dimanche 23 juin 2024

Les futurs enseignants au primaire et au secondaire sont de plus en plus nombreux à échouer l'examen de français

«Et si on s’interrogeait sur la qualité des étudiants admis, sur l’enseignement du français depuis la petite école, sur la qualité de la formation donnée dans les facultés d’éducation? Et si nos “experts” faisaient un brin d’autocritique?», écrivait Joseph Facal dans le Journal de Montréal cette semaine.


«On peut amener l’âne à la rivière, mais on ne peut le forcer à boire», dit le proverbe.

Quand quelqu’un est vraiment têtu, convaincu que son opinion est l’unique vérité, fermé à toute vraie remise en question, il n’y a rien à faire.
Naufrage

Daphnée Dion-Viens nous apprend que les futurs enseignants au primaire et au secondaire, qui doivent obligatoirement réussir un examen de français, sont toujours plus nombreux à échouer.

Cette année, le taux de réussite au premier essai était de 44% seulement à l’Université de Montréal.

Et c’est le plus haut taux parmi les universités dont la journaliste nous communique les résultats!

C’était 39% à l’Université Laval, 29,3% à l’UQAC et 23,3% à l’UQAR!

Ce n’est pas seulement très faible. C’est aussi en baisse depuis quelques années.

Des tas d’étudiants doivent s’y reprendre à trois, quatre et même cinq reprises!

À l’Université Laval, pour ceux qui passent le test pour la cinquième fois, le taux de réussite n’est que de 54%!

54%! À la cinquième tentative!

Et ils iront ensuite enseigner!

Comme il n’y a plus grand-chose qui soit vraiment de leur faute, ils auront amplement eu le temps, entre deux échecs, de mettre la faute sur la langue française elle-même, si «épouvantablement» compliquée et tordue, et sans doute aussi furieusement patriarcale et élitiste.

Pour les aider, pour tenir compte de leur «anxiété», de leur «santé mentale», et aussi, bien sûr, pour avoir des statistiques moins catastrophiques, nos petits lapins auront droit, lors des prochains examens – c’est du moins la recommandation faite par des «experts» au gouvernement -, d’utiliser ...un logiciel de correction.

Ce sera aussi un nouveau test.

Comme il est hors de question de dire qu’il sera plus facile, on dira qu’il est plus «adapté à la nouvelle réalité» ou une formule du genre.

Tout cela est catastrophique, tout simplement.

Une responsable citée par la journaliste préfère y voir des résultats «inquiétants».

Il faudra quoi pour les qualifier d’«alarmants»?

Et maintenant, cher lecteur, la question qui tue: comment expliquer cette baisse continuelle?

Allez, forcez-vous un peu. Vous ne voyez pas? Ça commence par un «p» et ça finit par un «e».

Si vous avez dit «pandémie», vous avez gagné.

Autocritique

Désormais, la pandémie explique tout ou presque au Québec. C’est comme le Saint-Esprit.

Elle explique aussi la vague de chaleur actuelle.

Mais comment expliquer alors les variations d’un établissement à l’autre alors que la pandémie les a tous touchés?

Et si on s’interrogeait sur la qualité des étudiants admis, sur l’enseignement du français depuis la petite école, sur la qualité de la formation donnée dans les facultés d’éducation? [

Et si nos «experts» faisaient un brin d’autocritique?

Mais non, je vous l’ai dit: l’âne est devant la rivière, mais il ne veut pas boire.

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