Un texte de Martin Maltais, Professeur en financement et politiques d’éducation, paru dans le Journal de Montréal.
Au cours des cinq prochaines années, on peut estimer que Québec consacrera près d’un milliard de dollars à l’anglicisation de Montréal.
Seulement en 2022-2023, sur la base de la fréquentation universitaire de 2021-2022, près de 200 millions de dollars sont accordés en subvention à 3 universités anglophones (Tableau 1) pour que des étudiants de maîtrise et de doctorat non québécois, mais aussi des étudiants de 1er cycle non québécois «exemptés» contribuent à l’anglicisation de Montréal et du Québec.
Comme je l’ai récemment écrit et dit sur différentes tribunes, je suis profondément convaincu que le destin du français est lié à celui de la science. Et ce destin, pour qu’il soit florissant, signifie que l’on doit d’abord cesser de subventionner un destin funeste.
Davantage pour la recherche scientifique
Je tiens à être clair: j’aime nos universités anglophones et j’en suis fier. Je suis parfaitement d’accord à ce que des jeunes québécois fréquentent ces établissements et que nous en assumions une large partie des coûts. Je pense que c’est un enrichissement de pouvoir maîtriser plus d’une langue, particulièrement pour de jeunes adultes. Toutefois, lorsqu’il s’agit de personnes qui proviennent de l’extérieur du Québec, il est anormal que l’on accorde les mêmes frais et privilèges, peu importe la langue de fréquentation universitaire et, surtout, sans aucune contrepartie.
D’autant que concrètement, il s’agit de 200 millions de dollars par année qui permettent à des personnes de venir suivre un parcours essentiellement de 2e ou 3e cycle, en anglais, au Québec, aux frais des contribuables québécois. Ces personnes étudient en anglais, vivent en anglais. Cette activité contribue à angliciser Montréal et le Québec. Pourquoi ne pas prendre les mêmes ressources financières et les allouer exclusivement à une fréquentation en langue française? Ce serait plutôt l'occasion pour plutôt franciser davantage Montréal et surtout, la recherche scientifique au Québec!
Gains rapides
Les emplois découlant des 2e et 3e cycles dépassent largement, et de plus du double, les «jobs payantes» souhaitées par le premier ministre. Alors, pourquoi les subventionner en anglais pour des non-Québécois? Ce chantier que je soumets permettrait de faire des gains rapides et à un coût nul pour la vitalité du français dans nos universités francophones à travers des parcours menant à des emplois payants: si la ministre de l’Enseignement supérieur et ses collègues concernés posent des gestes appropriés et rapides, bien sûr!