samedi 24 décembre 2022

ChatGPT, l’intelligence artificielle qui inquiète les profs : « Elle réussit l’examen d’entrée pour les ingénieurs ! »

ChatGPT : c’est le nom de la nouvelle intelligence artificielle qui agite le monde de la « tech ». Pourtant, elle n’est qu’au stade de développement. Pourquoi alors en parle-t-on tellement et qu’est ce qui explique son succès ?

Elle a déjà gagné 1 million d’utilisateurs en 1 semaine. Premièrement, parce qu’il y a Elon Musk derrière. Deuxièmement, parce que chacun peut tester derrière son écran d’ordinateur cette version bêta. Troisièmement : parce qu’on a tenté l’expérience et que c’est bluffant.

Exemple de requête à ChatGPT (faite en français) et sa réponse (en français)

 Alors c’est quoi exactement ?

Imaginez que vous avez une question précise et que vous voulez avoir une réponse dans la seconde. C’est ce que propose ChatGPT : plus besoin de chercher des heures sur internet. Et puis et surtout, l’intelligence vous pond un texte, bien rédigé, sur des questions qui sont parfois existentielles. ChatGPT n’est pas sans faille : elle ne peut évidemment pas prédire l’avenir et ses compétences se limitent au savoir acquis. Plus intéressant qu’un Google, elle permet d’écrire en clic de souris des dissertations ou de la poésie avec le nombre de mots que vous souhaitez.

Un exemple de question : L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer l’être humain ?

Réponse de ChatGPT : « Il est vrai que l’intelligence artificielle est en train de devenir de plus en plus avancée et qu’elle pourrait un jour être capable de remplacer l’être humain dans certaines tâches. Cependant, il est important de garder à l’esprit que l’IA ne peut pas remplacer l’être humain dans toutes les situations. Les êtres humains ont des qualités uniques, comme l’empathie et la créativité, qui ne peuvent pas être reproduites par l’IA. De plus, il est important de veiller à ce que l’IA soit utilisée de manière éthique et responsable pour ne pas nuire aux êtres humains. »

Une aide à la triche

Et puis — vous me voyez venir —, c’est un bon moyen pour certains de gagner du temps, pour les étudiants de composer un travail de fin d’année en un clic de souris. Nous avons fait l’exercice sur une dissertation de 6e secondaire.

Autre requête (il n’y a pas d’exemples précis dans ce cas…)

 

Résultat : l’intelligence artificielle a reçu la cote de 5 sur 5. « J’ai toutefois repéré que c’était écrit par un ordinateur : le style, le peu de fautes d’orthographe (sic), le manque d’humour ou de prise de position », nous explique Lionel Dohet-Eraly, professeur de français. « Mais à part cela, c’est excellent. Il faudra être attentif et se réinventer : demander des dissertations plus créatives aux étudiants. »

« Il réussit l’examen d’entrée pour les ingénieurs ! », constate Axel Legay, professeur d’informatique à l’Université catholique de Louvain. « En tout cas, je crois que cela signe la mort des examens à distance, comme on le faisait pendant le Covid. »

ChatGPT est capable d’écrire de petits programmes simples. Il est nettement moins bon quand l’énoncé est plus compliqué. Exemples ci-dessous de programmes produits erronés.

 

Il faudra que les profs soient vigilants. Oui, mais comment ? En vérifiant sur ChatGPT ? Ce sera compliqué. Il faudra également être attentif pour qu’elle ne diffuse pas de fausses informations, ou, qui sait, qu’elle crée de nouvelles arnaques via des personnes malintentionnées.

Source : RTBF

Autres exemples :

Scrabble francophone : soixante mots bannis dont « poufiasse », « schleu », « tarlouse », « travelo », « femmelette » et « bamboula »

Texte de Christian Rioux, correspondant du Devoir à Paris depuis 1995, il a aussi écrit pour L’actualité, Le Monde, Libération, La Croix, Courrier international et le journal espagnol La Vanguardia.

La vie politique ressemble parfois à ces jeux de société qui font fureur à Noël. Ces passe-temps, dont on trouve des traces jusque dans les tombes mésopotamiennes, tirent d’ailleurs leur nom de leur capacité à exprimer la sociabilité et les mœurs de leur époque. Comment ne pas voir, par exemple, dans Monopoly, un concentré des valeurs qu’exalte le capitalisme moderne ? Ou dans Clue, l’engouement qui s’est développé tout au long du XXe siècle pour le roman policier ? Les jeux vidéo n’ont-ils pas de même contribué à faire basculer notre monde dans un univers virtuel et technologique ?


