jeudi 9 octobre 2025

Danemark : le retard scolaire n'est pas comblé après plusieurs générations pour les non-Occidentaux

Ce bref article propose un survol de la performance scolaire des immigrés au Danemark, en mettant particulièrement l’accent sur le degré d’assimilation observé d’une génération à l’autre.

Première génération : une progression initiale limitée

Une récente étude issue des travaux de Hassan et al. (2023) met en lumière les résultats scolaires des réfugiés au Danemark. Sans surprise, ces derniers accusent, à leur arrivée, un retard beaucoup plus marqué en danois qu’en mathématiques — un écart aisément compréhensible compte tenu de la barrière linguistique.


Au fil du temps, on observe des progrès dans les deux matières, mais nettement plus prononcés en danois. Après environ sept années, les résultats tendent à se stabiliser : l’écart entre les matières s’estompe, mais le niveau moyen demeure à environ un demi écart-type en dessous de la moyenne nationale — et légèrement plus bas encore que celui des natifs danois. Passé ce point, le rattrapage ne progresse plus de manière importante. C’est statistiquement significatif. Ce n’est pas énorme, mais c’est un retard réel et stable, surtout quand il ne se comble plus avec le temps.

De la première à la deuxième génération : des gains substantiels

Les enfants d’immigrés — communément appelés immigrés de seconde génération — présentent des résultats scolaires sensiblement meilleurs que leurs parents. Cela ne saurait étonner, dans la mesure où ces enfants grandissent au sein du système scolaire danois, avec le danois pour langue maternelle — un avantage dont leurs parents ne bénéficiaient pas.

Les données fournies par Statistiques Danemark révèlent une amélioration marquée. Chez les garçons, les notes moyennes augmentent de manière significative entre la première et la seconde génération, tous tests confondus. L’amélioration est particulièrement notable en danois, plus modéré en mathématiques — une tendance attendue.

Autre fait notable : les descendants d’immigrés originaires de pays occidentaux obtiennent des résultats très proches de ceux des Danois d’origine. En revanche, les enfants d’immigrés non occidentaux accusent toujours un retard scolaire important, même en seconde génération.

De la deuxième à la troisième génération : une stagnation inattendue

Si le passage de la première à la deuxième génération s’accompagne d’un net progrès, l’idée selon laquelle chaque génération bénéficierait d’une assimilation croissante n’est pas confirmée par les données.

En effet, tant la deuxième que la troisième génération ont grandi dans un contexte linguistique et scolaire identique : danois comme langue maternelle, scolarité complète au Danemark. Statistiquement, aucune différence notable n’apparaît entre les deux groupes. Les données de officielles danoises (2023) indiquent des résultats presque parfaitement superposés.

Cela remet en question l’hypothèse d’une assimilation linéaire et continue au fil des générations. Il convient néanmoins de nuancer cette conclusion : des différences de composition selon les origines nationales entre la deuxième et la troisième génération pourraient masquer de faibles évolutions.

Pourquoi les immigrés non occidentaux restent-ils à la traîne ?

Au Danemark, les descendants d’immigrés occidentaux affichent en moyenne des résultats comparables à ceux des natifs. Le retard persistant concerne essentiellement les descendants d’immigrés non occidentaux.

Ce phénomène n’est pas propre au Danemark. De nombreuses études internationales ont établi une corrélation entre les performances scolaires des élèves issus de l’immigration et celles des populations de leurs pays d’origine. Cette corrélation perdure à travers les générations (De Philippis & Rossi, 2020 ; Carabaña, 2011). Les différences observées semblent être le reflet de disparités de capital humain existant entre pays, qui se transmettent de manière intergénérationnelle.

Dans les cas où les immigrés surpassent nettement la moyenne de leur pays d’origine — comme c’est parfois le cas pour les immigrés provenant d'Inde —, cela s’explique souvent par une forte sélection à l’entrée (van de Werfhorst & Heath, 2019 ; Cattaneo & Wolter, 2015).

