vendredi 13 février 2009

Le cours d'ECR vu de Paris (Radio Notre-Dame)

Extrait d'un bulletin de nouvelles internationales de Radio Notre-Dame, une radio religieuse diffusée à partir de Paris, reprise par de nombreuses antennes régionales et même internationales.

Écoutez l'extrait (2 min 15) :



Le cours d'ECR — « multiculturalisme 101 »


L'Action nationale publie une recension de l'ouvrage d'un des pères du cours d'ECR, Georges Leroux, Éthique, culture religieuse, dialogue. Arguments pour un programme.

Quelques extraits, les intertitres sont de nous :

Libéraux et péquistes s’apprêtent à faire ce que même le pire des gouvernements libéraux fédéraux n’aura jamais réussi : la « trudeauisation » de nos écoles dans chacun de nos villages et chacune de nos villes du Québec.

Mario Dumont, 15 décembre 2007

Noyé parmi les étagères débordantes des ministères et gommé de jargon technocratique, le nouveau programme scolaire d’éthique et culture religieuse aurait très bien pu passer inaperçu si ce n’était de la tribune offerte par les forums de la commission Bouchard-Taylor aux parents inquiets, et de la récupération habile de leurs revendications par Mario Dumont. Sa demande de moratoire ayant été rejetée par les libéraux et les péquistes, le programme a fait son entrée dans nos écoles en septembre 2008. Heureusement pour ceux qui répugnent à lire un document ministériel, l’essai de Georges Leroux, Éthique, culture religieuse, dialogue.Arguments pour un programme résume en une centaine de pages les ancrages idéologiques et les visées pédagogiques de ce programme qui pourrait être rebaptisé « Multiculturalisme 101 ».

L’ouvrage est divisé en deux parties, la première situant le nouveau programme dans le parcours historique de la laïcisation des institutions scolaires et dans le cadre normatif du pluralisme, la seconde abordant le contenu du programme lui-même et les arguments historique et politique justifiant sa mise en œuvre, l’argument politique reprenant la démonstration présentée en première partie voulant qu’il soit nécessaire d’inculquer le pluralisme à nos enfants.

En effet, la première section, intitulée « Accueillir le pluralisme : les défis de la laïcité dans l’école », est essentiellement un plaidoyer en faveur du pluralisme et de son enseignement. À maintes reprises, il est question des «  exigences de la diversité  », comme si le fait que le Québec accueille des immigrants venus des quatre coins du globe avait pour conséquence nécessaire l’adhésion au multiculturalisme. Il s’agit alors de «tenir compte du pluralisme de fait qui caractérise la société », ce qui implique que sa « jeunesse  » soit « éduquée à la richesse de ce pluralisme et à ses exigences ».

Point de départ du raisonnement de Leroux contestable

Le point de départ du raisonnement, la diversité religieuse de la société québécoise, est en soi contestable. Au recensement de 2001, 83 % de la population du Québec se déclarait catholique. La saga Hérouxville nous a également rappelé que la diversité religieuse est à peu près absente à l’extérieur du Montréal multiculturel. Toutefois, le problème ne réside pas tant dans cette affirmation de l’auteur que dans les conclusions qu’il en tire, soit, dans un premier lieu, que le pluralisme de fait appelle une adhésion au pluralisme normatif et, dans un second lieu, que cette idéologie doive être inculquée à l’école.

Dernière utopie fataliste des bien-pensants

Selon Leroux, « la société québécoise commence à peine à comprendre qu’elle doit faire le deuil de son ancienne unanimité : elle découvre la richesse de la différence, mais aussi les exigences de la diversité et de la liberté  ». Il y aurait ainsi un processus inéluctable allant de la diversité à sa célébration, en passant par son enseignement, cette conversion des masses impliquant une prise de conscience graduelle de la richesse que représente toute diversité, ce que Taguieff a si justement qualifié de « dernière utopie fataliste des bien-pensants ».

