mercredi 24 mars 2010

Intervention de Mme Marie Bourque sur l'imposition du programme ECR

Madame Marie Bourque de l'Association des parents catholiques du Québec passait la fin de semaine passée à l'émission Perspective hebdo de la chaîne Sel + Lumière. Cette émission était consacrée à l'identité religieuse du Québec.




Quelques remarques sur l'intervention de la professeur Solange Lefebvre, titulaire de la Chaire Religion, culture et société à l'Université de Montréal quand le présentateur demande si le genre de cours imposé au Québec par l'État s'inscrit dans une tendance.

  1. Mme Lefebvre omet de dire qu'aucun autre pays démocratique n'impose un tel programme à la fois dans le secteur public, privé subventionné et privé non subventionné. Ce n'est pourtant pas anodin quand le Québec prétend être pluraliste, un parangon de tolérance et veut faire la leçon aux parents peu ouverts à la « diversité ».

  2. Mme Lefebvre dit qu'il y a « encore » des pays qui offrent des cours de religion confessionnels dans leurs écoles publiques, comme s'ils étaient rétrogrades alors qu'en fait on assiste en Europe de l'Est et en Russie à un retour très important de l'enseignement religieux dans les écoles publiques. On a l'impression que l'universitaire pense qu'il y a un sens de l'histoire, un progrès évident, en la matière : l'expulsion de la religion de l'école.

  3. Pour ce qui est de la France, il existe deux réseaux catholiques : un subventionné et l'autre non. Il est vrai que le réseau catholique subventionné n'est pas très confessionnel — Mgr Cattenoz s'en est amèrement plaint — mais cela n'a pas grand-chose à voir avec le fait que « dès que la clientèle devient pluraliste ça pose la question d'une éducation religieuse organisée vers une seule religion » comme le prétend la professeur. S'il est vrai que ces écoles subventionnées doivent accueillir tout le monde, rien ne les empêche de s'affirmer résolument d'une confession particulière. Les parents savent à quoi s'en tenir. En réalité, la dimension confessionnelle de ces établissements dépend principalement de la direction de ceux-ci. C'est ainsi que le lycée Stanislas de Paris, pourtant ville très « pluraliste », propose quatre messes par jour à ses élèves alors qu'un autre collège comme Sainte-Geneviève de Meaux (à 1 heure de Paris), dans un milieu plus homogène, ne met en valeur que quelques temps liturgiques forts pendant l'année. Le manque de maîtrise par les directeurs d'écoles privées subventionnées dans l'embauche du personnel pose également problème, les académies (nos commissions scolaires) décident de plus en plus. Mais cela n'a rien à voir avec l'obligation de pluralisme vis-à-vis des élèves. Il n'est pas rare que les parents musulmans envoient leurs enfants dans les écoles à forte identité catholique plutôt que dans des écoles trop agnostiques à leurs yeux.

  4. Si l'on comprend bien Mme Lefebvre, l'imposition du cours ECR, car il s'agit de cela, aurait rappelé aux parents qu'ils étaient les premiers responsables de l'éducation de leurs enfants. Comme c'est gentil de la part de l'État. L'école ne doit plus être un service éducatif rendu conformément aux vœux des parents, mais servir à réveiller les parents qui seront peut-être amenés à corriger le tir par rapport à ce que l'enfant apprendra à l'école. On n'arrête décidément pas le progrès.






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Priorité du PQ : restreindre le choix en éducation ?

Nous avons reçu cette lettre ouverte du président la CLÉ, Sylvain Lamontagne. Selon nos informations, elle a également été envoyée au Devoir et à M. Pierre Curzi.

M. Pierre Curzi déclarait lors du dernier colloque du PQ, que les écoles confessionnelles privées ne devraient plus être permises d’enseigner la religion parce que, selon le critique péquiste en éducation, la religion devrait être réservée à la sphère privée de la vie.

Pourtant, les écoles privées – comme leur nom l’indique – ne font pas partie de la sphère publique, même si l’État y impose son régime pédagogique et qu’elles reçoivent des subventions partielles de l’État pour appliquer ce régime pédagogique. L’État n’y subventionne d’ailleurs pas les cours de religion, c’est une des raisons qui expliquent que ces écoles ne sont pas totalement subventionnées.

