vendredi 18 décembre 2020

CDC recommande que les «travailleurs essentiels» soient vaccinés avant les plus de 65 ans, même si cela entraînera davantage de décès

Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) américains vont recommander que les « travailleurs essentiels » soient vaccinés avant les plus de 65 ans, malgré leur propre modélisation qui démontre que cela entraînera davantage de décès. C'est ce qui ressort d'un rapport publié sur le site du CDC intitulé CDC : Phased Allocation of COVID-19 Vaccines.

Pourquoi ? Parce que, selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, il serait immoral (contraire à l’éthique) d’accorder la priorité aux personnes âgées sachant qu’elles ne sont pas assez diversifiées sur le plan racial (comprendre trop blanches).

La population américaine est divisée en cinq groupes :

  • personnel de santé (~ 21 millions)
  • travailleurs essentiels (non sanitaires) (~ 87 millions)
  • adultes à haut risque conditions médicales (> 100 millions)
  • âge des adultes ≥ 65 ans (53 millions)
  • les autres (non considérés) (~ 80 millions)

Il est pris pour acquis que les travailleurs de la santé seront les premiers vaccinés. La question est donc  de savoir si le prochain groupe devrait être d’autres travailleurs essentiels, les plus de 65 ans ou les adultes souffrant de maladies à haut risque.

Les auteurs notent ensuite ces trois groupes selon trois critères :

  • la Science (à savoir le nombre de décès et d’infections évités)
  • la facilité de mise en œuvre
  • l’éthique

En premier, la « Science ».

Les auteurs s’appuient sur la modélisation des décès évités en donnant la priorité à chacun des trois groupes, à la fois pour un scénario vaccinal « bloquant la maladie » et « bloquant l’infection ». 

 


Dans les deux scénarios, la vaccination des plus de 65 ans devrait sauver le plus de vies.

Dans le scénario de blocage de la maladie (qui semble plus pertinent pour le vaccin Pfizer), plus de deux fois plus de décès sont évités en vaccinant d’abord les personnes âgées, par rapport aux travailleurs essentiels.

Malgré cela, les auteurs concluent que « les différences entre 3 stratégies sont minimes » (sic). Chaque stratégie obtient ainsi 3 points sur 3.

La mise en œuvre est considérée comme plus facile pour les personnes âgées que pour les deux autres groupes, ce qui donne la matrice de cotation ci-dessous :


Travailleurs essentiels
(non sanitaires)
(~ 87 millions)
Adultes à haut risque
(> 100 millions)
≥ 65 ans
(53 millions)
Science+++ +++ +++
Mise en œuvre ++ ++ +++
Éthique ? ? ?

Donc — alors qu’il ne reste plus qu’à détermine les valeurs associées à l’éthique — les plus de 65 ans sont en tête.

L’éthique est elle-même divisée en trois sous-catégories.

Principe éthique  Travailleurs essentiels
(non sanitaires)
(~ 87 millions)
Adultes à haut risque
(> 100 millions)
≥ 65 ans
(53 millions)
Maximise bienfaits et minimise risquePréserve les services essentiels à la réponse à la COVID-19 et au fonctionnement global de la société (« effet multiplicateur ») Réduit la morbidité et la mortalité personnes avec un lourd fardeau de la maladie COVID19 et la mortRéduit la morbidité et la mortalité chez les personnes ayant le plus lourd fardeau d’hospitalisation et de décès liés à la COVID-19
Mise en œuvre 

— Travailleurs incapables de travailler à domicile (risque d’exposition accru)

– Favorise l’accès au vaccin et peut réduire les obstacles pour les travailleurs à faible taux de vaccination

Nécessitera une sensibilisation ciblée auprès des personnes ayant un accès limité ou inexistant aux soins de santé Nécessitera une sensibilisation ciblée de ceux qui rencontrent des obstacles pour accéder aux soins de santé
Éthique— Les groupes de minorités raciales et ethniques sont représentés de manière disproportionnée dans de nombreuses industries essentielles

– ~ 1/4 des travailleurs essentiels vivent dans des familles à faible revenu

— Augmentation de la prévalence de certaines conditions médicales dans les groupes raciaux/ethniques minoritaires et dans les zones rurales

– Le diagnostic des conditions médicales nécessite l’accès aux soins de santé

— Incidence et mortalité les plus élevées dans la vie en communauté

– Groupes de minorités raciales et ethniques sous-représentés parmi les adultes de plus de 65 ans

La principale considération (mise en évidence en rouge) semble être que « les groupes raciaux et ethniques minoritaires [sont] sous-représentés parmi les adultes de plus de 65 ans ».

