mercredi 27 juillet 2022

Fraude délibérée aurait plombé deux décennies de recherche sur Alzheimer


Les médicaments contre la maladie d’Alzheimer avaient jusqu’à présent un taux d’échec de 99 % dans les essais sur l’homme. L’étude ayant établi le modèle du fondement de la recherche sur la maladie d’Alzheimer au cours des 16 dernières années pourrait non seulement être faux, mais être une fraude délibérée.

Atlantico — Ce mois-ci la recherche contre la maladie d’Alzheimer est chamboulée. Le chercheur qui aurait trouvé l’une des causes les plus importantes du déclin cognitif de la maladie d’Alzheimer aurait falsifié son travail. Alors qu'elle enquête le sujet, la revue Nature appelle les chercheurs à la précaution s’ils doivent utiliser le travail publié en 2006. Comment ces travaux douteux ont-ils vu le jour, selon les allégations ?

Christophe de Jaeger — Les travaux ont été publiés dans l’une des plus grandes revues scientifiques, Nature. Il s’agit d’une recherche sur l’influence de la protéine amyloid-β dans le développement de la maladie d’Alzheimer. Avant chaque publication scientifique, on soumet son travail à des réviseurs et à un comité d’experts, Les experts examinent les travaux proposés à la publication et posent un certain nombre de questions sur les données, les méthodes, les résultats afin d’éclairer le travail. Si les réponses sont satisfaisantes, alors la revue procède à la publication de l’article.

Une fois validé et publié, personne ne peut penser que les données publiées sont volontairement fausses. Parfois, d’autres équipes de scientifiques vont chercher à reproduire les résultats publiés. Soit les résultats vont dans le même sens et cela renforce la crédibilité de la première étude. Soit, et cela arrive [assez souvent, voir les liens ci-dessous], les résultats divergents et à ce moment-là, les différentes équipes essaient de comprendre le pourquoi du comment. Dans le cas présent, il semblerait qu’il ne s’agisse pas d’une erreur ou d’une divergence d’interprétations, mais d’une authentique falsification avec la présentation de figures et d’images volontairement construites et falsifiées d’après les premiers éléments de l’enquête. S’il s’agit vraiment d’une fraude, celle-ci aura des conséquences considérables d’une part sur la crédibilité scientifique en général, mais également sur toutes les équipes qui, ensuite, ont basé leur travail (y compris sur des patients humains) sur ces recherches de 2006.

— À quel point cette fraude aurait-elle ralenti la recherche ? Les médicaments développés se focalisaient-ils tant sur cet oligomère ?

— La publication d’une étude par une revue scientifique vaut reconnaissance. Ainsi, d’autres chercheurs se sont basés sur cette protéine Aβ* 56 qui devait être à l’origine de la maladie d’Alzheimer pour lui chercher un traitement efficace. L’industrie pharmaceutique a emboîté le pas et a donc cherché à détruire cette protéine à travers un certain nombre de médicaments. Des essais cliniques ont étés organisés sans succès. Ces échecs peuvent mieux se comprendre aujourd’hui, si les travaux initiaux étaient falsifiés.

Ces échecs au départ ne sont pas forcément surprenants, car il y a une grande différence entre un cerveau humain et un cerveau de souris, objets des recherches de 2006. Ce qui peut marcher chez la souris peut ne pas marcher chez l’être humain. Mais ici, le problème est bien différent, car il s’apparenterait plus à une fraude qu’à un problème de différence d’espèces. Ces dernières années, les différents laboratoires qui ont tenté de trouver des médicaments destinés à lutter contre cette maladie ont fait fausse route en se disant que leur échec venait d’une différence entre la souris et l’être humain. Ils ont donc persévéré pour trouver la bonne solution pour neutraliser cette protéine Aβ* 56.

Mais si la falsification est avérée, il s’agit également d’un drame humain, car de nombreux patients ont été intégrés dans des protocoles de recherche, en vain. Le problème n’est donc pas seulement théorique, on parle de souffrance humaine, de temps et de ressources de recherches gâchées.

— Pourquoi la recherche contre la maladie d’Alzheimer piétine-t-elle ? 

— Je dirais qu’une des principales raisons est que l’on ignore toujours aujourd’hui la ou les causes de cette maladie. Les hypothèses sont multiples (sensibilité génétique, infection virale, toxicité, etc.) avec une probable intrication de ces différentes causes. Les travaux de Sylvain Lesné publiés en 2006 ont donc d’autant plus intéressé le monde scientifique, car il mettait en évidence une étiologie possible à la maladie. Cela a été un immense espoir et aujourd’hui on revient à la situation antérieure où l’on ne sait pas quelle est la cause de cette maladie. Y a-t-il une susceptibilité génétique, est-ce viral, hormonal ?

— Pourquoi faire une telle fraude ?

— Il peut exister plusieurs explications, à condition que la fraude soit avérée, car pour l’instant, il n’existe qu’une enquête. Par exemple, dans certaines universités, les chercheurs sont obligés de publier un certain nombre d’articles pour qu’ils continuent à avoir leur budget. De ce budget peut dépendre le nombre d’étudiants, les crédits pour acheter du matériel, etc. Un travail négatif ne compte pas. En d’autres termes, aucune revue ne publiera un travail où l’on dit : « nous avons cherché l’implication de la protéine Aβ* 56 dans la maladie d’Alzheimer chez la souris et nous n’avons pas trouvé de lien ». SI donc cette protéine n’était pas impliquée dans le déclin cognitif, le résultat est scientifique, mais il est négatif et aucune revue ne l’aurait publié. C’est la première explication qui peut venir à l’esprit, mais pour avoir le fin mot de l’histoire il faudrait interroger le principal auteur de l’article.

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Une nouvelle étude nous apprend par ailleurs, la même semaine, qu’il n’y aurait aucun lien entre la dépression et la sérotonine. Cette découverte remet en cause l’efficacité de nombreux antidépresseurs.

Comment la science se trompe.... Dans The Economist du 26 octobre, un dossier sur l’évolution du système mondial de recherche scientifique : « How science goes wrong ». On y apprend notamment qu’un nombre important et croissant de publications souffrent de biais statistiques ou défauts méthodologiques qui devraient inciter à la prudence sur les conclusions, quand il ne s’agit pas d’erreurs pures et simples. 

« Des coraux plus résistants à la chaleur » ou des études précédentes peu fiables et alarmistes ?  La menace stéréotypée n’expliquerait pas la différence de résultats entre les sexes en mathématiques (suite) 

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Reproduction d’études marketing — Jusqu’à présent (2022), seules 3 tentatives de réplication sur 34 (8,8 %) en marketing ont réussies sans ambiguïté.

Canulars embarrassants : revues « savantes » dupées par de fausses études adoptant des mots clés à la mode

Dépression : la célèbre « théorie de la sérotonine » remise en cause

Une nouvelle étude affirme qu’il n’y aurait aucun lien entre la dépression et la sérotonine. Cette découverte remet en cause l’efficacité de nombreux antidépresseurs. Contrairement à ce qu’on avait pensé jusqu’à aujourd’hui, un faible taux de sérotonine ne serait pas la seule cause de la dépression.

La sérotonine est une molécule produite par le cerveau pour transmettre l’information dans le système nerveux. Les chercheurs l’ont longtemps tenu responsable de la régulation des humeurs, et donc de la dépression. Mais une méta-analyse de 17 études publiée dans la revue Molecular Psychology ce mercredi 20 juillet vient remettre en cause cette théorie.

Ces chercheurs de l’University College de Londres ont choisi de recenser toutes les études pertinentes sur la sérotonine et la dépression. Ils ont ainsi analysé les cas de plusieurs dizaines de milliers de participants, avec ou sans trouble mental. En comparant leurs niveaux de sérotonine, les scientifiques n’ont pas noté de différence majeure.

De fait, l’équipe affirme qu’il n’y aurait aucune preuve qu’une faible quantité de sérotonine soit à l’origine de la dépression.

L’efficacité des antidépresseurs due à l’effet placebo

Cette découverte est importante, car elle remet en question la pertinence de certains traitements contre la dépression. Les ISRS désignent une classe de médicaments qui cible directement les transporteurs de la sérotonine. Ils sont de loin les antidépresseurs les plus prescrits.

Selon l’étude, leur utilité ne serait pas prouvée. En réalité, on les penserait efficaces « par le biais d’un effet placebo amplifié ou par leur capacité à restreindre ou à atténuer les émotions en général ».

« De nombreuses personnes prennent des antidépresseurs parce qu’elles ont été amenées à croire que leur dépression a une cause biochimique, mais cette nouvelle recherche suggère que cette croyance n’est pas fondée sur des preuves », détaille Joanna Moncrieff, l’auteur principal de l’étude, dans un communiqué de presse.

« Il est grand temps d’informer le public que cette croyance n’est pas fondée sur des bases scientifiques », ajoute la professeure.

Des résultats controversés

Cette analyse a beaucoup fait réagir la communauté scientifique. Certains chercheurs ont notamment souligné le fait que l’étude arrivait à des conclusions hâtives et prématurées.

« Les antidépresseurs sont un traitement efficace (…), qui peut également être prescrit pour toute une gamme de problèmes de santé physique et mentale », a déclaré un porte-parole du Royal College of Psychiatrists au Science Media Centre.

