samedi 12 septembre 2009

De l'utilité de l'étude culturelle des religions : forger une spiritualité postmoderne

Tiré de Religiologiques n° 29, La pertinence sociale de l'étude critique de la religion.
« Malgré certaines prévisions, l'avenir de la modernité n'a pas été la fin de la religion. Au contraire, il a engendré de nouvelles dynamiques de la spiritualité qui n'épuisent pas les religions historiques, mais qui vont chercher dans leur univers symbolique des contenus plus ou moins adaptés aux besoins et aux expectatives de la vie contemporaine. »
Georges Leroux a avoué lors du procès de Drummondville que, sur le plan de la morale, il était important d'enseigner les « univers symbolique » des religions traditionnelles afin de pouvoir parvenir à des universaux, le pluralisme est donc normatif — il faut l'enseigner — pour pouvoir dégager ces universaux symboliques.
« Le « fanatisme religieux », adversaire dénoncé par toutes les générations porteuses du programme des Lumières, semblait avoir été définitivement vaincu à la fin du XXe siècle. La marginalisation des religions achevée sur le théâtre occidental n’allait pas manquer de se diffuser dans le reste du monde par les canaux de la globalisation économique et culturelle.

[...]

le temps est venu de développer des services experts qui pourraient constituer, dans cette cité pluraliste, l’analogue d’une fonction pastorale destinée cette fois à répondre aux besoins d’intercommunication, dans la sphère religieuse, entre les citoyens d’appartenance religieuse diverse. La proposition de développer une sorte de religiologie appliquée œuvrant au sein d’un triangle mettant en rapport les experts du religieux, les agents de la vie citoyenne et les diverses communautés religieuses, mérite considération immédiate de la part des responsables universitaires. »

Japon : Trois cents dollars par mois par enfant

Le futur Premier ministre, Yukio Hatoyama, dont le gouvernement — commodément étiqueté de centre gauche par les gros médias — sera annoncé dans quelques jours, en avait fait l'une des propositions phares de sa campagne électorale : les familles nipponnes recevront prochainement une allocation de 26 000 yens par mois, soit environ 308 dollars pour chaque enfant en âge d'être scolarisé.

Les autorités espèrent ainsi relancer la consommation des ménages. Elles souhaitent aussi encourager les couples à faire plus de bébés. Car la baisse de la natalité est l'un des problèmes majeurs du Japon. Avec 1,3 enfant en moyenne par femme, l'archipel a l'un des taux de fécondité les plus faibles au monde. Ce déclin inquiète de plus en plus les économistes et les politiciens nippons.

Il n'est pas évident que cette mesure suffira à convaincre plus de Japonais à avoir des enfants : élever un enfant correctement au Japon coûte environ 200 000 dollars depuis sa naissance jusqu'à la fin de sa scolarité, en frais de scolarité (l'école secondaire et le cégep coûtent plus de 100 000 $) et de revenus sacrifiés alors que ne pas avoir d'enfants est désormais valorisé (autant chez les hommes que les femmes) et il n'y a plus guère de désavantages visibles puisque cette stérilité, dans un État nounou, n'entraîne aucune conséquence directe, l'État paiera une allocation de retraite aussi importante à une personne sans descendance qu'à une personne ayant eu des enfants, l'État fournira autant de soins médicaux. Évidemment, c'est désormais tout l'État et le pays dans son ensemble qui paient pour ce manque de relève, de futurs consommateurs et de contribuables.