D’autres considérations qui semblent importantes sont :

i) les adultes souffrant de problèmes de santé à haut risque doivent avoir été diagnostiqués, ce qui implique qu’ils ont accès aux soins de santé (ce qui est en leur défaveur, car les blancs/riches ont plus accès aux soins);

ii) les travailleurs essentiels ne peuvent pas travailler à domicile.

Donc, sur le plan éthique, vacciner les travailleurs essentiels est la meilleure décision éthique selon ces critères, obtenant le maximum dans toutes les sous-catégories. Maintenant, notez que les plus de 65 ans arrivent en 2e position et marquent 6 + sur les 9 possibles :

Principe éthique  Travailleurs essentiels
(non sanitaires)
(~ 87 millions)
Adultes à haut risque
(> 100 millions)
≥ 65 ans
(53 millions)
Maximise bienfaits et minimise risque+++
+++++
Mise en œuvre +++++++
Éthique+++++

Cela se traduit par une note de 1/3 en éthique dans l’évaluation globale (alors qu’arithmétiquement 6/9 fait 2/3), ce qui signifie que les travailleurs essentiels coiffent les personnes âgées au poteau quand on fait le total général de ces notes.


  
Travailleurs essentiels
(non sanitaires)
(~ 87 millions)
Adultes à haut risque
(> 100 millions)
≥ 65 ans
(53 millions)
Science+++ +++ +++
Mise en œuvre  ++ +++++
Éthique+++
++

D’où la recommandation selon laquelle les travailleurs essentiels sont les prochains après les travailleurs de la santé.

On dit que le CDC prendrait une décision définitive ce dimanche (bien que, en théorie, avant le poids pris par les GAFAM et les médias, le dernier mot revienne aux États).

Cette décision semble clairement erronée et ne correspond pas à ce que fait le Royaume-Uni, par exemple, où l’ordre des vaccinations est établi en fonction de l’âge des personnes. Les plus âgées étant prioritaires.

On peut également être sceptique quant aux résultats de la modélisation étant donné les risques beaucoup plus importants auxquels sont confrontées les personnes âgées (le graphique ci-dessous tiré du rapport — et traduit par ce carnet — le montre également).

Notons, enfin, que dès que ces groupes très à risque (plus de 65 ans) sont vaccinés, il est concevable d'éliminer la majeure partie des mesures qui étouffent l'économie, la vie sociale et les études des jeunes adultes. La disparition plus rapide de ces contraintes n'est pas prise en compte par le rapport des CDC.



Source CDC : Phased Allocation of COVID-19 Vaccines


Secte «woke» pas prise au sérieux. Mais confrontés à celle-ci, les gens se soumettent ou sont détruits

Bret Weinstein est un professeur progressiste (liberal) de biologie et théoricien de l’évolution américain. Pour la première fois, il s’exprime dans un média français (Le Figaro) pour alerter sur la gauche «woke», cette gauche américaine adepte de la politique identitaire qui pratique la chasse aux sorcières et veut faire taire toute parole dissidente au nom d’un antiracisme devenu fou.

Le frère de Weinstein, Eric Weinstein, a inventé le terme “Intellectual Dark Web” (le web sombre intellectuel) et décrit Weinstein comme un de ses membres. Le terme fait référence à un groupe d’universitaires et de personnalités des médias qui publient en dehors des médias grand public. Depuis juin 2019, Weinstein anime une émission vidéo DarkHorse.


