Le taux de réussite des élèves de 5e secondaire à l’examen d’écriture du ministère a baisée de 0,2 % dans le réseau public, stagnant sous les 70 % encore une fois en 2025. Dans les écoles privées (en réalité soumise à de très nombreuses contraintes imposées par l'État), en revanche, il a grimpé à 85,5 %, si bien que l’écart entre les deux réseaux tutoie les 20 points de pourcentage.
Le contraste avec le réseau privé est flagrant. Dans ces établissements, pour le même examen, ce sont 85,5 % des élèves qui ont obtenu la note de passage. Résultat : le fossé se creuse encore davantage entre les réseaux dans cette matière, la différence se chiffrant à 18,8 points de pourcentage comparativement à 16,9 en 2024.
Le décalage entre les aptitudes d’écriture des élèves des deux réseaux n’a jamais été aussi prononcé. À titre comparatif, en 2019, il se chiffrait à 12 points de pourcentage. Mais depuis 2022, la tendance à la hausse est ininterrompue.
Le ministère de l’Éducation n’a pas fourni de précisions sur les conditions d’administration de ces épreuves – notamment sur le fait que les élèves qui fréquentent des établissements privés sont plus nombreux que ceux du réseau public à rédiger leurs textes sur des ordinateurs – en réponse à nos questions, jeudi.
Le taux de réussite à l’examen d’écriture du 5e secondaire avait enregistré une importante dégringolade dans le réseau public en 2024, à l’issue d’une année marquée par une grève, qui avait privé des élèves d’un mois d’école – même si les contenus avaient été allégés pour tenir compte des conséquences de l’arrêt de travail.
Dans les deux types d’établissements, les filles continuent de faire meilleure figure que les garçons, comme c’est invariablement le cas depuis 2015. Au public, leur taux de réussite est de 72,2 % (les garçons, 60,6 %), tandis qu’au privé, 89,5 % des filles décrochent la note de passage (81,3 % du côté des garçons). Les garçons réussissent mieux que les filles en Applications technologiques et scientifiques.
Des chiffres moins bons en mathématiques
On note aussi une légère diminution du taux de réussite des élèves de 4e secondaire qui fréquentent les écoles publiques québécoises à l’examen de mathématiques. En 2025, le taux de réussite dans cette matière s’établit à 75 %, une diminution de 1,7 point de pourcentage par rapport à l’année précédente.
Dans le réseau privé, 91,3 % des élèves de secondaire quatre ont réussi cette même épreuve ministérielle, une légère hausse de 0,7 point de pourcentage.
Science et histoire : hausses remarquables
Là où la tendance s’est inversée à la hausse, tant au public qu’au privé, c’est du côté des examens de science et technologie et d’histoire du Québec et du Canada. Le taux de réussite des élèves de quatrième secondaire a enregistré de nettes progressions dans ces deux matières.
Et pas qu’un peu.
L’épreuve ministérielle de science et technologie a été réussie à 83,2 % dans les écoles publiques, et à 96,6 % dans les établissements privés. Les bonds par rapport aux taux enregistrés en 2024 sont, respectivement, de 13 et de 5,8 points de pourcentage.
L’examen d’histoire administré aux élèves du même niveau a lui aussi été mieux réussi en 2025 qu’en 2024. Au public, 80,3 % ont obtenu la note de passage (comparativement à 74,9 % l’année d’avant), alors qu’au privé, l’épreuve a été réussie à 95,4 % (par rapport à 92 % l’année précédente).
« L’épreuve en science a été élaborée selon les mêmes processus de validation [qu’à l’habitude], a noté dans Esther Chouinard, au ministère de l’Éducation. Les fluctuations observées sur plusieurs années à cette épreuve montrent que les taux de réussite peuvent varier entre 65,4 % et 83,9 % (de 2015 à 2024). »
Il en va de même pour l’examen d’histoire, a-t-elle spécifié : « Au cours des trois dernières années, les fluctuations observées à cette épreuve montrent que les taux de réussite ont varié de quelques points de pourcentage : 80,4 (2023), 78,6 % (2024) et 83,5 % (2025) ».
Dans les deux matières, les taux de réussite avaient reculé de façon marquée en 2024.
Le ministère de l’Éducation a publié les données sur le tableau de bord sans en faire officiellement l’annonce, mercredi en milieu d’après-midi. Certaines statistiques étaient erronées, aussi le ministère de l’Éducation a-t-il corrigé le tir et effectué la mise à jour qui se trouvait sur le site tôt jeudi matin.

Invitée à réagir aux résultats des épreuves ministérielles de l’an dernier, la nouvelle ministre de l’Éducation, Sonia LeBel, a affirmé y voir « des outils précieux pour évaluer la situation actuelle », lesquels auront « très certainement un impact » sur ce qu’elle jugera « prioritaire dans [son] présent mandat ».
Au sujet des résultats en français, elle a eu ces mots : « Des actions concrètes ont déjà été entreprises pour augmenter le taux de réussite : le programme de français a été révisé et il est actuellement à l’essai dans plusieurs écoles. On y met l’accent sur la lecture et l’écriture de façon quotidienne. »
Et « on doit poursuivre le travail en ce sens », a conclu la ministre LeBel, en poste depuis le 10 septembre.
Le nouveau programme d’enseignement du français au primaire et au secondaire est actuellement à l’essai dans une cinquantaine d’écoles. Il sera implanté dans l’ensemble des établissements de la province dès l’an prochain. Cette mise en œuvre à large échelle a été critiquée par des syndicats de l’enseignement.