mardi 2 novembre 2021

Feuilleton « L’École de la vie »  : « On a un fantasme total de l’extrême droite »

Pour Valeurs actuelles, Didier Lemaire, ex-professeur de philosophie à Trappes, a bien voulu se pencher sur la série « L’École de la vie », diffusée sur France 2 depuis le mois d’avril. La saison 5, vivement critiquée sur Twitter pour son très idéologique scénario, confronte notamment le héros, le professeur d’histoire Vincent Picard, à un élève très critique à l’égard de la repentance coloniale, parce que secrètement radicalisé par les thèses de l’extrême droite. L’élève finira d’ailleurs par rejoindre un groupe néonazi et tenter de poignarder un élève d’origine maghrébine. Alors, fantasme ou réalité ?

Médiocre, mais révélateur

Contacté par téléphone, Didier Lemaire confie d’emblée « la souffrance » qu’il a eue à visionner cette série à la fois « d’une incroyable médiocrité » et « intéressante à analyser ». Le professeur de philosophie, actuellement en disponibilité après la polémique autour de Trappes, tient d’abord à se pencher sur le titre de la série, « L’École de la vie », « qui exprime déjà une première confusion, puisqu’il laisse entendre que l’école serait le lieu d’apprentissage de la vie par l’expérience et la pratique, alors que l’école est justement l’inverse, un lieu de transmission du savoir par les livres et l’écrit ». Et d’ajouter : « Philosophiquement, on apprend à vivre… par la vie », tout simplement.

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Autre confusion entretenue par la série : l’absence de frontière entre le monde des adultes — « eux-mêmes totalement immatures » — et le monde des élèves. « Cet effacement des âges, cette absence de frontière entre ces deux mondes, rend l’acte de transmission — par nature vertical — impossible. On nage en plein pédagogisme », explique-t-il, avant de pointer le contenu des cours d’histoire du professeur Vincent Picard. « Il n’y a pas d’enseignement dans ses cours, mais seulement des débats — dont le but est de convaincre son adversaire et non pas d’acquérir une connaissance — ou des ateliers vidéo, comme si la dimension scientifique de la matière était totalement évacuée. »

Le bien de gauche remplace le vrai

 

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Plus exactement, relate Didier Lemaire, en référence à l’enseignement sur la colonisation, « dans les cours de Vincent Picard, le bien remplace le vrai, puisque tout est jugement de valeur, dénaturant ainsi la dimension scientifique de sa discipline ». Ce qui n’est, là encore, absolument pas la vocation de l’histoire, « qui consiste à comprendre le passé, avec les normes des hommes du passé, et non pas à condamner le passé avec les normes du présent ». Et d’ajouter, non sans humour : « C’est comme si je faisais de l’astrologie pendant mes cours de philosophie. » Au fond, précise-t-il, « Vincent Picard ne se comporte pas comme un professeur, mais comme un prêtre ou un idéologue. Il dit ce qui est bien et ce qui est mal ».

 

Dans sa longue carrière de professeur, Didier Lemaire raconte avoir croisé ce style d’enseignants, « qui prennent leurs représentations idéologiques pour le bien moral » ; une confusion « classique de la gauche française », qui confond par exemple « l’antiracisme universaliste, nécessaire pour protéger l’humanité de chaque personne » et « l’antiracisme racialiste, qui est la sacralisation d’une communauté ou d’une identité fantasmée ».

Même critique sévère sur le choix de représenter la radicalisation d’un élève, non pas vers l’islamisme, comme ce fut le cas dans les classes de Didier Lemaire et dans de nombreuses villes de France, mais vers l’extrême droite. « On a un fantasme total de l’extrême droite », analyse l’ex-professeur de Trappes, pour qui le néo-nazisme est un danger mineur en France. Lui-même d’ailleurs, durant ses 30 années d’enseignement, n’a pas connu d’élèves tombant dans cette idéologie, mais reconnait avoir émis plusieurs signalements pour radicalisation islamiste.