LE FIGARO.— Après avoir refusé d’observer une journée « sans Blancs », décrétée par l’administration du campus de l’université Evergreen, où vous enseigniez, dans l’État de Washington, vous avez fait l’objet de harcèlements d’organisations militantes étudiantes antiracistes « woke », puis avez dû démissionner de votre poste avec fracas, ajoutant votre nom à la liste de plus en plus longue de « professeurs annulés » par le mouvement des « justiciers sociaux ». Quelles leçons tirez-vous de ce qui vous est arrivé ?  [Voir L'Université Evergreen (États-Unis) et les dérives du progressisme militant  (vidéo)]

Bret WEINSTEIN.— Ma femme et moi avons eu le sentiment d’être aspirés, en mai 2017, par une tornade qui ne nous a toujours pas redéposés au sol ! Cela a changé tous les aspects de notre vie. Les changements ont été très traumatisants sur le moment, mais ils nous ont ouvert de nombreuses portes et nous ont transportés dans un monde qu’il est très excitant d’explorer. On a eu le sentiment d’avoir fait face à la tornade trois ans avant les autres. Ce qui veut dire que nous avons vécu une sorte d’avant-première du chaos qui venait. Evergreen est aujourd’hui partout ! Les mêmes dynamiques révolutionnaires sont visibles dans les rues, et pas seulement celles des États-Unis : en Europe, en Australie ! C’est un moment très intéressant, mais j’ai le sentiment que les leçons d’Evergreen ont été gâchées. Si nous avions compris qu’il ne s’agissait pas d’une aberration, mais d’un avant-goût du présent, nous n’aurions pas permis que notre civilisation s’amuse à jouer avec de nouvelles formes de racisme, camouflées en lutte contre l’injustice.

— Comment comprendre cette « révolution woke » dont vous avez été victime ?

WEINSTEIN.— J’ai dit tout de suite que ce n’était pas seulement une crise de la liberté d’expression et que cela ne resterait pas limité aux campus, mais que le phénomène déborderait dans le secteur technologique, dans les structures d’État, dans toutes les institutions. J’avais raison, mais j’ai été surpris par la rapidité avec laquelle c’est arrivé. La difficulté, en 2017, était de convaincre les gens qu’il ne s’agissait pas seulement d’étudiants en train de faire du bruit. Certains d’entre nous en étaient conscients. On a essayé de sonner l’alarme. Mais les gens qui n’ont pas été confrontés personnellement à ce défi idéologique, ne voient pas à quel point il est sérieux et le sous-estiment. C’est une erreur. Même si les arguments sont pauvres, le pouvoir stratégique de ce mouvement est extrêmement important.

— De quel danger s’agit-il ? Est-ce une atteinte aux principes fondamentaux du libéralisme qui fait de nous des citoyens, et non simplement les porteurs d’identités raciales ou sexuelles ?

WEINSTEIN.— C’est tout à fait le cas. Il y a dans ce mouvement, différents types de personnes. Ceux qui le dirigent et orientent la stratégie, et ceux qui y participent sans être tout à fait conscients de ce qu’on demande. L’Occident est très dynamique et productif, mais n’a jamais été à la hauteur de ses idéaux en matière de justice et d’égalité des conditions. Nous avons tendance à ne pas voir tout ce que ce système fait bien et à nous concentrer sur ses manquements. Il faut comprendre qu’il y a aujourd’hui une énorme énergie, tout particulièrement aux États-Unis, qui vise à abattre le système parce qu’il est perçu comme corrompu. Il l’est bien sûr. Mais ce mouvement est très naïf car il a décidé que les réponses étaient très simples. Il veut tout recommencer à partir d’une simple page blanche. Un scénario qui nous emmènerait presque inéluctablement vers un désastre. Malheureusement, le mouvement « woke » regarde toute personne qui pense ainsi comme un simple réformateur, c’est-à-dire quelqu’un qui ne fait que changer les choses à la marge. C’est l’échec chronique de ce mouvement que de tout simplifier. Aucune nuance n’est possible.

— N’est-ce pas précisément l’essence des mouvements révolutionnaires ?

