Carnet voué à la promotion d'une véritable liberté scolaire au Québec, pour une diversité de programmes, pour une plus grande concurrence dans l'enseignement.
jeudi 30 novembre 2023
Le Québec dépense plus en éducation qu’ailleurs au Canada
67% des Canadiens considèrent que les cibles d'immigration sont trop élevées
- Trop élevé : 67 %
- À peu près juste : 23 %
- Trop bas : 2 %
- Trop élevé : 60 %
- À peu près juste : 26 %
- Trop bas : 2 %
- Trop élevé : 68 %
- À peu près juste : 22 %
- Trop bas : 2 %
Pour les gens nés à l’étranger :
- Trop élevé : 62 %
- À peu près juste : 29 %
- Trop bas : 2 %
Le rejet le plus important vient de l’Ontario et de l’Alberta, à égalité, avec 70 % des personnes interrogées qui trouvent que les cibles d’immigration sont trop élevées. Puis l’Atlantique avec 68 %.
mais il est vrai que la population du Québec s’oppose davantage à cette politique, sans être entendue par les gouvernants: Les ⅔ des Québécois contre une hausse du nombre d’immigrants
mercredi 29 novembre 2023
Noël est discriminatoire systémiquement selon la Commission canadienne des droits
Les élus de l’Assemblée nationale se sont portés à la défense de la Fête de la nativité et ont adopté à l’unanimité une motion dénonçant l’organisme fédéral, qui estime que les jours fériés liés au christianisme comme Noël et Pâques représentent un exemple évident de «discrimination religieuse systémique». Plus encore, la Commission juge que cette «discrimination à l’égard des minorités religieuses au Canada est ancrée dans l’histoire du colonialisme au Canada».
Une motion envoyée au père Noël
Les politiciens de toutes les formations politiques ont tenu à affirmer haut et fort mercredi que Noël est une «tradition» célébrée au Québec depuis plusieurs générations. Ils ont d’ailleurs invité tous les Québécois «à s’unir» durant la période des Fêtes.
Ironiquement, la motion a été envoyée non seulement au Parlement d’Ottawa et à la Commission canadienne des droits de la personne, mais aussi au père Noël.
Noël n’est pas raciste
Le ministre responsable de la lutte contre le racisme, Christopher Skeete, n’a pas mâché ses mots lui non plus pour décrier la position de l’organisme de surveillance des droits de la personne au niveau fédéral.
«La Commission essaie de dire aux Canadiens et par extension aux Québécois que Noël, c’est raciste. Moi, je ne le pense pas et je pense que les Québécois sont avec moi», a-t-il lancé, au sortir du Salon bleu.
lundi 27 novembre 2023
Victoire en cour pour une prof réduite au silence pour avoir critiqué un livre sur les transgenres
Le 17 janvier 2022, la professeure Carolyn Burjoski (ci-contre) a été éjectée d’une réunion de sa commission scolaire à cause de ses commentaires sur des livres disponibles dans les écoles primaires. Elle critiquait le fait que certains livres faisaient passer comme "très simple"» et "très cool" de transitionner de fille à garçon ou de garçon à fille. Le président de la commission scolaire lui a interdit de parler. Elle a été exclue de la réunion. Il l’a traitée de «transphobe» dans les médias. Elle s’est ensuite fait dire de ne plus se présenter en classe et de rester chez elle, qu’elle ferait l’objet d’une enquête. Elle s’est fait interdire de communiquer avec ses élèves et ses collègues professeurs. Elle a pris sa retraite peu de temps après et a été hospitalisée pour un cas d’anxiété extrême.
«Ce qui s’est passé ici n’aurait jamais dû arriver dans une société démocratique», a déclaré le juge James Ramsay de la Cour supérieure de l’Ontario au sujet de l’attitude de la Commission scolaire. «Le code des droits de l’homme n’interdit pas la discussion publique de sujets liés au phénomène transgenre, ou au sujet des mineurs transgenres. Il n’interdit aucune discussion, sur aucun sujet.»
Dans un des livres qui inquiétaient la prof Burjoski, se déroule une scène où Shane, un garçon transgenre (donc née fille) est tout excité à l’idée de prendre de la testostérone. Quand le médecin lui annonce qu’avec la prise d’hormones, il ne pourra probablement pas avoir d’enfant, l’enfant répond: «C’est cool!».
Madame Busjoski considérait que ce livre portait à confusion en ne tenant pas compte du fait que Shane, en vieillissant, pourrait regretter d’être stérile. «Ce livre fait croire aux enfants que ces interventions médicales sérieuses sont des solutions faciles à une détresse émotive et psychologique».
Dans sa décision, le juge affirme que «Le président de la commission scolaire a pris une décision arbitraire et terriblement erronée de réduire au silence l’expression légitime d’une opinion».
Droit de parole
Quand elle apprit la décision du juge, la prof a déclaré: «C’est une victoire significative, pas juste pour moi, mais pour tous ceux qui osent exprimer des inquiétudes publiquement».
Dans une société démocratique, un prof a le droit de soulever des inquiétudes sans perdre son droit de parole, sans se faire renvoyer à la maison, sans être victime de diffamation.
Peu importe ce qu’on pense du débat sur la transition de genre, ce n’est pas en réduisant au silence ceux qui ne pensent pas comme nous qu’on va avoir un débat intelligent et éclairé.
École, famille, immigration : que restera-t-il de la France d’avant dans la France d’après ?
Évoquer la France d’hier pour comprendre celle de demain et ausculter notre présent : c’est la tâche à laquelle se sont attelés Jérôme Fourquet et Jean-Pierre Le Goff dans le cadre des Rencontres du Figaro. (vidéo réservée aux abonnés).
LE FIGARO. - Vous avez publié, Jean-Pierre le Goff, La France d’hier il y a cinq ans et cette année vous poursuivez cette plongée dans le passé avec Mes années folles (Robert Laffont). Aujourd’hui, que reste-t-il de la France d’hier ?
Jean-Pierre LE GOFF. – Pas grand-chose, répondrais-je spontanément. Mais encore faut-il s’entendre sur ce qu’on appelle la France d’hier et de quelle période historique au juste il est question. La France d’hier dont je parle est celle de la seconde moitié du XXe siècle, des années 1950 et 1960, en sachant qu’entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années 1960, il s’est produit une modernisation rapide du pays qui l’a profondément transformé.
Pour le dire de façon schématique, au lendemain de la guerre, la France reste encore un pays rural avec des traditions ancestrales, des valeurs de stabilité et de modération liées à la civilisation paysanne. Le christianisme continue d’imprégner la société et le catholicisme demeure la religion de la grande majorité des Français. Il existe également un mouvement ouvrier dynamique et structuré avec ses syndicats, ses associations d’entraide et d’éducation populaire, au sein duquel dominent le Parti communiste et la CGT. Au tournant des années 1950 et 1960, la France entre dans une nouvelle étape de la modernité marquée par le développement de la société de consommation, des loisirs et de ce qu’on appelle alors les « mass medias ».
La France d’hier, celle des années 1950-1960, c’est celle qui reste encore liée à une histoire ancestrale et qui, en même temps, se modernise rapidement pour aboutir à une nouvelle société qui va entraîner sur une échelle de masse des changements de mentalités et de comportements dans les domaines de la consommation, des loisirs et des mœurs. L’acquisition de nouveaux biens de consommation, la valorisation de la vie privée et des loisirs comme lieux de l’épanouissement participent d’un individualisme hédoniste qui se développe dès cette époque et commence à mettre en question la centralité du travail et la solidité des appartenances et des engagements collectifs. C’est précisément dans ce contexte de bouleversement rapide de la société française et de l’allongement de la scolarité que va se développer le «peuple adolescent» (expression que j’emprunte à Paul Yonnet). On ne comprend rien à mai 68 et à la révolution culturelle qui va suivre sans prendre en compte cette nouvelle situation historique dans l’ensemble de ses aspects. N’est-ce pas de cette France-là que nous avons hérité ?
