vendredi 2 novembre 2012

Chine — Exclusion des migrants internes des universités prestigieuses

Parmi les nombreux défis que les nouveaux dirigeants chinois seront appelés à relever quand ils rentreront en fonction à la mi-novembre, il en est un qui consistera à octroyer aux migrants chinois et à leurs familles les mêmes droits que les citadins. Récemment à Pékin, la simple évocation que les enfants des ruraux ou des migrants d’autres villes puissent passer les examens des universités de la capitale a déclenché un débat féroce et de vifs échanges publics entre groupes rivaux.

Le cœur du problème réside dans la carte de séjour (ou le livret de famille) appelé hukou (户口 prononcé houkoou).

Le gouvernement chinois a mis en place, à la fin des années 1950, un système très restrictif pour contrôler les flux migratoires. Initialement, ce permis de résidence interdisait à toute personne née dans une ville de travailler et de vivre dans une autre, à moins d'obtenir un nouveau hukou, avalisant le changement de résidence. Seul le hukou urbain permet de vivre et de travailler en ville, d'y scolariser son enfant et d'y bénéficier d'une assurance médicale ou d'indemnités de licenciement. Aujourd'hui, malgré des assouplissements, l'obtention d'un permis de résidence urbain reste très difficile. Les grandes villes maintiennent en effet un dispositif discriminatoire à l'encontre des travailleurs migrants, les mingong, qu'elles ne souhaitent pas voir s'installer à leur périphérie. Un moyen pour les villes de contrôler la très forte poussée migratoire que le boom économique provoque.

Pékin a une forte population immigrée, elle abrite également de nombreuses écoles et universités publiques prestigieuses. La ville ne désire pas en faciliter l’accès aux gens dépourvus de la carte de séjour pour Pékin. Même les écoles privées destinées aux enfants de migrants ruraux sont systématiquement rasées par les autorités de la ville. Une sorte d'apartheid est à l'œuvre.

Déjà, en 2008, Lingling, élève de dernière année au cégep (terminale en France) à Pékin, avait tenté de se suicider par empoisonnement. Excellente élève, mais sans papier de résidence pékinois du fait d’une complexe situation familiale, elle ne pouvait s’inscrire au fameux gaokao, le baccalauréat chinois qui conditionne l’entrée à l’université. Lingling était une des nombreuses victimes du système du hukou, le carnet de famille stipulant, le lieu de résidence de tout citoyen chinois. Ce document administratif est un outil de contrôle des flux migratoires : nul n’est supposé habiter ailleurs que le lieu dicté par son hukou. Ce système fait des 200 millions de migrants internes à la Chine, des citoyens de seconde zone ; l’accès aux logements sociaux, école, santé, transports, supposent le bon hukou. Il divise les citoyens chinois en urbains et ruraux : en avoir ou pas.

Même s'ils sont nés dans la capitale, les enfants hérite du hukou d'une ou l'autre de leurs parents. Pour les enfants nés de «gens d’ailleurs», les « horsains », comme on nomme les gens dépourvus du hukou de Pékin, il est devenu quasiment impossible de passer les examens d’entrée aux universités pékinois, car ils doivent passer ceux-ci dans la région indiquée dans le hukou de leurs parents.

Peu importe s’il s’agit d’un lointain patelin que ces enfants n’ont jamais visité ou qu’ils n’y connaissent personne. Pire, le programme des examens d’entrée varie d'un endroit à l'autre. Les enfants doivent donc généralement quitter la maison et s’inscrire dans les écoles secondaires années où ils finiront par passer l'examen d’entrée à l’université. Ceux qui quittent Pékin pour passer l’examen d’entrée universitaire (le gaokao) ont peu de chance de pouvoir fréquenter une université dans la capitale, puisque les universités pékinoises allouent un nombre disproportionné de places aux titulaires de hukou de Pékin.