WEINSTEIN.— C’est juste. Les mouvements révolutionnaires font du trafic de fictions utopiques pour trouver des motifs pour changer l’ordre établi. La bêtise de la vision « woke » est évidente. Mais le caractère contagieux de la stratégie est spectaculaire. Et c’est là le problème. Les gens ne prennent pas ces mouvements au sérieux parce qu’ils sont ridicules. Mais quand ils s’y retrouvent confrontés, ils n’ont plus qu’un choix : soit se soumettre, soit être détruits.

— J’ai regardé les images des séances d’autocritique du collège d’Evergreen, où les professeurs doivent battre leur coulpe en public en énumérant leurs privilèges. Elles sont grotesques. Comment un tel théâtre peut-il tenir longtemps ?

WEINSTEIN.— Oui, ce sont des séances grotesques. Mais votre question sur le fait de savoir pourquoi cela marche trouve une réponse intéressante dans la théorie des jeux. Bien que la solution paraisse facile, elle ne l’est pas. A priori, cela a du sens de se défendre, quand on est accusé de crimes qu’on n’a pas commis. Mais le problème est que ce mouvement manie la stigmatisation et comme il suit une forme de fausse logique, il n’y a pas de mécanisme qui vous permette d’établir votre innocence. [Voir La théorie de la « fragilité blanche »] Chaque personne se retrouve confrontée à la question suivante : vais-je me défendre sans chance de succès et me retrouver avec un stigma féroce attaché à mon nom (et potentiellement des vidéos de ma résistance utilisées comme preuves de ma culpabilité), ou ferais-je mieux d’accepter de dire des choses qui ne sont pas vraies, dans l’espoir que mes accusateurs passent à autre chose, et s’en aillent cibler quelqu’un d’autre ?

— Ce que vous décrivez ressemble à la logique de la dictature.

WEINSTEIN.— C’est une dictature en cours de formation. On a un problème d’action collective. La société a besoin que les individus fassent front commun pour empêcher ces actions. Mais les incitations à aller dans l’autre sens sont plus fortes pour chaque individu, car il y a menace sur leur emploi, leur réputation, leur sécurité… Ils ont donc tendance à plier, et à laisser la société vulnérable. Mais une fois qu’ils ont cédé, ils sont forcés de se regarder dans un miroir et n’ont pas envie de se voir comme des couards. Ils finissent donc par se convaincre qu’ils croient à ce qu’ils ont dit. Ils se disent que s’ils ont dit qu’ils étaient racistes, c’était sans doute parce qu’ils le sont.

—  Il y a eu tant de procès et d’écrits en URSS, qui décrivaient les mêmes phénomènes d’accusation, de démission et de soumission…

WEINSTEIN.— Cette comparaison est juste. Ce que nous voyons ressemble de manière effrayante au bolchevisme ou à la période chinoise précédant le Grand Bond en avant. Ce qu’il est important de noter, c’est que ces mouvements révolutionnaires qui recherchent le pouvoir et ont pour objet de maximiser la justice sociale évoluent immanquablement vers ces mécanismes coercitifs, parce qu’ils fonctionnent ! Mais dans le cas présent on est face à une coalition instable, temporaire, dans laquelle les règles d’appartenance à la cause sont basées sur ce qu’on appelle l’intersectionnalité. Si ce mouvement gagne du pouvoir, et qu’il parvient à prendre le contrôle du système, il se fragmentera en factions. Les différents groupes coalisés se mettront à se battre les uns contre les autres.

— N’est-ce pas déjà le cas ? Le fait que certains hommes noirs soient maintenant jugés inaptes à soutenir la cause « woke » parce qu’ils sont hommes n’est-il pas un signe ? 

WEINSTEIN.— Tous ces groupes pourraient en effet potentiellement se fragmenter. La communauté LGBT se fractionne déjà aujourd’hui entre les homosexuels et les transgenres par exemple. Mais cette fragmentation potentielle est aujourd’hui utilisée comme une arme pour forcer les troupes à serrer les rangs. Cela finira par éclater, mais le résultat, dangereux selon moi, c’est que les tribus se recomposeront selon des lignes identitaires raciales.