Jérôme Fourquet , votre livre s’appelle La France d’après. Philippe de Villiers, en 2005, disait : «La France d’après, c’est la France d’après la France…»
samedi 25 novembre 2023
Les Canadiens doutent que la diversité soit toujours une force
Une majorité des personnes interrogées dans le cadre du sondage Léger/Postmedia ont également approuvé l’idée selon laquelle les nouveaux arrivants devraient être encouragés à adopter les « valeurs et traditions » du Canada et à se débarrasser de toute identité culturelle « incompatible » avec celles-ci.
« Je ne dirais pas qu’il s’agit d’une nouvelle condition avec laquelle nous sommes soudainement aux prises », a déclaré Andrew Enns, vice-président directeur de Léger.
Bien que la question n’apparaisse pas souvent dans les sondages, M. Enns a déclaré que ce n’était pas la première fois qu’il voyait une large adhésion des Canadiens à la notion selon laquelle « il devrait être un peu plus un creuset qu’une mosaïque ».
Parmi les personnes interrogées, 56 % sont adeptes d’une vision « nuancée » des avantages de la diversité. Tout en reconnaissant que « certains éléments de la diversité peuvent constituer une force », ils soutiennent l’idée qu’elle peut également être source de « problèmes » et de « conflits ».
Seuls 24 % des Canadiens considèrent la diversité comme une « force » incontestable, soit à peu près le même pourcentage que les 21 % qui la considèrent comme un « problème » prédominant.
Notamment, les Canadiens blancs et non blancs étaient presque parfaitement d’accord sur le sentiment que la diversité est une arme à double tranchant. Parmi les personnes de race blanche, 55 % ont soutenu la position selon laquelle « la diversité est à la fois bonne et mauvaise », tandis qu’elle a attiré une proportion légèrement plus élevée de personnes non blanches (56 %).
La même enquête a également révélé un large soutien à l’idée que les nouveaux arrivants au Canada devraient être encouragés à manifester un minimum d’adhésion aux « valeurs canadiennes » telles que la tolérance et le libéralisme.
Parmi les répondants, 51 % sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle les autorités canadiennes « devraient faire plus pour s’assurer que les nouveaux arrivants acceptent les valeurs canadiennes ». Une proportion encore plus importante (55 %) a approuvé l’idée que la politique d’immigration du Canada devrait être fondée sur « l’encouragement des nouveaux arrivants à adopter les valeurs et les traditions du courant dominant » et à laisser de côté toute croyance « qui pourrait être incompatible avec celles-ci ».
Ce sentiment, cependant, a montré une certaine disparité entre les groupes ethniques canadiens, avec 59 pour cent des Canadiens blancs dans le camp des « valeurs canadiennes », contre seulement 46 pour cent des non-Blancs.
Le sentiment contraire — les nouveaux arrivants devraient être encouragés à « maintenir et promouvoir leurs propres identités culturelles et religieuses » — a été approuvé par 23 % des Caucasiens et 38 % des non-Blancs.
Sur ce point, M. Enns a fait remarquer que les répondants non blancs ont pu diverger simplement en raison de l’ambiguïté de la signification des « valeurs canadiennes ».
Il y a seulement deux mois, le Canada a été le théâtre d’importantes manifestations, organisées de manière disproportionnée par des immigrés, appelant à l’expulsion de « l’idéologie du genre » des programmes des écoles publiques. Comme l’a dit M. Enns, il existe un conservatisme social au sein des communautés immigrées qui n’est pas toujours compatible avec les diverses tendances progressistes du Canada.
L’enquête nationale a été menée dans un contexte où les villes canadiennes sont régulièrement le théâtre de rassemblements liés au conflit entre Israël et le Hamas.
Bien que fréquemment décrites comme des manifestations « pro-palestiniennes », ces manifestations ont été presque entièrement organisées par des groupes tels que Samidoun, le Mouvement de la jeunesse palestinienne et Toronto4palestine — qui ont tous approuvé les massacres du 7 octobre et appelé à la destruction totale d’Israël.
Les orateurs officiels ne manquent pas non plus pour tenir un discours extrémiste, voire pro-terroriste. Ainsi, à Toronto, un orateur a appelé le Hamas à garder ses otages civils jusqu’à ce qu’il obtienne des concessions de la part d’Israël. Ou encore un imam de Montréal, Adil Charkaoui, qui, devant une rue remplie de manifestants, a prié « Allah, charge-toi des ennemis du peuple de Gaza. Allah, recense-les tous, puis extermine-les ».
La première question de l’enquête révèle que 78 % des Canadiens sont préoccupés par « l’impact du conflit entre Gaza et Israël sur les communautés canadiennes ».
Une proportion similaire (75 %) a également soutenu l’idée que les non-citoyens devraient être expulsés « s’ils expriment publiquement de la haine à l’égard d’un groupe minoritaire ou s’ils soutiennent une organisation terroriste ».
Le sondage Léger a également révélé qu’une majorité de Canadiens rejettent les principes fondamentaux de l’« antiracisme », une idéologie qui fait désormais partie de la politique officielle du gouvernement fédéral. Par l’intermédiaire d’organismes tels que la Commission canadienne des droits de la personne et le tout nouveau Secrétariat fédéral de lutte contre le racisme, le gouvernement fédéral a ouvertement défendu l’idée selon laquelle les institutions du pays sont « systémiquement racistes » et ne peuvent se racheter que par le biais de « systèmes et de soutiens délibérés » favorisant certains « groupes en quête d’équité ».
Seuls 24 % des personnes interrogées ont soutenu le statu quo sur ce programme, tandis que 50 % ont rejeté l’idée que « certains groupes minoritaires devraient se voir accorder des droits et des privilèges supplémentaires conformément aux notions de décolonisation, de lutte contre le racisme et d’équité ».
Le sondage a été réalisé en ligne auprès de 1 531 Canadiens âgés de plus de 18 ans. Les résultats ont été pondérés en fonction de l’âge, du sexe, de la langue maternelle, de la région, du niveau d’éducation et de la présence d’enfants dans le ménage. Les marges d’erreur traditionnelles ne s’appliquent pas aux sondages en ligne, mais, à titre de comparaison, un échantillon probabiliste de cette taille présente une marge d’erreur ne dépassant pas une marge de plus ou moins 2,5 %, 19 fois sur 20.
jeudi 23 novembre 2023
Le taux de natalité du Canada en chute libre
Le taux de natalité au Canada continue de chuter à des niveaux historiquement bas — une tendance qui pourrait être liée au prix exorbitant des logements pour les jeunes désireux de fonder une famille. Augmentation des prix liée à l’augmentation rapide de la population immigrée au Canada.
Statistique Canada a confirmé la semaine dernière que 351 679 bébés sont nés en 2022, soit le plus faible nombre de naissances vivantes depuis les 345 044 naissances enregistrées en 2005.
Cette disparité est d’autant plus notable que le Canada ne comptait que 32 millions d’habitants en 2005, contre 40 millions fin 2022. En 2005, le taux de fécondité du Canada était déjà historiquement bas, avec 1,57 naissance par femme. Mais au vu des chiffres de 2022, ce taux de fécondité a chuté à 1,33.
La future famille canadienne ? Quatre grands-parents, 2,66 parents (à 1,33 enfant/femme) et 1,76 petit-enfant ? |
Naissances depuis 2005.