Conclusion

En matière de performance scolaire, l’assimilation des immigrés au Danemark est nette entre la première et la deuxième génération — un phénomène logique, lié à l’exposition complète à la langue et à l’école danoise.

En revanche, au-delà de la deuxième génération, aucune amélioration significative n’est observable. En moyenne, les descendants d’immigrés non occidentaux continuent de présenter des résultats scolaires inférieurs à ceux des Danois d’origine, et ce constat reste vrai pour la troisième génération.  

 
 

 Performances des immigrants de deuxième génération et des autochtones. Source : De Philippis & Rossi (2020) 

Comment lire le graphique ci-dessus. 

La ligne pointillée est la bissectrice 𝑦 = 𝑥

Elle indique l’égalité parfaite entre les deux moyennes (natifs et immigrés de deuxième génération).

Si un pays se trouve sur cette ligne, cela signifie que les enfants d’immigrés obtiennent le même score moyen que les natifs.

Si un pays est au-dessus, les enfants d’immigrés réussissent mieux que les natifs.

Si un pays est en dessous, ils réussissent moins bien. 

La ligne pleine est une droite de régression : elle montre la tendance moyenne entre les deux variables (la relation empirique observée entre scores des natifs et scores des enfants d’immigrés).

  • Elle a souvent une pente proche de 1 : les pays où les natifs ont de bons scores sont aussi ceux où les enfants d’immigrés réussissent bien.

  • Mais l’interception (et les écarts autour de cette droite) indiquent des différences structurelles selon les pays.

Un score de 0 correspond à la moyenne globale (souvent sur l’ensemble de l’échantillon international).

Un score de +1 veut dire une performance supérieure d’un écart-type à la moyenne mondiale, et -1 une performance inférieure d’un écart-type. C’est donc une échelle relative.

Le point USA est sous la ligne pointillée, ce qui signifie :

Les enfants d’immigrés de 2e génération obtiennent des scores plus faibles que les natifs américains.

Et comme ce point est aussi en dessous de la ligne de tendance, cela veut dire que les États-Unis font un peu moins bien que la moyenne internationale, même compte tenu du niveau des natifs. Autrement dit, l’écart entre natifs et enfants d’immigrés y est plus marqué que dans d’autres pays au même niveau de performance globale.


Le point IND dans le graphique.

Position sur l’axe horizontal (x) : score moyen des natifs indiens — souvent plutôt faible en comparaison internationale (l’Inde a un système éducatif très inégal, et les évaluations internationales y sont limitées à des régions pilotes).

Position sur l’axe vertical (y) : score moyen des enfants d’immigrés indiens (de 2ᵉ génération) vivant dans d’autres pays.

Le point IND est donc très au-dessus de la diagonale,l es enfants d’immigrés indiens réussissent donc beaucoup mieux que les natifs indiens.

Pourquoi un tel écart ? Cela tient à la sélection migratoire.

L’émigration indienne moderne (vers les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, etc.) est hautement sélective sur le plan éducatif et socioéconomique :

  1. une très grande part des migrants sont diplômés universitaires (souvent en ingénierie, informatique, médecine) ;
  2. ils viennent de couches moyennes et supérieures ;
  3. leurs enfants bénéficient d’un capital éducatif et linguistique élevé et d’une forte pression académique.
Les enfants d’immigrés indiens (2ᵉ génération) obtiennent souvent des scores supérieurs à la moyenne nationale du pays d’accueil, et très nettement supérieurs à ceux des natifs indiens.

 

Première action de grâce en Amérique du Nord, la Floride française

La première Action de grâce en Amérique du Nord aurait eu lieu en Floride française.