« L’efficacité des antidépresseurs varie selon les personnes, et les raisons en sont complexes. Nous ne recommandons à personne d’arrêter de prendre ses antidépresseurs sur la base de cette étude, et nous encourageons toute personne ayant des inquiétudes concernant son traitement à contacter son médecin. »

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dimanche 24 juillet 2022

24 juillet 1967, le Gal de Gaulle remonte la Chemin du Roy et prononce « Vive le Québec libre ! »

Il y a 50 ans aujourd’hui, lundi le 24 juillet 1967 décrété jour férié, le Président de la République française, le général Charles de Gaulle parcourrait le « Chemin du Roy » de Québec à Montréal en compagnie du Premier Ministre Daniel Johnson, père, et d’un long cortège. À 19 h 42, le président français apparaît au balcon de l’hôtel de ville de Montréal devant 15.000 Québécois. C'est là qu'il prononcera son célèbre « Vive le Québec libre ! »

Le général de Gaulle à Trois-Rivières le 24 juillet 1967

Extraits de l’article de Christian Rioux à cette occasion dans le Devoir :

C’était il y a 50 ans à peine. Le 23 juillet 1967, le général de Gaulle débarquait à l’Anse-au-Foulon pour une visite de trois jours qui allait changer la face du Québec. Entre Paris et Montréal, Le Devoir retrace la genèse de ce moment aujourd’hui inscrit dans tous les livres d’histoire. Premier article d’une série de trois.

Ce matin-là, Jean-Paul Bled était à Saint-Malo. On n’imagine pas un lieu plus symbolique pour apprendre que, la veille, le général de Gaulle a provoqué tout un branle-bas de combat diplomatique en lançant « Vive le Québec libre ! » du haut du balcon de l’hôtel de ville de Montréal, le 24 juillet 1967. « En plus, c’était le jour de mon mariage ! dit l’historien. Le moment resta gravé à jamais dans ma mémoire. »

Mais au fond, dit-il, ce geste n’avait rien de si étonnant. Il était dans le prolongement direct de ce qu’avait été le général de Gaulle depuis qu’il avait pris la direction de Londres et lancé l’appel du 18 juin 1940, devenant ainsi le symbole vivant de la Résistance française.

[...]

L’homme qui débarque au Québec en 1967 pour payer la dette de Louis XV n’est pas seulement le libérateur de la France. Il n’est pas seulement le président revenu au pouvoir en 1958 pour sortir le pays de la guerre d’Algérie. À cette date, il est devenu un véritable symbole de la lutte anticoloniale.




[...]


À partir de 1958, les événements vont se précipiter. Avant même la fin de la guerre d’Algérie, la France se dote de l’arme nucléaire, ce qui assure son indépendance militaire des États-Unis. En 1964, elle reconnaît la Chine populaire. La même année, de Gaulle enfreint la doctrine Monroe qui veut que, du nord au sud, l’Amérique demeure une chasse gardée des États-Unis. Le général fait un voyage triomphal en Amérique latine, où il est reçu et acclamé en « Libertador ». Un an seulement avant de fouler le sol québécois, la France se retire du commandement intégré de l’OTAN sans pour autant condamner l’alliance atlantique. Mais ce que de Gaulle rejette, c’est la domination militaire américaine. La même année, il prononce son célèbre discours de Phnom Penh contre la guerre du Vietnam. Un mois avant d’arriver à Québec, il condamne l’attaque israélienne en Palestine. Toujours au nom de l’autodétermination des peuples.




[...]


Car, chez les De Gaulle, on n’a pas oublié cette époque. Fils d’un professeur d’histoire, de Gaulle baigne depuis toujours dans l’histoire de son pays. « C’est quelqu’un qui assume toute l’histoire de France, celle de la monarchie comme celle de la Révolution », dit le professeur d’histoire Gaël Nofri, aujourd’hui conseiller municipal de la Ville de Nice. La preuve : en 1913, lorsqu’à 23 ans il prononce une conférence sur le patriotisme devant le 33e régiment d’infanterie, il l’illustre par les exemples de Jeanne d’Arc, Du Guesclin et… Montcalm ! La fin du XIXe siècle a d’ailleurs été marquée par la publication de nombreux ouvrages sur le malheureux combattant des plaines d’Abraham.

On sait par le témoignage de son fils, Philippe, que de Gaulle avait lu Maria Chapdelaine, le roman fétiche de Louis Hémon paru en 1921 qui raconte l’histoire malheureuse de ce peuple poussé à l’exil après avoir été abandonné par la France. Nofri est convaincu que la vision qu’a de Gaulle du Canada est marquée par l’œuvre de l’historien Jacques Bainville. Ce catholique monarchiste, mais qui n’était guère nationaliste, déplore que, « malgré une glorieuse résistance », la France n’ait plus manifesté d’intérêt pour le Canada après la Conquête. Avant de partir, le général confie d’ailleurs à son ministre Alain Peyrefitte que son voyage « est la dernière occasion de réparer la lâcheté de la France ».

« C’est cette dette que veut payer de Gaulle, dit Nofri. Pour lui, c’est la France qui a fondé le Canada. C’est pourquoi d’ailleurs il ne saurait être question d’aller fêter le centenaire de la Confédération. Dans sa vision, les Québécois sont une branche de l’arbre français. C’est pourquoi il parle toujours des Français du Canada. Il n’y a là aucune volonté hégémonique. Seulement une vision de la France comme une civilisation qui s’inscrit dans le temps long de l’Histoire. Comme quelque chose qui a existé, qui existe et qui a vocation à exister. »

Un combat culturel

De Gaulle ne cache pas que son combat contre l’hégémonie américaine est aussi un combat culturel contre l’hégémonie anglo-saxonne. C’est le message qu’il a livré à Phnom Penh et à Mexico, dit Nofri. « Au Québec, il cible évidemment les Anglo-Saxons. Pour lui, c’est un combat de civilisation. Il perçoit déjà le danger de cette hégémonie anglo-américaine et la menace qu’elle fait peser sur la culture et la langue. Et donc sur les libertés ! »

Car la liberté pour De Gaulle, précise l’historien, n’est pas celle des existentialistes ou de l’épanouissement personnel. « C’est la liberté des Classiques. Celle qui est donnée à chacun pour remplir son devoir. Celui de donner sens à ce qu’il a été, à ce qu’il est et ce qu’il devrait être. C’est un combat pour la civilisation. »

Pour Gaël Nofri, le message que livre de Gaulle à Montréal, à Mexico et à Phnom Penh demeure éminemment moderne et actuel. « Certes, le monde a beaucoup changé depuis, dit-il. Mais ce qu’il dit de la nation et des rapports entre les nations est d’une extrême modernité à l’époque de la lutte contre la mondialisation. »




Recension du roman La Traversée du Colbert par Mario Girard :

Quatre mots. C’est tout ce qu’il a fallu pour créer l’une des plus grandes commotions de l’histoire moderne du Québec. Ces quatre mots ont secoué, ont nourri le rêve, ont ravivé l’espoir. Mais ils ont aussi divisé, déçu et mis à mal le sacrosaint jeu diplomatique.

Quand, le 24 juillet 1967, à 19 h 42, le président français Charles de Gaulle apparaît sur le balcon de l’hôtel de ville de Montréal, la foule présente d’environ 15 000 personnes est en liesse. Toute la journée, de Québec jusqu’à la métropole, le général a reçu un accueil digne de la Libération (ce sont ses mots) tout au long de son parcours sur le chemin du Roy.

Quand, quelques minutes plus tard, il couronne son discours par le mythique et retentissant « Vive le Québec libre », la même foule ne se contrôle plus. Elle exulte de joie, de fierté. Elle attendait ses paroles, elle les espérait. Elle les a eues.

Autour du général, c’est la consternation. On croit halluciner. Du côté français, déjà on pense à la manière de limiter les dégâts. Dans le clan des fédéralistes, on encaisse durement le coup. Chez les nationalistes, l’émotion étreint tout.

Depuis maintenant 50 ans, on ne cesse d’analyser la nature et la portée de ces quatre mots. Ont-ils été improvisés, comme certains continuent de le croire ? Pour mon collègue André Duchesne, auteur de l’essai La traversée du Colbert, il ne fait aucun doute que de Gaulle savait exactement ce qu’il faisait et que tout dans ce discours avait été prémédité.

Le vieux général n’avait-il pas dit à son entourage, juste avant son départ, que, s’il venait au Québec, il allait faire des « vagues » ?

Et n’avait-il pas confié à son chef d’état-major, Jean Philippon, lors de sa traversée, qu’une fois rendu au Québec, il ferait un grand coup d’éclat ?

« Oui, je suis maintenant persuadé qu’il avait cela en tête avant son départ, dit André Duchesne. Et je crois que malgré la tempête que cela a causée, il n’a jamais regretté son geste. Son entourage, par contre, a dû faire des prouesses pour rattraper tout cela. »

Une traversée dans l’histoire

André Duchesne a décidé de faire graviter le récit de son livre, auquel il a travaillé pendant plus de trois ans, autour du navire Le Colbert, ce croiseur antiaérien de 11 300 tonnes qui amena de Gaulle et son épouse, Yvonne, en « Nouvelle-France ». « Cette traversée de l’Atlantique est aussi une traversée dans l’histoire, dit l’auteur. Et cette traversée représente la montée en puissance de toute une organisation. »

Le Colbert est en effet le symbole de ce périple. Le choix d’une arrivée par bateau, plutôt que par avion, témoigne de la ténacité du général de Gaulle à ne pas vouloir se plier aux volontés d’Ottawa. De Paris, le président français avait compris l’incroyable bras de fer que se livraient Québec et Ottawa afin de s’emparer du contrôle de sa visite dans le cadre d’Expo 67.

Si de Gaulle était venu par avion, il aurait dû d’abord atterrir à Ottawa, ce dont il n’avait pas du tout envie. La proposition du bateau l’a donc séduit. De plus, elle lui permettait de faire un arrêt, le premier d’un président de la République, dans l’archipel français de Saint-Pierre-et-Miquelon.