Depuis des décennies, les taux de fécondité baissent dans l’ensemble des pays développés, mais la baisse récente au Canada a été si marquée que Statistique Canada a averti que si les tendances actuelles se poursuivent, le Canada pourrait bientôt se classer parmi les pays où le taux de fécondité est le plus bas de la planète.
« Le Canada pourrait rejoindre les pays ayant les taux de fécondité les plus bas… une situation associée à un vieillissement rapide de la population et à une pression accrue sur le marché du travail, les soins de santé publique et les systèmes de retraite », a écrit l’organisme statistique en mai 2022.
Le club des pays ayant le taux de fécondité le plus bas comprend tous les pays dont le taux de fécondité est inférieur à 1,3 enfant par femme — un groupe qui comprend le Japon, l’Italie, la Corée du Sud et la Chine.
La principale différence entre le Canada et ces pays réside toutefois dans son taux d’immigration élevé. Ainsi, alors que des pays comme l’Italie et la Chine prévoient un déclin structurel de leur population dans les décennies à venir, le Canada prévoit une augmentation de sa population pour atteindre 50 millions d’habitants d’ici 2043, augmentation qui sera composée presque exclusivement de nouveaux arrivants. Cependant, cette dernière « solution » crée ses propres problèmes, car il sera difficile d’absorber culturellement un si grand nombre d’immigrants et de fournir les nombreux services éducations, sociaux et de soins de santé qui seront nécessaires pour ne pas parler des logements. On pourrait même dire que cette immigration de masse aggrave les problèmes démographiques en empêchant les jeunes familles nées au pays d’acquérir un logement assez grand pour accueillir un ou plusieurs enfants.
Quant à savoir pourquoi les Canadiens abandonnent plus rapidement que jamais l’idée d’élever leurs enfants, Statistique Canada a laissé entendre que la montée en flèche du coût des logements y était probablement pour beaucoup.
Dans une enquête publiée le mois dernier, l’agence a constaté que plus d’un tiers des jeunes Canadiens renonçaient à leurs projets familiaux pour des raisons purement financières. Statistique Canada a constaté que 38 % des Canadiens âgés d’une vingtaine d’années « ne pensaient pas pouvoir se permettre d’avoir un enfant au cours des trois prochaines années », et qu’à peu près le même nombre (32 %) doutait de pouvoir trouver un « logement convenable » pour s’occuper d’un bébé.
Notons que nous pensons que les raisons pour ne pas avoir d’enfants ou peu d’enfants sont complexes et ne se résument pas simplement au prix du logement, c’est ainsi qu’Israël est le seul pays « occidental » avec une assez forte natalité a des loyers très chers. (voir En
Israël, le taux de fécondité en 2022 était de 3 enfants par femme [1,49 au Québec ; 1,80 en France ; 1,39 en Suisse et 1,53 en Belgique])
Parmi les autres raisons que le prix du logement actuel, on peut citer comme éléments qui détermine le nombre d’enfants : la longueur des études comme jeune adulte, la carrière vue comme plus importante que la famille, l’urbanisation croissante de la population, la politique fiscale du pays, les valeurs véhiculées par l’État, les médias, etc.
Cette tendance au report des naissances s’est manifestée pour la première fois pendant les périodes de confinement du COVID-19, lorsqu’un Canadien sur quatre en âge de procréer a fait part de son intention de retarder la naissance d’un enfant ou d’avoir moins d’enfants en raison des incertitudes créées par la pandémie.
Lorsque la fin de la pandémie a coïncidé avec des hausses massives des loyers, des prix du logement et d’autres coûts de la vie, il semble que cela n’ait guère contribué à dissuader les adeptes du « report des enfants ».
Le résultat net — qui apparaît déjà dans les sondages — pourrait bien être une génération de Canadiens contraints d’avoir moins d’enfants qu’ils ne le souhaitaient et regrettant de ne pas pouvoir en avoir davantage.
Une enquête menée en janvier par le groupe Angus Reid a demandé aux femmes de comparer la taille idéale de leur famille à sa taille réelle, et a conclu que la femme canadienne moyenne atteignait la fin de ses années fécondes avec 0,5 enfant de moins que ce qu’elle aurait voulu.
Les naissances « manquantes » dépassent largement les naissances « excédentaires ». « Près de la moitié des femmes en âge de procréer ont eu moins d’enfants qu’elles ne le souhaitaient », conclut l’étude.
Cette même enquête a également révélé que les enfants — tout comme les maisons elles-mêmes — devenaient de plus en plus un marqueur de richesse.
« Au Canada, contrairement à de nombreux autres pays, les taux de fécondité et les désirs augmentent avec le revenu : les Canadiens les plus riches ont plus d’enfants », peut-on lire dans l’étude.
Plusieurs groupes conservateurs canadiens, comme REAL Women, ont exprimé à plusieurs reprises leurs préoccupations concernant la baisse de notre taux de natalité, mais en vain. Rien n’a été fait. Que faut-il pour qu’un gouvernement s’attaque à ce problème ? Le gouvernement aurait dû développer des politiques familiales, telles que l’inclusion de crédits d’impôt ou de déductions fiscales et le partage des revenus familiaux à des fins fiscales, plutôt que d’imposer les couples individuellement comme c’est le cas aujourd’hui. D’autres pays, comme la Hongrie, la Russie et la Chine, s’attaquent au problème de la faible natalité en mettant en œuvre diverses politiques. Pourquoi alors le Canada fait-il l’autruche se demande REAL Women ?
Le Québec ne fait qu’un peu mieux que le Canada à 1,49 enfant/femme en 2022. Ce taux est en baisse de plus de 3 % pour les huit premiers mois de 2023.
Voir aussi
La hausse de l’immigration alimente la hausse des loyers
Le faux spin de la pénurie de main d'oeuvre à combler à tout prix et seulement par une immigration sans contrôle,sans intégration est de la pure propagande du régime canadien et du grand capital pour baisser les salaires, notre niveau de vie, diviser et déconstruire notre société pic.twitter.com/LJRM8CbXVr
— Dominic Leroux (@DoLeroux) November 23, 2023
La hausse de l’immigration alimente la hausse des loyers
Il n'y a pas de précédent où le pic d'inflation des loyers a dépassé le pic d'inflation globale, écrivait l’économiste en chef de la Banque Nationale, Stéfane Marion, dans une note d’analyse publiée mardi. À moins qu'Ottawa ne revoie à la baisse ses quotas d'immigration, nous ne nous attendons pas à un grand soulagement pour les 37 % de ménages canadiens qui louent.
De l’avis de Stéfane Marion, le déséquilibre dans le marché du logement est causé par une augmentation sans précédent de la population en âge de travailler. Depuis 12 mois, il s'est ajouté 874 000 personnes à la population active au Canada, une poussée record.
À l'heure actuelle, l’économiste affirme qu’il y a un logement mis en chantier pour 4,2 personnes dans la population en âge de travailler au pays. Historiquement, ce ratio est d'un logement mis en chantier pour 1,8 personne. Dans ces conditions, écrit-il, les gens n'ont d'autre choix que d'augmenter le prix d'un stock de logements locatifs en diminution.
Les hausses de loyer sur 12 mois les plus importantes au pays sont en Nouvelle-Écosse (+ 14,6 %), en Alberta (+ 9,9 %), au Québec et en Colombie-Britannique (+ 9,1 %). Les données de Rentals.ca et Urbanation montrent une hausse importante des loyers sur les appartements à louer. Le prix moyen au Canada en octobre s'établit à 2178 $, en hausse de 9,9 % par rapport à la même période l'an dernier. Les prix des loyers atteignent des sommets, mois après mois.
