Plus de 300 000 élèves, sur 12 millions d’enfants scolarisés en France, sont concernés par la fermeture de leurs établissements.
Mère de deux enfants âgés de 6 et 9 ans, Sophie a appris ce week-end que l’école privée de ses enfants à Mulhouse (Haut-Rhin) était fermée par précaution pendant quinze jours pour éviter la propagation du coronavirus. « Pour le moment, ce sont mes parents qui s’occupent des petits », raconte-t-elle. Les grands-parents sont âgés, ce n’est pas l’idéal, « mais mon mari et moi-même sommes commerçants. Nous ne pouvons pas arrêter le travail ». Sophie a bien « reçu un courriel de l’école promettant un contact mercredi pour d’éventuels devoirs », mais, faute de temps, elle ne s’y est pas encore intéressée.
Comme pour beaucoup de parents, son urgence, c’est d’abord de trouver une solution de garde pérenne. Dans les Hauts-de-France, Amélie s’appuie ainsi depuis la semaine dernière sur les « quelques consignes » envoyées « en une fois » via un mail par l’enseignante de sa fille de 10 ans : « on fait des révisions le matin. Mais en une heure, elle a fait le tour. Je l’envoie dans sa chambre pour lire, mais elle passe aussi du temps devant la télé. Car moi-même je travaille à distance pour mon entreprise. » Au total, plus de 300 000 élèves, sur les 12 millions scolarisés en France, de la maternelle au lycée, sont concernés en ce début de semaine par la fermeture de leurs établissements scolaires. Pour assurer une « continuité pédagogique », le ministère de l’Éducation nationale a prévu des dispositifs d’enseignement à distance, dans l’Oise, le Haut-Rhin et Ajaccio. Quelques classes ont par ailleurs été fermées lundi après des cas positifs chez des élèves ou enseignants à Paris, Woippy (Moselle), Louvres (Val-d’Oise).
Les enseignants des collèges et lycées « jouent plutôt le jeu », car ils ont « l’habitude, comme leurs élèves » d’utiliser des espaces numériques de travail et d’y glisser documents et devoirs, selon Hubert Salaün, porte-parole de la PEEP (deuxième fédération des parents d’élèves de l’enseignement public).
Dans le lycée de sa fille à Chantilly (Oise), une professeur de français a même mis des vidéos de ses cours en ligne. « Certes, l’engagement des enseignants est variable, poursuit Hubert Salaün. L’un d’eux a demandé de bénéficier d’un droit de retrait. C’est choquant, mais exceptionnel. On n’était d’ailleurs pas surpris quand on a vu le nom du professeur… »
Quant aux parents et aux élèves, si tous disposent d’un téléphone relié à internet, certains n’ont pas forcément ordinateur ou tablette à domicile, ce qui peut être handicapant. C’est dans les écoles primaires que la continuité est la plus difficile à assurer, la plupart des élèves et professeurs ne disposant pas d’espace numérique de travail.
« Classe virtuelle »
Les enseignants n’ont à leur disposition que les courriels des parents. Certains ont bien envoyé des « fiches » par ce biais, assure Francette Popineau, du principal syndicat d’enseignants du primaire. De petites révisions pour l’essentiel « qui ressemblent à ce qu’on trouve dans les cahiers de vacances », raconte une enseignante de Senlis (Oise). Beaucoup renvoient aussi vers le Cned, le Centre national d’enseignement à distance, qui propose une plateforme avec des exercices pour chaque niveau de classe, censée compléter les directives des enseignants.
Si certains cours et exercices sont très interactifs, d’autres ressemblent à des pages peu attractives, émanant de manuels papiers
La qualité est assez inégale, mais « elle a été mise en place très rapidement. C’est un travail colossal », observe Stéphane Crochet du syndicat enseignant Se-Unsa. Si certains cours et exercices sont très interactifs, d’autres ressemblent à des pages peu attractives, émanant de manuels papiers. La directrice de l’école Viefvillers (Oise), fermée jusqu’au 20 mars, a demandé lundi aux parents de s’y inscrire, et donné des consignes très générales. Pour les CP « revoir les différents sons étudiés, les tables d’addition et les nombres jusqu’à 59 ». Pour les CE2 et CM1 « revoir les verbes au présent, les tables de multiplication 1 2 3 5 et faire un résumé du livre Les Doigts rouges… ».
Quant à la « classe virtuelle » proposée par le Cned, elle ne fait pas recette auprès des enseignants qui se disent « insuffisamment formés » selon Francette Popineau. « Il faut bien reconnaître que les enseignants ne sont pas du tout habitués au télétravail », note Stéphane Crochet de l’Unsa, selon qui il n’est « pas évident de donner du travail à distance à des enfants très jeunes, encore non autonomes. D’autant plus que de nombreuses familles parlent mal le français surtout en zones d’éducation prioritaire (REP et REP+) ».
