jeudi 12 septembre 2024

Chine — La politique de l'enfant unique est terminée, mais le taux de fécondité continue de baisser

La politique de l'enfant unique en Chine est terminée. Pourtant, le taux de fécondité en Chine continue de baisser et ne sera plus que de 1,02 naissance par femme en 2023.

Un rappel de l'histoire de la Chine en matière de contrôle brutal de la population, et de la façon dont les répercussions des politiques passées se font encore sentir aujourd'hui.

La politique de l'enfant unique en Chine a finalement pris fin en 2015.  Le tollé suscité par l'avortement forcé de Feng Jianmei en 2012, après que des photos explicites (ci-dessous) eurent été diffusées de manière virale en Chine, a été l'un des éléments déclencheurs de la fin de cette politique.

Quels que soient les arguments avancés pour justifier la politique de l'enfant unique, ils n'avaient plus aucun sens en 2012. La capacité de la Chine à se nourrir ne faisait aucun doute et sa fécondité était inférieure au taux de remplacement depuis deux décennies.

Pourtant, les autorités locales ont maintenu cette politique avec une ferveur grotesque.

Les récits de l'application de la politique de l'enfant unique en Chine sont atroces, d'autant plus tristes que l'on se rend compte que tout cela était inutile (tous les pays d'Extrême-Orient ont vu leur natalité diminuer rapidement), et que la Chine serait bientôt confrontée à une crise de déclin démographique rapide.

L'un des moyens d'application de cette politique consistait à refuser les papiers de citoyenneté aux enfants nés en violation de la politique, ce qui compromettait leur avenir. Ainsi, He Shenguo a-t-il tué deux fonctionnaires qui refusaient d'enregistrer la naissance de son enfant. Dans la photo ci-dessous, il fait ses adieux à sa femme avant d'être exécuté.

Aujourd'hui encore, des millions de personnes nées en violation de cette politique restent des citoyens de seconde zone, sans papiers, dans le seul pays qu'ils aient jamais connu.

Le livre de Paul R. Ehrlich intitulé « La bombe P», publié en 1968 afin de semer la panique, a eu un impact profond sur les dirigeants du PCC et a été l'une des principales raisons de la politique de l'enfant unique.

L'idéologie anti-nataliste d'Ehrlich a aujourd'hui de nombreuses ramifications destructrices, dont le mouvement pour l'extinction de l'espèce humaine.

L'un des effets persistants de la politique chinoise est un déséquilibre démographique entre les hommes et les femmes, avec un « excès » de jeunes hommes allant jusqu'à 40 % dans certaines régions de Chine.

Bien que la Chine souhaite désespérément augmenter son taux de natalité, trop peu de jeunes filles sont nées pour devenir des épouses et des mères aujourd'hui.

Pire encore, la culture confucéenne pro-famille qui avait soutenu la Chine pendant des millénaires a été pratiquement anéantie.

Dans certaines provinces du nord, où la politique a été appliquée avec plus de fermeté, le taux de fécondité ne représente que la moitié de celui du sud, où la politique a été appliquée avec moins de fermeté.

La fécondité de la Chine risque de baisser encore davantage, car les intentions de fécondité des jeunes Chinois sont les plus faibles du monde.

Que peut faire la Chine pour augmenter son taux de natalité ?

La Chine devra tirer un trait sur l'ère du contrôle de la population et reconnaître sincèrement ses erreurs passées, faute de quoi les efforts en faveur de la natalité seront accueillis avec cynisme.

D'une manière générale, la Chine devra peut-être embrasser la liberté religieuse si elle veut que des sous-cultures à fécondité plus élevée s'enracinent.

Le démographe William Huang écrit : « Le parti communiste chinois ne tolérerait jamais l'existence d'une communauté religieuse fermée. Mais regardons les choses en face : les amish n'existent que parce que la Constitution américaine garantit la liberté de religion et que ce principe est effectivement appliqué en Amérique.
Si une telle communauté venait à s'implanter en Chine, les amish qui se déplacent à cheval et en buggy seraient envoyés dans des camps de travail, leurs enfants seraient rééduqués de force ou les femmes seraient tout simplement stérilisées en masse ».

Espérons que Huang se trompe. Peut-être la Chine autorisera-t-elle la liberté de croyance lorsqu'elle reconnaîtra que des cultures aussi variées pourraient jouer un rôle clé dans le redressement démographique, tout comme elles constituent une part importante de la vitalité de l'Amérique.

Outre la religion, la culture du travail en Chine pose problème. La culture dite « 996 » (travail de 9 heures à 21 heures six jours par semaine) ne laisse guère de temps pour une vie sociale, et encore moins pour une famille.

Enfin, le style de construction de la Chine au cours des dernières décennies a certainement été antinataliste, avec une mer de gratte-ciel dans chaque ville.