Il est vrai que ce n’est pas la première fois que le PQ cherche à museler les écoles privées et à limiter la liberté de choix des parents en matière d’éducation. En 2008, le prédécesseur de M. Curzi, Mme Malavoy, avait dénoncé le fait que les écoles privées conservaient une formation confessionnelle. À l’époque, le prétexte invoqué fut l’abolition des cours confessionnels dans les écoles publiques et l’imposition du cours d’éthique et de culture religieuse (ECR). En effet, pour Mme Malavoy, « Cela revient à permettre à des parents qui peuvent payer de continuer d'avoir accès à un enseignement religieux interdit aux autres. C'est inacceptable. »

Par le même raisonnement, on peut vouloir éliminer toutes les écoles privées (seuls les parents qui paient y ont accès) ou permettre l’enseignement religieux partout y compris dans les écoles publiques.

Mais voilà, sans que l’on sache en quoi cela fera un Québec plus riche, plus prospère, plus libre, le parti de M. Curzi pense qu’une de ses priorités doit être de chasser la religion de toutes les écoles, de priver les parents – y compris et surtout les Québécois de souche – de choix en matière d’éducation morale ou religieuse.

Rappelons que, dans de nombreux pays démocratiques, notamment l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas, l’enseignement religieux n’est pas seulement permis dans les écoles privées, mais il l’est aussi dans les écoles publiques.

Prenant comme prétexte, cette fois-ci, l’affaire des garderies religieuses juives et musulmanes et l’angoisse identitaire des Québécois, M. Curzi désire bannir la religion des écoles privées. Il priverait par là les parents – principalement ceux de la majorité historique québécoise – d’un choix, choix plébiscité comme l’atteste le succès des écoles privées qui imposent pourtant un sacrifice financier important aux parents qui les préfèrent.

Pour M. Curzi, l’on pourrait sans difficulté appliquer sa conception d’une laïcité, plus étriquée encore que celle imposée en France, au réseau scolaire privé québécois « tout en respectant le droit des gens ou des communautés à pratiquer leur religion » reconnu dans les Chartes.

Nous sommes convaincus de l’inverse. Empêcher les écoles privées de donner des cours de religion, c’est violer un droit universellement reconnu : celui des parents de choisir pour leurs enfants une école hors du secteur public, si tel est leur vœu, et de « faire assurer l’éducation religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs propres convictions » (Pacte international relatif aux droits économiques et sociaux des Nations unies auquel a adhéré le Québec).

M. Curzi veut-il ouvrir une nouvelle et longue contestation judiciaire sur ce terrain alors que les procès contre l’imposition du cours ECR se multiplient ? Quel est l’avantage pour le Québec de s’engager dans cette voie et de priver les Québécois de choix en matière scolaire ?

Enfin, M. Curzi dit que « l’école devrait être essentiellement un lieu de connaissances ou de compétences » pour en tirer à nouveau la conclusion que la religion devrait être bannie des écoles qui ne relèvent pas directement de l’État.

Essentiellement ne veut pas dire uniquement. On ne voit donc pas en quoi quelques heures de religion modifieraient de manière essentielle le fait que des écoles privées enseignent surtout des connaissances et des compétences. En outre, la religion y est aussi souvent enseignée comme un ensemble de connaissances relatives à des textes ou des rites.

Finalement, le combat de M. Curzi ne devrait-il pas d’abord se porter sur les écoles publiques dont un des rôles actuellement est de « faciliter le cheminement spirituel de l’élève » (article 36 de la Loi sur l’instruction publique) sans qu’on sache de quelle vague spiritualité il s’agit, ni si elle s’inscrira dans les valeurs de la famille de l’élève ? Est-ce là un des rôles de l’école publique pour M. Curzi ? Que faut-il également penser du cours d’éthique et de culture religieuse dont le volet « connaissance » prescrit dans le programme officiel est singulièrement mince et dont le volet « compétence » consiste en un objectif idéologique : modifier l’attitude des élèves face à la diversité religieuse.

