Les critiques contre la pensée et les actes du pape François en matière d’immigration s’accumulent dans les cercles conservateurs francophones. En voici deux.
D’abord celle de Paul-Marie Coûteaux, écrivain et ancien député européen.
« Quelques esprits simples aimeraient nous faire croire que l’immigration massive est une fatalité : démographie, guerres, persécutions, tremblements de terre et autres misères la rendraient inévitable, et nous n’aurions le choix qu’entre le généreux accueil de millions de personnes venues de loin, souvent très loin, ou son refus honteux. En fait, la plupart des migrants ne tenteraient pas une aventure si onéreuse, jusqu’à donner l’essentiel de leurs biens aux passeurs, aléatoire et dangereuse, s’ils n’avaient l’espoir d’être accueillis, de sorte que les belles âmes qui entretiennent des illusions vite déçues (avec quelquefois, en prime, la mort en route, souvent la déchéance, toujours le déracinement et la solitude) sont, sous couvert d’une générosité paresseuse, des criminels qui s’ignorent.
On pourrait comprendre que les gauches, voulant détruire (pardon, “déconstruire”) le monde ancien et, comme Bruxelles, créer un nouveau peuple par un vaste creuset à l’américaine, chantent le refrain de l’immigration heureuse. Mais comment comprendre que l’Église participe à cette nouvelle traite internationale et à la dislocation de l’Europe dont elle se veut la matrice ?
C’est pourtant ce qu’elle fait en toutes ses échelles, des prêtres critiquant en chaire les lois limitant l’immigration jusqu’au pape allant à Lesbos soutenir les migrants, geste où médias et politiques dans le vent, Jean-Luc Mélenchon compris, virent d’autant mieux un soutien au principe même de migration qu’il déclara : “Nous sommes tous des migrants.”
Je suis chrétien, je crois au Dieu du Christ, j’admire la miraculeuse rupture introduite dans l’histoire des hommes par la religion de l’amour, comme j’admire l’incomparable civilisation qu’elle a produite sur le continent européen. Mais j’aimerais encore dire à la messe que “je crois en l’Église catholique et apostolique”. Et, pour cela, que s’élève au sein de cette Église une voix de raison et d’équilibre qui regarde en face la réalité : que les drames en Méditerranée se multiplient à mesure qu’on attire de pauvres hères en promettant un accueil de plus en plus problématique et illusoire ; que ce sont là des questions compliquées (songeons au jeu de l’État turc) que d’abstraits principes, sublimes par leur inspiration, mais simplistes quant à leur application, ne peuvent régler au petit bonheur ; qu’il est écrit que les hommes doivent aussi rendre à César, en premier lieu, la garde des frontières, responsabilité politique pure ; que l’amour du prochain n’est pas une facile prime au lointain quand tant d’êtres près de nous souffrent d’une forme ou une autre de misère, due à l’incurie politique, comme ces paysans, pour lesquels l’Église n’a pas un mot ; que l’on doit aimer son prochain “comme soi-même”, et non “plus” que soi-même, et que celui qui ne se respecte pas lui-même et se laisse détruire n’aura plus rien à donner ; que charité bien ordonnée commence par soi-même et qu’il y a aussi de la charité à protéger et servir les siens, sa famille et son peuple.
Je voudrais qu’un travail d’exégèse éclaire ceux qui ne font qu’appliquer mécaniquement des préceptes : Matthieu rapporte que les brebis qui sont parmi les loups se doivent d’être “simples comme les colombes”, mais aussi “prudentes comme les serpents” : cette prudence, c’est l’esprit de responsabilité, nul chrétien n’étant affranchi de la considération des conséquences de ce qu’il dit ou fait. Pie XII l’a héroïquement montré. Dans la cité terrestre, le mal et le bien sont à ce point imbriqués qu’il entre souvent dans le bien un point d’excès où il change de nature : le “tu ne tueras point” n’empêche pas les aumôniers militaires...
Que l’Europe soit chrétienne donne à Rome une responsabilité devant ce continent, faute de quoi — angoisse peut-être inconcevable pour un pape venu du continent américain — elle pourrait sombrer avec lui. »
Puis celle de l’essayiste Éric Zemmour :
Le pape François « abandonne l’Europe à son destin islamique », selon Éric Zemmour
La visite du pape François en Grèce sur l’île de Lesbos a eu un succès retentissant, d’autant qu’il en est revenu avec 12 migrants syriens qu’il a accueillis au Vatican. « Ce pape est un maître. Un maître en politique, un maître en communication. Il fait honneur à la réputation légendaire de machiavélisme des Jésuites », analyse Éric Zemmour. Après avoir suggéré qu’il donne des cours à François Hollande, Éric Zemmour qualifie le voyage du pape de « sans faute ». Mais en ayant ramené des réfugiés musulmans, le pape aurait-il vu sa charité se retourner contre lui ?
Ainsi, Éric Zemmour y voit un pape qui « a fait une croix sur l’Europe, terre chrétienne. Il refuse de privilégier la défense des chrétiens d’Orient persécutés, et abandonne l’Europe à son destin islamique ». Pour le journaliste, les ponts que le souverain pontife veut édifier favoriseront toujours la civilisation la plus conquérante, et la démographie la plus vigoureuse ». Éric Zemmour pense que le pape voit l’Europe comme un monde rongé par l’argent, et qu’après tout « que la volonté de Dieu soit faite, même si le dieu s’appelle Allah ».
