dimanche 23 janvier 2022

Montréal : 52 % des diplômes de cégep sont de cégeps anglophones

La CAQ aime l'anglais dans l'enseignement et dote généreusement les établissements anglophones

Une lettre du Regroupement pour le cégep français.

Monsieur Roberge, dans votre déclaration du 9 janvier, vous avez tenté d’éteindre les flammes de l’espoir ravivé par l’idée d’étendre la loi 101 au collégial en la dénigrant. Ce faisant, vous avez peut-être cru lui asséner un coup de grâce… alors que c’est d’un coup de pouce qu’elle a besoin.

Vos arguments, au contraire, auront l’effet d’un coup de fouet capable de convaincre que son application est plus que jamais nécessaire. Pourquoi ? Parce que les faits vous donnent tort.

Cégeps anglos : 52 % des diplômes !

Savez-vous par exemple qu’en 2018, sur l’île de Montréal, le nombre de diplômes d’études collégiales remis par les cégeps anglais a franchi le seuil historique de 52 % du total ? Oui : au cœur de la métropole du Québec, les cégeps diplôment davantage en anglais qu’en français… pour une communauté anglo-montréalaise de 17 %.

Jusqu’à quel niveau les cégeps français devront-ils être saignés de leurs forces vives avant que vous réagissiez ? Quel seuil d’anémie, quel signe du déclin des cégeps français vous sortira de votre torpeur ? Quand il ne restera que 40, 30 ou 20 % des diplômés en français ? Cela arrivera plus vite que vous pensez, car les trous béants de votre insuffisante loi 96 permettront notamment aux collèges privés non subventionnés de croître sans limites en recrutant à l’international une clientèle anglophone.

Contrairement à ce que vous affirmez, c’est précisément la maîtrise grandissante de l’anglais de leurs adolescents qui pousse de plus en plus de parents à « diriger leur progéniture vers le réseau collégial et universitaire anglais ». Plus ils la maîtrisent, plus cela devient facile et tentant de poursuivre leur formation dans cette langue.

Il est le temps d’agir

Mais quand des dizaines de milliers d’étudiants francophones et allophones font déborder les cégeps anglais et les transforment au point où les anglophones y sont en minorité, c’est le temps d’agir.

Quand le réseau français est écrémé de ses étudiants les plus performants au profit de son alter ego anglais, c’est le temps d’agir.

Quand les cégeps français sont en déclin partout au Québec autant pour les parcours préuniversitaires que techniques, c’est le temps d’agir.

Quand des milliers d’employés des cégeps anglais doivent travailler dans cette langue alors qu’ils ne sont pas anglophones, c’est le temps d’agir.

Monsieur Roberge, vous êtes passé d’espoir à obstacle. Entre la peur d’abolir un privilège et la nécessité d’assurer l’avenir du réseau des cégeps français affaibli et menacé, vous avez choisi le camp des privilèges d’un réseau anglais en essor et menaçant.

Non, monsieur Roberge, vous n’avez pas cloué le dernier clou dans le cercueil de cette idée nécessaire ; vos propos n’auront que fouetté l’ardeur de ses défenseurs.

Le Regroupement pour le cégep français
Jean-François Vallée, Professeur de Cégep
Nicolas Bourdon, Cégep du Bois-de-Boulogne
Georges-Rémy Fortin, Cégep du Bois-de-Boulogne
Caroline Hébert, Cégep de Sainte-Foy
Sébastien Mussi, Cégep de Maisonneuve
Mathieu Bélisle, Collège Jean-de-Brébeuf
Yannick Lacroix, Cégep de Maisonneuve
Richard Vaillancourt, Cégep du Bois-de-Boulogne
Jean-François Joubert, Cégep Garneau
Stéphane Beauregard, Cégep du Bois-de-Boulogne

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