mercredi 5 mai 2010

On insisterait trop et trop tôt sur l'autonomie des enfants par rapport à leurs parents

On se rappellera que le cours d’éthique et de culture religieuse insiste très tôt sur l’autonomie des enfants. Dès six ans.
« Du début du premier cycle à la fin du troisième cycle [du primaire], […] l’élève gère ses apprentissages avec de plus en plus d’autonomie »

(Programme ECR du primaire, p. 316)

Dès le premier cycle du primaire, soit en première et en deuxième année, les élèves sont invités à « examiner quelques repères d’ordre culturel, moral, religieux, scientifique ou social » qui peuvent guider les actions des individus. On leur demande de « trouver quelques repères présents dans différents points de vue, [d’]en rechercher le rôle [et de] considérer d’autres repères ». (page 296 du programme du primaire).

Alors que les parents chercheront à incul­quer certaines valeurs à leurs enfants de six à huit ans, ceux-ci apprendront à l’école que ces valeurs sont relatives et qu’ils sont libres de développer leur propre éthique de vie.

Un des manuels approuvés d'ECR que nous avions déjà analysé donne ainsi cet exemple d'une discussion aux élèves de 7 ans : « Justine et Dimitri sont en grande discussion : tour à tour, ils disent ce qu’ils pensent de l’interdiction d’aller jouer seul dans la forêt autour de l’école. » (p. 83, manuel B Près de moi des éditions CEC), plus loin on demande à l’écolier de 7 ans : « construis ton idée », il doit bien respecter des règles, mais on ne cite que « les règles établies pour dialoguer. » (p. 85)

Pourtant le fait même de tant insister sur l’idée de « construire ton point de vue », sur des situations anodines, pour le moment, pose question. On en vient à dire que toute réflexion, toute conviction, tout point de vue réclament une attitude rationaliste dès la prime enfance. Pourtant, il est souhaitable et normal qu’à cet âge (certainement au primaire et, très probablement, au début du secondaire) l’enfant et le jeune apprennent d’abord à imiter et à suivre des personnes dont l’autorité morale, et la vie personnelle riche en vertus séduisent le cœur comme l’esprit.

Une autonomie trop grande peut causer des dégâts

Cette obsession en faveur d'une autonomie précoce qu’instille le cours ECR – on comprend qu’il s’agit pour des gens comme Gérard Bouchard d’éloigner les enfants des préjugés des parents peu accommodants – est pourtant fortement critiquée par des psychologues comme Leonard Sax.

Leonard Sax est détenteur d’un doctorat en psychologie et diplômée en médecine générale. Il est l’auteur de plusieurs livres destinés aux parents et le directeur de la National Association for Single Sex Public Education (l’Association nationale pour l’enseignement public unisexe). Son dernier livre « Girls on the Edge » (Les Filles au bord [de la crise]).

Comme le révèle un entretien dans le numéro de Maclean’s daté du 10 mai 2010, pour Leonard Sax,
« Les parents ont cette mentalité des années 1980 qu’il faut laisser à son enfant autonomie et indépendance, qu’il faut que les enfants fassent des erreurs. Un père m’a dit : «  je ne pense pas que je devrais savoir ce qu’il y a sur sa page Facebook. » Cette tournure d’esprit des années 80 est totalement déplacée au XXIe siècle. Les parents doivent comprendre que ces adolescents ont créé un monde dangereux. L’histoire de Phoebe Prince, cette fille du Massachusetts qui s’est suicidée après avoir été la victime de cyberharcèlement [par six autres mineurs d’âge] est un exemple tragique de plus des adolescents de quinze ans ne sont pas des adultes, qu’ils ne peuvent se maîtriser et c’est pourquoi ils ont besoin de la présence d’adultes dans leur monde. »
Maclean’s pose ensuite la question s’il est réaliste à notre époque de contrôler la vie en ligne de sa fille.

