La Presse nous apprend qu’afin de lutter contre l’« exclusion » et la « discrimination », des militants viendront dans les écoles « dialoguer » (culpabiliser).
Un collectif d’auteurs — parmi lesquels on trouve Will Prosper, Webster, Fabrice Vil, Stella Adjokê et Widia Larivière — discute des différentes facettes de ce qu’il considère comme du racisme, afin « d’amorcer une discussion publique ». Présidente de la fondation Paroles de femmes et membre de l’incubateur Hoodstock à Montréal-Nord, Amel Zaazaa a codirigé l’ouvrage avec le philosophe Christian Nadeau. La Presse lui donne une tribune et l’interviewe. Amel Zaazaa est relationniste de presse à la Fédération des femmes du Québec, elle fut attachée politique de Mme Anne Lagacé Dowson (NDP) en 2015. Tunisienne d’origine, son dernier emploi en Tunisie fut Chargée des relations médias aux ministères des affaires étrangères français (jusqu’à la fin 2013).
Pourquoi ce livre ?
L’idée est née il y a plus de deux ans. Quand il a été question de la commission sur le racisme systémique, il y a eu beaucoup de controverse dans les médias. Les gens ont réagi fortement, ils ont cru que tous les Québécois étaient accusés d’être racistes. Pourtant ce n’était pas la première fois qu’on en parlait. Déjà en 1969, lors des émeutes à l’Université Concordia, les gens réclamaient une telle commission. [Note du carnet : Les causes du conflit remontent à 1968, lorsque six étudiants antillais anglophones ont accusé Perry Anderson, professeur de biologie, de discrimination parce qu’ils avaient eu de mauvaises notes à un examen. Les émeutes se conclurent par 2 millions $ de dégâts (13 millions $ en tenant compte de l’inflation) par les étudiants « racisés » et « afrodescendants ». Le professeur accusé de racisme par six étudiants noirs anglophones fut déclaré innocent. La commission d’audience chargée de l’affaire a estimé qu’« il n’y avait aucune preuve pour étayer les accusations générales de racisme ».]
Il faut faire une différence entre le racisme individuel et le racisme systémique. On a voulu nuancer tout ça, d’autant plus que le débat se faisait sans que les personnes concernées soient impliquées. Avec Christian Nadeau, de l’Université de Montréal, qui est également président de la Ligue des droits et libertés, on a voulu faire un livre qui s’adresserait au plus grand nombre, un livre accessible qui serait aussi un outil d’éducation populaire.
Comment définissez-vous le racisme systémique ?
Quand on parle de racisme systémique, on ne parle pas d’une société qui a érigé le racisme en système, mais bien d’un ensemble d’oppressions subies par les personnes racisées dans différents domaines (la justice, la santé, l’éducation, etc.). Quand, par exemple, un seul nom peut être un obstacle majeur à l’obtention d’un logement ou d’un emploi, c’est du racisme systémique. Si mon voisin ne m’aime pas, c’est du racisme individuel et ce n’est pas très important. Mais si ce même voisin a le pouvoir de me priver de quelque chose d’important, d’un droit, alors là, on parle de racisme systémique. [Cette distinction nous paraît floue et sujette à discussion. On peut parler de racisme « systémique » ou « institutionnel » quand des lois et des règlements discriminent en fonction de la race comme en Afrique du Sud actuellement contre la minorité blanche, mais le racisme d’un propriétaire qui prive quelqu’un de quelque chose de vague d’important reste du racisme individuel.]
Avec le livre, nous allons entreprendre une tournée d’éducation populaire. Nous irons dans les écoles pour entamer un dialogue. Il ne s’agit pas de montrer du doigt des individus ou des groupes, mais bien de prendre acte, d’identifier les problèmes et de trouver des solutions. SLĀV nous a montré que c’est possible [NdC : que l’hystérie et la culpabilisation fonctionnent], qu’à l’abri des caméras on peut se rencontrer, dialoguer, aller au-delà des susceptibilités de chacun et avancer. On peut faire la même chose avec le racisme.
Les médias sont souvent montrés du doigt dans le livre. Quel rôle peuvent-ils jouer ?
Prenons le terme d’« appropriation culturelle ». Les gens ne comprenaient pas ce que cela signifiait. Mais grâce au débat et aux nombreuses discussions, ils ont finalement compris. [Ils ont plié.] C’est un exemple positif du rôle que peuvent jouer les médias lorsqu’ils expliquent des concepts [adopte notre vocabulaire, notre lexique et notre vision du monde]. Ils peuvent également donner des tribunes à des gens qui n’en ont pas, sinon le débat se fait sans nous. Mais il faut une volonté politique et sociale. Et il faut refuser que les politiciens instrumentalisent les peurs, comme c’est le cas dans le débat sur l’immigration, par exemple. Je suis arrivée au Québec il y a cinq ans, je parle parfaitement français. Or on parle de moi comme si je n’étais pas voulue au Québec. Les immigrants ont l’impression de ne pas être des citoyens à part entière [description monolithique des immigrants, ils sont divers et tous n'ont pas cette impression !]. On parle de nous comme si nous étions un bloc monolithique [oups, Amel tu viens de le faire en parlant au nom de tous les immigrants]. Or nous avons droit à notre individualité.
