lundi 26 août 2013

Québec — Le privé au secondaire continue de gagner en popularité

Près de 21 % des élèves québécois du secondaire fréquentaient une école privée en 2012-2013, selon le ministère de l’Éducation, une proportion qui est sans cesse croissante depuis 15 ans.

Au cours des 15 dernières années, le nombre d’élèves ayant délaissé l’école publique n’a cessé de grimper.

Au secondaire seulement, on estime que la proportion d’élèves inscrits au privé était environ 21 % en 2012-2013, comparativement à 15,8 % en 1998-1999.

Les écoles publiques se disent inquiètes

Cette lente et constante progression inquiè­terait vivement les écoles publiques.

« C’est une mauvaise nouvelle. On est rendu à devoir vendre nos écoles pour attirer de la clientèle. On travaille très fort pour contrer l’exode vers le privé », lance Lorraine Normand-Charbonneau, présidente de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE).

« Les parents qui envoient leurs enfants au privé pensent à tort que ceux-ci seront mieux encadrés, avec un meilleur programme. Mais, en fin de compte, ils passent les mêmes examens que dans les écoles publiques. »

Malheureusement, il est vrai que le Monopole de l'éducation impose les mêmes programmes (sauf options), les mêmes pédagogies (en théorie) et les mêmes examens au privé qu'au public, ce qui restreint l'offre et fausse le marché.

« Ça me fait mal au cœur, avoue pour sa part le président de la Fédération des comités de parents, Gaston Rioux. Il va falloir commencer à se poser des questions. Nous avons un système d’éducation à deux vitesses. »

Gaston Rioux poursuit par un de ces scies habituelles au partisan du public : « L’argent que l’on verse aux écoles privées, c’est du financement de moins pour les écoles publi­ques. Les parents choisissent ensuite le privé parce que certaines écoles publiques sont mal entretenues, moins propres. Il faut financer davan­tage ce qui nous appartient ».

Gaston Rioux oublie plusieurs choses :
  • Les parents qui envoient leurs enfants à l'école privée paient deux fois : une fois pour l'école gouvernementale et une fois pour l'école dite privée qui applique les programmes du Monopole ;
  • chaque enfant à l'école dite privée épargne de l'argent à l'école gouvernementale puisque le l'État ne subventionne chaque élève dans les écoles dite privée qu'à 60 %, faisant ainsi une économie de 40 % qu'il pourra affecter aux élèves qui restent dans le secteur étatique ;
  • il n'est pas du tout évident que les écoles gouvernementales appartiennent aux parents si ce n'est en tant qu'abstraction déracinée : le parent n'a guère son mot à dire dans ces écoles, ni sur leurs programmes, ni sur leur pédagogie, ni encore quant à leur administration, ni enfin sur le choix des enseignants. Il s'agit d'un slogan.
« Milieu plus sérieux »

Gérald Boutin, professeur au département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal, s’intéresse depuis plusieurs années à l’attrait qu’exercent les institutions privées sur les parents. Le Journal de Montréal l'a interrogé.

« Les parents d’aujourd’hui veulent la formation la plus performante possible qui préparera leur enfant à une grande carrière, dit-il. Ils croient que l’école privée est un milieu plus sérieux et mieux encadrant pour les enfants. »

« On peut déplorer ça autant qu’on veut, mais c’est une tendance qui est là pour rester. Il faudrait faire une réflexion en profondeur pour comprendre pourquoi. »

Du côté de la Fédération des établissements d’enseignement privés, on souligne que les différents problèmes vécues dans les écoles publiques contribuent au recrutement du privé.

« On est redevable, entre autres, de l’image négative associée aux écoles de Montréal, qui ont des défis importants à relever », indique le président Jean-Marc Saint-Jacques. Le Journal de Montréal n'a pas cru bon résumer ces défis... Notamment, une paupérisation et une immigration souvent pauvre ou au chômage. Ceci alors qu'on nous dit que l'immigration et le bilinguisme généralisé à Montréal seraient gages de prospérité...

« Le milieu de vie offert par les écoles privées y est aussi pour beaucoup. Les parents aiment que leur enfant fréquente un endroit propre, sans graffitis, avec une belle pelouse. Un bel environnement pour bien apprendre. »

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