Les élections législatives du 11 septembre 2022 marqueront l’agenda politique de l’année en Suède. La consultation va clôturer une législature placée sous le signe de l’instabilité. Il y a quatre ans, le score record (17,53 % des suffrages) obtenu par la formation populiste des « Démocrates de Suède » (DS) avait abouti à l’éclatement du champ politique. Pour faire barrage aux DS, les partis d’inspiration socialiste et libérale-conservatrice se sont vus obligés de bricoler des accords à géométrie variable, qui ont exaspéré les tensions internes.
Le retrait du soutien du « Parti de gauche » (ex-communistes) a entraîné en juin 2021 la chute du gouvernement de Stefan Löfvén, suivie du retrait de la vie politique de cet ancien dirigeant syndical, qui se trouvait à la tête du SAP (le Parti ouvrier social-démocrate de Suède) depuis douze ans. Ce n’est qu’au terme de la rupture avec ses précédents alliés — les Verts et le Parti centriste — que le SAP a réussi, en novembre 2021, à mettre en place un gouvernement de minorité, sous la direction (pour la première fois dans l’histoire) d’une femme, Magdalena Andersson.
Le contexte pré-électoral est donc marqué par la fragmentation du paysage politique, traversé par des enjeux clivants : de la crise énergétique à la politique de défense (où l’adhésion à l’OTAN est désormais agitée comme une option concrète, du fait de l’intervention russe en Ukraine), jusqu’à la lutte contre les bandes organisées qui ensanglantent la chronique.
À l'origine de la motion de censure de l’été 2021, les DS ont trouvé dans les négociations pour la formation d’une nouvelle coalition l’occasion de briser l’ostracisme des autres partis à leur égard. Les libéraux-conservateurs du parti des « Modérés » les ont associés à l’élaboration d’un projet de budget de l’État, que le Parlement a entériné contre la proposition du gouvernement : possible prélude d’une coalition à venir qui, pour la première fois, inclurait l’extrême droite.
Une percée tardive