisillon) #ChapelHillShooting se classait ce mercredi matin en deuxième place des tendances mondiales. De nombreux internautes pointent une couverture médiatique très discrète pour le moment. Le militant athée Richard Dawkins s’est dissocié de ces meurtres.

Selon nombre d'internautes sur Twitter, si le tireur avait été musulman, il aurait été qualifié de terroriste, ce qui n'a pas été le cas par les principaux médias américains.

Extraits du « mur » de Craig Hicks sur Facebook :






Sources : Libération, The Telegraph et The Independent


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« Alors que la période prémoderne se caractérisait par la recherche de l'hégémonie religieuse et par le prosélytisme qui conduisit l'Europe aux guerres les plus meurtrières de son histoire, la période moderne se caractérise par la sécularisation, la tolérance et le respect mutuel dans l'aire occidentale. » (Expertise du professeur Georges Leroux pour les procès de Drummondville et de Loyola, p. 26) Quid du nazisme, du communisme, de l'athéisme militant ? Notons que période moderne en histoire ne veut pas dire période contemporaine.





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