« Je savais qu’il y avait une terrible guerre entre les deux capitales, mais pas à ce point », ajoute André Duchesne. C’est en prenant connaissance des résumés des réunions que Lester B. Pearson a eues à deux reprises avec son cabinet dans les heures qui ont suivi la fracassante déclaration du général de Gaulle que l’auteur a saisi l’ampleur de ce gâchis diplomatique.

Mais revenons à l’arrivée du président français à Québec. Ottawa s’arrangea pour déléguer le gouverneur général Roland Michener afin d’accueillir le général de Gaulle. Ce dernier fut de glace avec cet hôte symbolisant la conquête des Anglais et a été au contraire très chaleureux avec le Premier ministre québécois Daniel Johnson, avec qui il a passé le plus clair de son voyage. Il fera notamment avec lui la fameuse balade sur le chemin du Roy, car de Gaulle avait fait part à ses conseillers de son envie de « voir des gens ».

Un véritable roman à sensation

L’essai d’André Duchesne, qui se lit comme un véritable suspense, fourmille de détails et d’anecdotes savoureuses. Cela nous permet de voir à quel point un grand stress régnait sur l’organisation de cette visite. On y apprend que la première voiture qui fut soumise aux organisateurs était une Cadillac bleu poudre dotée d’un intérieur blanc.

Devant ce véhicule jugé « quétaine » pour un chef d’État, on opta pour une Lincoln noire que Jean O’Keefe, un logisticien dans l’entourage de Daniel Johnson, surnommé Monsieur Urgence, dénicha à Oakville. Cela fait écrire à André Duchesne : « Donc, le président de la France, en voyage au Québec, se déplacera dans une voiture américaine dénichée en Ontario. C’est ça, le Canada. »

Pour tous les organisateurs, cette visite revêtait une importance grandiose. « Au fil de mes recherches, j’ai compris l’importance du rôle de la Société Saint-Jean-Baptiste dans cette opération », explique André Duchesne.

C’est en effet cette organisation qui s’est assurée que, partout sur le passage de Charles de Gaulle, de Donnacona à Montréal, en passant par Trois-Rivières, des Québécois puissent exprimer leur admiration au général et à la France en agitant des drapeaux québécois et français.

Le fameux micro

Quant à savoir si le fameux discours du président français sur le balcon de l’hôtel de ville de Montréal avait été prévu ou pas, un flou continue de persister. Un micro avait été installé, en tous les cas. Dans l’après-midi, Jean Drapeau, voyant aux derniers détails, avait demandé qu’on le retire, précisant que de Gaulle allait parler aux dignitaires sur la terrasse arrière de l’hôtel de ville, mais pas à la foule.

Le responsable se contenta de le débrancher tout simplement. Si bien que, lorsque le général monta sur le balcon et vit le micro, il demanda de s’en servir. Un technicien de Radio-Canada, également organisateur politique du député libéral Jean-Paul Lefebvre, qui était sur place, s’empressa de s’acquitter de cette tâche.

« Il n’y avait pas seulement un micro, il y avait des enceintes acoustiques, explique André Duchesne. Que faisaient-elles là ? Il est très difficile de faire le tri dans les notes provenant de la Ville de Montréal, du gouvernement du Québec et de celui de la France. Certaines font allusion à une allocution et d’autres pas. »

Quoi qu’il en soit, de Gaulle avait un but précis en venant ici. Nous n’avons qu’à écouter le discours qu’il a fait à Québec, au Château Frontenac, lors de son arrivée, et celui qu’il a prononcé lors du déjeuner à l’hôtel de ville de Montréal, le jour de son départ. Il voit dans le Québec un peuple qui doit devenir « maître de lui » et aller « au fond des choses ». Et il passe ce message clairement.

Comme on le sait, la visite de Charles de Gaulle s’est terminée plus tôt que prévu, car Ottawa a pris la décision de ne pas l’accueillir comme cela devait se faire. Le président est donc reparti le 26 juillet à bord d’un avion.

Sur le tarmac, pendant qu’une fanfare jouait Vive la Canadienne, un conseiller du Quai d’Orsay glissa à l’oreille du président : « Mon général, vous avez payé la dette de Louis XV. »

Quant au Colbert, il s’engagea dans le Saint-Laurent le 30 juillet pour regagner la mer et retourner à Brest avec son équipage. Après avoir été transformé en musée maritime à Bordeaux pendant une quinzaine d’années à partir du milieu des années 90, il a été remorqué au cimetière des navires de Landévennec.

Le Colbert vit actuellement ses derniers jours. Il repose à Bassens en attendant d’être découpé en morceaux (si j’étais le Musée de la civilisation ou celui de Pointe-à-Callière, je m’empresserais de faire une demande à la France afin d’obtenir un fragment de ce bateau).

Le Colbert n’a pas eu la même chance que ce discours, celle de passer à la postérité. Mais il a eu le privilège de transporter le rêve qui était également du voyage.


La traversée du Colbert
par André Duchesne,
paru chez Boréal,
en juin 2017,
320 pages
ISBN Papier 9782764624807
ISBN PDF 9782764634806

Extrait en ligne

24 juillet 1534 — Jacques Cartier prend possession du Canada au nom du roi de France

Texte de René Maran, paru en 1968 :

Le pilote malouin brûlait de « voyager, découvrir et conquérir à Neuve-France, ainsi que trouver, par le Nord, le passage au Cathay » (la Chine), le roi de France voyant dans ce périple une façon d’entraver l’avancée de Charles Quint et, partant, de l’affaiblir financièrement

L’enfance et l’adolescence de Jacques Cartier, né en 1491 à Saint-Malo, nourries de hauts faits maritimes, l’avaient poussé à faire de bonne heure ses classes de marin, en bourlinguant le long des côtes de l’Europe et de l’Afrique. Peut-être même participa-t-il à des guerres de courses, à des abordages.

Toujours est-il qu’il est « pilote et maître de navire » en 1521. Sa notoriété, déjà grande, sa fortune solide lui assure un bel avenir. L’une et l’autre lui ont permis de se marier, l’année précédente, avec Catherine des Granches ou des Granges, l’une des plus fortunées héritières de sa ville natale, fille de Jacques, connétable de Saint-Malo et sieur de la Ville-ès-Gars, et de dame Françoise, née du Mast.

Portrait de Jacques Cartier devant une carte de la côte canadienne. Dessin (colorisé) de Pierre Gandon (1899-1990)

Le mariage, célébré en grande pompe, a été béni par Messire Lancelot Ruffier, vicaire de Saint-Malo. Jacques Cartier accède par cette union au rang de notable en vue. II a pour beau-frère Macé Jalobert, maître d’équipage, et peut désormais compter en toute occasion sur l’appui financier et moral des Maingart, puissante famille alliée à celle des Granches. Il marche, lors de la fête patronale de la confrérie malouine de Saint-Jean, aux côtés du prévôt, derrière les « sonneux et tambourins », en tête de ses confrères venus en grand nombre, « nonobstant quelque indisposition de temps et mortalité ».

Jacques Cartier ne jouit pourtant, à cette époque, que d’une renommée locale. Où et comment l’a-t-il acquise ? Les archives malouines gardent encore sur ce point le silence. On peut néanmoins avancer qu’il connaissait déjà plus ou moins les côtes brésiliennes. Les Malouins du XVIe siècle s’engageaient volontiers comme marins sur les navires espagnols ou portugais allant chercher en Amérique Équinoxiale ce bois de teinture dit « bois de Brésil ».

Sans doute Jacques Cartier y fut-il pour son propre compte, à ses risques et périls. Ceux-ci étaient grands. Les Portugais, considérant le Brésil comme leur, massacraient sans merci tous ceux qui osaient leur faire concurrence. Tant de prétention avait d’ailleurs le don de révolter le pilote Crignon, qui s’écriait : « Quoique les Portugais soient le plus petit peuple du monde, le monde ne leur semble pas assez grand pour satisfaire leur cupidité. Il faut qu’ils aient bu de la poussière du cœur d’Alexandre pour montrer une ambition si démesurée. Ils croient tenir dans une seule main ce qu’ils ne pourraient embrasser avec toutes les deux. Il semble que Dieu ne fit que pour eux les mers et la terre, et que les autres nations ne soient pas dignes de naviguer. »

Quoi qu’il en soit, il est patent que Jacques Cartier a ramené du Brésil, en 1527, une jeune indigène, Catherine du Brésil, qui fut baptisée, le 30 juillet 1528, à Saint-Malo, par Messire Lancelot Ruffier, et eut pour marraine Catherine des Granches, femme de Jacques Cartier, tandis que Guyon Jamyn, recteur de Saint-Jacut, et beau-frère de Thomase Cartier, sœur du futur découvreur du Canada, lui servait de parrain. Il est patent aussi qu’il était suffisamment versé dans la connaissance de la langue portugaise pour servir d’interprète aux Portugais pris en mer et gardés dans les prisons de Saint-Malo.

Cartier n’apparaît soudain en pleine lumière qu’en 1533. Le navigateur malouin va sur ses quarante-deux ans. L’inaction lui pèse. II a soif d’aventures, voit loin, pense grand et voudrait, sentant qu’il n’est pas fait pour n’être rien qu’un roulier des mers, qu’on lui confiât une entreprise à sa taille. Mais à qui doit-il s’adresser ? À qui peut-il faire part de ses désirs, de ses projets ? Parbleu, à Philippe de Chabot, seigneur de Brion, comte de Buzançais et Charny, amiral de France !