Deux militants pro-vie tués aux États-Unis

  Jim Pouillon, assis en maillot rouge  
CHICAGO (États-Unis) - Un militant pro-vie a été tué par balles vendredi depuis une voiture près d'un lycée du Michigan (nord des États-Unis), et la police a indiqué que le même tireur avait tué un autre homme. James Pouillon, 63 ans, qui portait une pancarte anti-avortement, s'est fait tirer dessus à plusieurs reprises depuis une voiture en mouvement vers 7 h 20 heure locale. Des témoins ont signalé à la police le numéro d'immatriculation de la voiture et les autorités n'ont pas tardé à arrêter son propriétaire, Harlan Drake, un homme de 33 ans, a indiqué la police de la ville d'Owosso. Au cours de l'interrogatoire, l'homme a avoué avoir tué également le propriétaire d'une carrière de gravier de la région. La victime, Mike Fuoss, un autre militant pro-vie de 61 ans, a été découverte abattue dans son bureau.

Judy Cliver, une militante anti-avortement amie de James Pouillon, l'a décrit comme « un gentil vieux monsieur qui était handicapé, était sous oxygène et portait des attelles aux jambes ».

Elle a expliqué qu'il se plaçait régulièrement aux mêmes endroits pour protester, notamment près de cliniques pratiquant l'avortement. « Il m'a même dit un jour qu'il était prêt à mourir pour ses convictions », a-t-elle déclaré au journal local Flint Journal.

L’assassin, Harlan Drake, 33 ans, habitant également Ossowo, a été interpellé par la police et est passé aux aveux, reconnaissant même un second assassinat survenu plus tôt dans la journée et dont la victime est un autre militant pro-vie d’Ossowo, Mike Fuoss, 61 ans. Selon les enquêteurs, Mr. Drake aurait ciblé Jim Pouillon à cause de ses activités pro-vie.

Le Père Frank Pavone, directeur national des Priests for Life, espère « que la communauté pro-avortement exprimera une indignation aussi forte que celle qu’a exprimée la communauté pro-vie lors de l’assassinat du Dr Tiller ».

Nous n'avons pas relevé cette histoire dans les médias québécois. Pensent-ils que leurs lecteurs ont un droit à l'ignorance au sujet de ce double meurtre, alors qu'ils avaient couvert le meurtre du docteur Tiller ?

Le « droit à l'ignorance » des lecteurs de la Presse, de la Voix de l'Est et du Soleil

Il y a une semaine Mme Lavallée a envoyée la lettre ci-dessous à La Presse de Montréal. Plusieurs échanges s'en sont suivis entre, d'une part, Mme Lavallée et son avocat et, d'autre part, la journaliste de la Presse, Mme Audet, et l'avocat du groupe GESCA.


La Presse avait mené le bal en reproduisant allègrement les propos de Sébastien Lebel-Grenier, jeune professeur de droit à l'Université de Sherbrooke, sur ce qu'il qualifiait de « droit à l'ignorance » qu'aurait réclamé les parents de Drummondville contre l'imposition du programme ECR. La Voix de l'Est avait reproduit le lendemain, le 2 septembre, la même affirmation d'ignorance proférée par le professeur de Sherbrooke. Enfin le surlendemain, la journaliste Brigitte Breton, du Soleil a fait siens ces propos dans son article intitulé "Foi en l'ignorance".

Rappelons que cette expression (« droit à l'ignorance ») n'a jamais été utilisée lors des débats du procès et qu'elle ne figure pas dans le jugement écrit de l'Honorable Jean-Guy Dubois. Le débat, au procès, ne s'est nullement posé en ces termes. Voir le texte intégral du jugement ainsi que la requête, la réplique et des transcriptions.

Or, si le National Post a rapidement publié de larges extraits de la lettre de la mère, voilà que le groupe Gesca ne veut pas publier les véritables griefs de celle-ci.

Faut-il vraiment trouver un jeune universitaire pour pérorer et déclarer pompeusement que cet empire de Presse a exercé son droit à l'ignorance de ses lecteurs en refusant de reproduire la lettre de mise au point d'une personne qu'elle qualifiait à tort d'obscurantiste ?
À la rédaction

La Presse
7, rue Saint-Jacques
Montréal, Québec
Canada, H2Y 1K9

commentaires@lapresse.ca


Chers Messieurs,


C’est avec une certaine consternation que j'ai lu dans vos colonnes une description qui dénature mon point de vue et les raisons pour lesquelles j’ai fait appel à la justice afin que mes enfants soient exemptés du nouveau cours d’éthique et de culture religieuse récemment imposé au Québec.

