Le parti social-démocrate allemand (SPD) a devancé de peu la droite identitaire (AfD) dimanche, lors des élections régionales dans le Brandebourg. Malgré cette courte défaite, ce résultat traduit une nouvelle percée de l’AfD après ses deux victoires en septembre. Le SPD est crédité de 30,9 % des suffrages à ce scrutin dans le Brandebourg, qui entoure la capitale Berlin dans l’est du pays, en nette hausse par rapport aux précédentes élections, contre 29,2 au parti de droite anti-immigrés l'Alternative pour l’Allemagne (AfD), selon les résultats définitifs. L’AfD avait rassemblé 23,51 % des scrutins en 2019.
La participation de 73,5 % était en forte hausse par rapport à 2019 (61,3 %).
Résultats définitifs en pourcentage (p.ex. AfD a récolté 29,2 % des scrutins) |
Gains et pertes (p.x. les Verts (Grüne) perdent 6,6 pour cent des voix exprimées depuis 2019 |
Ce résultat traduit une nouvelle percée de la droite allemande, après deux autres scrutins régionaux le 1er septembre, en Thuringe, que l’AfD avait remporté, et en Saxe, où elle était arrivée juste derrière les conservateurs.
Ce résultat s'est accompagné de l'effondrement des partis de gauche et du centre : les Verts devraient perdre tous leurs sièges, il en va de même de Die Linke (la vieille gauche socialiste de l'Allemagne de gauche) et du Parti Uni des Citoyens (Brandenburger Vereinigte Bürgerbewegungen/Freie Wähler, BVB/FW, parti centriste et régionaliste). Il semble, selon le sondage sortie des urnes de la l'ARD, que le SPD (socialiste) ait bénéficié d'un vote utile et d'un rapport des voix des Verts et de Die Linke afin d'éviter que l'AfD n'arrive en tête. Il n'en demeure pas moins que la somme totale des voix pour la gauche traditionnelle (SPD + Vert + Die Linke) est en baisse de près de 10 % dans le Brandebourg.
Il ne resterait que quatre partis dans l'Assemblée régionale : la SPD (socialiste), l'AfD (droite anti-immigrés), la CDU (centre-droit) et la BSW (gauche anti-immigrés).
La campagne électorale a été accompagnée d'une diabolisation importante de l'AfD par les médias, notamment publics. Le quotidien Tagesspiegel publiait ainsi un guide à l'usage des parents : « À l’aide, mon enfant glisse vers la droite ! huit tuyaux pour des parents démocrates avec enfants non-démocrates. » Dans l'émission « Die 100 » de la chaîne publique ARD, une centaine de personnes ont dit clairement ce qu'elles pensaient de l'AfD. La chaîne affirme que rien n'a été mis en scène, mais la participation d'un acteur amateur soulève des questions. Le programme, qui a déjà été diffusé à plusieurs reprises sur la chaîne de télévision publique régionale Norddeutscher Rundfunk, a été diffusé lundi soir pour la première fois sur la chaîne nationale publique ARD. Très vite, des doutes sont apparus à ce sujet. Des téléspectateurs ont découvert que Schleiermacher travaillait par ailleurs comme acteur amateur. La coprésidente de l'AfD, Alice Weidel, a commenté sur X (anciennement Twitter) que la radio-télévision publique diffusait « juste avant les élections dans le Brandebourg une émission anti-AfD - y compris un acteur non professionnel jouant le rôle d'un prétendu ex-électeur de l'AfD ». Ce « scandale » doit être « élucidé immédiatement ». De nombreux téléspectateurs se souviendront surtout des cinq dernières minutes de l'émission. Elles ont culminé dans une sorte de purification du l'acteur Schleiermacher qui se disait un participant et qui aurait subit une épiphanie rédemptrice et considéré l'AfD comme un parti dangereux
L'Ukraine et l'immigration avant l'éducation pour les électeurs brandebourgeois de l'Alliance (BSW)
Les enjeux nationaux comme la politique étrangère envers la Russie et l'immigration devancent les sujets régionaux comme l'éducation (elle est décentralisée en Allemagne) parmi les électeurs de l'Alliance Sahra Wagenknecht. La « protection du climat » ne constitue l'enjeu principal que pour 2 % de ces électeurs.
« En Allemagne, toute la gauche s’est effondrée électoralement, sauf l’Alliance de Sahra Wagenknecht, un parti néo-communiste, anti-immigré, anti-islam, le seul parti allemand de gauche en forte progression ». Ce parti a été créé en janvier 2024.
« En Allemagne, toute la gauche s’est effondrée électoralement, sauf l’Alliance de Sahra Wagenknecht, un parti neo-communiste, anti-immigré, anti-islam, le seul Parti allemand de gauche en forte progression »
— Fondation pour l’innovation politique (@Fondapol) September 21, 2024
📺@DominiqueReynie dans Le Temps de l'Info de Damien Givelet sur @LCI pic.twitter.com/I6RM1P4NTb
Rappel des résultats de Thuringe et de Basse-Saxe
Aux élections européennes de juin 2024, le parti obtient 6,2 % des voix, principalement au détriment de Die Linke (gauche) et du SPD (socialiste).
Les élections régionales de Saxe et Thuringe en septembre 2024 se concluent par un franc succès pour le parti. BSW arrive en effet troisième lors des deux scrutins, avec 12 et 16 % des voix, derrière le parti Chrétien démocrate (CDU) et l'AfD (droite anti-immigrée), mais devant le SPD, les Verts, le parti libéral-démocrate (FDP) et Die Linke.
Prévisions pour le scrutin de ce dimanche dans le Brandebourg
Les prévisions établies par la ZDF (et INSA entre parenthèses) pour le scrutin régional dans le Brandebourg ce dimanche prévoient que le parti de l'Alliance SW (BSW en allemand) devrait remporter 13 % (14%) des suffrages alors que l'AfD, également anti-immigré mais de droite, devrait atteindre 28 % (28 %). Les partis au pouvoir au niveau fédéral auraient 4,5 % (4%) pour les Verts, 27 % (25%) pour le SPD et entre 0 et 2 % pour le FDP.
Aux élections régionales précédentes en 2019, l'Alliance SW n'existait pas, l'AfD avait récolté 23,51 % des voix, les Verts 10,78 %, le SPD 26,18 % et le FDP 1,5%.