Un collectif d’auteurs — parmi lesquels on trouve Will Prosper, Webster, Fabrice Vil, Stella Adjokê et Widia Larivière — discute des différentes facettes de ce qu’il considère comme du racisme, afin « d’amorcer une discussion publique ». Présidente de la fondation Paroles de femmes et membre de l’incubateur Hoodstock à Montréal-Nord, Amel Zaazaa a codirigé l’ouvrage avec le philosophe Christian Nadeau. La Presse lui donne une tribune et l’interviewe. Amel Zaazaa est relationniste de presse à la Fédération des femmes du Québec, elle fut attachée politique de Mme Anne Lagacé Dowson (NDP) en 2015. Tunisienne d’origine, son dernier emploi en Tunisie fut Chargée des relations médias aux ministères des affaires étrangères français (jusqu’à la fin 2013).
Amel Zaazaa a participé à un reportage de la BBC sur les difficultés d'intégration au Québec en 2015, elle s'y plaignait du fait que Québec n'offre pas de classes d'anglais gratuites aux immigrants, |
Pourquoi ce livre ?
L’idée est née il y a plus de deux ans. Quand il a été question de la commission sur le racisme systémique, il y a eu beaucoup de controverse dans les médias. Les gens ont réagi fortement, ils ont cru que tous les Québécois étaient accusés d’être racistes. Pourtant ce n’était pas la première fois qu’on en parlait. Déjà en 1969, lors des émeutes à l’Université Concordia, les gens réclamaient une telle commission. [Note du carnet : Les causes du conflit remontent à 1968, lorsque six étudiants antillais anglophones ont accusé Perry Anderson, professeur de biologie, de discrimination parce qu’ils avaient eu de mauvaises notes à un examen. Les émeutes se conclurent par 2 millions $ de dégâts (13 millions $ en tenant compte de l’inflation) par les étudiants « racisés » et « afrodescendants ». Le professeur accusé de racisme par six étudiants noirs anglophones fut déclaré innocent. La commission d’audience chargée de l’affaire a estimé qu’« il n’y avait aucune preuve pour étayer les accusations générales de racisme ».]
Il faut faire une différence entre le racisme individuel et le racisme systémique. On a voulu nuancer tout ça, d’autant plus que le débat se faisait sans que les personnes concernées soient impliquées. Avec Christian Nadeau, de l’Université de Montréal, qui est également président de la Ligue des droits et libertés, on a voulu faire un livre qui s’adresserait au plus grand nombre, un livre accessible qui serait aussi un outil d’éducation populaire.
Comment définissez-vous le racisme systémique ?
Quand on parle de racisme systémique, on ne parle pas d’une société qui a érigé le racisme en système, mais bien d’un ensemble d’oppressions subies par les personnes racisées dans différents domaines (la justice, la santé, l’éducation, etc.). Quand, par exemple, un seul nom peut être un obstacle majeur à l’obtention d’un logement ou d’un emploi, c’est du racisme systémique. Si mon voisin ne m’aime pas, c’est du racisme individuel et ce n’est pas très important. Mais si ce même voisin a le pouvoir de me priver de quelque chose d’important, d’un droit, alors là, on parle de racisme systémique. [Cette distinction nous paraît floue et sujette à discussion. On peut parler de racisme « systémique » ou « institutionnel » quand des lois et des règlements discriminent en fonction de la race comme en Afrique du Sud actuellement contre la minorité blanche, mais le racisme d’un propriétaire qui prive quelqu’un de quelque chose de vague d’important reste du racisme individuel.]
Avec le livre, nous allons entreprendre une tournée d’éducation populaire. Nous irons dans les écoles pour entamer un dialogue. Il ne s’agit pas de montrer du doigt des individus ou des groupes, mais bien de prendre acte, d’identifier les problèmes et de trouver des solutions. SLĀV nous a montré que c’est possible [NdC : que l’hystérie et la culpabilisation fonctionnent], qu’à l’abri des caméras on peut se rencontrer, dialoguer, aller au-delà des susceptibilités de chacun et avancer. On peut faire la même chose avec le racisme.
Les médias sont souvent montrés du doigt dans le livre. Quel rôle peuvent-ils jouer ?
Prenons le terme d’« appropriation culturelle ». Les gens ne comprenaient pas ce que cela signifiait. Mais grâce au débat et aux nombreuses discussions, ils ont finalement compris. [Ils ont plié.] C’est un exemple positif du rôle que peuvent jouer les médias lorsqu’ils expliquent des concepts [adopte notre vocabulaire, notre lexique et notre vision du monde]. Ils peuvent également donner des tribunes à des gens qui n’en ont pas, sinon le débat se fait sans nous. Mais il faut une volonté politique et sociale. Et il faut refuser que les politiciens instrumentalisent les peurs, comme c’est le cas dans le débat sur l’immigration, par exemple. Je suis arrivée au Québec il y a cinq ans, je parle parfaitement français. Or on parle de moi comme si je n’étais pas voulue au Québec. Les immigrants ont l’impression de ne pas être des citoyens à part entière [description monolithique des immigrants, ils sont divers et tous n'ont pas cette impression !]. On parle de nous comme si nous étions un bloc monolithique [oups, Amel tu viens de le faire en parlant au nom de tous les immigrants]. Or nous avons droit à notre individualité.