L’école rêvée des gauchistes

Ce qui lui fait dire, entre autres : « Si je devais noter le scénario sur l’échelle du réel, ce serait proche du 0. Ce n’est que la réalité vue à travers un prisme idéologique. Cette série est une dystopie sur l’école rêvée des gauchistes, proche de ce qui se faisait dans les écoles de l’Union soviétique », où Didier Lemaire s’était rendu au cours de sa scolarité pour apprendre le russe, en pleine Guerre froide. « Il y avait la même absence de distance entre les élèves et leurs professeurs. Tout le monde semblait appartenir à la même famille. »

Ce qui nous amène à la dernière remarque, centrale dans la critique de Didier Lemaire : l’amour. « Lorsque l’on regarde cette série, on a l’impression que le lycée est un lieu de relations affectives et amicales, tant dans la vie scolaire, qu’entre les professeurs et leurs élèves ». Il précise : « Les personnages, complètement infantiles, ne cherchent dans l’amour qu’à combler leurs propres failles. C’est le cas par exemple du héros, qui vient de perdre son épouse, et la femme du parc, qui s’est fait plaquer après avoir accouché. » D’ailleurs, s’étonne-t-il encore, « tout le monde est victime : la fille Zoé est victime de sa mère précaire, qui est victime de son mari, qui ne verse pas la pension, etc. ». Même Alex, qui incarne le mal en se radicalisant, est lui aussi victime du manque d’attention de ses parents, qui oublient son anniversaire. Au fond, « Alex est peut-être le seul personnage sympathique de ce film même s’il s’égare complètement, parce que c’est le seul à remettre les choses en question ».

Pour conclure, « la morale de l’histoire serait que le but de l’enseignement c’est d’être aimé de ses élèves, et même de pouvoir leur exposer ses propres failles. Or, qu’il soit aimé ou non, le seul objectif d’un enseignant doit être de faire grandir ses élèves par la connaissance et l’usage de la raison. Il m’est arrivé dans ma carrière de garder des liens amicaux avec des élèves, une fois qu’ils ont grandi, mais ce n’est pas un objectif pédagogique ! »

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Marginalisation des enfants croyants par le ministre de l’Éducation du Québec

Nous reproduisons ci-dessous une lettre d’opinion avec 7 cosignataires, envoyée hier aux médias francophones principaux et catholiques du Québec ainsi qu’à l’AECQ et au ministre Jean-François Roberge.

Le ministre Jean-François Roberge a annoncé un nouveau programme québécois qui remplacera l’ancien programme d’Éthique et culture religieuse (ECR). Il se nomme Culture et citoyenneté québécoise. Il reposera sur trois axes : la culture, la citoyenneté québécoise, le dialogue et la pensée critique. Aujourd’hui, le ministère de l’Éducation va loin, en évacuant tout contenu religieux du nouveau programme. Le ministère maintient aussi l’obligation aux enfants de tout âge de fréquenter ce cours, que ce soit à l’école publique ou privée.

Plus qu’avant, une nouvelle génération de parents aura à gérer la transmission directe à l’école de valeurs qui risquent d’être en contradiction avec leurs propres valeurs familiales et/ou religieuses. Plus qu’avant, les enfants qui ont une appartenance religieuse se sentiront mis à l’écart. Des milliers de parents s’étaient opposé au programme ECR pour plusieurs raisons. Ils ont contesté la perte du choix entre des cours de religion ou de morale. Mais ils étaient particulièrement indignés et choqués par l’obligation de fréquenter un cours qui ne respecte toujours pas leurs convictions. La cause des parents contre ECR a été portée jusqu’en Cour suprême du Canada, appuyée par la Coalition pour la liberté en éducation (CLÉ) et par l’Association des parents catholiques du Québec (APCQ) ainsi que par l’Association des communautés chrétiennes orthodoxes du Grand Montréal (ACCOM) et par la Ligue catholique des droits humains (LCDH). 

Depuis ce temps, les parents se sont vus privés de leurs droits de regard et de décision en tant que premiers éducateurs de leurs enfants, autant par la Cour que par le gouvernement. Avec ce nouveau programme, cet abus de pouvoir va perdurer. Dans le programme ECR, la présentation de croyances religieuses et morales contraires à leurs valeurs familiales et la remise en question systématique de leurs enseignements ont profondément bouleversé les parents. Ces derniers se sont retrouvés dans la position fâcheuse et non méritée d’avoir à gérer des contenus qu’ils considéraient comme nuisibles à leurs enfants. Ils appréhendaient l’impact de l’école sur le système de valeurs de leurs enfants et sur leur adhérence religieuse. Cet impact s’est fait sentir et se fera sentir de nouveau, dans la classe, à travers les échanges en groupe, les exercices à faire, les lectures, les visites et les rencontres non autorisées par les parents, les films et les vidéos. 