Il a déjà eu l’occasion de deviser nombre de fois avec ce grand seigneur, notamment le jour où il lui a fait don de quelques-uns des singes et des perroquets qu’il avait rapportés du Brésil, en 1527. Les grands de ce monde ne sont pas insensibles aux présents. Les cadeaux entretiennent leur mémoire. L’appétit de l’or tiendra celle de Philippe de Chabot en éveil. Son zèle — car il est la vénalité même — croîtra en raison des richesses qu’on fera miroiter à ses yeux. Lui seul peut, en tout cas, vu le crédit dont il jouit à la cour de François Ier, faire aboutir la demande qu’il lui adresse. Celle-ci tend à obtenir l’autorisation de poursuivre les recherches que Giovanni Verrazzano n’a pu qu’ébaucher naguère.

La demande formulée par le père adoptif de Catherine du Brésil tombait à merveille. En favorisant ses desseins, le roi de France dispose d’un moyen propre à entraver l’expansion coloniale de Charles Quint, et à lui créer, ce faisant, de pénibles embarras financiers. L’autorisation que sollicite Jacques Cartier sert par conséquent sa politique. D’où il découle qu’il se doit de lui prêter tout son appui pour lui permettre d’aller « aux Terres Neuves découvrir certaines îles et pays où l’on dit qu’il se doit trouver quantité d’or ».

Itinéraire du premier voyage de Jacques Cartier en 1534

Il mande à cet effet à son trésorier, le 12 mars 1534, de verser entre les mains de Jacques Cartier, navigateur et maître pilote, la somme de six mille livres. Le royal commanditaire met, en outre, à sa disposition, deux navires. Chacun de ces navires jauge soixante tonneaux. Leur équipage ne comprend que soixante hommes en tout.

Leur recrutement ne s’opéra pas sans difficulté. Tout fut mis en œuvre pour l’enrayer. Force fut au vice-amiral Charles de Moüy, seigneur de la Meilleraye, d’intervenir avec énergie, au nom du roi, pour faire entendre raison aux matelots que les armateurs malouins débauchaient en sourdine. Il y parvint, en mettant l’embargo sur tous les navires ancrés en rade de Saint-Malo. Celui-ci ne fut levé qu’au départ de l’expédition que le roi de France avait placée sous le commandement de Jacques Cartier.

Au dire de Léon Ville, qui a romancé un agréable Jacques Cartier à l’usage de la jeunesse, des deux vaisseaux que commande le marin breton, l’un s’appelle le Triton, l’autre le Goéland. Selon le même auteur, le voyage d’aller dura quatre-vingt-dix jours. En réalité, parti de Saint-Malo le 20 avril 1534, Jacques Cartier atteint le cap terre-neuvien de Bonavista le 10 mai suivant, mouille à cinq lieues de là, au sud, dans un port auquel il donne le nom de Sainte-Catherine, s’y ravitaille en viandes et en poissons, prend alors la direction du nord, s’engage dans le détroit de la Baie des Châteaux, qui s’appelle aujourd’hui le détroit de Belle-Isle.


Il serre ensuite de près la côte méridionale du Labrador, dans la direction du sud-ouest, « jalonnant çà et là sa route, souligne M. d’Avezac, l’un de ses meilleurs et plus consciencieux biographes, de quelques noms bretons, tels que Havre de Brest, Havre de Saint-Servan, au milieu de beaucoup d’autres, jusqu’à la baie de Chicataka, qui fut appelée Havre de Jacques Cartier. »


Jacques Cartier prend possession de la Baie de Gaspé le 24 juillet 1534. 
Illustration de Louis-Charles Bombled (1862-1927) publiée dans Histoire de la Nouvelle-France par E. Guénin (1904)

Comme le golfe allait s’élargissant de plus en plus, il voulut en reconnaître la rive opposée, et vint aborder au cap Double, la pointe Riche de nos jours, pour descendre ensuite jusqu’à un cap qu’on atteignit le 24 juin et qu’on appela pour cette raison cap Saint-Jean, aujourd’hui cap de l’Anguille. De là, tournant à l’ouest, on toucha successivement à diverses îles, dont l’une reçut le nom de Brion, en l’honneur du grand amiral qui avait patronné l’expédition, et l’on arriva au fleuve des Basques : la rivière de Miramichi. Puis on remonta au nord, en explorant la Baie-des-Chaleurs, dont l’entrée est signalée au-delà par le cap de Prato, aujourd’hui Cap Forillon.

De là, toujours serrant la côte qu’il remonte vers le nord, il arrive à Gaspé et prend possession, le 24 juillet 1534, du sol de la Nouvelle France. Voici le texte authentique de cette prise de possession :

« Le XXIVe jour dudit mois, nous fîmes faire une croix, de trente pieds de haut, qui fut faite devant plusieurs d’eux [il s’agit des indigènes de Gaspé], sur la pointe de l’entrée dudit havre ; sous le croisillon de laquelle mîmes un écusson en bosse, à trois fleurs de lys, et dessus, un écriteau en bois, engravé en grosses lettres de forme, où il y avait : VIVE LE ROY DE FRANCE

“Et icelle croix plantâmes sur ladite pointe devant eux, lesquels la regardaient faire et planter. Et après qu’elle fut élevée en l’air, nous nous mîmes tous à genoux, les mains jointes, en adorant icelle devant eux ; et leur fîmes signe, regardant et leur montrant le ciel, que par icelle était notre rédemption.”

La Gaspésie est désormais terre française. Le roi de France a dorénavant droit de regard sur les provinces qui l’entourent. Leur ensemble forme le Canada. En donnant à François Ier ces terres nouvelles, leur découvreur a rempli l’essentiel de sa mission. Voilà ce que signifie, aux yeux de Cartier et de ses gens, le “padron” fleurdelisé dominant la baie de Gaspé.

Source : d’après Voyages de découverte au Canada entre les années 1534 et 1542, suivis d’une biographie de Jacques Cartier par René Maran, paru en 1968

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Le film Hochelaga : terre des âmes fausse la réalité historique

samedi 23 juillet 2022

Ukraine — Sites internet, réseaux sociaux, interfaces de logiciel devront être traduits en ukrainien et cette version doit être présentée en premier

En Ukraine, à partir du 16 juillet 2022, les sites doivent avoir une version de base en ukrainien, qui devrait être présentée par défaut aux utilisateurs ukrainiens.

C’est ce qu’a déclaré le commissaire à la protection de la langue d’État, Taras Krèmine, lors d’un point de presse au Centre des médias Ukraine (Ukrinform) consacré à une nouvelle étape dans la mise en œuvre de la loi sur la langue d’État et l’introduction d’amendes administratives en cas de violation de celle-ci.

« À partir du 16 juillet, les ressources Internet auront une page d’accueil de base en ukrainien et fourniront aux citoyens ukrainiens des informations socialement importantes dans la langue officielle… En outre, cela s’applique aux représentations Internet, y compris les sites Web, les pages des réseaux sociaux, les organismes administratifs de l’État, les gouvernements locaux, les entreprises, les institutions et les organisations appartenant à l’État et aux municipalités, les médias enregistrés en Ukraine, ainsi que les entités commerciales vendant des biens et des services en Ukraine », a déclaré Krèmine.

L’armée de Kiev chassée de Marioupol, un panneau routier écrit en ukrainien (Маріуполь) et dans sa transcription anglaise (Mariupol) est remplacé par sa version russe (Мариуполь)
.
Le commissaire a ajouté que d’autres versions linguistiques des mêmes sites Web et mêmes pages sont permises, mais la version dans la langue d’État ne devrait pas contenir moins d’informations en termes de volume et de contenu que les versions en langue étrangère. Cette version ukrainienne devra être chargée par défaut pour les utilisateurs ukrainiens.

Dans le même temps, cette règle ne s’applique pas aux sites Web de médias publiés exclusivement en tatar de Crimée, en anglais, dans d’autres langues des peuples autochtones d’Ukraine, dans d’autres langues officielles de l’Union européenne [on note l’exclusion du russe, langue très parlée en Ukraine, de cette liste d’exceptions.]

Il a noté que de telles normes législatives renforceront le poids et le statut de la langue ukrainienne en tant que langue d’État et d’appréhender les événements en Ukraine et dans le monde dans la langue d’État.

En outre, Krèmine a noté qu’à partir du 16 juillet, les interfaces utilisateur devraient également être dans la langue officielle — il s’agit de toutes les informations sur les appareils, y compris les appareils ménagers [ce n’est même pas le cas au Québec où la loi 101 exclut tout ce qui est gravé, notamment sur les appareils électroménagers, des obligations d’affichage en français], tout autre appareil ou sur les caractéristiques d’utilisation d’un élément particulier. Le commissaire a ajouté que l’Ukraine communique avec des fabricants de biens de renommée mondiale à ce sujet.

Points saillants de la loi

À l’issue de la période de transition de trois ans, les exigences suivantes de l’article 27 de la loi entreront finalement en vigueur à compter du 16 juillet 2022 :

  • Les interfaces utilisateur des logiciels installés sur les produits commercialisés en Ukraine doivent être en ukrainien et, en termes de volume et de contenu, la version ukrainienne ne doit pas contenir moins d’informations que les versions en langue étrangère de cette interface. Les produits non conformes seront considérés comme défectueux, ce qui pourra engager la responsabilité du consommateur.
  • Les pages Internet (par exemple, les sites Web et les pages de médias sociaux) des médias enregistrés en Ukraine, ainsi que des entreprises qui commercialisent leurs produits/services en Ukraine et sont enregistrées en Ukraine, doivent être en ukrainien. La loi permet d’avoir des pages Internet dans d’autres langues à condition que la version ukrainienne soit disponible par défaut pour les utilisateurs et ne contienne pas moins d’informations que les versions en langue étrangère, en termes de volume et de contenu.
  • Les entités étrangères qui commercialisent leurs produits/services en Ukraine et ont des filiales, des entités affiliées ou des bureaux de représentation en Ukraine doivent s’assurer que le volume et le contenu de la version ukrainienne de leur site Web sont suffisants pour faciliter la navigation des utilisateurs et présenter l’activité commerciale du propriétaire de ces pages sur Internet et que cette version est disponible par défaut pour les utilisateurs.
  • La première violation peut donner lieu un avertissement. Les infractions suivantes  seront punies d’une amende pouvant aller jusqu’à 145 USD (ou jusqu’à 340 USD en cas de récidive dans l’année suivant la dernière infraction). En outre, les dispositions habilitant le commissaire à imposer des amendes pour violation de la loi entreront également en vigueur à compter du 16 juillet 2022. Ainsi, le commissaire sera bientôt doté de nouveaux pouvoirs pour appliquer la loi plus strictement. Les amendes peuvent varier entre 96 USD et 240 USD pour une première infraction et entre 240 USD et 340 USD si elle se répète dans l’année suivant la dernière infraction.