Il ne faudrait pas non plus que ces cours et devoirs créent des conflits entre parents et enfants, craignent des enseignants : « suivre les devoirs trente minutes le soir, c’est plus facile que de suivre son enfant une matinée chaque jour », soutient-il. « C’est assez éprouvant, reconnaît Stéphanie, confinée avec ses enfants collégiens dans l’Oise, additionner sa journée de travail et un semblant de cours de mathématiques ou de physique, c’est vraiment la double peine. Je ne tiendrai pas des semaines. Et pourtant mes enfants sont plutôt bons élèves. »
Source : Le Figaro
Mère de deux enfants âgés de 6 et 9 ans, Sophie a appris ce week-end que l’école privée de ses enfants à Mulhouse (Haut-Rhin) était fermée par précaution pendant quinze jours pour éviter la propagation du coronavirus. « Pour le moment, ce sont mes parents qui s’occupent des petits », raconte-t-elle. Les grands-parents sont âgés, ce n’est pas l’idéal, « mais mon mari et moi-même sommes commerçants. Nous ne pouvons pas arrêter le travail ». Sophie a bien « reçu un courriel de l’école promettant un contact mercredi pour d’éventuels devoirs », mais, faute de temps, elle ne s’y est pas encore intéressée.
Comme pour beaucoup de parents, son urgence, c’est d’abord de trouver une solution de garde pérenne. Dans les Hauts-de-France, Amélie s’appuie ainsi depuis la semaine dernière sur les « quelques consignes » envoyées « en une fois » via un mail par l’enseignante de sa fille de 10 ans : « on fait des révisions le matin. Mais en une heure, elle a fait le tour. Je l’envoie dans sa chambre pour lire, mais elle passe aussi du temps devant la télé. Car moi-même je travaille à distance pour mon entreprise. » Au total, plus de 300 000 élèves, sur les 12 millions scolarisés en France, de la maternelle au lycée, sont concernés en ce début de semaine par la fermeture de leurs établissements scolaires. Pour assurer une « continuité pédagogique », le ministère de l’Éducation nationale a prévu des dispositifs d’enseignement à distance, dans l’Oise, le Haut-Rhin et Ajaccio. Quelques classes ont par ailleurs été fermées lundi après des cas positifs chez des élèves ou enseignants à Paris, Woippy (Moselle), Louvres (Val-d’Oise).
Les enseignants des collèges et lycées « jouent plutôt le jeu », car ils ont « l’habitude, comme leurs élèves » d’utiliser des espaces numériques de travail et d’y glisser documents et devoirs, selon Hubert Salaün, porte-parole de la PEEP (deuxième fédération des parents d’élèves de l’enseignement public).
Dans le lycée de sa fille à Chantilly (Oise), une professeur de français a même mis des vidéos de ses cours en ligne. « Certes, l’engagement des enseignants est variable, poursuit Hubert Salaün. L’un d’eux a demandé de bénéficier d’un droit de retrait. C’est choquant, mais exceptionnel. On n’était d’ailleurs pas surpris quand on a vu le nom du professeur… »
Quant aux parents et aux élèves, si tous disposent d’un téléphone relié à internet, certains n’ont pas forcément ordinateur ou tablette à domicile, ce qui peut être handicapant. C’est dans les écoles primaires que la continuité est la plus difficile à assurer, la plupart des élèves et professeurs ne disposant pas d’espace numérique de travail.
« Classe virtuelle »
Les enseignants n’ont à leur disposition que les courriels des parents. Certains ont bien envoyé des « fiches » par ce biais, assure Francette Popineau, du principal syndicat d’enseignants du primaire. De petites révisions pour l’essentiel « qui ressemblent à ce qu’on trouve dans les cahiers de vacances », raconte une enseignante de Senlis (Oise). Beaucoup renvoient aussi vers le Cned, le Centre national d’enseignement à distance, qui propose une plateforme avec des exercices pour chaque niveau de classe, censée compléter les directives des enseignants.
Si certains cours et exercices sont très interactifs, d’autres ressemblent à des pages peu attractives, émanant de manuels papiers
La qualité est assez inégale, mais « elle a été mise en place très rapidement. C’est un travail colossal », observe Stéphane Crochet du syndicat enseignant Se-Unsa. Si certains cours et exercices sont très interactifs, d’autres ressemblent à des pages peu attractives, émanant de manuels papiers. La directrice de l’école Viefvillers (Oise), fermée jusqu’au 20 mars, a demandé lundi aux parents de s’y inscrire, et donné des consignes très générales. Pour les CP « revoir les différents sons étudiés, les tables d’addition et les nombres jusqu’à 59 ». Pour les CE2 et CM1 « revoir les verbes au présent, les tables de multiplication 1 2 3 5 et faire un résumé du livre Les Doigts rouges… ».
Quant à la « classe virtuelle » proposée par le Cned, elle ne fait pas recette auprès des enseignants qui se disent « insuffisamment formés » selon Francette Popineau. « Il faut bien reconnaître que les enseignants ne sont pas du tout habitués au télétravail », note Stéphane Crochet de l’Unsa, selon qui il n’est « pas évident de donner du travail à distance à des enfants très jeunes, encore non autonomes. D’autant plus que de nombreuses familles parlent mal le français surtout en zones d’éducation prioritaire (REP et REP+) ».
Il ne faudrait pas non plus que ces cours et devoirs créent des conflits entre parents et enfants, craignent des enseignants : « suivre les devoirs trente minutes le soir, c’est plus facile que de suivre son enfant une matinée chaque jour », soutient-il. « C’est assez éprouvant, reconnaît Stéphanie, confinée avec ses enfants collégiens dans l’Oise, additionner sa journée de travail et un semblant de cours de mathématiques ou de physique, c’est vraiment la double peine. Je ne tiendrai pas des semaines. Et pourtant mes enfants sont plutôt bons élèves. »
Source : Le Figaro