lundi 27 avril 2015

École juive : trop religieuse pour le Ministère, pas assez pour Montréal

Une école hassidique d’Outremont est prise entre deux feux après avoir été jugée « trop religieuse » par le ministère de l’Éducation, mais pas assez pour profiter d’une exemption fiscale par la Ville de Montréal.

L’Académie Beth Esther a perdu en 2012 le permis de fonctionnement que lui délivre le Monopole de l’Éducation du Québec. Elle accueille chaque jour environ 200 fillettes de la communauté hassidique.

L’Académie Beth Esther
Le mois dernier, le Tribunal administratif du Québec (TAQ) a confirmé la décision de Montréal : l’Académie devra payer des taxes foncières sur son bâtiment de 1,7 million, situé avenue Van Horne. Les immeubles religieux en sont habituellement exemptés, mais l’« Académie Beth Esther est une école primaire et secondaire, et ce, même si sa mission s’inscrit dans un cadre religieux », ont tranché les juges.

Les choses auraient pu être différentes si, par exemple, l’école servait « de lieu de prière ou de synagogue ». Mais ce n’est pas le cas, a déterminé le TAQ.

Il y a trois ans, le Monopole de l’Éducation du Québec décidait pourtant de retirer à l’Académie son permis de fonctionnement, notamment parce qu’elle ne respectait pas le programme prescrit par ce même Monopole.

« Le temps passé en classe est consacré en matinée aux études juives, et en après-midi, à l’enseignement de l’ensemble des matières [officielles] », analysait à l’époque une commission gouvernementale. « Cette répartition laisse peu de temps à l’enseignement du programme. » Les avocats de l’établissement avaient pourtant déclaré « que les élèves qui la fréquentent [...] ont, année après année, démontré par leurs résultats aux tests du Ministère une acquisition de connaissances et de compétences qui dépassent les attentes ».

Un rapport de la Commission consultative de l’enseignement privé publié à la fin de 2010 indiquait qu’à l’Académie Beth Esther, les arts, le cours Éthique et culture religieuse et le cours d’éducation physique sont intégrés aux études juives. De plus, l’établissement ne consacrait que 17,5 heures de cours au primaire aux matières prescrites par le Monopole de l’Éducation et 13 heures au secondaire, soit moins que les 25 heures prescrites par le ministère.

La décision du TAQ concernant les taxes foncières révèle que les juges ont utilisé le dossier remis au Ministère pour plaider en faveur du maintien du permis afin de déterminer que l’école ne constituait pas un bâtiment religieux.

« L’avis du Ministère, en résumé, c’était que les activités de l’Académie Beth Esther étaient trop religieuses et pas assez éducatives. Mais là, de l’autre côté, la Ville de Montréal trouve qu’on fait trop d’éducation et pas assez de religion, a dénoncé Sébastien Dorion, avocat de l’établissement scolaire. L’Académie se retrouve dans une situation un peu incompréhensible. »

Me Dorion croit que la récente décision du TAQ est « un peu dommage ». « Elle vient dire : “Peut-être qu’on vous reconnaîtrait comme institution religieuse, mais il faudrait que vous donniez moins d’éducation séculaire aux enfants”, a-t-il déploré. Ça va à l’encontre de l’intérêt des enfants. »

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J’utilise le cours de maths pour parler aux enfants de l’homosexualité et le « cacher » aux parents


Une enseignante lesbienne en Ontario « mariée » à une autre femme a révélé, lors d’une conférence d’enseignants, plus tôt ce mois, comment elle amenait ses classes de 4e et 5e années du primaire à se pencher sur l’homosexualité grâce à ce qu’elle appelle des problèmes de mathématiques liés à « la justice sociale ».

Alicia Gunn, enseignante dans une école primaire publique à Mississauga, en Ontario, a déclaré aux participants d’une conférence tenue le 10 avril à l’hôtel de ville de Toronto que l’injection de questions LGBTQ dans la salle de classe, en particulier en mathématiques, aide les élèves dès l’âge de neuf ans à « remettre en question la vision unique que beaucoup de nos enfants ont sur les familles LGBT ».


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Extraits audio de l’atelier donné par Alicia Gunn

« On parle de mathématiques liées à la justice sociale quand les étudiants résolvent des problèmes en utilisant des données réelles, stimulantes et utiles. Les questions relatives à la justice sociale dans leur école, leur communauté ou même dans le monde, deviennent le contexte des problèmes que les élèves doivent résoudre », de déclarer l’enseignante militante.

La conférence, organisée par l’organisation homosexuelle Jer’s Vision — désormais appelée le Centre canadien pour l’égalité et la diversité sexuelle —, était axée sur la mise en œuvre du projet de loi 13 dans les classes de l’Ontario. Le projet de loi 13 a été adopté en juin 2012. Il permet aux élèves de former des clubs pro-gais dans leur école, y compris les écoles catholiques, sous le nom d’alliances homo-hétéro.

Interrogé par une des participantes à l’atelier si elle demandait d’abord la permission aux parents avant d’aborder la question de l’homosexualité en classe avec ces élèves de 9 et 10 ans, Gunn a répondu qu’elle ne le faisait pas, mais qu’elle s’assurait d’aborder de nombreuses questions de justice sociale en classe afin qu’aucun parent ne puisse l’accuser de se concentrer sur l’homosexualité ce que, selon ses dires, elle aime à « cacher » dans ses leçons.

« Selon mon expérience, si vous enseignez tous les “ismes”, [l’âgisme, le classisme, le racisme... et l’hétérosexisme] ça peut vous protéger », dit-elle. « Si j’aborde tous les ismes alors je parviens à le cacher un peu dans les problèmes de maths, je peux alors dire : “Je ne fais qu’apprendre la division à votre enfant. Je suis désolée, vous savez, que vous preniez la chose de la sorte” », a-t-elle ajouté provoquant l’hilarité de la salle remplie d’enseignants.