Les lois linguistiques d’Ukraine d’avant le conflit avec la Russie déjà épinglées par Human Rights Watch

Une nouvelle disposition juridique sur l’utilisation de la langue ukrainienne, qui fait partie d’une loi plus large sur la langue d’État, suscite des inquiétudes quant à la protection des langues minoritaires.

La disposition, entrée en vigueur le 16 janvier 2022, est stipulée à l’article 25 de la loi. Elle oblige les médias imprimés enregistrés en Ukraine à publier en ukrainien. Les publications dans d’autres langues doivent également être accompagnées d’une version ukrainienne, équivalente en contenu, volume et méthode d’impression. [Imaginer The Gazette de Montréal obligée de publier une version identique en français avec le même contenu et même tirage que la version anglaise.] De plus, les lieux de distribution tels que les kiosques à journaux doivent avoir au moins contribué à leur contenu en ukrainien.

La loi sur la langue d’État exige que l’ukrainien soit utilisé dans la plupart des aspects de la vie publique. La loi a été adoptée et signée par l’ancien président Petro Porochenko en 2019, alors qu’il quittait ses fonctions, plusieurs dispositions devant entrer en vigueur les années suivantes.

La loi vise à revitaliser la langue ukrainienne et fait partie des efforts du gouvernement pour renforcer l’identité nationale après la chute de l’Union soviétique. Certains responsables l’ont qualifié d’essentiel pour la sécurité nationale de l’Ukraine. Les sondages d’opinion publique indiquent qu’au moins 60 % des Ukrainiens soutiennent certaines dispositions de la loi.

L’article 25, concernant la presse écrite, prévoit des exceptions pour certaines langues minoritaires, l’anglais et les langues officielles de l’UE [pour satisfaire ses minorités roumaines et hongroises ?], mais pas pour le russe. Les autorités ukrainiennes justifient cela en évoquant les ambitions européennes du pays et « le siècle d’opposition des… Ukrainiens en faveur des Russes ». [Il s’agit d’une vision nationaliste de l’Ouest de l’Ukraine, de la Galicie et de la Volhynie. Pour d’autres, le russe était simplement la langue littéraire adoptée par l’immense majorité des gens lettrés, un peu comme le toscan était la langue littéraire commune de l’Italie alors que les « dialectes » italiens comme le piémontais et le sicilien étaient sans doute plus distants que le russe de Moscou ne l’est de l’ukrainien de Zaparojié, de Kharkov ou d’Odessa. Gogol bien qu’Ukrainien n’a écrit qu’en russe.]

HRW se demandait si les garanties accordées aux langues minoritaires sont suffisantes. La Commission de Venise, le principal organe consultatif du Conseil de l’Europe sur les questions constitutionnelles, a déclaré que plusieurs articles de la loi, dont l’article 25, « n’ont pas réussi à trouver un juste équilibre » entre la promotion de la langue ukrainienne et la sauvegarde des droits linguistiques des minorités. Il a déclaré que « l’oppression historique de l’ukrainien… peut expliquer l’adoption de mesures positives visant à promouvoir l’ukrainien, mais cela ne peut justifier de priver la langue russe et ses locuteurs de la protection accordée aux autres langues… »

Selon une étude sociologique de 2002, 44,7 % seulement de la population totale de l’Ukraine parlaient l’ukrainien de façon habituelle, le reste de la population, y compris les ethnies autres que la russe, parlant habituellement le russe4

Sources : Ukrinform et HRW

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L’Europe de l’Est en proie à une démographie en chute libre  

Marioupol, les élèves retournent en classe (vidéos), heureux de pouvoir étudier en russe

Lettonie — Vers l’élimination de l’enseignement en russe en 2025 

Moldavie — 88 % des réfugiés ukrainiens choisissent le russe comme langue d’enseignement, 6 % l’ukrainien

Budapest bloque adhésion de l’Ukraine à l’OTAN en raison des lois linguistiques de l’Ukraine (2017)

jeudi 21 juillet 2022

L'imposition de l'ordre du jour « anticolonial » et diversitaire, c'est payant : 90 - 123 K $/an

Chronique de Sophie Durocher parue à ce sujet dans le Journal de Québec.


Notons que les musées sélectionnent déjà des candidats avec ce profil « anticolonial » et « inclusion ». C’est ainsi que l’étudiante en maîtrise en archéologie qui demande à ne plus classifier les squelettes en hommes ou en femmes, Emma Palladino (ci-contre), est déjà « Médiatrice culturelle et coordonatrice [recte : coordonnatrice] de communications » au Musée des métiers d’art du Québec.

Je vous dis souvent que « La diversité, c’est payant ».

Je vous parle régulièrement de ces postes grassement payés, à la direction de la diversité et de l’inclusion, dans le milieu culturel (Téléfilm, ONF, Radio-Canada, etc.).

Eh bien le Musée des Beaux-Arts du Canada, une société d’État fédéral, vient d’ouvrir un poste à pourvoir… et ça remporte la palme en termes de charabia woke.

LE RETOUR DU JEDI

Le 14 juillet, le MBAC a ouvert un poste de « Directeur, Antiracisme et inclusion » qui relèvera de la « Dirigeante principale de la stratégie et de l’inclusion » au sein du « Département de transformation stratégique et inclusion ».

Mais en quoi consistera ce boulot qui nécessite 37 heures de travail par semaine ?

« Appuyer la préparation et la mise en œuvre du plan d’action du MBAC en matière de justice, d’équité, de diversité, d’inclusion et d’accessibilité (JEDI&A) axé sur l’élimination du racisme et de l’oppression ». 

 


 

Diantre ! L’oppression ! En 2022, dans le milieu des musées, il y a non seulement du racisme… mais de l’oppression !

Mais attention ! Ce n’est pas tout ! Ne pensez pas que notre futur « Directeur, Antiracisme et inclusion », relevant de la « Dirigeante principale de la stratégie et de l’inclusion », va se tourner les pouces.

Il ou elle « doit également travailler au sein de l’équipe responsable de la mise en œuvre du cadre d’accessibilité du MBAC et collaborer avec la division Voies autochtones et décolonisation. Cette collaboration doit servir de modèle de pratique inclusive par l’adoption d’une optique intersectionnelle ».

Il ou elle ne se tournera pas les pouces, je vous en passe un papier. Il ou elle « doit également mettre l’accent sur l’élimination du racisme systémique par la détermination d’actions significatives qui abordent tous les obstacles et les désavantages ».

On peut dire qu’il/elle aura du pain sur la planche, Mesdames et Messieurs ! « Ses tâches incluent, sans s’y limiter, l’élaboration de stratégies organisationnelles, de systèmes, de programmes, de mesures, de séances d’éducation et d’ateliers de formation ».

Des ateliers de formation ? Bien sûr ! C’est pour ça que dans les qualités et expériences requises pour le poste, on spécifie que « posséder une expérience en formation de formateurs constitue un atout ».

Pour accomplir sa tâche, « en collaboration avec la haute direction et diverses autres personnes, la personne titulaire du poste doit appuyer et éclairer le processus de prise de décision afin d’améliorer et de renforcer une culture antiraciste fondée sur les principes de justice, d’équité, de diversité, d’inclusion et de changement culturel ».

Ne pensez pas qu’on va engager n’importe qui pour ce poste stratégique, que dis-je névralgique !

Il faut quelqu’un qui possède une « excellente compréhension des théories et des pratiques de lutte contre l’oppression, de décolonisation, de lutte contre le racisme, d’intersectionnalité ou de féminisme intersectionnel ; de 7 à 10 ans d’expérience avec celles-ci ; et la capacité de mettre en pratique ses connaissances ».

Avez-vous remarqué ? Il s’agit d’une offre d’emploi pour le Musée des beaux-arts du Canada, la plus importante collection d’œuvres d’art au pays.

Mais rien dans l’offre ne parle de connaissances en art...

C’EST PAYANT !

Serez-vous la perle rare ? Vous aurez « un salaire compétitif et un régime complet d’avantages sociaux ». Compétitif, c’est un euphémisme. Ce poste est payé de 90 961 $ à 123 067 $ par année.

Eh oui. Il ne faudrait pas que notre direct.eur.tri.ce soit victime d’oppression.

Voir aussi  

Le juteux marché de l’éducation et de la formation diversitaires

Formation à la BBC : il y aurait plus de 150 genres et le diffuseur public doit développer une image « trans »  


Le nombre de cadres « racisés » a augmenté à Radio-Canada, les femmes y représentent 63 % des cadres

Université Laval — Jeunes chercheurs blancs en biologie non handicapés s’abstenir 

Propagande multiculturaliste et diversitaire avec vos impôts  

Canada — programme de financement du logement fondé sur la race

Enseignants — Voyage au cœur de la machine à endoctriner diversitaire  

Universités diversitaires — La bombe Jordan Peterson  

L’Université d’État de Californie considère abandonner les tests standardisés comme critères d’admission

Le Canada, une maison de fous diversitaires ? 