Loyers, hypothèques, taxes en hausse
En plus des loyers, Statistique Canada affirme que le coût de l'intérêt hypothécaire (+ 30,5 %) fait partie des principaux éléments qui font grimper l’inflation au pays. La hausse des taux d’intérêt à la Banque du Canada a été rapide depuis un an et demi, et les citoyens canadiens en ressentent pleinement les effets.
C’est 45 % de tous les prêts hypothécaires en cours au Canada qui devront être renouvelés d’ici deux ans, expliquait récemment la SCHL, c’est-à-dire 2,2 millions d’hypothèques. Les mensualités moyennes vont croître, dans bien des cas, de 30 à 40 %.
Par ailleurs, les taxes foncières (+ 4,9 %) sont en forte hausse également. L'augmentation des coûts, qui frappe les administrations municipales de plein fouet, entraîne des hausses d’impôt foncier jamais vues en 30 ans. La croissance des taxes, de 4 % au Québec, de 5,3 % en Ontario et de 7,5 % en Colombie-Britannique, est la plus importante depuis octobre 1992.
Voir aussi
Le Nouveau Canada : propriétaire de père en fils
« Choisir entre l’État-providence et l’ouverture des frontières »
Le faux spin de la pénurie de main d'oeuvre à combler à tout prix et seulement par une immigration sans contrôle,sans intégration est de la pure propagande du régime canadien et du grand capital pour baisser les salaires, notre niveau de vie, diviser et déconstruire notre société pic.twitter.com/LJRM8CbXVr
— Dominic Leroux (@DoLeroux) November 23, 2023
mardi 21 novembre 2023
Québec — Des milliers d'immigrants formés en anglais au secondaire (à la formation professionnelle)
Des clauses de la loi 101 mal rédigées et la volonté de permettre le libre choix de langue à partir de 16 ans (?) permettent à des milliers d'immigrants d'être formés à la formation professionnelle (35,5% du total !) en ANGLAIS.
Ce carnet est pour le libre choix de l'école, de la pédagogie, des enseignants employés même (comme dans d'autres pays) mais pour que tout l'enseignement subventionné soit en français. Plus de liberté pédagogique, mais inscrit dans un unilinguisme territorial (comme en Suisse, en Belgique, les États-Unis, etc.)
[Malgré la loi 101, étudier] au secondaire en anglais demeure possible pour les immigrants nés de deux parents allophones. En 20 ans, plus de 140 000 néo-Québécois ont suivi une formation professionnelle en anglais, en contradiction avec l’esprit de la Charte de la langue française, révèlent des données consultées par Le Devoir.
Pas moins du tiers (35,5 %) de tous les étudiants allophones du Québec en formation professionnelle au secondaire ont décroché leur diplôme en anglais en 2021. Le nombre réel est encore plus important, car ces statistiques excluent les écoles non subventionnées.
La Charte de la langue française stipule que « l’enseignement se donne en français dans les classes maternelles, dans les écoles primaires et secondaires », sauf exception. Or, la loi permet à n’importe qui de s’inscrire, une fois passé le cap des 16 ans, dans une formation professionnelle dans la langue de son choix. Il devient donc légal de terminer son secondaire aux adultes, ou a fortiori dans un programme de diplôme d’études professionnelles (DEP), tout en choisissant l’anglais comme langue d’apprentissage.
Ils sont plus de 140 000 à avoir ainsi profité de cette échappatoire depuis 2002, et plus de 10 000 en 2021, selon les données du ministère de l’Éducation. La formation professionnelle permet d’accéder à une panoplie de « métiers d’avenir », comme les qualifie le gouvernement, par exemple mécanicien, secrétaire ou conducteur de poids lourd.
Ce constat indigne le président du Mouvement Québec français, Maxime Laporte, contacté par Le Devoir. « On s’imagine que la normalité, c’est le libre choix [linguistique]. Je regrette, mais la normalité, c’est plutôt que la langue nationale, dans une société linguistiquement normale, s’impose comme langue commune, langue des institutions et langue officielle. »
La tactique est particulièrement courue dans les centres de services scolaires anglophones, où 57,8 % des nouveaux arrivants préfèrent étudier en anglais. « Dans le secteur de la formation professionnelle, c’est même devenu la principale activité des commissions scolaires anglaises à Montréal, pour ne pas dire une spécialité », renchérit Maxime Laporte.
Les enfants de travailleurs temporaires profitent également d’exemptions à l’obligation de l’apprentissage en français dans les écoles publiques. Le chercheur indépendant, chroniqueur et essayiste Frédéric Lacroix, qui a compilé les données citées ci-dessus, dresse un constat implacable. « Dans un contexte de hausse de l’immigration, de plus en plus de monde en nombre absolu n’a aucune obligation de francisation. »
De plus en plus d’écoles secondaires francophones offrent des formations professionnelles en anglais. En 20 ans, près de 10 000 étudiants ont profité de ces programmes.
Frédéric Lacroix s’inquiète de l’effet à long terme de cette scolarisation en anglais. Il ajoute que des études récentes indiquent ces « trous », résultats de « de clauses mal rédigées, d’omissions, de non-dits », qui conduisent une part toujours plus importante de Québécois à utiliser l’anglais dans la vie de tous les jours.
Selon l’Office québécois de la langue française (OQLF), la moitié des jeunes ayant étudié dans un établissement postsecondaire anglophone préfèrent travailler en anglais (50,4 %) et 28,7 % d’entre eux préfèrent recevoir un service en anglais dans les commerces.
Source: Le Devoir
lundi 20 novembre 2023
Le Nouveau Canada : propriétaire de père en fils
Le rapport publié lundi par l’organisme s’est penché sur les taux d’accession à la propriété des personnes nées dans les années 1990 et a comparé les cohortes de parents qui étaient propriétaires et celles qui ne l’étaient pas. Dans l’ensemble, les Canadiens nés au cours de cette décennie affichent un taux d’accession à la propriété de 15,5 %, bien que ces taux augmentent avec l’âge de la personne dans la cohorte.
Au sein de ce groupe, StatCan a constaté que les enfants adultes de non-propriétaires avaient un taux d’accession à la propriété de 8,1 % en 2021. En revanche, pour ceux dont les parents étaient propriétaires, le taux d’accession à la propriété s’élève à 17,4 %.
Si un parent était propriétaire de plusieurs biens, la probabilité que ses enfants soient propriétaires d’une maison atteignait 23,1 %, soit près de trois fois plus que pour les enfants dont les parents étaient propriétaires.
Le rapport de StatCan n’a pas cherché à savoir si les cadeaux financiers avaient contribué à l’achat d’une maison par les enfants adultes, mais il a cité des études distinctes sur l’importance croissante du transfert de richesse intergénérationnel dans le financement de l’achat d’une maison.
[Cliquez sur l’image pour l’agrandir, l’étude ne comprend ni le Québec ni la Saskatchewan] |
StatCan a constaté que c’est en Ontario et en Colombie-Britannique — les marchés immobiliers les plus chers du Canada — que le fait qu’un parent soit propriétaire a le plus d’influence sur le fait que les enfants adultes le soient aussi.
« Cela pourrait indiquer que dans les marchés du logement où la valeur des propriétés est plus élevée, où des revenus plus élevés sont nécessaires pour être propriétaire, la propriété ou la richesse des parents joue un rôle plus important dans les résultats de leurs enfants adultes en matière d’accession à la propriété », peut-on lire dans le rapport.
« L’inégalité en matière d’accession à la propriété semble se reproduire d’une génération à l’autre, car la propriété des parents confère des avantages financiers significatifs à leurs enfants ».