Votre crainte est que cette révolution identitariste réveille le nationalisme « blanc » qu’elle prétend combattre ?

WEINSTEIN.— L’Occident est une expérience unique qui essaie de réduire l’impact de l’identité en favorisant la collaboration au-delà des lignes identitaires, à travers la citoyenneté et le mérite. Mais le problème est que ce système occidental, éminemment supérieur aux autres, et plus juste, est aussi très fragile. Le fait que de larges segments de la population soient obsédés par l’identité mènera ceux qui ne le sont pas, à voir aussi le monde sous ce biais. Ce mouvement « woke » pourrait créer le démon qu’il entendait combattre, et mener le nationalisme blanc des marges vers le « courant dominant ». Il pourrait réveiller l’antisémitisme. Si l'on diabolise les Blancs, ils finiront par se penser en minorité opprimée et réagir.

— Beaucoup des libéraux (de gauche, dans le vocabulaire américain, NDLR) qui se rebellent contre l’idéologie « woke » sont juifs. Ils dénoncent l’antisémitisme qui grandit dans ce mouvement ?

WEINSTEIN.— Oui, l’antisémitisme est présent dans le mouvement de manière ouverte et en progression. L’antisémitisme grandit toujours quand le centre politique s’affaisse. Le centre disparaît, la polarisation le remplace, l’antisémitisme devient inévitable.

— Comment la presse « dominante» a-t-elle couvert votre histoire en 2017 ?

WEINSTEIN.— Le New York Times est pénétré par la mentalité des « justiciers sociaux ». Mais en 2017, la réaction a été complexe. Quand mon histoire a éclaté, les pages infos n’ont quasiment pas traité le sujet, tandis que les pages éditoriales ont permis à Bari Weiss de la couvrir sans biais. Ce qu’a montré mon histoire est la réalité du journalisme actuel. Dans une presse superpolarisée, les journaux font un très bon travail sur les sujets qui coïncident avec leur vision idéologique des choses, et ne font rien sur les histoires qui ne collent pas avec leur prisme. Pour la presse libérale, l’idée que des sectaires noirs s’en prennent à un professeur blanc aux vues égalitaristes ne faisait pas sens. Ils préféraient que cela n’existe pas et ont refusé d’en parler. Pour la presse de droite, cela a été une affaire nationale.

— Que pensez-vous de la défaite cuisante que la gauche identitariste a essuyée aux élections, vu qu’une portion assez spectaculaire du vote des minorités est allée à Donald Trump, et a rejeté l’obsession raciale de la campagne démocrate ?

WEINSTEIN.— C’est la partie la plus importante, et la moins couverte, de l’histoire. L’absurdité du portrait que fait la gauche « woke » des défauts de l’Occident est en fait une insulte terrible pour les minorités qui veulent simplement une chance de réussir. Si vous essayez de réussir dans le système où vous vivez, la dernière chose dont vous avez besoin est un mouvement qui vous dise que votre succès est impossible parce que toute personne blanche est raciste et vous opprime. L’élection a aussi révélé le nombre impressionnant d’intellectuels noirs qui ont donné de la voix contre ce mouvement « woke ». Je suis en admiration devant leur courage et la force de leurs arguments.

— Quelle est votre vision du trumpisme après Trump ?

WEINSTEIN.— Il faut comprendre que le système politique est profondément corrompu par les intérêts spéciaux. Cela a plongé les Américains dans la frustration. Il y a donc eu une rébellion sur les deux flancs du spectre politique. Bernie Sanders, qui aurait gagné en 2016 si le Comité national démocrate ne l’en avait pas empêché, a à nouveau failli gagner en 2020 mais s’est vu encore barrer la route par la direction du parti. De l’autre côté, on a eu Donald Trump qui a mené avec succès une rébellion contre la hiérarchie républicaine corrompue. Donald Trump a gagné, mais il n’a pas la capacité, ou peut-être plutôt le tempérament, pour utiliser productivement le pouvoir. Trump a été une rupture avec l’étau que les élites traditionnelles maintenaient sur le pouvoir. Mais cela n’a pas été une rupture très utile. Et aujourd’hui, avec l’élection de Joe Biden, nous revenons à l’ancien système corrompu que décrivait Bernie Sanders. La vérité est qu’on est face à deux familles du « crime », le Parti démocrate et le Parti républicain. Ce sont des réseaux d’influence pour des intérêts privés et de grandes entreprises.