Idéologie qui s'auto-justifie par ce qu'elle produit

Or, pour emprunter au langage constructiviste, le pluralisme ne découle pas de la diversité, mais au contraire, il la « produit » en créant des identités ethniques à l’intérieur de la nation qui devient alors strictement civique. La fatalité décrite par Leroux n’est que pure idéologie, et c’est cette idéologie qu’il propose d’enseigner à nos enfants.

Le pluralisme normatif s'imposerait même dans une société homogène...

Leroux l’admet d’ailleurs dans un passage qui vient contredire ses affirmations répétées sur les « exigences » de la diversité. Le pluralisme normatif, qui était au départ une conséquence naturelle du pluralisme de fait devient plus tard une exigence de la modernité  : « Notre société demeurerait homogène sur le plan des convictions et des croyances que ce principe ne s’en appliquerait pas moins », puisqu’il résulte du « principe fondamental de l’égalité ». Ainsi, « il émerge comme le seul principe capable de régler notre rapport à la diversité  ». Nouvelle argumentation, même fatalisme.

[...]

L'argument historique pour le cours d'ECR

La deuxième section de l’essai, intitulée « Le choix du Québec », entre davantage dans le vif du sujet : le programme d’éthique et culture religieuse. Le
premier argument en sa faveur, qualifié d’historique résiderait dans l’importance de transmettre aux générations futures le savoir moral et religieux qui s’est développé au fil de l’histoire du Québec. Pour reprendre à son compte cet argument généralement invoqué par ceux qui souhaitent conserver l’enseignement religieux catholique, Leroux procède à une réécriture de l’histoire. Ainsi, le Québec serait l’héritier d’un savoir moral marqué par les valeurs d’égalité et de tolérance et d’un savoir religieux issu, bien sûr [selon Leroux] de religions diverses.

S’il s’agit bien de transmettre un « patrimoine », celui-ci ne peut être que pluriel, puisque, aux dires de l’auteur, « tous [l]es aspects moraux et spirituels de l’histoire chrétienne du Québec, nous devons aussitôt les compléter par les aspects qui proviennent de son histoire amérindienne et de son histoire juive, qui représentent les partenaires indissociables d’un récit dont ils ont été trop souvent exclus ».

Substituer à l'histoire nationale celles des différents groupes au Québec

Le contenu historique du cours d’éthique et culture religieuse se veut ainsi au diapason de celui du nouveau cours d’histoire du Québec et du Canada, tous deux ayant passé par le filtre pluraliste qui substitue à l’histoire nationale LES histoires de différents groupes plus ou moins nombreux et de leur cohabitation sur le territoire du Québec.

[Voir Il faut que l'enseignement de l'histoire cesse d'être « une catéchèse du multiculturalisme]

L'argument politique

Quant à l’argument politique, il s’agit d’une traduction dans les termes de la pédagogie issue de la réforme de l’éducation de l’apologie du pluralisme répétée inlassablement par l’auteur.

Le nouveau programme est présenté comme un moyen pour les élèves de développer une « compétence » prescrite par le ministère : celle de « pratiquer le dialogue ».

ECR comme aboutissement de la réforme en éducation

Le programme d’éthique et culture religieuse apparaît alors comme l’aboutissement du projet de la réforme de l’éducation et constitue l’exemple le plus flagrant des dangers qu’elle comporte. On a souvent, et à juste titre, dénoncé le nivellement par le bas qui accompagne l’approche par compétences en raison du rôle secondaire accordé aux savoirs, mais rares sont ceux qui s’en sont pris au contenu des « compétences » elles-mêmes. Avec le programmed’éthique et culture religieuse, on constate que les «compétences» que l’on se propose d’enseigner ne comportent pas uniquement des habiletés,mais également des postures normatives.

Développer la compétence multiculturaliste...

