On se rappellera qu'au Québec on a supprimé les cours de religion de l'école afin de « compléter la laïcisation de l'école publique québécoise », car la religion n'aurait rien à faire à l'école, mais doit être enseignée à la maison ou à l'église.
En Allemagne, c'est l'argument inverse qui est utilisé : le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (RNW) (ci-contre en vert foncé) introduit, comme premier État fédéré allemand, l’enseignement religieux islamique généralisé. Une loi a été adoptée, mercredi soir, par une large majorité du parlement du Land à Düsseldorf.
La coalition au pouvoir du parti social-démocrate (SPD) et des Verts, ainsi que l’Union chrétienne-démocrate (CDU-Opposition) ont voté en deuxième lecture, pour que l’enseignement religieux des 320 000 élèves musulmans de Rhénanie-du-Nord–Westphalie soit une matière obligatoire, à partir de la prochaine année scolaire en 2012. Le parti libéral-démocrate (FDP) s’est abstenu et die Linke (la gauche plus radicale que le SPD) a voté contre la loi.
Selon le ministre de l'Éducation Lohrmann Sylvia (Verts), l'introduction de l'enseignement religieux confessionnel islamique est un signe important d'une plus grande intégration et participation des musulmans à la société allemande. Des responsables ont souligné que les cours seront donnés en allemand et ne sont offerts que par des enseignants spécialement formés. Les partisans de cette initiative soutiennent que l'offre de cours agréés dans environ 130 écoles publiques par des professeurs dûment formés devrait participer à l'épanouissement d'une version plus modérée de l'islam chez les jeunes immigrés en Allemagne. Par manque de personnel, le cours confessionnel musulman ne pourra être offert dans toutes les écoles.
Contrairement à l'ancien programme d'« Études islamiques » enseigné à titre expérimental, le nouveau programme confessionnel islamique ne cherche pas uniquement à transmettre des connaissances, mais met bien la transmission de la foi islamique à l'honneur. C'est, en quelque sorte, la contrepartie à l'instruction religieuse protestante ou catholique.
L’introduction de l’enseignement religieux islamique a échoué jusqu’à présent, parce que les organisations musulmanes ne répondaient pas aux critères d’une communauté religieuse, elles n'étaient pas organisées sous la forme d'une organisation coordinatrice et qu'elles ne tiennent pas à jour une liste de membres. En effet, seuls les Länder sont compétents pour décider de l'introduction de cours de religion et examiner si une organisation remplit les conditions pour être reconnue comme communauté religieuse (selon l'article 7, paragraphe 3 de la Loi fondamentale).
Constitutionnellement, il n’est pas légal d’introduire l’enseignement religieux sans le concours des communautés religieuses concernées.
Un conseil consultatif composé de quatre représentants issus chacun d'une association islamique et de quatre autres représentants issus du gouvernement du Land a été constitué. Ce conseil doit élaborer un programme d’enseignement d'ici 2019, date à laquelle le parlement devra se pencher à nouveau sur cette disposition.
Les Länder n'ont pas le droit de fixer le contenu des cours, mais ont besoin d'un interlocuteur, comme la conférence épiscopale allemande, l'Église protestante de l'Allemagne ou le Conseil central des juifs d'Allemagne. Même s'il existe plusieurs associations musulmanes, elles s'occupent avant tout des aspects culturels et donc de la gestion des salles de prière et des mosquées. Elles ne souhaitent en général pas représenter l'ensemble des musulmans car cela va à l'encontre de leurs traditions. De plus, les différences confessionnelles et ethniques rendent difficile la tâche d'organiser un cours de religion islamique unique.
L'avenir démontrera si ce conseil très hétérogène parviendra à s'entendre sur un programme d'enseignement commun. Selon le Rheinische Post, il ne faut pas sous-estimer les difficultés d'entente qui sont probablement plus grandes que s'il fallait que des représentants catholiques, des luthériens, des membres de « l'église d'en bas » et des lefebvristes de la FSSPX aient à établir un programme confessionnel « chrétien » commun.
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