Dans l'article « Éthique et culture religieuse : des parents déboutés » du 1er septembre, vous laissez Sébastien Lebel-Grenier, professeur de droit à l'Université de Sherbrooke, caractériser les motifs de ma contestation devant les tribunaux comme « la liberté d’ignorance, c’est la liberté de méconnaître d’autres religions par peur de polluer l’esprit des enfants. »

Cela est faux et me décrit injustement comme une obscurantiste. Je crois que vos lecteurs méritent de connaître quels étaient mes réels motifs, tels qu’attestés par ma requête et mon témoignage devant le tribunal.

La question n’est pas pour nous une question de connaissance de faits objectifs sur les religions, mais du risque lié à une présentation particulière de ces faits à un âge précoce.

Nous n’avons pas d’inquiétude à propos de la connaissance des faits sur les autres religions, ces faits étaient déjà enseignés dans les dernières années de l’ancien cours de religion catholique qui se donnait les écoles publiques du Québec ; nous n'avons pas eu d'objection. Nos griefs sont ailleurs : nous nous opposons au fait que notre plus jeune enfant, alors âgé de 6 ans, doive recevoir un enseignement selon lequel toutes les religions sont légitimes et de même valeur. Je me suis également, par exemple, opposée au manuel que mon enfant avait à utiliser dans lequel toutes les histoires, qu'elles soient bibliques (la Nativité), autochtones (Grand Lièvre) ou des récits animaliers (Le Noël des Souris), étaient racontées comme des contes d’égale valeur et véracité. C’est le seul manuel qui ait été admis comme preuve lors du procès.

Il suffit de consulter les manuels du primaire pour noter que le contenu factuel enseigné à l'école primaire est rudimentaire. Pour nous, les faits ne sont pas le véritable objectif du cours. Il s’agit d’inculquer une vision pluraliste de la religion : toutes les religions sont bonnes, plusieurs valent mieux qu’une, toutes ont une part de vérité, et aucune n'est donc vraiment vraie, car elles se contredisent. L’étude des connaissances de base sur l'islam, le bouddhisme ou les spiritualités autochtones — pratiquées par moins de 0,1 % de la population québécoise ! — n'a pas besoin de commencer à 6 ans et de s’étendre sur 11 années d'école, cela pourrait facilement être appris, comme dans d'autres provinces, à la fin des études secondaires dans une classe de géographie ou d’histoire.

Un effet secondaire paradoxal de ce cours est que, dans les écoles laïques aujourd'hui au Québec, les élèves doivent « dialoguer » au sujet de leur vécu, de leur appartenance religieuse ou de leurs convictions et sont donc étiquetés, aux yeux de leurs pairs, en termes confessionnels ce qui les divise donc sur la base des convictions religieuses ou philosophiques.

En ce qui concerne la composante éthique du cours, nous avons décidé de demander que notre fils aîné soit exempté après qu'il nous ait confié qu’il se sentait très mal à l'aise à propos de discussions et débats « éthiques » qui traitaient de la sexualité d’une façon qui lui paraissait intrusive et indécente. Là encore, les enseignants ne peuvent pas indiquer ce qui est vrai ou faux et tout est permis. Nous ne voyons pas comment cela constitue une bonne éducation et nous aurions préféré que notre fils ait des cours plus utiles et plus constructifs.

J'espère que vous informerez vos lecteurs des véritables motifs qui nous ont poussés à demander que nos enfants soient exemptés, nous pensons que c'est une question importante et que vos lecteurs devraient connaître mes raisons autant que celles que me prête ce professeur.


Cordialement,


Suzanne Lavallée
Drummondville