lundi 28 novembre 2022

Angleterre — L'endoctrinement scolaire crée une jeunesse woke - et les conservateurs se taisent

Un texte d’Eric Kaufmann, chercheur principal au Policy Exchange et professeur de politique à Birkbeck, Université de Londres, paru dans le Telegraph de Londres.

Les moins de 26 ans sont de plus en plus sous l’emprise du socialisme culturel. Ne pas s’y attaquer produit une génération fortement à gauche.


La Grande-Bretagne devient de plus en plus illibérale et antipatriotique à mesure que les jeunes d’aujourd’hui, de plus en plus woke, deviennent des électeurs.

Ce que j’appelle le socialisme culturel — le désir de créer des résultats égaux et de protéger les groupes identitaires minoritaires contre les vexations psychologiques — a trop souvent la priorité pour la génération Z et la génération Y sur les valeurs britanniques historiques telles que la liberté d’expression, la vérité objective et l’attachement aux réalisations historiques de la nation. Contrairement aux contes de fées que se racontent les politiciens conservateurs, ces jeunes ne changeront pas d’avis à mesure qu’ils franchiront des étapes de la vie comme prendre un emploi, posséder une maison ou avoir des enfants. La révolution woke est culturelle, pas matérielle.

Considérez les conclusions de mes récents rapports du Policy Exchange sur la politique des jeunes Britanniques et l’opinion publique sur les questions relatives à la guerre culturelle. Parmi les répondants à un sondage âgés de moins de 26 ans, davantage étaient opposés plutôt que favorables à la défense par le vice-chancelier de l’Université de Sussex de la liberté universitaire de la philosophe critique de la théorie du genre Kathleen Stockt traquée par une foule d’activistes trans sur le campus. Ce groupe d’âge est également partagé entre ceux qui veulent que JK Rowling ne soit plus publiée par son éditeur et ceux qui pensent qu’elle devrait rester, ou entre ceux qui veulent que la statue de Churchill soit enlevée ou qu’elle reste sur la place du Parlement. En revanche, les plus de 50 ans soutiennent Rowling et Churchill avec une marge écrasante de 85 contre 5.

Les jeunes sont influencés par les médias sociaux, mais les écoles jouent un rôle important dans le renforcement des croyances woke. Une nette majorité d’écoliers britanniques sont endoctrinés avec des idées culturelles socialistes. Parmi les jeunes de 18 ans que j’ai échantillonnés, 63 % ont appris ou entendu parler par un adulte à l’école au moins un des trois concepts dérivés de la théorie critique de la race : « privilèges blancs », « préjugés inconscients » ou « racisme systémique ». Si nous incluons des idées féministes radicales telles que le « patriarcat » ou l’idée qu’il existe plus de deux genres, ce chiffre monte à 78 %. Ceux qui en ont appris davantage sur ces théories de justice sociale critique (CSJ) sont plus susceptibles de favoriser le politiquement correct comme moyen de protéger les groupes défavorisés, plutôt que de considérer le correctivisme politique comme un étouffoir de la liberté d’expression.

Les jeunes qui ne sont pas d’accord avec l’orthodoxie le font à leurs risques et périls, et le programme d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI) les oblige à se censurer. Une majorité de jeunes de droite qui ont déclaré avoir appris au moins trois des cinq concepts CSJ ​​craignaient d’être expulsés ou punis pour avoir exprimé leurs opinions. Près de la moitié des employés de droite de moins de 35 ans qui ont suivi une formation sur la diversité craignent d’être licenciés ou de perdre leur réputation.

La pression des pairs est souvent immense, s’ajoutant aux sanctions institutionnelles. La grande majorité des jeunes soutiennent Remain [Rester dans l’Union européenne], et seulement un tiers des jeunes partisans de cette option disent qu’ils sortiraient avec un partisan du Brexit. Ceux qui font de la discrimination dans leurs fréquentations sont également beaucoup plus susceptibles de faire de la discrimination à l’embauche. Quatre-vingts pour cent des partisans de Rester [dans l’Union européenne] qui disent qu’ils seraient « très mal à l’aise » de sortir avec un partisan du Brexit disent, toutes choses étant égales par ailleurs, qu’ils préféreraient embaucher un partisan de Rester [dans l’UE] à un partisan du Brexit.

Comme le remarque Ed West dans son livre Small Men on the Wrong Side of History, il existe une puissante culture jeune anti-conservatrice reproduite dans les médias et le système éducatif et qui bénéficie d’un élan de deux décennies. Ce point de vue est devenu plus strident chez les moins de 25 ans alors que la politique se moralise et prend des proportions de lutte cosmique entre le bien et le mal. Il n’est donc guère étonnant que les élections de 2019 aient révélé un écart partisan sans précédent de 43 points entre les habitudes de vote des plus de 65 ans et celles des moins de 25 ans.

Il ne s’agit pas d’une « rente générationnelle » qui ne parvient pas à atteindre les objectifs matériels de la classe moyenne comme la propriété d’une maison ou une famille. Ni la propriété d’un logement ni l’état matrimonial ne changent beaucoup les attitudes envers la liberté d’expression ou le passé britannique lorsque vous considérez l’éducation, l’âge ainsi que d’autres facteurs. Bien qu’il soit prouvé que les gens se déplacent de 20 points vers la droite au cours de leur vie, cela est loin d’être suffisant pour compenser le déficit actuel des conservateurs parmi les moins de 35 ans. Des stratèges conservateurs complaisants qui pensent que les jeunes d’aujourd’hui reviendront comme par magie au bercail une fois qu’ils paieront des impôts, souscriront à une hypothèque ou fonderont une famille vont avoir un réveil brutal quand, en deux décennies, ils deviendront un parti d’opposition naturel comme les conservateurs du Canada. [Un parti qui attend pendant de longues années une alternance, comme par lassitude de l’électorat envers le parti naturel du pouvoir, la gauche.]

Mon travail montre que le public s’oppose au wokisme par une marge de plus de deux contre un sur 25 questions, et ces questions divisent la gauche tout en unissant la droite. Pourtant, les conservateurs semblent incapables de lutter contre la propagation du socialisme culturel dans les écoles, la santé publique, la police et la fonction publique. Les députés conservateurs manquent à la fois de conviction et de courage pour agir, contrairement à leurs homologues républicains américains comme Ron DeSantis. Trop nombreux sont les libéraux d’affaires qui prêchent le dynamisme économique et se soucient peu de la culture et des traditions du pays. Cela se reflète dans le chiffre sans précédent de la migration nette de plus d’un demi-million [en 2021-2022] et dans l’inattention soutenue pendant des années au flux de demandeurs d’asile traversant la Manche.  

[Au cours de l’année se terminant en juin 2022 : 1,1 million de personnes ont migré vers le Royaume-Uni et 560 000 personnes en ont émigré, laissant une migration nette de 504 000 personnes. L’ONS [Office de la Statistique] a déclaré que les chiffres de l’immigration et de la migration nette, qui n’incluent pas ceux qui arrivent par des routes clandestines telles que sur de petits bateaux à travers la Manche, étaient les plus élevés depuis qu’il a commencé à collecter des statistiques sur la migration en 1964. Le record précédent pour la migration nette était juste plus de 330 000 en 2015.] Ceci malgré les promesses du parti dit conservateur de juguler l’immigration, une des raisons avancées pour réclamer le Brexit.]

Si la plupart des Britanniques ne croient plus à la liberté d’expression ou à la raison scientifique et considèrent notre passé comme un cauchemar raciste, il ne s’agit pas d’un sujet mineur dans la « guerre culturelle ». Cela mine l’essence même de la civilisation britannique.

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