On ne devrait donc pas prendre à la légère la décision du fabricant de jouets Mattel de modifier les règles du Scrabble en bannissant des mots dont l’éditeur prétend qu’ils « constituent une incitation à la haine et à la discrimination ». S’il faut en croire le magazine L’Express, après les universités, de nombreuses sociétés d’État, les musées et plusieurs grands de la communication et du cinéma, la société qui détient les droits du jeu de Scrabble hors des États-Unis a décidé de se conformer au nouveau catéchisme néopuritain qui a cours dans ce pays. Malgré l’opposition du comité de rédaction, plus d’une soixantaine de mots devraient être bannis de la prochaine édition de L’Officiel du Scrabble, publié par les éditions Larousse, la bible de la Fédération internationale de Scrabble francophone, qui regroupe plus de 20 000 membres.

Au menu, des injures de nature sexuelle ou ethnique et des mots d’argot comme « poufiasse », « schleu », « tarlouse », « travelo », « femmelette » ou « bamboula ». Dans son délire idéologique, Mattel voulait même bannir le mot « salope », mais pas son équivalent masculin (« salop »), les hommes pouvant subir toutes les avanies du monde sans que la multinationale ne s’en offusque. Aux États-Unis, d’où provient ce nouveau maccarthysme, le fabricant Hasbro avait déjà amputé le dictionnaire de plus de 400 mots. Parmi eux, on trouve même les mots « Jesuit » (jésuite) et « Jew » (juif), que l’éditeur anglophone juge péjoratifs.

On connaissait le cache-sexe du mot en n. Voilà que l’on vient d’un seul coup d’inventer les mots en P, S, T, B, J et j’en oublie. Étrange paradoxe, plus le dictionnaire rétrécit, plus il faudra ajouter des lettres à l’alphabet ! On dira qu’il ne s’agit que d’un jeu et que rien de tout cela ne porte à conséquence. C’est ce qu’on a cru aussi la première fois où une rumeur évoqua la possibilité de modifier le titre des Dix Petits Nègres, le succès de librairie ded’Agatha Christie. Qui aurait cru, alors, que l’on pourrait aujourd’hui perdre son emploi pour avoir simplement évoqué Nègres blancs d’Amérique, de Pierre Vallières, ou l’Anthologie nègre, de Blaise Cendrars ?

C’était sous-estimer l’esprit de soumission qui règne parmi nos élites. En fin connaisseur des États-Unis, l’écrivain Romain Gary ne s’y était pas trompé. Dès 1970, dans Chien blanc, il faisait remarquer que « le signe distinctif de l’intellectuel américain, c’est la culpabilité. Se sentir personnellement coupable, c’est témoigner d’un haut rang moral et social, montrer patte blanche, prouver que l’on fait partie de l’élite. Avoir “mauvaise conscience”, c’est démontrer que l’on a une bonne conscience en parfait état de marche et, pour commencer, une conscience tout court ». L’écrivain ne pouvait cependant imaginer qu’un jour, toutes les élites occidentales se prendraient pour des Américains.

Un éditeur français de retour du Salon du livre de Montréal me confiait qu’on lui avait suggéré de faire comme aux États-Unis et de soumettre ses livres à des « sensitivity readers ». Ces représentants autoproclamés de divers groupes ethniques ou minoritaires ont pour rôle de censurer ce qui pourrait les offenser. « C’est la fin de l’édition, me disait-il. On ne peut pas publier des livres en se pliant aux caprices de chacun. »

Avec cette peur des mots, qui aurait publié Michel Tremblay, dont le vocabulaire avait été jusque-là jugé ordurier et donc indigne du théâtre ? Et Michel Marc Bouchard, dont la pièce Les feluettes porte un titre pour le moins équivoque ? On n’imagine pas le nombre de films, comme ceux dont Michel Audiard a signé les dialogues, qu’il faudra censurer. Ce délire puritain nous ferait presque regretter les anciennes interdictions de blasphémer. Au moins, à cette époque, les censeurs étaient reconnaissables à leur soutane.

De la censure des mots à celle des livres, il n’y a qu’un pas. On s’étonne pourtant du peu de cas que suscitent ces mises à l’index. Comme si nos élites médiatiques et culturelles en avaient pris leur parti. Cela a quelque chose de déconcertant qui nous aide à comprendre comment les idéologies les plus délétères ont pu se répandre dans l’histoire sans qu’on lève le petit doigt.

À lire ces listes de mots interdits venues d’un autre âge, on songe à l’époque de Voltaire. Dans un texte prophétique intitulé De l’horrible danger de la lecture, le polémiste ironisait sur le Grand Mufti de la Sublime Porte lui prêtant un discours dénonçant « le pernicieux usage de l’imprimerie ». Il fallait, disait-il, ne surtout pas « dissiper l’ignorance » et que dans toutes les conversations on n’utilise que « des termes qui ne signifient rien ».