Éducation au Québec — « Mais c’est très colonial que de déterminer des échéanciers et de s’y tenir à tout prix ! »

McGill — discrimination positive en médecine pour les candidats qui « s’identifient comme noirs »

Universités — candidats universitaires en sciences (STIM) doivent promettre de promouvoir la diversité (avec liste de postes de professeur ou d’assistant à pourvoir).

Université anglophone Concordia : « Repérer et contrer le colonialisme en physique contemporaine »

Étude sur les pressions, les sanctions, la discrimination politique et l’autocensure à l’université

Aux racines du wokisme dans les universités. Pourquoi cette crise dans les universités ?

Royaume-Uni — le gouvernement s’attaque à la censure et l’intimidation dans les universités 

La lâcheté de l’université anglophone McGill et son « éducation de qualité » 

Longue confrontation lors d’un cours d’anatomie pour avoir rappelé l’importance biologique des différences sexuelles

Universités : après le mot « nègre » devenu tabou, le bannissement de « femme » et « homme » pour transphobie ? 

Trudeau : le 8 mars, « nous » célébrons les « personnes de diverses identités de genre » [8 mars = journée internationale de la femme…] 

Lockheed Martin—Hommes blancs, mal ; missiles de guerre, bien ? Formation sur le privilège blanc.

mercredi 20 juillet 2022

Parlement russe envisage une interdiction totale de la propagande LGBT sur internet et dans les films

Selon l’agence TASS, Le comité de la Douma (parlement) d’État russe sur la politique de l’information, les technologies de l’information et les communications poursuit l’interdiction de la propagande LGBT dans les médias, sur la Toile et dans les films, quel que soit l’âge du public, a déclaré lundi le chef du comité, Alexander Khinchtein.

Il s’agit d’étendre l’application de l’article 6.21 du Code des infractions administratives qui ne prévoit actuellement de sanctions que pour la propagande de relations sexuelles non traditionnelles auprès des mineurs.

« Je soutiens pleinement la position du [président de la Diète d’État] Viatcheslav Volodine sur l’interdiction de la propagande pour les valeurs non traditionnelles. Plus tôt, le comité de la Douma d’État sur la politique d’information a déjà commencé à élaborer des initiatives correspondantes », a écrit M. Khinchtein sur sa chaîne Telegram.

Le chef du Comité de la Douma d’État russe sur la politique de l’information, les technologies de l’information et les communications Alexander Khinchtein 
 
« Nous proposons, de manière générale, d’introduire une interdiction de cette propagande, quel que soit l’âge du public (hors ligne, dans les médias, sur Internet, sur les réseaux sociaux ainsi que dans les salles de cinéma en ligne) », a-t-il ajouté. Selon le législateur, la commission a également proposé d’introduire une responsabilité administrative pour une telle propagande.

De plus, les législateurs cherchent à imposer une responsabilité encore plus stricte pour la propagande de la pédophilie ainsi qu’à « interdire la diffusion parmi les enfants non seulement de la propagande, mais de toute autre information affichant des relations sexuelles non traditionnelles ou des perversions », a-t-il noté.

« Au cours de la session d’automne, nous serons prêts à tenir une discussion ouverte. […¸] [...] Nous avons déjà, élaboré ces initiatives avec le gendarme des médias et le ministère du Numérique, des Communications et des Médias », a noté le politicien.

Plus tôt, Volodine s’est adressé à sa chaîne Telegram pour dire qu’il soutenait l’idée d’introduire une interdiction des valeurs non traditionnelles en Russie.

Voir aussi

« Valeurs européennes » : la promotion de contenus LGBT auprès des mineurs ?

Poutine à Téhéran, le 19 juillet, se moque des Européens spécialistes en matières non traditionnelles (tant énergétiques que relationnelles). Ces choix des énergies non traditionnelles (le vent, le soleil) expliquerait en partie la hausse des prix en Europe. « Relations non traditionnelles » est le terme pour désigner le domaine LGBTQ2SAI+ en Russie.


Les entrées illégales par Roxham atteignent un sommet historique, Ottawa reste de marbre

Un texte de Fréderic Bastien paru dans le Journal de Québec.

Radio-Canada rapportait récemment qu’il y a eu un record de 13 000 demandeurs d’asile qui sont passés par le chemin Roxham entre janvier et mai. En conséquence, on érige un village de roulottes à la frontière pour héberger tout ce beau monde et les hôtels sont pleins.

Le refus de Trudeau de fermer Roxham tient probablement de son désir de recevoir chaque année un nombre record d’immigrants (405 000 sont prévus en 2022) pour faire du Canada un pays postnational. Comme il l’a dit en juin dernier lors de la journée du multiculturalisme, cette diversité fait que «le Canada n’en est que plus riche».


Appauvrir les pauvres

En fait, ce n’est pas le Canada dans son ensemble qui s’enrichit, ce sont les Canadiens fortunés, ceux qui détiennent des immeubles dont la valeur augmente, tout comme les loyers. Les pauvres, eux, incluant plusieurs immigrants arrivés ici légalement, s’appauvrissent. Même les classes moyennes sont désormais affectées. Comme le notait en juin dernier le magazine britannique The Economist, le prix médian des maisons au Canada était 10 fois plus grand que le revenu médian des ménages, une situation jamais vue en 42 ans. Depuis l’an 2000, le prix des résidences a augmenté de 60% aux États-Unis et de 300% au Canada. Suivant The Economist, cette situation s’explique notamment par la hausse de l’immigration.


Par ailleurs, la politique du gouvernement Trudeau affaiblit notre frontière, une institution pourtant essentielle pour l’existence de tout État-nation qui se respecte. C’est ce qui arrive quand un pays encourage des étrangers à violer son intégrité territoriale et ses propres lois, comme le fait le chef des fédéraux. Celui-ci est solidaire de réfugiés aux États-Unis qui n’ont rien à craindre pour leur vie dans ce pays mais qui veulent contourner les règles pour entrer chez nous. Parallèlement, il se désolidarise de la population canadienne et québécoise sur laquelle il est censé veiller.

Clientélisme ethnique, Québec ne sélectionne que 10 % des immigrants

Trudeau vit très bien avec cette situation, son parti se spécialise dans le clientélisme ethnique et courtise toutes les communautés culturelles. Au nom de la diversité, il donne même des millions de dollars à des groupes islamistes haineux.

Pour le Québec la politique des fédéraux est une catastrophe. Nous ne sélectionnons plus que 10% des immigrants qui entrent sur notre territoire alors que le nombre d’immigrants francophones n’a jamais été aussi faible. Le poids du Québec dans le Canada recule, tout comme la proportion de francophones chez nous.

Voilà bien la raison pour laquelle le gouvernement québécois veut plus de pouvoirs en immigration. Monsieur Legault a raison de dire que la survie de notre peuple est en cause.

Mais Trudeau se réjouit certainement de la situation dans laquelle il plonge notre nation. Il a appris une chose essentielle de son père. Il n’y a rien comme remettre le Québec à sa place pour marquer des points au Canada anglais.

Voir aussi 

En janvier 2022, l’augmentation de l’immigration depuis l’arrivée des libéraux au pouvoir a amplifié la crise du logement, selon des experts entendus devant le Comité des finances qui s’intéresse à la montée de l’inflation au pays. « Depuis 2015, nous avons vu une augmentation énorme de l’immigration qui a amplifié la pression sur le marché immobilier », a dit Jean-François Perrault, premier vice‐président et économiste en chef de la Banque Scotia, tout en soulignant être en faveur de l’accueil de nouveaux arrivants.

Des personnes ayant la nationalité américaine réclament le statut de réfugié au Canada

Afflux renouvelé de réfugiés au Québec et impact sur le réseau scolaire déjà en sous-effectif  

Crise du logement : le tabou des seuils d’immigration trop élevés

Humour — désolé d'être là 

Les ⅔ des Québécois contre une hausse du nombre d’immigrants 

Immigration de masse : le Canada connaît la plus forte croissance démographique du G7

L’augmentation de l’immigration a amplifié la crise du logement

Canada — Faire passer l’immigration de 300 000 personnes par an à un million

L'initiative du Siècle (dont un des cofondateurs est Dominic Barton, actuellement ambassadeur du Canada en Chine populaire). En anglais uniquement.

Le patronat québécois reprend de plus belle sa campagne en faveur de l’immigration massive : 64 000 par année au Québec ! (1er avril 2021, ce n’est hélas pas un poisson d’avril)

L'État-providence : une pompe aspirante pour tous les immigrants « illégaux »

mardi 19 juillet 2022

Activistes font pression pour empêcher les anthropologues d'identifier les restes humains comme "masculins" ou "féminins"

Des scientifiques soutiennent qu’ils ne peuvent pas connaître l’identité sexuelle à laquelle les dépouilles s’identifiaient.

Dès que des restes humains anciens sont découverts, les archéologues commencent le travail de détermination d’un certain nombre de traits sur l’individu, y compris l’âge, la race et le sexe.

Mais une nouvelle école de pensée au sein de l’archéologie pousse les scientifiques à réfléchir à deux fois avant d’attribuer un sexe aux restes humains anciens.

Il est possible de déterminer si un squelette provient d’un mâle ou d’une femelle biologique en utilisant des observations objectives basées sur la taille et la forme des os. Les médecins légistes font de même dans le cadre de leurs enquêtes.