L’accession à la propriété — et le rôle de la richesse des parents pour se l’offrir — fait l’objet d’un vif débat aujourd’hui, alors que les Canadiens s’efforcent d’épargner pour acheter un logement dans un contexte de hausse du coût de la vie.
Le ministre du Logement, Sean Fraser, a déclaré lundi que si de nombreux Canadiens peuvent mener une vie productive sans posséder de logement, ceux qui choisissent d’accéder à la propriété ne devraient pas être limités par le portefeuille immobilier de leurs parents.
Dans une autre étude d’octobre 2022, Statistique Canada notait que le taux de propriété avait déjà diminué de 2011 à 2021 dans toutes les provinces et tous les territoires, sauf dans les Territoires du Nord-Ouest. Au Québec, le taux de propriété en 2021 était de 59,9 %, en baisse de 1,3 point de pourcentage par rapport à 61,2 % en 2011. Alors qu’en Ontario, le taux de propriété en 2021 était de 68,4 %, en baisse de 3,1 points de pourcentage par rapport à 71,4 % en 2011. En 2021, ce n’était pas la hausse des prix de l’immobilier qui était le facteur le plus important pour expliquer la perte d’attrait de la propriété. Selon Statistique Canada à l’époque, les raisons du déclin s’expliquent par l’immigration, le vieillissement de la population et les choix de modes de vie privilégiés par les jeunes Canadiens.
Le Québec avait entrepris un rattrapage du taux de propriété par rapport à la moyenne canadienne. En 1971, la différence entre le Canada et Québec dépassait les 13 points de pourcentage. Par la suite, l’écart s’est rétréci jusqu’à 6,5 points en 2016. Depuis, le processus de rattrapage a été stoppé.
Même si l'inflation a ralenti le mois dernier, le prix des loyers a atteint sa plus haute hausse annuelle en plus de 40 ans.
— Patrice Roy (@PatriceRoyTJ) November 21, 2023
Le reportage de @jphug10 au #TJ18h pic.twitter.com/uj7NwJZa88
Qui détruit la masculinité, récolte le masculinisme
La Presse a voulu lancer un signal d’alarme : le masculinisme serait en vogue dans les écoles québécoises. Plus encore, un influenceur peu recommandable, Andrew Tate, y aurait un grand succès auprès des adolescents.
La Presse est perplexe : comment expliquer sa popularité ? Comment expliquer que de jeunes hommes trouvent en lui une source d’inspiration ?
Je le dis d’entrée de jeu, au cas où certains voudraient me faire un mauvais procès : je n’ai aucune sympathie, mais vraiment aucune sympathie, pour ce Andrew Tate, qui offre une version dégradée et caricaturale de la virilité, et qui, en plus de cela, se comporte comme un rustre, une brute et un parvenu — et cela, sans même mentionner ses problèmes avec la loi. Son discours de revalorisation de la masculinité traditionnelle s’accompagne d’un discours de dévalorisation des femmes qui est objectivement répugnant. Il laisse même croire que le premier est indissociable de la seconde, ce qui n’est pas la moindre des choses qu’on peut lui reprocher.
Garçon en jupe !
Mais une fois cela dit, il n’est pas très compliqué de comprendre pourquoi tant de jeunes hommes se tournent vers un semblable « modèle ».
Ceux qui se contentent de se dire « déprimés » en lisant cela passent à côté de l’essentiel.
Il suffit de lire les trois articles de La Presse pour comprendre.
Je cite le premier des trois articles.
« Félix étudie dans une école privée de la Rive-Sud. Il a des parents progressistes. Une grande sœur féministe. Avant de découvrir Andrew Tate, il était un adolescent aux opinions modérées, le genre à porter une jupe à l’école pour dénoncer le sexisme ».
Drapeau rouge ! La journaliste se rend-elle compte qu’elle assimile ici au registre des opinions « modérées » le fait de porter une jupe à l’école pour marquer son adhésion au féminisme idéologique ? Se rend-elle compte qu’elle normalise ici, et plus encore, qu’elle valorise, ce que des générations et des générations d’hommes et de femmes auraient assimilé à un comportement dégradant pour un homme, qui devient au mieux ici une bête de carnaval ? Se rend-elle compte qu’elle s’enthousiasme pour ceux qui ont voulu détruire la masculinité chez les garçons ? Se rend-elle compte que l’idéologie qu’elle professe est en bonne partie responsable de la détresse et de l’exaspération qui en poussent plusieurs vers Andrew Tate ?
La journaliste en dit davantage sur le parcours du jeune dénommé Félix.
« Sophie sourit encore en repensant à ces quatre mots, inscrits au feutre sur les cuisses frêles de son petit frère. C’était il y a trois ans. Un peu partout au Québec, des garçons se présentaient à l’école en jupe pour dénoncer les codes vestimentaires stricts imposés aux filles. Sophie n’a même pas eu besoin de convaincre son frère de se joindre à la cause. “Il a mis ma jupe. Il en a passé d’autres à ses amis. Il a même écrit ‘Mes cuisses te dérangent ?’ sur ses jambes”, raconte-t-elle. Assise en tailleur sur son lit, l’adolescente de 17 ans baisse la tête. […] Aujourd’hui, son petit frère — nous l’appellerons Félix — pense que la place de la femme est à la maison. Que son devoir est d’élever les enfants, de bien faire à manger. Que celui de l’homme est de pourvoir à sa famille, de la protéger. Que s’est-il passé en l’espace de 3 ans ? Deux mots : Andrew Tate ».
Ce passage est lunaire, et pourtant, il n’a rien de surprenant. Il en dit beaucoup sur la morale dominante de nos sociétés, et sur son angle mort.
Les garçons évoluent dans un environnement où, sous la pression du néoféminisme et de la théorie du genre, on cherche à déconstruire sans cesse leur identité et leur masculinité. On leur écrit même des slogans néoféministes sur les cuisses !
On veut déviriliser les garçons, on leur explique sans cesse que la masculinité est toxique, on célèbre les garçons qui affirment ne plus en être, et qui croient s’émanciper de leur anatomie et de leur vérité biologique en embrassant la non-binarité, on les pousse à adopter tous les symboles et les signes du féminin, et à assimiler à l’horreur la plus atroce ceux traditionnellement associés à la masculinité… et on se surprend vraiment qu’un jour, certains se révoltent, en se tournant vers les discours et les figures qui dénoncent ouvertement l’entreprise de déconstruction et de rééducation à laquelle on a voulu les soumettre ?
Ce sont les mêmes, je devine, qui n’ont pas compris que c’est lorsque les partis conservateurs s’effondrent et tiennent un discours qui relève de la gauche pâle que les partis populistes émergent.
La nature n’est pas une fiction idéologique, et quand on la réprime, elle se révolte. Est-ce si difficile à comprendre ?
La diabolisation du masculin et la célébration névrotique des hommes aux cheveux bleus qui portent du vernis à ongles fuchsia relèvent d’une opération de déstabilisation psychique des jeunes générations, transformées en générations cobayes d’une vision nouvelle de l’homme nouveau, censé s’affranchir tout à la fois de la nature et des traditions, pour devenir un individu à l’identité liquide, insaisissable, conforme aux exigences du gauchisme culturel et du capitalisme mondialisé.
Autrement dit, si vous détruisez la masculinité et la virilité, vous aurez à terme le masculinisme, c’est-à-dire une revendication identitaire masculine terriblement dégradée.
Quand les jeunes hommes se reconnaissent en Andrew Tate, ils entendent un discours plaidant pour une reconstruction décomplexée de leur masculinité, et qui prétend que la virilité n’est pas une pathologie. C’est ce qu’ils entendent et ce qui les allume au-delà des provocations et horreurs qui accompagnent ce discours.