Trouverait-il un éditeur aujourd’hui ? Entre deux parties de Scrabble, ce pourrait être une lecture salutaire à Noël.

Voir aussi

Le Scrabble anglophone exclut des centaines mots pour être plus « inclusif »

Irlande — professeur catholique emprisonné pour avoir refusé d’utiliser les pronoms « neutres » d’un de ses élèves transgenre

Enoch Burke a passé 107 jours à la prison de Mountjoy à Dublin. Il a été libéré mercredi (voir sa photo ci-dessous à sa sortie de prison).


Ce professeur a été emprisonné en septembre après avoir enfreint l’interdiction de pénétrer dans son école, à Multyfarnham, dans le comté de Westmeath. L’école l’avait suspendu avec solde lors d’un processus disciplinaire, après avoir confronté la directrice lors d’une réunion scolaire en juin. L’enseignant s’était insurgé quand la directrice de l’école avait ordonné aux enseignants d’appeler un élève qui se disait transsexuel par le prénom qu’il avait choisi et d’utiliser leur pronom neutre « iel » pour s’y référer.

Burke, qui affirme que l’ordonnance viole ses droits religieux, a continué à fréquenter l’école, ce qui a conduit à une ordonnance du tribunal lui enjoignant de tenir à l’écart de l’école. Le juge Brian O’Moore a averti Burke qu’il retournerait en prison s’il ignorait à nouveau les ordonnances du tribunal.

Le juge a déclaré que l’emprisonnement de Burke l’avait transformé de « professeur ordinaire » en un « nom connu de tous ». Le juge l’a accusé d’avoir « exploité son emprisonnement à ses propres fins ». « Le tribunal ne permettra pas à quelqu’un reconnu coupable d’outrage au tribunal de tirer un avantage de ce défi », a-t-il ajouté. Et c’est pourquoi il a été libéré…


Billet du 13 septembre 2022

Échec de sa demande de libération

L’enseignant impliqué dans un différend transgenre, Enoch Burke, a échoué dans sa tentative d’être libéré de la prison de Mountjoy — après avoir soutenu que les procédures disciplinaires engagées contre lui par l’école étaient « illégales et inconstitutionnelles ».

Le chrétien évangélique est en prison depuis plus d’une semaine après avoir enfreint une injonction lui interdisant de fréquenter l’école où il travaille.

Le différend de M. Burke avec l’école de l’hôpital Wilson à Multyfarnham, dans le comté de Westmeath, a commencé lorsque le personnel a été « invité » (selon le Irish Mirror) à se référer à un élève qui souhaitait faire sa « transition » de genre avec les pronoms « ils/eux ». Invitation qui ressemble visiblement fort à une obligation ferme.

M. Burke, qui prétend que le transgenrisme est contraire à ses fortes croyances religieuses, a refusé de le faire et a ensuite publiquement confronté le principal pour exprimer son opposition à l’utilisation de ces pronoms.

Il a été mis en congé administratif dans l’attente d’une procédure disciplinaire pour cet « éclat », mais M. Burke a continué à fréquenter les locaux, ce qui aurait obligé l’école à obtenir une injonction du tribunal pour l’en empêcher.

La Haute Cour a emprisonné l’enseignant lundi dernier pour avoir enfreint cette injonction, et il est resté à Mountjoy depuis lors.

Hier, M. Burke, qui s’est représenté lui-même avec l’aide de son frère Isaac, a demandé au tribunal des injonctions mettant fin au processus disciplinaire des écoles qu’il a qualifié d’« inconstitutionnel et illégal ».

Il a déclaré que la décision de le mettre en congé payé était « déraisonnable, injuste, injuste et illégale » et a déclaré qu’il serait « inadmissible » d’autoriser la tenue d’une audience disciplinaire à Mullingar le mercredi 14 septembre ou à toute autre date.

« Je devrais rentrer à la maison avec mon père et mon frère ce soir », a déclaré M. Burke, qui a été traduit en justice depuis la prison de Mountjoy.

Il a ajouté qu’il voulait retourner travailler à l’école.

[…] L’affaire reviendra devant le tribunal demain.

Billet Originel du 6 septembre

En Irlande, un professeur catholique a été emprisonné lundi 5 septembre, rapporte le Daily Mail. Son tort ? Avoir refusé d’user des pronoms neutres d’un de ses élèves qui se dit transgenre. Enoch Burke, enseignant en allemand et histoire dans un établissement scolaire catholique irlandais, a été arrêté et traduit en justice. Devant le tribunal, il a affirmé avoir été suspendu par l’école pour avoir, en mai dernier, refusé d’appeler un de ses élèves « un garçon » comme étant « une fille ». Il a déclaré qu’une telle directive était « contraire aux Écritures » et allait à l’encontre de « l’éthique de [s] on école et de l’Église d’Irlande », et qu’il ne pourrait jamais l’accepter, car il n’est pas d’accord avec l’idéologie transgenre.