En effet, avant de tenter de coloniser (peupler) le Canada, la France, et plus particulièrement les huguenots qui y voyaient de futurs refuges, chercha à fonder des colonies en Amérique. Sous l’impulsion de l’amiral Gaspard de Coligny, figure de proue des huguenots, Jean Ribault et René de Goulaine de Laudonnière quittent Le Havre avec 150 hommes à bord de deux vaisseaux du roi le 18 février 1562 et abordent l’Amérique aux confins de la Floride et de la Géorgie actuelles après deux mois de navigation (1er mai). Ils baptisent le pays Caroline en l’honneur de Charles IX de France, établissent un contact pacifique avec les indigènes du « pays de Chicora » (les tribus Potanos, Saturiwas et Tacatacuru). Ils élèvent un fortin, Charlesfort, au sud de l’actuelle ville de Port Royal en Caroline du Sud. Laudonnière organise une seconde expédition en 1564. Il retrouve Charlesfort rasée à la suite du raid du capitaine espagnol de Roja. Laudonnière fait alors construire, 165 milles plus au sud, un ouvrage de plus grandes dimensions, baptisé « la Caroline » (22 juin 1564). Il renvoie en France deux navires sur quatre et décide de rester sur place.

Le 30 juin 1564, l’explorateur français René de Goulaine de Laudonnière a appelé à une fête pour célébrer l’établissement du fort Caroline, près de l’actuel Jacksonville. Laudonnière avait atteint la côte de la Floride le 22 juin, puis remontait la voie navigable que Jean Ribault, deux ans plus tôt, avait surnommée la rivière de Mai, connue aujourd’hui sous le nom de rivière St Johns. Les Indiens Timucua ont chaleureusement accueilli les huguenots français et ont aidé à préparer une fête en leur honneur. « [J]e commandai que l’on sonna une trompette, afin qu’étant assemblés nous rendissions grâces à Dieu, de notre arrivée favorable et heureuse. Là nous chantâmes des louanges au Seigneur, le suppliant vouloir par la sainte grâce, continuer son accoutumée bonté, envers nous ses pauvres serviteurs ».

René de Goulaine de Laudonnière (1510-1574)

D'autres attribuent la première Action de grâce en Amérique du Nord à Martin Frobisher qui, durant sa recherche du Passage du Nord-Ouest en 1578, s'est arrêté avec son équipage sur l'île de Baffin pour rendre grâce à Dieu d'être toujours en bonne santé.

Fac-similé de l’ouvrage paru en 1586 relatant cet événement :

Source : Laudonnière, René de Goulaine de, « L’histoire notable de la Floride située ès Indes Occidentales, contenant les trois voyages faits en icelle par certains capitaines & pilotes françois, descrits par le capitaine Laudonnière, qui y a commandé l’espace d’un an trois moys : à laquelle a esté adjousté un quatriesme voyage fait par le capitaine Gourgues. » [archive], sur gallica.bnf.fr, 1586 (consulté le 10 novembre 2020), p. 112 (45)

« Faire des bébés, c’est payant... mais personne au Québec n’en veut! »

Texte paru dans le Journal de Montréal.


Jamais dans l’histoire du Québec les familles n’ont fait aussi peu de bébés: 1,33 enfant par femme. Un creux historique.

Même dans les années 80, en pleine crise économique, on faisait plus de bébés! Et pourtant... jamais le Québec n’a été aussi généreux avec les familles.

Aujourd’hui, un couple peut recevoir jusqu’à 50 semaines de congé parental. Le papa a droit à cinq semaines payées à 70% de son salaire. La maman? À 18 semaines de congé de maternité. Ensuite, 32 semaines à partager, dont les premières à 70% du revenu, puis à 55%.

On parle ici d’un des régimes les plus généreux au monde.

