vendredi 27 mai 2022

La montée de l’ethno-nationalisme dans la politique suédoise

Les élections législatives du 11 septembre 2022 marqueront l’agenda politique de l’année en Suède. La consultation va clôturer une législature placée sous le signe de l’instabilité. Il y a quatre ans, le score record (17,53 % des suffrages) obtenu par la formation populiste des « Démocrates de Suède » (DS) avait abouti à l’éclatement du champ politique. Pour faire barrage aux DS, les partis d’inspiration socialiste et libérale-conservatrice se sont vus obligés de bricoler des accords à géométrie variable, qui ont exaspéré les tensions internes.

Le retrait du soutien du « Parti de gauche » (ex-communistes) a entraîné en juin 2021 la chute du gouvernement de Stefan Löfvén, suivie du retrait de la vie politique de cet ancien dirigeant syndical, qui se trouvait à la tête du SAP (le Parti ouvrier social-démocrate de Suède) depuis douze ans. Ce n’est qu’au terme de la rupture avec ses précédents alliés — les Verts et le Parti centriste — que le SAP a réussi, en novembre 2021, à mettre en place un gouvernement de minorité, sous la direction (pour la première fois dans l’histoire) d’une femme, Magdalena Andersson.

Le contexte pré-électoral est donc marqué par la fragmentation du paysage politique, traversé par des enjeux clivants : de la crise énergétique à la politique de défense (où l’adhésion à l’OTAN est désormais agitée comme une option concrète, du fait de l’intervention russe en Ukraine), jusqu’à la lutte contre les bandes organisées qui ensanglantent la chronique.

À l'origine de la motion de censure de l’été 2021, les DS ont trouvé dans les négociations pour la formation d’une nouvelle coalition l’occasion de briser l’ostracisme des autres partis à leur égard. Les libéraux-conservateurs du parti des « Modérés » les ont associés à l’élaboration d’un projet de budget de l’État, que le Parlement a entériné contre la proposition du gouvernement : possible prélude d’une coalition à venir qui, pour la première fois, inclurait l’extrême droite.

Une percée tardive