L’enseignant Enoch Burke (photographié lundi sous escorte policière) a été arrêté lundi matin pour avoir enfreint une ordonnance du tribunal l’empêchant de se trouver dans son école de Westmeath

Emprisonné

À la suite de cette affaire, Enoch Burke avait été suspendu en août dernier, tout en conservant sa rémunération. Mais il est revenu à l’école, vendredi 2 septembre. C’est la police de l’établissement qui l’a arrêté lundi 5 septembre et l’a transféré au tribunal de Dublin. Le juge a demandé l’incarcération du professeur pour qu’il respecte la décision de l’école. L’enseignant, qui se défendait lui-même, a affirmé qu’il avait été suspendu à tort de son poste, expliquant que le processus disciplinaire utilisé pour le suspendre était entaché d’un vice de procédure et que l’injonction n’aurait pas dû être accordée. Enoch Burke a déclaré qu’il « aimait être enseignant » et qu’il appréciait l’école en elle-même, confirmant toutefois son opposition au traitement de l’élève souhaité par sa direction. Il a ajouté qu’il « ne voulait pas aller en prison » et qu’il respectait la loi. Cependant, se conformer aux ordres serait « un mépris » de ses propres croyances chrétiennes profondes qui, selon lui, lui sont « très chères ». Accepter de se conformer à l’ordonnance du tribunal, a-t-il dit, reviendrait à enfreindre sa propre morale, son éthique et ses opinions religieuses.

Sources : Daily Mail et VA.

« Au Wokistan, Noël dérange et pose de graves problèmes existentiels »

Une simulation du sapin de verre et d’acier place Pey-Berland, à Bordeaux, réalisée par l’artiste Arnaud Lapierre.

Pour une « communication inclusive », la Commission européenne a proscrit des mots comme « Noël ». Revenant sur de multiples exemples similaires dans les villes écologistes, Anne-Sophie Chazaud montre que les élus progressistes s’évertuent à déconstruire cette fête traditionnelle. Anne-Sophie Chazaud est chercheuse et essayiste, auteur de Liberté d’inexpression, des formes contemporaines de la censure (éditions de l’Artilleur, 2020).

Se pencher sur les inepties foisonnantes et non dénuées d’inventivité produites par la plupart des élus écologistes (lesquels se préoccupent en réalité bien peu d’écologie), c’est un peu comme goûter avec émerveillement et gourmandise aux joies quotidiennes d’un calendrier de l’avent : à chaque jour son petit plaisir, sa petite décision ridicule, sa volonté pathétique de provoquer, son désir infantile de choquer le bourgeois (et le populo tant honni), son obsession à déconstruire les codes et les repères traditionnels, en particulier lorsqu’ils ont trait à l’ancrage historique chrétien (horresco referens !) de la France (rien que des gros mots !). Et les déclarations ou décisions grotesques se succédaient ainsi en une sorte de concours secret que semblaient se livrer ces édiles, concours dont le vulgum pecus ignorait les règles obscures et dont le prix du gagnant était peut-être un Clitoris d’Or — en pâte à sel — fabriqué grâce aux dons de sorcellerie de Dame Sandrine Rousseau, qui sait…

La conquête accidentelle [par les écologistes] pour cause de Covid de seulement 8 villes (sur 42) de plus de 100 000 habitants avec un taux d’abstention record de 56 % et une légitimité plus que ténue (en raison même des circonstances dans lesquelles s’est déroulé ce processus électoral, entre confinement et peur panique) a néanmoins fait pousser des ailes à ces exécutifs locaux qui, aussitôt aux manettes, ont donné le ton sur un mode bien peu rassembleur et volontiers idéologique, où l’arrogance le dispute bien souvent à la simple bêtise, lesquelles nuisent du reste toutes deux à la cause environnementale à laquelle chaque être humain normal ne peut qu’être sensible.

Il y eut par exemple l’empressement à se jeter sur l’écriture inclusive, ce charabia en réalité excluant pour tous ceux qui connaissent des difficultés de lecture et cognitives (mais qu’à cela ne tienne puisqu’il ne s’agit là de rien d’autre que d’un signe extérieur de richesse culturelle témoignant du désir malsain d’insécuriser la langue), il y eut les déclarations loufoques sur la 5G (servant, comme chacun sait, selon l’inénarrable maire de Grenoble Éric Piolle à « regarder du porno dans l’ascenseur »), les interdictions de survoler Lyon pour la Patrouille de France, les déclarations imbéciles sur le Tour de France et tant d’autres sottises.