Ajoutez à ça des places en garderie à 9,10$ par jour. [Rien pour les mères de famille qui décident de rester à la maison et de ne pas retourner au bureau... Le bureau plutôt que les berceaux et les fourneaux. C'est voulu. En 1982, Claire Bonenfant, la très féministe présidente du Conseil de la Femme, s'était interrogée, au sujet d'une politique avec de timides conséquences natalistes : « Cette politique sera-t-elle une politique nataliste déguisée cherchant à nous retourner aux berceaux et aux fourneaux ou bien se présente-t-elle comme une politique de justice sociale ? » ]

Ajoutez à ça les prestations familiales. Grâce à l’Allocation canadienne pour enfants, une famille moyenne avec trois enfants peut recevoir jusqu’à 12 000$ par année. C’est l’équivalent de 10% d’un salaire familial moyen! [Il reste à montrer que 3 enfants coûtent moins quand on comptabilise l'achat d'un véhicule plus grand, d'une maison plus grande, etc.]

Ajoutez à ça la fécondation in vitro gratuite, payée par le gouvernement du Québec. Et malgré toutes ces mesures... on ne fait plus d’enfants.

La Cadillac!

Au Québec, on a mis au point la Cadillac des politiques familiales [Pas vraiment, il n'y a pas de quotient familial]. Et elle reste dans le garage. Clairement, le problème n’est plus financier... Il est culturel, social et structurel.

Faire un enfant, dans la tête des jeunes familles, c’est devenu un projet risqué. Un projet souvent trop cher, trop exigeant, trop contraignant.

Le logement est inaccessible. Le coût de la vie explose. Les jeunes parents sont à bout de souffle.

Le résultat est préoccupant: d’ici cinq ans, un Québécois sur quatre aura plus de 65 ans. Dire qu’on manque déjà de médecins spécialisés pour soigner les aînés!

Pendant ce temps, la jeune génération crie «Boomer!» sur TikTok. Mais pendant qu’on blâme les plus vieux, personne ne prépare la suite. Parce qu’à ce rythme-là, ce n’est pas en CPE que se joue l’avenir du Québec... mais en CHSLD.

Et l’enfant roi n’est plus. C’est le papy roi qui s’installe! Avec sa pension, son bungalow payé, son REER gonflé... et bientôt, son lit en CHSLD réservé.

Que faire?

Le Québec paie pour des bébés, mais récolte une crise démographique. Il est temps d’arrêter de penser que l’argent suffira. Faire un enfant, ce n’est pas juste une affaire de chiffres. [C'est juste.]

C’est une décision intime, émotive, existentielle. Aujourd’hui, trop de jeunes parents ont l’impression de devoir s’excuser d’avoir un bébé.

Dérangeant dans l’autobus, inadapté au bureau, encombrant au resto. La parentalité s’est banalisée, parfois même dévalorisée. Il est grand temps de renverser cette perception.

Il faut revaloriser le rôle de parent, dans le discours public, dans les milieux de travail et dans l’aménagement de nos villes et nos villages. Donner envie! Pas en envoyant un dépôt direct, mais en bâtissant une culture qui célèbre l’arrivée d’un enfant.

Le message doit être clair: au Québec, fonder une famille, c’est une richesse et non un sacrifice.

Voir aussi

 Les parents seraient plus heureux que les gens sans enfant (rediff)

Le quotient familial ou le système de conjugalisation des revenus est un mécanisme fiscal, notamment utilisé en France, où l'impôt sur le revenu est calculé en fonction du revenu total du foyer fiscal, divisé par un nombre de parts déterminé par la composition de la famille (nombre d'enfants, situation matrimoniale, etc.). Cela permet de réduire l'impôt pour les familles où un seul conjoint perçoit un revenu élevé, comparé à un système où chaque individu est imposé séparément sur son revenu personnel.

Stephen Harper, en tant que Premier ministre conservateur du Canada, a introduit en 2014 une mesure appelée Fractionnement du revenu familial, qui permettait aux couples avec enfants de moins de 18 ans de partager jusqu'à 50 000 $ de revenus pour réduire leur impôt, avec un crédit plafonné à 2 000 $.