D’abord celle de Paul-Marie Coûteaux, écrivain et ancien député européen.
« Quelques esprits simples aimeraient nous faire croire que l’immigration massive est une fatalité : démographie, guerres, persécutions, tremblements de terre et autres misères la rendraient inévitable, et nous n’aurions le choix qu’entre le généreux accueil de millions de personnes venues de loin, souvent très loin, ou son refus honteux. En fait, la plupart des migrants ne tenteraient pas une aventure si onéreuse, jusqu’à donner l’essentiel de leurs biens aux passeurs, aléatoire et dangereuse, s’ils n’avaient l’espoir d’être accueillis, de sorte que les belles âmes qui entretiennent des illusions vite déçues (avec quelquefois, en prime, la mort en route, souvent la déchéance, toujours le déracinement et la solitude) sont, sous couvert d’une générosité paresseuse, des criminels qui s’ignorent.
On pourrait comprendre que les gauches, voulant détruire (pardon, “déconstruire”) le monde ancien et, comme Bruxelles, créer un nouveau peuple par un vaste creuset à l’américaine, chantent le refrain de l’immigration heureuse. Mais comment comprendre que l’Église participe à cette nouvelle traite internationale et à la dislocation de l’Europe dont elle se veut la matrice ?
C’est pourtant ce qu’elle fait en toutes ses échelles, des prêtres critiquant en chaire les lois limitant l’immigration jusqu’au pape allant à Lesbos soutenir les migrants, geste où médias et politiques dans le vent, Jean-Luc Mélenchon compris, virent d’autant mieux un soutien au principe même de migration qu’il déclara : “Nous sommes tous des migrants.”
Je suis chrétien, je crois au Dieu du Christ, j’admire la miraculeuse rupture introduite dans l’histoire des hommes par la religion de l’amour, comme j’admire l’incomparable civilisation qu’elle a produite sur le continent européen. Mais j’aimerais encore dire à la messe que “je crois en l’Église catholique et apostolique”. Et, pour cela, que s’élève au sein de cette Église une voix de raison et d’équilibre qui regarde en face la réalité : que les drames en Méditerranée se multiplient à mesure qu’on attire de pauvres hères en promettant un accueil de plus en plus problématique et illusoire ; que ce sont là des questions compliquées (songeons au jeu de l’État turc) que d’abstraits principes, sublimes par leur inspiration, mais simplistes quant à leur application, ne peuvent régler au petit bonheur ; qu’il est écrit que les hommes doivent aussi rendre à César, en premier lieu, la garde des frontières, responsabilité politique pure ; que l’amour du prochain n’est pas une facile prime au lointain quand tant d’êtres près de nous souffrent d’une forme ou une autre de misère, due à l’incurie politique, comme ces paysans, pour lesquels l’Église n’a pas un mot ; que l’on doit aimer son prochain “comme soi-même”, et non “plus” que soi-même, et que celui qui ne se respecte pas lui-même et se laisse détruire n’aura plus rien à donner ; que charité bien ordonnée commence par soi-même et qu’il y a aussi de la charité à protéger et servir les siens, sa famille et son peuple.
Je voudrais qu’un travail d’exégèse éclaire ceux qui ne font qu’appliquer mécaniquement des préceptes : Matthieu rapporte que les brebis qui sont parmi les loups se doivent d’être “simples comme les colombes”, mais aussi “prudentes comme les serpents” : cette prudence, c’est l’esprit de responsabilité, nul chrétien n’étant affranchi de la considération des conséquences de ce qu’il dit ou fait. Pie XII l’a héroïquement montré. Dans la cité terrestre, le mal et le bien sont à ce point imbriqués qu’il entre souvent dans le bien un point d’excès où il change de nature : le “tu ne tueras point” n’empêche pas les aumôniers militaires...
Que l’Europe soit chrétienne donne à Rome une responsabilité devant ce continent, faute de quoi — angoisse peut-être inconcevable pour un pape venu du continent américain — elle pourrait sombrer avec lui. »
Puis celle de l’essayiste Éric Zemmour :
Le pape François « abandonne l’Europe à son destin islamique », selon Éric Zemmour
La visite du pape François en Grèce sur l’île de Lesbos a eu un succès retentissant, d’autant qu’il en est revenu avec 12 migrants syriens qu’il a accueillis au Vatican. « Ce pape est un maître. Un maître en politique, un maître en communication. Il fait honneur à la réputation légendaire de machiavélisme des Jésuites », analyse Éric Zemmour. Après avoir suggéré qu’il donne des cours à François Hollande, Éric Zemmour qualifie le voyage du pape de « sans faute ». Mais en ayant ramené des réfugiés musulmans, le pape aurait-il vu sa charité se retourner contre lui ?
Ainsi, Éric Zemmour y voit un pape qui « a fait une croix sur l’Europe, terre chrétienne. Il refuse de privilégier la défense des chrétiens d’Orient persécutés, et abandonne l’Europe à son destin islamique ». Pour le journaliste, les ponts que le souverain pontife veut édifier favoriseront toujours la civilisation la plus conquérante, et la démographie la plus vigoureuse ». Éric Zemmour pense que le pape voit l’Europe comme un monde rongé par l’argent, et qu’après tout « que la volonté de Dieu soit faite, même si le dieu s’appelle Allah ».
Voir aussi
Histoire — Léon XIII crut apaiser l’anticléricalisme républicain par le ralliement, au nom d’un “réalisme” chimérique