Alicia Gunn avec sa classe en 2008, « l’âgisme, le classisme, le racisme [...] et l’hétérosexisme »

Gunn a déclaré aux participants de son atelier, intitulé « Équité et inclusion dans les programmes d’études », comment elle a profité du fait qu’une jeune élève avait été traitée de « lesbienne » pour parler à toute la classe de « trucs homosexuels ».

Mlle Gunn, lauréate de plusieurs des prix pour ses méthodes d’enseignement et qui a été mis en vedette dans des ressources pédagogiques publiées par une agence gouvernementale de l’Ontario, a raconté comment elle a d’abord parlé avec l’écolière en lui disant qu’il « n’y avait rien de mal à être lesbienne ».

« Et quand je lui en ai parlé, elle ne cessait de me dire : “Mlle Gunn, je jure que je ne suis pas lesbienne. Je ne suis pas lesbienne” », a déclaré la conférencière aux participants. « Et je lui répétais : “ça m’est égal si tu es lesbienne. Ça devrait être OK d’être lesbienne.” »

Dans une tentative pour « rendre à cette fille sa dignité », la militante lesbienne a décidé de faire une présentation à ses écoliers sur la vie de célébrités considérées comme homosexuelles comme l’animatrice de télévision Ellen De Generes, le joueur de basket Jason Collins ou encore joueur de rugby gallois Gareth Thomas.


« Alors, nous sommes revenus sur le tapis pour parler de ce que ces gens avaient en commun. Et [les étudiants] ont dit, “Ils sont impressionnants, ils sont tellement cool, ils sont célèbres. Nous serions ravis de les rencontrer” », d’ajouter Mlle Gunn aux participants.

Alicia Gunn a alors révélé aux élèves de sa classe du primaire que tous ces gens étaient homosexuels. Et au lieu que ses élèves réagissent positivement comme elle l’avait espéré, les étudiants ont commencé à crier : « beurk ! » et « dégoûtant ! » et « ces gens sont malades ».

C’est alors que Mlle Gunn dit s’être rendu compte qu’elle devrait trouver une manière plus créative pour que ses jeunes élèves en viennent à penser différemment. C’est alors qu’elle et quelques enseignants partageant les mêmes idées se sont réunis pour mettre au point une manière d’intégrer la promotion de l’homosexualité dans le programme, en commençant avec les mathématiques.

Mlle Gunn a présenté lors de l’atelier sa leçon de mathématiques sur les triangles. Elle l’a centrée autour du triangle rose que les nazis ont utilisé dans les camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale pour identifier les délinquants sexuels, y compris les violeurs, les pédophiles, les zoophiles, ainsi que des homosexuels.

« Le triangle rose était un écusson infamant que les nazis faisaient porter aux homosexuels pendant l’holocauste. Donc, ce que nous avons fait c’est de jeter un coup d’œil à tous les écussons infamant que les gens ont porté », a-t-elle déclaré aux participants.

« Maintenant, en mathématiques, nous en étions à considérer les différents types de triangles. Nous regardions les mesures d’angle intérieur pour être en mesure de dire si le triangle est isocèle, équilatéral ou scalène. Bon, ça, c’était l’aspect mathématique. Mais le plus important était la réflexion [pro-homosexuelle] qui l’accompagnait. »

Après la leçon de géométrie sur le triangle rose, Gunn a raconté comment elle avait fait faire à ses élèves « des badges d’honneur » pour renverser le récit habituel, « parce que ce que le triangle rose est devenu, c’est devenu un symbole de fierté ».

Elle a raconté comment un étudiant a fabriqué un badge avec un cœur rose sur lequel on trouvait écrit « Le cœur rose montre que je suis fier de qui j’aime. J’ai choisi la couleur rose parce que les nazis avaient choisi des écussons roses pour humilier les homosexuels. Donc, je l’utilise pour montrer qu’on peut aimer qui on veut. »

Gunn a déclaré qu’elle était heureuse avec le progrès des élèves.

Affiche réalisée dans le cadre du projet sur « Jenna » Talackova

Son projet de classe suivant a consisté à demander aux écoliers de trouver des Canadiens LGBTQ célèbres ainsi que les raisons de leur célébrité.

Elle demanda à sa classe de se pencher parmi ces personnes sur « Jenna » Talackova, un homme biologique qui s’était démené et avait réussi en 2012 à participer au concours de Miss Univers Canada. Talackova qui avait subi une chirurgie de « changement de sexe » à l’âge de 19 ans avait d’abord été exclu du concours conformément à une règle qui exige de toute concurrente qu’elle soit « naturellement née femme ».

Les écoliers montèrent une exposition intitulée « Jolie et fière » où à l’aide de photos et de coupures de presse sur Talackova, les élèves prétendirent que « Jenna » « avait remporté le concours » alors qu’il n’avait été retenu que parmi les 12 meilleures candidates.

Alicia Gunn a déclaré que ses élèves captifs avaient appris de cette leçon fort éloignée des mathématiques que “vous avez vraiment besoin de vous battre quand les choses sont injustes. Qu’il faut se faire entendre”.

« Poupées gigognes de la fierté » utilisées lors d’un projet pour venir en aide aux LGBTQ en Russie, projet lancé à l’initiative d’Alicia auprès de ses écoliers

Voir aussi

Une intervenante à ce congrès : Une enseignante lesbienne explique comment elle convainc des enfants de 4 ans d’accepter les « mariages » homosexuels