— Joe Biden le centriste pourrait-il aller contre le mouvement identitaire « woke » avec l’aide des républicains, vu le signal encourageant envoyé par les électeurs ?

WEINSTEIN.— Je pense qu’il n’essaiera même pas, car c’est un politicien de la machine du parti, une sorte de porte-parole du Comité national démocrate (DNC). Il essaiera d’utiliser le pouvoir et l’énergie de ce mouvement, tout en laissant le DNC gérer les activistes. Mais je pense que la direction démocrate aura du mal à dompter ce tigre qu’elle a lancé dans l’arène. Elle s’alliera cyniquement avec lui, mais n’aura pas le dessus.

Source : Le Figaro. 18 décembre 2020

Voir aussi 

L'Université Evergreen (États-Unis) et les dérives du progressisme militant  (vidéo)

Le wokisme : des protestants puritains athées

La protestation radicale dans les universités, un acte religieux ? (vidéo)

Carence de crimes haineux, il faut les inventer ? 

Des universités politiquement correctes qui doivent « protéger » leurs étudiants 

La théorie de la « fragilité blanche » (une nouvelle ordalie de l'eau utilisée pour découvrir les sorcières) 

Les effets délétères de la critique post-moderne et de la « justice sociale » à l’Université

Malgré le fort secteur privé, le Québec aurait le système scolaire le plus équitable au Canada

Selon David Bowles, président de la Fédération des établissements d’enseignement privé :

De plus, contrairement à un discours populaire [anti-école privée], le Québec n’a pas un système scolaire inéquitable. Les tests PISA évaluent l’équité des différents systèmes scolaires en mesurant l’écart entre les élèves les plus performants et les moins performants.

En 2018, de toutes les provinces canadiennes, c’est au Québec que cet écart était le plus faible en lecture et en mathématique, ce qui en ferait en fait le système scolaire le plus équitable au Canada, qui se classe lui-même parmi les pays les plus équitables au monde.

M. Bowles poursuit en disant « Nos élèves se démarquaient dans les tests internationaux. Les jeunes de 15 ans, évalués tous les trois ans par le biais des tests PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), se classaient parmi les meilleurs au monde, particulièrement en mathématique. »

Dans le dernier TEIMS (2019), les résultats des élèves québécois en mathématiques sont dans la moyenne supérieure, mais en rien parmi les premiers au monde. Les élèves québécois en 4e année du primaire se classent ainsi 17e avec la Flandre belge et juste derrière les États-Unis… C’est bien, mais encore faut-il comprendre les limites de ces tests (aucune démonstration, aucune dissertation, rien sur la culture générale ou même scientifique, rien qui évalue la faculté de pourvoir bien écrire dans sa langue maternelle (en français ici), etc.) 

Voir Les élèves québécois parmi les meilleurs au monde ? et Québec et PISA 2018 — bons résultats en maths, baisse en sciences, immigrants à la traîne et fort taux de non-participation des écoles.

Voir aussi 

PISA — analyse des résultats de la Finlande (en baisse) et de l’Estonie (1re en Occident)

Effet d’écrémage lié à la liberté scolaire : faible ou déjà présent

L’école privée n’est pas à blâmer

« Ségrégation scolaire » : harcèlement scolaire des bons élèves

Grande-Bretagne : se débarrasser des écoles privées ? Mieux vaudrait résorber l’inégalité entre les écoles publiques

QS et le PQ s’uniraient contre la « ségrégation scolaire »

Québec — Moins d’élèves, mais dépenses en forte hausse

Très forte augmentation des élèves allophones à Montréal (coûts supplémentaires en francisation et remédiation)

Nombre d’élèves en difficulté a près de doubler en 10 ans, coût : 2,3 milliards par an