Mais les militants LGBTQSAI+ soutiennent que les scientifiques ne peuvent pas savoir comment un ancien individu s’était identifié de son vivant.

« Vous connaissez peut-être l’argument selon lequel les archéologues qui trouveront vos os un jour vous attribueront le même sexe que celui que vous aviez à la naissance, donc peu importe si vous faites une transition sexuelle, vous ne pouvez pas échapper à votre sexe assigné », a tweeté la semaine dernière Emma Palladino, candidate à la maîtrise à l’Université de Montréal en anthropologie. En 2019, elle publiait un article intitulé Une nouvelle voie à suivre : décolonisation et voix autochtones dans les musées occidentaux.

Pour Mlle Palladino l’attribution d’un sexe à un squelette est une « connerie ».

« L’étiquetage des restes humains comme “masculin” ou “féminin” est de toute façon rarement l’objectif final d’une fouille », a écrit Palladino. « La “bioarchéologie de l’individu” est notre but, elle intègre absolument tout ce que nous découvrons sur une personne dans une biographie nuancée et ouverte de sa vie. »

Elle n’est pas la seule. Les militants du genre ont formé un groupe de travail appelé Trans Doe afin d’« explorer les façons dont les normes actuelles en matière d’identification humaine médico-légale ne rendent pas service aux personnes qui ne correspondent pas clairement à la division binaire des sexes ».

« Nous proposons une approche de l’identification humaine tenant compte du genre en regroupant des bases de données manquantes et non identifiées à la recherche d’indices contextuels tels que des personnes décédées portant des vêtements culturellement codés selon un sexe autre que le sexe qui leur a été attribué », indique l’énoncé de mission du groupe. [Il faut donc d’abord « attribuer un sexe » biologique à ces dépouilles pour permettre cette recherche !]

[…]

En février dernier, la professeure agrégée de l’Université du Kansas, Jennifer Raff, a publié « Origin: A Genetic History of the Americas », dans lequel elle affirmait qu’il n’y avait « pas de distinction nette entre les individus physiquement ou génétiquement “masculins” ou “féminins” ».


Raff (ci-contre) a suggéré que les scientifiques ne peuvent pas connaître le sexe d’une chasseuse péruvienne biologiquement féminine âgée de 9 000 ans, car ils ne savent pas si la chasseuse s’est identifiée comme un homme ou une femme — un concept de « dualité » qui, selon elle, a été « imposé par les colonisateurs chrétiens ».

Raff n’a pas répondu à une demande de commentaire de The College Fix.

Certains archéologues dénoncent les efforts visant à dégenrer les dépouilles humaines.

La professeure d’archéologie de l’État de San Jose, Elizabeth Weiss, a déclaré à The Fix que l’élimination des classifications de genre équivaut à une « falsification à motivation idéologique ». Weiss a déclaré qu’il y avait un mouvement parmi les universitaires « pour imposer dans tous les domaines les concepts chers aux universitaires [wokes] ».

Weiss a déclaré que la récente explosion du nombre de personnes s’identifiant comme transgenres suggère qu’il s’agit d’une mode sociale et non d’une modification biologique et que « la désexualisation a posteriori permet d’occulter ce fait évident ».

Elle a noté que l’application du sexe biologique à des dépouilles permet souvent à dissiper les mythes préjudiciables aux femmes.

« Certains anthropologues de la première heure confondaient parfois certains squelettes féminins robustes avec des squelettes masculins, en particulier dans les collections aléoutes et esquimaudes ; cela a renforcé les faux stéréotypes selon lesquels les femmes ne travaillaient pas aussi dur que les hommes », a-t-elle déclaré. « Au fil du temps, les anthropologues biologiques et les archéologues ont travaillé dur pour déterminer quels traits sont déterminés par le sexe, indépendamment de l’époque et de la culture. Cette volonté idéologique d’effacement de ces progrès est rétrograde pour la science et les femmes. »

Squelettes vieux de 1500 ans d’un couple d’amoureux hétérosexuels (homme, femme) enlacés découverts en Chine

 

« La détermination du sexe des squelettes est une compétence essentielle en médecine légale et toute diminution de cette compétence aura un impact négatif sur les enquêtes criminelles, privant les victimes et leurs familles de justice », a-t-elle déclaré.

Weiss poursuit actuellement son université parce que celle-ci l’empêche d’accéder à la collection de restes humains de cette institution, ce qui, selon elle, est une mesure de représailles pour sa position opposée au rapatriement des restes humains [dans les pays où ils ont été découverts].

Weiss est soutenue par la chercheuse de l’Université de Cambridge, Jennifer Chisolm, qui a déclaré que les analyses selon lesquelles les personnes transgenres jouaient un rôle important dans les populations autochtones sont souvent anhistoriques et peuvent même détourner l’attention « de la discrimination contemporaine à laquelle [ces individus] sont confrontés au sein de leurs propres communautés ».

Après le sexe, les races (pardon, les « populations génétiquement différenciées »)

 L’idéologie du genre n’est pas la seule à se frayer un chemin en anthropologie et en archéologie. Certains militants ont également appelé les scientifiques à cesser de classer les squelettes selon leur race.

« Les anthropologues médico-légaux n’ont pas pleinement pris en compte le contexte raciste du système de justice pénale aux États-Unis lié au traitement des Noirs, des Autochtones et des personnes de couleur ; nous n’avons pas plus considéré que l’estimation de l’ascendance [attribuer une race] pourrait réellement entraver les efforts d’identification en raison de préjugés raciaux enracinés » d’écrire Elizabeth DiGangi de l’Université de Binghamton et Jonathan Bethard de l’Université de Floride du Sud dans une étude publiée en janvier.

Selon DiGangi et Bethard, « l’estimation de l’ascendance contribue à la suprématie blanche », ces deux auteurs qualifient cette pratique de « dangereuse ».

Et les noms d’oiseaux et de primates

D’autres ont appelé à changer les noms de primates dérivés d’hommes blancs de l’hémisphère nord. Les militants soutiennent que continuer à utiliser les noms actuels « perpétue le colonialisme et la suprématie blanche ».

Voici un extrait de la description de cet article (protégé par un mur payant) : « La primatologie a des racines coloniales et reste caractérisée par une dynamique coloniale. Les primates sont majoritairement présents dans les pays du Sud, tandis que les primatologues sont historiquement originaires principalement du Nord, et non des pays de l’aire de répartition. L’impérialisme a directement facilité les travaux de terrain pionniers en primatologie, notamment ceux de CR Carpenter au Panama et en Malaisie (Ahuja, 2013 ; Carpenter, 1934, 1940 ; Haraway, 1989) et ceux de Jane Goodall au Tanganyika (Goodall, 1962 ; Haraway, 1989 ; Rodrigues, 2020). »

 

Le carré rouge associé au Tarsier de Dian[e] signifie que la savante éponyme est une occidentale post-coloniale, le carré vert associé au hurleur de Spix (première ligne) signifie qu’il tire son nom d’un Occidental de l’époque coloniale. Ce singe vit en Amazonie qui ne fut jamais une colonie allemande…

La même tendance sévit en ornithologie, voir Radio-Canada : décolonialiser les noms d’oiseaux.

« Ce n’est qu’une autre tentative d’imposer l’idéologie woke actuelle là où elle n’a rien à faire » de déclarer Weiss.

Sources : The College Fix et Springer

lundi 18 juillet 2022

« L'interdit moral qui protégeait les lieux de culte a visiblement volé en éclats »

Ce 6 juillet, le Sénat français a publié un rapport sur le patrimoine religieux français : près de 5000 édifices religieux seraient menacés de disparition. À cette occasion, Marc Eynaud, auteur de Qui en veut aux catholiques ?, s’interroge sur la place du christianisme en France. Le Figaro s’est entretenu avec lui.

FIGAROVOX. — Dans votre ouvrage Qui en veut aux catholiques ?, vous précisez que votre travail n’est, non pas universitaire ou théorique, mais est celui d’un journaliste. Quelle est la nature de cet ouvrage et pourquoi avoir décidé de l’écrire ?


 

Marc EYNAUD. — Je pense que la multitude de ces attaques, dégradations, profanations et autres incendies sont la raison même de ce livre au-delà des clefs de compréhension intellectuelle. Je ne suis effectivement ni universitaire ni un théoricien, je me suis attaché avant tout à écrire et expliquer ce que je vois et ce que j’observe quotidiennement. Sans cela, ce livre n’aurait aucun sens. C’est la réalité de ces attaques qui ont mené à l’écriture de ce livre. Avant de réfléchir sur les causes, il faut voir, rapporter et porter à la connaissance de l’opinion la réalité des faits. C’est pourquoi j’ai voulu apporter ces précisions : je n’ai pas la prétention d’expliquer deux mille ans d’Histoire ni faire un tableau de l’Histoire des Idées. Avant de se demander comment nous en sommes arrivés là, il faut donner le « là ».

— C’est sur le terrain intellectuel que les coups les plus violents sont portés selon vous. En quoi la foi a-t-elle été amputée de sa transcendance avec l’émergence de l’approche rationaliste au XIXe siècle ?

— L’approche rationaliste, qui s’est traduite par une véritable guerre entre l’Église de France et la République dans les manuels scolaires au début du XXe siècle a été un rude coup porté au catholicisme sur plusieurs points. Cette approche a détruit une grande part du sacré et a voulu confronter foi et raison comme si ces deux entités étaient opposables par nature. Ce n’est pas un hasard si le XIXe siècle a été aussi celui des grands mystiques comme le Curé d’Ars ou Sainte Catherine Labouré. Paradoxalement et pendant que les différents régimes occidentaux se lançaient dans la construction de leurs empires coloniaux, des centaines de missionnaires ont trouvé la mort en évangélisant les recoins les plus reculés du globe.