Les autorités ont fait allusion à des changements prochains. En août 2012, le gouvernement central a demandé aux administrations locales de produire des «plans concrets» d'ici la fin de l'année pour permettre aux étudiants de se présenter au gaokao de leur lieu de résidence plutôt que celui indiqué sur leur hukou. Toutefois, leurs parents sont sceptiques, car la directive demande aux gouvernements locaux de trouver des moyens pour empêcher toute migration liée au gaokao : c’est-à-dire empêcher tout déménagement dans une nouvelle ville afin d’améliorer ses chances d'entrer dans les universités de cette nouvelle ville. La directive sous-entend que les villes peuvent continuer de discriminer envers les étudiants horsains qui souhaitent passer l'examen d’entrée. Elles peuvent exiger une preuve d'emploi de leurs parents, de leurs paiements d'impôts et de leurs contributions à une mutuelle locale. De nombreux migrants ne disposent pas de tels documents. « Cela ne devrait pas dépendre de ce que les parents peuvent prouver», dit une mère en colère, qui, avec plusieurs dizaines de parents outrés s’est rendue à la commission de l'éducation de Pékin afin de manifester en faveur d’exigences moins strictes.

Voir aussi

Émeute des travailleurs migrants

La Chine reconsidère l’« apartheid » paysan (BBC en anglais)








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Une école homo en projet à Toronto

Le conseil scolaire du district de Toronto étudie l'ouverture d'un lycée pour les élèves qui se disent homos. Une première consultation s'est tenue dans une ville où les écoles alternatives sont de plus nombreuses, avec des résultats mitigés.

« Une école pour les homo à Toronto ?», s'interrogent ces jours-ci les médias de la Ville Reine. Des étudiants et des professeurs de la communauté homosexuelle de Toronto ont mené une première consultation pour étudier l'ouverture d'une école homosexuelle.

Ce lycée accueillerait des élèves qui se disent homosexuels âgés de 14 ans à 17 ans. Les deux instigateurs du projet sont un professeur et conseiller du conseil scolaire du district de Toronto, Javier Davila et un étudiant torontois, Fan Wu. Si les contours d'une telle école demeurent encore flous, celle-ci recevrait des élèves, des professeurs et des personnels administratifs homosexuels.

« Il y a un réel manque d'éducation et un besoin pour une école qui encourage l'esprit critique, particulièrement dans les domaines du sexe et de la diversité sexuelle », prétend Fan Wu au magazine Torontois Xtra. Outre la mise en valeur d'une « culture homosexuelle » dans un Canada anglais où les librairies et les bibliothèques ont déjà des rayons de littérature dite homo, les promoteurs du projet estiment que de nombreux étudiants se sentent rejetés ou se disent persécutés et qu'une telle école ferait office de refuge. Rappelons cependant que les causes d'intimidation sont multiples et que l'intimidation sur la base du sexe des personnes (pas nécessairement uniquement parce qu'une personne est homosexuelle donc) arrive loin derrière les brimades sur le physique, les notes, l'origine culturelle et linguistique.

Polémiques

Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer un programme ségrégationniste alors que la coterie LGBTQ2S a réussi à imposer des « cercles homo-hétéro » jusque dans les écoles catholiques de la province. Le pasteur Charles McVety, du Canada Christian College, s'est indigné lors d'une entrevue au Toronto Sun : « C'est scandaleux, mais je ne suis pas surpris. Les homosexuels ont déjà fait redéfinir la notion de mariage... Cette école est de la ségrégation ». Les critiques des opposants ont assez peu portées sur le fond, mais essentiellement sur l'utilité d'avoir une telle école financée avec l'argent des contribuables. « Laissons la communauté homo fonder son école avec ses propres dollars », a proposé le pasteur McVety.

La communauté homosexuelle semble elle-même assez divisée. Si le conseil scolaire s'est gardé de mettre de l'huile sur le feu ou de prendre position et de dévoiler un échéancier, la Ville Reine est habituée aux écoles alternatives. Le conseil scolaire du district de Toronto a donné son feu vert il y a quelques années aux premières écoles axées sur la culture noire.

Dans ces établissements où se trouvent des jeunes noirs en situation d'échec scolaire, les professeurs tentent de motiver les écoliers en leur apprenant, dans toutes les matières, quelle a été la contribution des noirs à la société canadienne. Le succès est mitigé. Si l'école élémentaire pour noirs fonctionne à pleine capacité, l'école secondaire n'a accueilli que six élèves à la rentrée. Cet échec a relancé le débat sur le besoin d'avoir une telle école et il a donné de l'eau au moulin des opposants à l'école homo.




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