Ce nouveau cours, tel qu’il est annoncé, axé sur les valeurs à la mode et qui évacue les bases chrétiennes de la pensée critique, morale et religieuse posera un défi encore plus grand aux parents. Pourtant, les parents restent, il faut le rappeler, responsables légalement de leurs enfants ! Que l’État s’accapare le choix des valeurs que les enfants absorberont, demeure une injustice flagrante ! Les familles auront de nouveau à en vivre les conséquences sur une base quotidienne !

L’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ), dans son communiqué du 25 octobre 2021, se dit inquiète et dénonce ce nouveau programme à cause de l’évacuation des contenus religieux, de la marginalisation des croyants de toutes confessions et du risque d’augmentation des préjudices à leur égard.

Comme annoncé, ce nouveau cours n’inclut pas l’impact déterminant du catholicisme sur l’histoire du Québec. De plus, il ignore l’importance de la religion dans la vie des élèves, sabotant ainsi les efforts parentaux de donner à leurs enfants un sens à la vie et une appartenance à une communauté de foi.

Aussi, un des objectifs du nouveau programme est de se positionner « face à des enjeux socioculturels ». L’Église catholique a une longue histoire de réflexion continue sur ce sujet. Mais la référence à l’Église ne fait pas partie des contenus envisagés par le ministre. Alors, quelles seront les bases de cette nouvelle identité québécoise que le ministère veut former auprès des enfants ?

De plus, l’AECQ regrette que le nouveau cours ne reconnaisse pas « la complémentarité de l’éthique et de la culture religieuse pour le Québec ». Au contraire, le ministre a souligné que cela va à l’encontre des valeurs québécoises de définir son identité à partir de son appartenance religieuse. (Voir le Journal de Montréal, le 25 octobre 2021, p.3). Pourtant, la majorité de la population québécoise inclut la religion dans sa définition et sa pratique. Le ministre semble croire qu’il est le dépositaire des valeurs québécoises. Mais celles-ci sont multiples et complexes et comprennent une dimension religieuse. Les valeurs morales ancrées dans les traditions religieuses sont souvent en opposition aux valeurs promues par les politiques et la société civile.

Plus qu’avant, le ministère se sert de sa position de force pour façonner le profil socioculturel du Québec selon SES valeurs. Plus qu’avant il évacue la liberté de religion dans la « Belle province ». À quand la reconnaissance du devoir des parents et le respect de leur responsabilité dans l’éducation de leurs enfants ? À quand une liberté de choix dans les programmes scolaires ? À quand les parents chrétiens auront-ils le droit de recevoir un cours selon leur culture religieuse, leurs croyances et leurs convictions ?

Le 1er novembre 2021

Jean Morse-Chevrier, Présidente de l’APCQ (de 2004 à 2013)
Jocelyne St-Cyr, Présidente de l’APCQ (de 1989 à 2004)
Diane Joyal, Présidente de l’APCQ (de 2013 à 2016)
Jean-Léon Laffitte, Président de l’APCQ
Antoine Malek, Ancien président de l’ACCOM
Raouf Ayas pour le Rassemblement des chrétiens du Moyen-Orient
Sylvain Lamontagne, dernier président de la CLÉ
Nicholas Newman, MD, grand-parent

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Source : Jean Morse-Chevrier, 819-661-7140, chevrier<arrobe>sympatico.ca


L'ambassadeur de France en Suède : « La France est un pays musulman »

Invité sur la chaîne nationale suédoise SVT, l’ambassadeur de France en Suède avait déclaré en 2020 : « La France est un pays musulman, l’islam est la seconde religion en France, nous avons entre 4 et 8 millions de musulmans ».

 

Le 25 septembre en 2020, Étienne de Gonneville, l’ambassadeur de France en Suède, était interviewé sur la chaîne nationale suédoise SVT, au sujet des événements qui ont suivi l’assassinat de Samuel Paty. « Y’a-t-il un risque que la situation tourne au conflit entre la France et le monde musulman ? », l’a ainsi interrogé le présentateur. L’homme politique a alors répondu à la négative, expliquant : « La France est un pays musulman, l’islam est la seconde religion en France, nous avons entre 4 et 8 millions de musulmans ».

Étienne de Gonneville a ensuite appelé à ne pas mélanger le terrorisme et l’islam. « C’est le piège que les islamistes ont tendu pour que nous tombions dedans. (…) Al-Qaïda et sa propagande utilisent les caricatures de Charlie Hebdo pour détourner la conversation de ce qui est en fait le terrorisme vers autre chose », a-t-il déclaré.

Source : La Dépêche