Si nous déconstruisons la masculinité construite, civilisée, nous retrouverons, au final, la masculinité primitive la plus dégradée, qui se confond souvent avec le culte de la force brute et une fascination morbide de la violence. Andrew Tate, pour y revenir, est l’enfant inattendu du néoféminisme et de la théorie du genre.
Il faudra, dans ce monde qui n’aime pas la masculinité et, surtout, qui trouve détestable l’homme occidental, reconstruire une masculinité forte et légitime. Il s’agit de renouer avec une tradition en la réinventant et en la conjuguant avec les exigences de l’égalité entre les sexes.
Il n’y a rien de dégradant pour un homme à vouloir protéger sa famille et en prendre soin, il n’y a rien de dégradant à vouloir s’accomplir dans des épreuves d’exception, il n’y a rien de dégradant pour un garçon à aimer les activités de « gars ».
Et si la virilité avait ses droits ?
Il faudra reconstruire la figure de l’homme sûr de lui, responsable, courtois, élégant, sachant retenir ses larmes, et ne croyant pas que c’est en s’épanchant publiquement qu’il sera authentique. Il faudra reconstruire la figure du gentleman [homme du monde], comme le propose un Hugo Jacomet, dont les conseils dépassent les exigences de l’élégance masculine, et relèvent en fait d’un plaidoyer pour la reconstruction d’une masculinité civilisée. Ce n’est pas sans raison que ses vidéos ont un tel succès.
L’homme qui refuse de se laisser déconstruire, et qui a peut-être entrepris de se reconstruire, peut être un sportif, un politique, un homme manuel, un intellectuel, un scientifique, un artiste ou bien d’autres choses : il ne vient pas dans un seul modèle. Il peut être urbain, de la banlieue ou des campagnes. J’ajoute que chaque pays a aussi élaboré au fil de l’histoire sa propre version de l’homme viril.
Mais une chose est certaine, cela présuppose de renouer avec une idée simple : l’homme n’est pas une femme, qui n’est pas un homme, et cette différence, qui n’est pas une pure construction sociale, est fondatrice pour toute civilisation.
Écrivant cela, j’ai l’impression de rappeler une évidence absolue. Mais il s’agit d’une évidence perdue.
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« Andrew Tate est le G. O. A. T. [Greatest of All Time] ! », a lancé un élève au fond de la classe. Le meilleur de tous les temps.
« Ses propos résonnent clairement chez les jeunes », souligne Pénélope Beauchemin. Son but n’est pas d’être alarmiste. De généraliser le problème à tous les garçons. Mais ce qui se passe dans les classes devrait servir de son de cloche, croit l’enseignante en sciences.
Nous avons parlé à du personnel enseignant de huit écoles secondaires, privées et publiques, de la grande région de Montréal. Selon eux, Andrew Tate a légitimé des discours offensants, voire parfois violents, qu’ils entendent de plus en plus en classe.
Selon plusieurs enseignants au secondaire, Andrew Tate a légitimé des discours offensants, voire parfois violents, qu’ils entendent de plus en plus en classe.
« Des affaires du genre “la place des femmes est à la maison” et “le féminisme, c’est un problème”. Il y a des élèves qui osent dire ce genre de choses là », déplore Yves Roy, enseignant en éthique et culture religieuse.
Le phénomène touche des élèves de tous les niveaux.
Une discrimination banalisée
Également enseignant en éthique et culture religieuse, Samuel Déry constate une certaine banalisation d’un discours antiféministe dans ses plus jeunes groupes.
L’idée que les femmes dominent [la société] et que les hommes doivent reprendre leur place fait de plus en plus son chemin.
Louis Audet-Gosselin, directeur scientifique du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence |
Directeur scientifique du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence, Louis Audet-Gosselin entend des échos similaires en provenance d’un peu partout dans le milieu scolaire.
En plus d’offrir des ateliers de sensibilisation dans les écoles, l’organisme offre un service d’accompagnement consacré aux établissements qui s’inquiètent de la radicalisation d’un élève ou sont aux prises avec des actes à caractère haineux.
Depuis l’an dernier, les demandes concernant des enjeux liés au genre, comme des commentaires misogynes ou homophobes entendus en classe, sont en hausse.
« Ce n’est pas dans toutes les classes, et c’est souvent une minorité d’élèves qui ont des propos problématiques ou dérangeants, mais c’est suffisant pour qu’une petite alarme sonne », fait valoir M. Audet-Gosselin.
Une popularité observée en classe
Étudiante en enseignement au secondaire, Éliane Hétu fait de la suppléance dans une école de Laval.
Chaque fois qu’elle met les pieds en classe, c’est devenu quasi systématique. « Les élèves me demandent ce que je pense d’Andrew Tate », témoigne-t-elle.
Au printemps dernier, une jeune fille âgée d’à peine 14 ans a même qualifié l’influenceur de « dieu ».
En classe, Éliane Hétu croit parfois entendre le gourou masculiniste dans les propos de ses élèves.
Éliane Hétu, étudiante en enseignement au secondaire, déclare : « L’autre jour, je débattais avec un gars qui disait que c’était normal que les domaines féminins comme l’enseignement soient moins bien payés, parce que les femmes travaillent moins bien. »
Dans son cours d’éthique et culture religieuse, Ismaël Seck aime demander à ses élèves qui les inspire.
« L’an dernier, beaucoup de garçons m’ont nommé spontanément Andrew Tate », raconte-t-il.
Mais ce n’est pas ce qui l’a le plus marqué, « c’était le déni total des injustices que pouvaient vivre les femmes et l’agressivité envers les étudiantes qui parlaient des inégalités », affirme-t-il.
De son côté, l’enseignant en éthique et culture religieuse Samuel Jean remarque que l’influenceur « est moins populaire qu’il l’a déjà été ».
Chaque année, il demande à ses élèves d’identifier trois personnes qui incarnent leurs valeurs. L’an dernier, « une vingtaine » d’entre eux avaient nommé le personnage controversé dans leur travail sur l’ensemble de ses groupes, qui totalisent 400 élèves.
« Cette année, il y en avait quatre ou cinq, dit-il. J’étais soulagé. »
Des directives rares
Des élèves d’une école de Londres, en janvier dernier. Au Royaume-Uni, un sondage mené en septembre a démontré qu’environ 1 jeune de 13 à 15 ans sur 4 (23 %) a une vision positive d’Andrew Tate.
Ce qui s’observe dans nos écoles se produit aussi ailleurs dans le monde. Au Royaume-Uni, un sondage mené en septembre a démontré qu’environ 1 jeune de 13 à 15 ans sur 4 (23 %) a une vision positive d’Andrew Tate, et ce, en dépit des graves accusations auxquelles il fait face.
Pour combattre son influence « toxique », les écoles secondaires du pays ont ajouté des formations pour le personnel et des ateliers de sensibilisation pour les élèves et les parents, a rapporté plus tôt cette année le Guardian.
Au Québec, un seul enseignant à qui nous avons parlé a reçu une directive claire de sa direction d’école, soit de sortir de la classe un élève qui contesterait un « fait historique ». Les autres réagissent aux commentaires offensants selon ce qui leur semble mieux. Certains interviennent. D’autres préfèrent les ignorer, craignant les dérapages.
« On est un peu pris au dépourvu », laisse tomber Yves Roy.
« On n’était pas préparés à cette tempête-là », résume un enseignant d’histoire qui n’a pas souhaité être nommé par crainte de représailles de son employeur.
« Depuis les 15 dernières années, il y a eu une amélioration pour ce qui est de l’acceptation des autres, du vivre-ensemble. Mais là, il y a un recul », lâche-t-il.