La Chine est peut-être coincée avec le parc immobilier qu'elle a construit, à moins qu'elle ne soit prête à démolir nombre de ses tours modernes.

À l'avenir, la Chine devrait construire autant de maisons unifamiliales que possible, pour au moins donner à ceux qui veulent essayer d'avoir une famille plus nombreuse une base de travail.
 
 On pourrait penser que le taux de fécondité ne pourrait pas être plus bas que le chiffre apparemment impossible de 0,72 naissance par femme en Corée du Sud en 2023 ? Pourtant, Macao tend vers 0,49 naissance par femme en 2024. Une leçon évidente serait de ne pas concevoir des logements comme à Macao si l'on veut que son pays ait un avenir.

Macao

Le fait que la plupart des habitants de Macao soient irréligieux ou que la religion la plus répandue, le bouddhisme, ne soit pas favorable à la famille par rapport aux religions abrahamiques ne favorise pas les choses.

Les variables qui expliquent la baisse de la natalité sont nombreuses, mais la densité en est une importante, mais pas la seule. Mais que préconiser ? Réduire l'éducation des femmes ? Il est difficile d'imaginer que cela serait populaire. Devrions-nous plutôt supprimer la contraception ? Cette idée est loin d'être gagnée d'avance.

On pourrait objecter que Le Caire, avec sa forte densité, a une population très jeune, mais même Le Caire a une fécondité plus faible que le reste de l'Égypte. La plus grande différence entre Le Caire et la Chine est qu'il y règne une religion extrêmement pronataliste, l'islam.

Forte densité et faible natalité

Mais le lien entre densité plus élevée et faible fécondité se vérifie partout, même en Afrique.

Considérons quelques études.

Tout d'abord, Lutz et coll. (2006) ont examiné 145 pays et, en tenant compte de plusieurs variables socio-économiques, Lutz et coll. concluent : « La densité de population est désormais le facteur le plus important pour expliquer le niveau de fécondité, seule l'alphabétisation des femmes s'en rapprochant le plus. » Lutz et coll. indiquent que le taux de fécondité diminue avec l'augmentation de la densité dans de nombreux pays.


En outre, dans 94 régions d'Europe, la taille idéale de la famille est corrélée négativement avec la densité de population.
 
 
Dans une étude portant sur 174 pays et menée sur une période de 69 ans, Rotella et coll. (2021) ont constaté une relation négative robuste entre la densité et la fécondité, tant à l'intérieur des pays qu'entre les pays, même en tenant compte d'une série de variables. Ils écrivent que « les différences entre les pays et les changements de densité à l'intérieur des pays au fil du temps prédisent les taux de fécondité, représentant 31 % de la variance de la fécondité » (p < 0.001).

Cette corrélation négative se vérifie dans tous les pays développés et dans la plupart des pays en développement.

De plus, de la Croix et coll. (2017) rapportent que dans 44 pays en développement, une augmentation de la densité de 10 à 1000 habitants par km² entraîne une diminution de la fécondité d'environ 0,7 enfant. En utilisant 20 groupes de densité, les auteurs trouvent une relation négative entre la densité et la fécondité qui est significative à un niveau de p<0,01. 

Enfin, Testa (2004) constate dans un article intitulé Population Density and Fertility que pour l'Indonésie, la fécondité est fortement corrélée négativement avec la densité dans toutes les provinces. 

Voir aussi
 
Le gouvernement de la Chine a annoncé jeudi passé la fin de son programme d’adoptions internationales 32 ans après son lancement, en 1992. La majorité des 160 000 enfants chinois adoptés dans le monde depuis 1992 sont ainsi des femmes.  En effet, beaucoup de familles chinoises voulaient que le seul enfant auquel ils avaient droit soit un garçon, les hommes ayant longtemps été perçus comme les pourvoyeurs de leurs familles, les filles rejoignant leur belle-famille.

  • Indice de fécondité (nombre d'enfants par femme) en Malaisie par ethnie, basé sur les données des naissances de janvier-juin 2024 (2023 entre parenthèses) :
  • Total 1,55 (1,65)
    • Bumiputera [malais de souche] 1,88 (2,00)
    • Chinois 0,79 (0,80)
    • Indiens 1,03 (1,13)
  • L'ISF chinois est stable jusqu'à présent en raison de l'effet de l'année du dragon.
  • Et de même pour Singapour, ISF en 2024 (2023 entre parenthèses) :
  • Total 0,93 (0,97) [chaque génération est deux fois plus petite que la précédente]
    • Chinois 0,81 (0,81)
    • Malais 1,55 (1,65)
    • Indiens 0,94 (0,95)

Tours d'habitation à Singapour nommées l'Avenir (en français...)