M. Curzi doit balayer devant la porte de l’école publique avant de vouloir étouffer un peu plus la liberté de choix des parents en chassant la religion de l’enseignement privé, même si les parents choisissent de leur plein gré cette option.

Quand le PQ et M. Curzi condamneront-ils clairement l’imposition du cours ECR et emboîteront-ils le pas des 76 % de Québécois qui demandent d’avoir le choix en matière d’éducation morale et religieuse comme le révélait encore un sondage de Léger-Marketing en mai 2009 ?

Sylvain Lamontagne
Président de la Coalition pour la liberté en éducation






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Le cardinal Ouellet et la réponse de Mme Courchesne face aux inquiétudes des évêques quant à la mise en œuvre du cours ECR

On se rappellera qu'en septembre 2009 les évêques catholiques du Québec, pourtant très modérés, avaient envoyé une lettre à la ministre Courchesne pour lui faire part de leur inquiétude quant à la mise en œuvre du programme ECR, se laissant même aller jusqu'à parler d'un échec possible.

Un peu plus de quatre mois plus tard, la ministre a répondu en des termes polis pour ne promettre aucun changement. Le cardinal Ouellet décrit cette réponse.



On trouvera la lettre ci-dessous.















Les résultats scolaires moins importants pour les futurs policiers que l'« ouverture à la diversité » ?

Comme le souligne Carl Bergeron à la lecture d'un article du Devoir, on peut se demander si désormais dans l'embauche la priorité sera donnée à « l’ouverture à la diversité », avant le dossier scolaire et la condition physique.

Extraits de l'article du Devoir :
Bien que l’on ne puisse être contre la vertu de la formation continue, il nous semble que les difficultés éprouvées par certains policiers quant à la diversité culturelle et le « problème » de leurs compétences à travailler dans des contextes socioculturels diversifiés ne peuvent pas se résoudre par quelques heures de formation annuellement. Pour que des policiers soient capables de servir la population dans des contextes divers sur les plans ethnoculturels, linguistiques, socioéconomiques, religieux, etc., et les amener à se rapprocher des citoyens, ils doivent être ouverts à la diversité.

Et ça, c’est une question d’attitude; c’est-à-dire une façon favorable ou défavorable d’être par rapport à quelque chose ou à quelqu’un. L’attitude prédispose à l’action et elle est parfois révélatrice des tendances comportementales futures d’une personne. Elle peut donc, dans certaines conditions, nous informer du comportement futur d’un individu. Bien que les attitudes d’une personne puissent être apprises et se développer au cours d’une vie, elles sont toutefois reconnues comme plutôt stables et conséquemment difficiles à modifier. Alors, si l’on veut « renforcer des compétences » en matière d’intervention dans des contextes sociaux diversifiés, l’idéal est que l’attitude positive soit présente chez un policier avant son embauche et avant même sa sélection pour la formation en techniques policières.

[...]

De plus, nous observons que le fait d’être un garçon ou une fille, le fait d’être en première, deuxième ou troisième année de formation, le fait d’être plus jeune ou plus vieux n’ont que très peu d’influence sur les perceptions des étudiants. Hors de tout doute, les résultats montrent que ce qui est important d’abord et avant tout, c’est l’attitude favorable relativement à la diversité.

Processus de sélection

D’aucuns demanderont ce que font des étudiants qui ne sont pas ouverts à la diversité dans un programme de techniques policières. Nous répondrons que la sélection des étudiants ne se fait pas sur des critères aussi précis et que le milieu collégial ne possédait pas jusqu’à présent d’outils spécifiques et adaptés à l’évaluation des attitudes des aspirants policiers. Pour l’heure, les principaux critères de sélection sont la qualité du dossier scolaire (les notes) et la performance à des tests physiques.
L'article est signé par Éric Richard et Marie-Christine Pacaud – respectivement anthropologue et psychologue, et tous deux enseignants et chercheurs en techniques policières au Campus Notre-Dame-de-Foy.

Une bonne note au cours ECR rassurerait-elle ces apôtres de l'ouverture à la diversité ?






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