Il se souvient d’un évènement en particulier survenu l’an dernier, lorsqu’il avait abordé en classe l’iniquité salariale au XIXe siècle. « J’ai eu beaucoup de mains levées de garçons qui expliquaient qu’ils ne voyaient pas où était le problème », raconte-t-il.
L’enseignant a été pris de court. Jamais il n’avait entendu ce genre de propos en classe.
Plus tard dans l’année, il a été forcé de mettre fin à un atelier sur l’actualité lorsque des élèves ont défendu les dispositions discriminatoires du Qatar contre les personnes LGBTQ+..
À mesure que l’année scolaire progressait, les filles du groupe participaient de moins en moins en classe. « Quand je les ai questionnées, elles m’ont dit qu’elles étaient vraiment tannées, que c’était des propos intolérables. Elles ne comprenaient pas pourquoi on ne faisait pas plus », raconte-t-il.
« Ça m’a brisé le cœur. »
Source : La Presse
samedi 18 novembre 2023
Accusé Napoléon, défendez-vous!
« Napoléon sur le champ de bataille d’Eylau », d’Antoine-Jean Gros, 1807. Les combats entre Français et Russo- Prussiens firent près de 60 000 victimes, dont au moins 12 000 morts. |
Fossoyeur de la Révolution ?
McGill et Université de Montréal, même combat. Vraiment ?
J’ai été frappé par l’alignement total du recteur de l’Université de Montréal (UdeM), Daniel Jutras, sur les positions des universités anglophones dans le dossier de la hausse des frais de scolarité des étudiants de l’extérieur du Québec.
Cet alignement était tout particulièrement évident dans une entrevue que M. Jutras a donnée récemment à Patrice Roy sur les ondes de RDI, avec le principal et vice-chancelier de l’université McGill, H. Deep Saini.
Cet appui sans réserve du dirigeant de la plus grande institution universitaire francophone ajoute de la crédibilité à l’opposition des universités anglophones à un projet gouvernemental présenté comme mesquin, inutile et irréaliste, pour ne pas dire xénophobe comme on ne se gêne pas pour le répéter à l’envi dans le reste du pays.
Est-il permis de voir un lien entre cet appui inespéré de M. Jutras et le fait que, jusqu’à sa récente nomination comme recteur de l’UdeM, il avait fait toute sa carrière à McGill où il a œuvré de 1985 à 2020 – 35 ans! —, entre autres comme vice-doyen, directeur de l’Institut de droit comparé et doyen en droit ?
Avec l’appui du recteur Jutras, les universités anglophones réussiront-elles à imposer leur argumentaire sur les trois points suivants dans ce débat important pour le monde universitaire québécois et le français à Montréal ?
1. Il faut associer le moins possible le niveau des frais de scolarité à la situation du français (dont tout ce beau monde se préoccupe infiniment, comme de bien entendu…)
2. C’est carrément la réputation internationale Montréal qui est en jeu — on s’en inquiète, paraît-il jusqu’à Hong Kong que l’on aurait cru plus préoccupé par les visées liberticides de Xi Jinping… [Note du carnet: Surtout la très célèbre Concordia, alma mater du professeur Fabrikant qui y a tué ses collègues connue pour son militantisme pro-palestinien de longue date, voir les émeutes de 2002 contre la visite de Netanyahou et Police obligée de départager les étudiants juifs et arabes à Concordia (M. à j. coups de feu sur deux écoles juives)]
Le professeur Valery Fabrikant de Concordia emmené après avoir tué 4 de ses collègues en 1992 |
3. Les universités anglophones sont en péril… [Note du carnet : en quoi est-ce grave ? Pourquoi ne pas les franciser ?]
Rappelons que, s’il y a péril en la demeure, c’est au sujet de la langue d’usage dans l’ouest du centre-ville de Montréal qui est en train de redevenir l’anglais comme dans les bonnes vieilles années 1950. Et s’il y a une université en danger, c’est l’UQAM, menacée de se faire damer le pion par Concordia (cf. sur ces sujets les textes du chercheur Frédéric Lacroix).
vendredi 17 novembre 2023
France : de 1932 à 1939, une politique d'immigration de gauche fermée et inflexible
Lors de la crise économique des années 1930, les pouvoirs publics français entendent assurer une « protection de la main-d’œuvre nationale ». Cette préoccupation n'est pas nouvelle sous la IIIe République. Certaines réglementations d'inspiration analogue, mais de portée beaucoup plus modeste, avaient déjà été adoptées par le passé. Puis, lorsque la crise de 1929 atteint très durement la France, les gouvernements successifs et le Parlement durcissent le droit en vigueur. La loi d'août 1932 fixe le principe d'une proportion maximale de travailleurs étrangers dans le privé, à préciser par décret secteur par secteur.
Ces législations prises en réaction à la crise ne concernent pas seulement le monde ouvrier. L'époque est très préoccupée par le sort des classes moyennes. À la demande des représentants des médecins (qui se plaignent de la concurrence des médecins russes et roumains et craignent de voir arriver en nombre des confrères allemands, souvent juifs, fuyant le nazisme), l'exercice de la profession est subordonné à la naturalisation pour les médecins diplômés à l'étranger (lois de 1933 et 1935). Certains, parmi les intéressés, qui doivent impérativement travailler tout de suite pour gagner leur vie, sont obligés de se contenter de fonctions de secrétaire médical, quoique surqualifiés. Puis ceux-ci déposent une demande de naturalisation lorsqu'ils ont les trois ans de résidence requis par la loi. D'autres reprennent des études. Les avocats, très nombreux à la Chambre et au Sénat, obtiennent, pour leur profession, des dispositions encore plus draconiennes. Les avocats étrangers ne peuvent plus exercer que s'ils ont été naturalisés depuis dix ans, ce qui revient à interdire le barreau aux confrères venus d'Europe centrale.
Un sentiment de méfiance
En 1935, par ailleurs, à l'initiative de l'Action française, puissante au Quartier latin à l'époque, une partie des étudiants parisiens en médecine et en droit multiplient grèves et monômes pour protester, fréquemment en termes insultants, contre la présence d'étudiants étrangers (souvent des Juifs originaires d'Europe centrale et balkanique qui ne pouvaient pas accéder aux facultés de médecine dans leurs pays) et soutiennent qu'ils sont trop nombreux parmi eux. Le jeune François Mitterrand semble avoir participé à un ou deux de ces rassemblements. Les gouvernements de l'époque ne leur donnent pas satisfaction (ils n'institueront jamais de numerus clausus d'étudiants étrangers) et se déterminent en fonction des attentes des représentants des professions libérales, non de l'activisme de l'Action française au Quartier latin. Cette agitation n'en demeure pas moins l'indice d'un climat.
La législation se durcit à mesure que la crise économique s'approfondit et qu'un sentiment de méfiance envers les étrangers gagne du terrain, aggravé par des faits d'actualité : le président de la République Paul Doumer est assassiné par un Russe en 1932 ; Alexandre Stavisky, l'escroc à l'origine du scandale qui ébranle le pays en 1934, est né en Ukraine, alors province de l'Empire russe, et il se trouve qu'il est juif, fait qui sera exploité par des journaux comme L'Action française ; le roi de Yougoslavie est assassiné par un Bulgare soupçonné d'avoir agi pour le compte d'ultranationalistes croates, à Marseille lors d'une visite d'État la même année. Le ministre des Affaires étrangères, Louis Barthou, présent aux côtés du souverain, est tué dans l'attentat.