Les quelques chiffres que lâchent du bout des lèvres les services du ministère de l’Intérieur le prouvent : 1052 faits recensés, qui se décomposent en 996 actions et 56 menaces. La religion chrétienne est de loin la plus attaquée. Je demande au lecteur de faire l’expérience de taper les mots-clefs « Profanation église » ou « effraction église » dans un moteur de recherche pour s’en rendre compte. Objectivement c’est assez effrayant. Bien entendu, on peut expliquer ce sinistre record en partie par le fait que les églises et calvaires sont les édifices religieux les plus nombreux sur le territoire, certains d’entre eux abritent des trésors qui excitent l’attrait des voleurs, ferrailleurs et trafiquants d’art. En revanche, les actes purement malveillants sans objectif de vol se multiplient en parallèle. En outre, il ne faut pas l’oublier, mais les chrétiens sont les cibles privilégiées des attentats islamistes. L’assassinat du Père Hamel est le plus symbolique, mais on peut rajouter les attentats manqués de Villejuif et de Notre-Dame de Paris. Celui, réussi hélas, de la basilique de Nîmes et je révèle dans ce livre qu’un attentat au couteau a été déjoué in extremis à Montmartre.

Cette approche rationaliste, cette tentative républicaine de rabaisser le christianisme au même niveau que toutes les autres religions, aura été à la fois un grand tort pour la chrétienté en France, mais a aussi provoqué une réaction forte qui n’a pas enrayé le déclin, mais qui l’a fortement ralenti. Il faut de toute façon être réaliste : l’Église ne s’est jamais remise du coup porté par la Révolution qui a provoqué une saignée irrémédiable et surtout déchristianisé (déprêtrisé pour reprendre la terminologie révolutionnaire) des territoires entiers. Le XIXe a été le siècle de la Mission, mais aussi celui d’une tentative de reconquête spirituelle.


 

— Vous revenez minutieusement sur les très nombreuses attaques et dégradations d’églises méconnues, pour leur immense majorité, du grand public. Au-delà des dégâts matériels, ces attaques touchent « à l’intime ». Pourquoi ?

— Elles touchent à l’intime parce qu’elles dégradent ce qu’il y a de plus précieux chez un individu : sa Foi et sa conscience. Mgr Aupetit l’avait particulièrement bien décrit lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris : aussi terrible soit cette perte pour le patrimoine et la culture du monde, cet édifice n’est rien de moins qu’un écrin protégeant ce qu’il y a de plus précieux pour les catholiques : la Présence Réelle. Je pense qu’une grande partie de l’incompréhension vient de là : lors d’une profanation, la justice va estimer le préjudice en se basant sur la valeur marchande d’un ciboire ou d’un ostensoir. Elle ne saurait prendre en compte une hostie que sous sa valeur marchande à savoir quelques centimes d’euros. Pour le profane c’est anecdotique, pour le catholique c’est l’entièreté de sa Foi qui y était contenue et qui a été volé, profané ou détruit.


 

— Vous citez la formule du père Christian Vénard qui a publié une tribune dans Le Point : « Non, notre unité ne peut se reconstruire que dans une réconciliation nationale, qui passe par une réconciliation de tous les Français avec leur histoire ». Les Français sont-ils en guerre avec leurs racines ? Qui mène cette guerre ?

— Je pense qu’heureusement, une majorité de Français n’est pas en guerre avec son Histoire. Il suffit de voir l’appétence de nos compatriotes pour leur patrimoine historique et le succès des fêtes Johanniques à Orléans ou du rayonnement du Puy du Fou. Hélas, tout est toujours l’affaire d’une minorité. Une minorité dont le principal moteur est la repentance, une minorité qui s’engraisse sur la lutte antiraciste et sur les supposés crimes dont vous, moi, l’agriculteur de la Creuse, le pompier de Paris et le comptable de Suresnes serions coupables de toute éternité et pour toujours. En revanche, l’arme principale et dévastatrice de ces individus reste l’ignorance.

Si l’interdit moral qui protégeait les lieux de culte a visiblement volé en éclats, c’est parce que nous voyons émerger des générations totalement acculturées et ignorantes littéralement de pans entiers de son Histoire dont fait partie le catholicisme. [Une grande partie des générations qui « émergent » ne sont tout simplement plus françaises de culture, ni même européennes.] Au fond, la seule convergence de luttes que vous verrez chez ces militants c’est tout simplement d’enlever l’Église du centre du village. Mais tout cela au nom du bien, évidemment ! D’ailleurs, la sémantique est intéressante : on ne brise pas des statues, on les « déboulonne », on ne détruit pas un peuple, on le « déconstruit ». C’est Attila conseillé par un service marketing.

— Vous pointez l’une des grandes contradictions de la laïcité républicaine poussée à l’extrême : si la République ne reconnaît certes aucun culte, elle s’appuie sur deux mille ans d’histoire et de tradition catholique. Peut-on, en France, dissocier religion catholique et histoire ?

— On ne peut pas à moins d’amputer gravement la seconde. Comment évoquer l’avènement de Clovis, 1500 ans de monarchie et même la République laïque sans prendre en compte le christianisme ? Comment parler du rayonnement de la France sans le corréler à l’essor du catholicisme ? Comment comprendre l’Histoire de France en omettant celle de l’Église Catholique ? C’est tout bonnement impossible. Si un courant au sein de l’Éducation nationale tend à faire croire que l’Histoire de notre pays a commencé en 1789 et qu’avant nos ancêtres étaient analphabètes et subissaient famine continuelle et injustice latente, tout démontre qu’au contraire nous sommes le fruit d’une Histoire longue et riche.

— Vous écrivez qu’à « l’ère de la postmodernité et de l’individu roi, le message catholique est chaque jour un peu plus marginalisé ». Le catholicisme, dont la pensée s’inscrit dans la durée, peut-il être en paix avec le monde moderne ?

— Le philosophe Nicolas Gomez Davila disait : « Le monde moderne tourne le dos aux catholiques qui eux ne le lui tournent pas ». Le problème étant que le monde moderne ne le leur pardonne pas. Le « problème » du catholicisme est d’être une sorte de modèle contre-révolutionnaire universel. Contre le mondialisme, le wokisme, l’islamisme… Ces dernières années, chaque « avancée » sociétale a été un coup porté à l’anthropologie chrétienne, la question n’est en fait pas de savoir si un catholique peut être en paix, la question étant a-t-il conscience qu’il ne vit plus dans une civilisation chrétienne et admet-il que les choix sociétaux posés sont en inadéquation avec la vision de la religion dont il se réclame ? On pourrait couper court à ce débat en constitutionnalisant les racines chrétiennes de la France, mais cela reviendrait à faire opérer à la société un virage à 180 degrés. Ce qui serait aujourd’hui presque utopique.

— Vous écrivez comme première phrase de conclusion « Tuer le père ». Cette sentence résume-t-elle le malaise profond engendré par la haine du catholicisme ?

— Il faudrait tuer le père symboliquement pour s’émanciper et devenir adulte. Cette vieille théorie psychanalytique prend tout son sens tant on assiste aux balbutiements d’une société adolescente en proie à une véritable frénésie. Au fond, la France a tué son roi, et essaye de tuer son Dieu. Mais pour arriver à ce dernier point, il faudrait en finir avec le catholicisme dans ce qu’il a de spirituel et d’intellectuel, mais aussi et surtout parce qu’il est lié à une Histoire devenue impossible à assumer, un joug perçu comme trop lourd, un frein, un ancrage, etc. Autant de concepts que la société moderne voudrait détruire, car à l’ère du liquide, il faut absolument abattre tout ce qui enracine. La Foi n’est pas qu’une croyance à une vie éternelle comme un bouddhiste croirait en la réincarnation. Elle est une identité qui résiste aux modes du temps, une liberté intérieure, un modèle social basé sur la famille… En bref tout ce que hait la modernité.

— En quoi l’universalisme des droits de l’Homme, qui a remplacé l’universalisme chrétien, puise-t-il paradoxalement ses valeurs dans le christianisme ?

— Lorsque la Révolution décapite le Roi, lieutenant du Christ sur Terre, donc de Dieu, il faut trouver un nouveau centre sur laquelle fonder une morale et l’Homme y revêt une importance toute particulière. Aujourd’hui, l’universalisme des Droits de l’Homme a pris une dimension presque « religieuse ». Beaucoup connaissent cette citation de Chesterton : « Le monde moderne est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenues folles », mais peu savent que cette citation a été amputée de sa partie la plus importante : « Elles sont devenues folles, parce qu’isolées l’une de l’autre et parce qu’elles vagabondent toutes seules ». C’est le drame du monde moderne qui, en s’amputant de la transcendance, en voulant sortir de la chrétienté en tant que civilisation, s’est vaguement raccroché aux « Droits de l’Homme ». Or, et c’est tout le paradoxe, en évacuant de ce concept la dimension chrétienne, cet universalisme des Droits de l’Homme est réduit à une vision purement occidentale et idéologique, mais surtout boiteuse. Ainsi, la Ligue des Droits de l’Homme milite pour le droit à l’avortement et à l’euthanasie alors même que ces actes contreviennent au premier des droits qui est de vivre. Nous ne sommes plus sur une protection de l’homme de sa conception à sa mort naturelle, mais sur la promotion des droits individuels au détriment de l’Homme. En se séparant du christianisme, et au nom de vertus devenues folles on oppose l’individu au droit humain le plus élémentaire : celui de vivre.

Voir aussi 

Soixante-huit églises incendiées ou vandalisées, timide réaction du PM Trudeau qui organise un sommet sur l’islamophobie (m à j)