Leonard Sax répond :
« Établissez des limites claires : « pas plus de 30 minutes [en ligne] les soirées de semaine. » Contrôler : il existe des logiciels qui permettent de savoir ce que votre fille fait en ligne. Elle ne devrait pas avoir d’ordinateur dans sa chambre, il doit se trouver dans un lieu public. Elle doit savoir que vous avez connaissance des courriels qu’elle envoie et reçoit, des types d’image qu’elle envoie ou reçoit sur son cellulaire, et ses amis doivent savoir que vous les tenez à l’œil. Vous devriez, c’est la moindre des choses, l’éloigner de son cellulaire de 10 heures du soir à six heures du matin. Il y a beaucoup trop de jeunes filles qui vont au lit avec leur cellulaire et qui reçoivent des textos à deux heures du matin : « Oh mon Dieu, Aurélien, ton soi-disant copain, était avec une autre fille à la fête ce soir ! » Et voilà la fille qui envoie frénétiquement des réponses-texto, elle ne dormira pas de sitôt, alors quand elle arrive à l’école en se traînant, on a prendra pour une fille avec un trouble déficitaire de l'attention, car les effets du manque de sommeil se confondent parfaitement avec cette inattention maladive. »
Maclean’s : « C’est une chose d’imposer ces règles quand votre fille a 12 ans, mais qu’en est-il si elle en a 16 et qu’elle a depuis des années un cellulaire et un ordinateur dans sa chambre ? »

Leonard Sax :
« Je n’ai pas de conseils faciles pour ce cas-là. Les batailles les plus difficiles ont lieu quand on modifie des règles en place depuis plusieurs années, c’est pourquoi je suggère aux parents de commencer le plus tôt possible. Votre enfant de 16 ans vous dira peut-être : « Je te déteste, tu gâches ma vie. » Mais votre responsabilité en tant que parent est de protéger votre enfant, c’est primordial. La colère de votre adolescent est quelque chose que vous devez être prêt à accepter. »




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Les athées sont-ils moins altruistes ?

L'été dernier, Statistiques Canada a publié une longue enquête sur le don, le bénévolat et la participation.

Alors que moins de 20 % des Canadiens vont fréquemment à l'église, ces personnes pratiquantes sont nettement plus enclines à faire des dons à des organismes de bienfaisance et sans but lucratif et à faire des dons nettement plus importants à des organismes religieux et non religieux que ceux qui ne vont pas régulièrement à l'église.

En effet, alors que le montant moyen des dons faits par les personnes actives sur le plan religieux était de 1 038 $ en 2007, il n'était que 295 $ pour ceux qui n’avaient pas assisté à des réunions ou services religieux chaque semaine. C'est au Québec que le don moyen est le plus faible : 219 $ par rapport à une moyenne de 437 $ au Canada alors que l'Alberta donne le plus en moyenne par habitant de 15 ans et plus : 596 $.

Les personnes qui assistent aux services religieux chaque semaine sont également beaucoup plus susceptibles que les autres de faire du bénévolat (66 % et 43 %, respectivement). C’est au Québec que ce taux est le plus faible (37 %). De même, les bénévoles caractérisés par une pratique religieuse hebdomadaire tendent à consacrer un plus grand nombre d’heures au bénévolat (232 heures comparativement à 142 heures). Les personnes caractérisées par une pratique religieuse hebdomadaire représentent 17 % des Canadiens, mais sont à l’origine de 35 % de toutes les heures de bénévolat en 2007. Elles fournissent 85 % de toutes les heures de bénévolat consacrées à des organismes religieux et 23 % des heures consacrées à des organismes non religieux.

En janvier dernier, un nouvel organisme de bienfaisance a été lancé dans le but de faire taire les mauvaises langues qui insinuent que les non-croyants sont moins généreux que les croyants : la Fondation Beyond Belief (Au-delà de la foi). Ce mercredi 5 mai, elle avait récolté 20 650 $ de la part de ses 459 donateurs, soit environ autant que 20 croyants pratiquants donnent en un an.





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