Arrive le Front populaire. À l'égard des étrangers, le gouvernement de Léon Blum arrête les rapatriements forcés de mineurs polonais et italiens. Les cas d'expulsion pour activité syndicale jugée trop virulente diminuent, sans disparaître. Le ministre de l'Intérieur, le socialiste Roger Salengro, en maintient la possibilité pour les « manquements très graves à la réserve qui s'impose à tout étranger recevant l'hospitalité de notre pays » (circulaire du 27 juillet 1936). Dans les « manquements très graves » , le ministre de Léon Blum inclut les cas d'activité syndicale ou politique qui auraient un caractère vindicatif ou s'accompagneraient d'actes de violence. Après des incidents à Moyeuvre-Grande (Moselle) lors des grandes grèves de juin 1936, de nombreux ouvriers sidérurgistes étrangers sont ainsi expulsés par le gouvernement du Front populaire. Interrogé par un député communiste qui critique en termes posés sa décision, le ministre de l'Intérieur la justifie par « l'attitude particulièrement violente des intéressés qui, parfois, ont manqué de la correction la plus élémentaire à l'égard des autorités locales » , ce qui « justifie pleinement » leur expulsion. « Si le gouvernement entend rester fidèle à tous les principes humanitaires et faire tout spécialement honneur aux traditions d'hospitalité, il ne saurait tolérer que les étrangers abusent de l'asile qui leur est offert, en intervenant dans les conflits politiques et sociaux » , ajoute Salengro (JO des débats du 1er octobre 1936).
Son successeur Place Beauvau, le socialiste Marx Dormoy, s'il manifeste sa sollicitude envers les réfugiés politiques qui fuient l'Allemagne nazie, est intransigeant envers l'immigration clandestine. Il donne pour instruction aux préfets de « refouler impitoyablement tout étranger qui cherchera à s'introduire sans passeport ou titre de voyage valable ou qui n'aura pas obtenu de visa consulaire s'il est soumis à cette formalité » (14 avril 1937).
Le gouvernement du Front populaire autorise les étrangers au chômage à chercher du travail en dehors du département de leur domicile (cette faculté avait été supprimée en 1935). Le ministre de l'Intérieur invite ses services à moins de raideur dans ses rapports avec les étrangers à l'occasion des procédures de renouvellements des cartes. L'obligation scolaire de 6 à 14 ans est étendue aux enfants étrangers. L'école publique, aussi bien d'ailleurs que l'école libre, ne refusait nullement de scolariser les enfants d'étrangers jusqu'alors, mais il n'était pas possible de contraindre les parents récalcitrants à prodiguer une instruction à leurs enfants. Ce cas de figure était très rare, mais pas inexistant (« notre fils va nous prendre de haut s'il a de l'instruction » , entendait-on parfois). Le Parlement ratifie la convention de Genève de 1933, signée par la France, qui étend le bénéfice du passeport Nansen (du nom de l'ancien haut-commissaire aux réfugiés de la Société des nations qui l'a fait adopter) à de nouvelles catégories d'apatrides. Et un certificat de nationalité en faveur des réfugiés allemands qui ont fui le régime hitlérien est institué.
Ces changements notables coexistent avec une continuité sur les questions centrales de la politique d'immigration. Sous le Front populaire, l'immigration de travail dans l'industrie demeure, on l'a vu, aussi faible qu'auparavant. Et le gouvernement de Léon Blum ne stoppe nullement la généralisation des quotas de travailleurs étrangers dans les différents secteurs de l'économie nationale. D'accord avec la loi de 1932 « protégeant la main-d’œuvre nationale », l'exécutif à direction socialiste poursuit son application avec minutie. La seule journée du 20 décembre 1936, dix décrets sont promulgués instituant « la proportion de travailleurs étrangers qui pourront être employés » dans les fabriques de bouchons et objets en liège des Bouches-du-Rhône (la part est fixée à 30 % au maximum, et ne devra pas dépasser 20 % six mois plus tard, délai qui vise, peut-on supposer, à laisser aux entreprises le temps de licencier des travailleurs étrangers s'ils sont trop nombreux et de recruter des Français pour les remplacer) ; dans les laiteries et fromageries du Cher (10 % seulement de travailleurs étrangers autorisés, proportion qui doit être réduite à 5 % six mois plus tard) ; dans le BTP du Loiret (en raison de la pénurie de travailleurs nationaux constatée là, le quota est au contraire relevé de 5 % à 15 % pour les entreprises de mosaïque et de carrelage), etc.
Aucun parti politique national ne semble, à l'époque, avoir protesté. Le PCF lui-même, qui se distinguait par sa défense des travailleurs étrangers dans les années 1920, a changé de discours en même temps qu'il a rompu son isolement à gauche et renforcé son poids à la Chambre et dans le pays lors des législatives d'avril-mai 1936. Sa doctrine de lutte des classes se double désormais d'un ultrapatriotisme jacobin ainsi que d'une prétention à incarner le peuple en lutte contre les oligarques aussi bien que contre les agents supposés de Mussolini en France. « Nulle xénophobie ne nous anime lorsque nous crions « La France aux Français » » , déclare Maurice Thorez lors d'un meeting au Vél' d'Hiv', le 28 septembre 1937.
Une extrême fermeté
En revanche, les étrangers, lorsqu'ils ont du travail, bénéficient des réformes sociales du Front populaire (généralisation des quinze jours de congés payés à tous les salariés, systématisation des conventions collectives, réduction du temps de travail hebdomadaire de 48 à 40 heures à salaire inchangé).
Le Front populaire tombe en avril 1938. Les radicaux-socialistes se détournent des socialistes et communistes et forment un gouvernement avec la droite modérée. Le radical Édouard Daladier s'installe à Matignon. Le risque d'une guerre avec Hitler devient obsédant et domine toute la vie politique. Il s'agit, pour Daladier, de réarmer la France et préparer le pays à un conflit. Au nom du salut public, vieille idée chère à la Révolution française et familière à l'univers intellectuel des républicains d'alors, Daladier obtient des députés le vote des pleins pouvoirs. Il a ainsi le droit de légiférer lui-même, par des décrets-lois (l'équivalent des ordonnances sous la Ve République). Près de cent sont promulgués en un an, avant les accords de Munich (30 septembre 1938) aussi bien qu'après. Six d'entre eux durcissent au maximum la réglementation sur les étrangers. La constitution d'une association étrangère est soumise à autorisation préalable, afin d'interdire les partis politiques étrangers déguisés en associations (cette restriction au droit d'association des étrangers restera en vigueur jusqu'en 1981). Après Munich, l'internement administratif des étrangers suspects est autorisé et un premier centre ouvre (février 1939).
Au même moment, la guerre d'Espagne s'achève : plus de 450 000 Espagnols franchissent en quelques semaines la frontière française après la chute du réduit républicain en Catalogne et la victoire des nationalistes. Prises de court face à une telle masse, les autorités françaises désarment les soldats, surveillent les anciens des Brigades internationales et ouvrent des camps d'internement à la frontière. Puis les préfets répartissent ces réfugiés dans des camps disséminés dans tout le sud du pays. Sept mois plus tard, la Seconde Guerre mondiale commence.
Considérée dans toute sa durée, la IIIe République, au cours de ses 70 ans d'existence, a manifesté une extrême fermeté, et, à l'occasion, a été implacable, envers les étrangers présents sur son sol. Sa raideur a cependant été nuancée, ou contrebalancée, par un accès qu'on peut estimer aisé à la nationalité française sous réserve de manifester des efforts d'assimilation afin de mériter la qualité de Français, jugée hautement désirable. Sur ce sujet, indissociable du patriotisme, puissant à l'époque, la IIIe République a toujours été fière, confiante en elle-même et certaine de son bon droit.