Lorsque l’auteur nous apprend qu’en plus de l’instruction et de la qualification, l’une des missions de l’école primaire et secondaire est de « socialiser dans un monde pluraliste », on comprend ce que signifie la « compétence relative à la pratique du dialogue dans un horizon de vivre-ensemble ». Il s’agit finalement de former de bons petits pluralistes.

Convertir les masses, transformer la société

L’ancrage idéologique du programme ne saurait être plus clair. Leroux l’admet lui-même : ce programme reçoit « de la réforme de l’éducation un cadre normatif et une philosophie de l’éducation avec laquelle il doit apprendre à travailler ». Ce cours, avec celui d’histoire du Québec et du Canada, représente l’aboutissement du projet idéologique de la réforme de l’éducation. Convertir les masses, transformer la société, voilà le rôle que l’on veut voir jouer par l’école.

La fin justifierait les moyens peu démocratiques

À défaut de passer par le processus démocratique pour faire valoir leur point de vue, les pluralistes ont décidé que la fin justifiait les moyens. « L’urgence d’une éthique » se présente comme une réponse aux « dérives extrémistes » qui se manifestent dans la population. Vite !

Sauvons les enfants de l’intolérance de leurs aïeux pendant qu’il en est encore temps ! L’école doit former les esprits à penser selon les termes du multiculturalisme pour s’assurer que les citoyens de demain, contrairement à ceux d’aujourd’hui, accepteront avec enthousiasme les politiques multiculturalistes du Canada. Selon les termes mêmes de Leroux, il faut « reconfigurer un vivre-ensemble fondé sur les principes » du pluralisme normatif, « mettre à la place des anciennes orthodoxies et des anciens pouvoirs un nouvel exercice de la pensée et de la parole ».

Aveu du projet multiculturalisme trudeauiste

C’est sans détour que l’auteur révèle le véritable projet des concepteurs du programme d’éthique et culture religieuse à l’égard du multiculturalisme trudeauiste : « L’école pourrait […] concevoir sa mission comme une responsabilité dans le processus qui fait passer chaque jeune de la constatation du pluralisme de fait à la valorisation du pluralisme normatif ». Aussi déconcertante que puisse apparaître cette affirmation, on ne pourra pas reprocher à Leroux d’avoir dissimulé ses intentions. Les concepteurs de la réforme de l’éducation nous ont répété qu’il fallait non seulement que les enfants apprennent, mais qu’ils « apprennent à apprendre ». On constate, à la lecture de cet ouvrage, qu’il s’agit finalement de leur apprendre comment penser.

Résister à la majorité, les concepteurs d'ECR savent ce qui est bon

La conclusion, intitulée «Enjeux de la réussite pour le programme», consiste en une série de défis qui attendent les défenseurs du nouveau programme, notamment les réticences qu’il suscite. D’une part, les enseignants sont invités à développer « des convictions civiques », c’est-à-dire à accepter de subir eux-mêmes un lavage de cerveau avant d’endoctriner les enfants à leur tour. Quant aux parents, il s’agit tout simplement de les bâillonner, le programme devant « se situer à bonne distance […] des seules exigences de la majorité » et résister à « la poussée de facteurs qui, comme la mondialisation, l’économisme et, en général, la promotion des modèles de l’individu triomphant, contaminent de l’extérieur le projet contemporain de l’éducation ». En dépit des objections fusant de toutes parts, les promoteurs du projet éducatif multiculturaliste gardent le cap sur leurs objectifs. Eux savent ce qui est bon pour nos enfants !

Conflits familiaux en vue avec des jeunes reprogrammés

On peut s’inquiéter de l’impact qu’un tel programme aura sur les enfants qui recevront à l’école une éducation radicalement différente de celle qu’ils recevront à la maison, la première ayant tendance à délégitimer la seconde. Ils apprendront que leurs parents sont des intolérants, qu’ils manquent d’ouverture d’esprit, qu’ils s’accrochent à une vision dépassée du Québec. Et ils finiront bien par y croire.