Dans un rare éditorial lucide sur le cours d'ECR en date du lundi 28 avril 2008, la Presse de Montréal avait émis d'importantes réserves à l'égard du cours d'éthique et de culture religieuse. Le journal avait, par exemple, relevé que ce programme posera des difficultés permanentes en obligeant les enfants à s'identifier en termes religieux (« relater leur vécu ») par rapport à leur camarade, ce qui est pour le moins paradoxal pour des écoles qui se veulent désormais laïques.
Ce même article nous apprenait aussi que le mot d'athéisme avait été banni des manuels d'ECR.
C'est ainsi que le « cahier-manuel » d'éthique et de culture religieuse publié par les éditions de la Pensée en 2008 et destiné à la 2e année du 2e cycle du secondaire (soit secondaire IV) y consacre cinq pages explicitement.

(page 183, du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)
On a droit à deux pages sur Karl Marx, Jean-Paul Sartre et Simone Beauvoir. Simone de Beauvoir est l'auteur du livre Le deuxième sexe devenu l'ouvrage de référence du mouvement féministe selon les auteurs de ce cahier d'ECR qui déjà consacrent ailleurs 28 pages au féminisme.

(page 185, du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)
Le livre demande à l'élève d'expliquer ce qu'il pense de cette pensée de Jean-Paul Sartre : « Il suffit qu'un seul homme en haïsse un autre pour que la haine gagne de proche en proche gagne l'humanité entière. »
Pensée généreuse et simpliste. Il aurait été plus intéressant de confronter cette façade avec d'autres déclarations de J.-P. Sartre : « En ce premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre. » (dans la préface des Damnés de la terre par Frantz Fanon, Paris, Maspéro, 1961, p. 16)
Ou encore « Les derniers liens furent brisés, ma vision fut transformée : un anticommuniste est un chien, je ne sors pas de là, je n'en sortirai plus jamais. » (dans Situations, IV, 1961)
Les auteurs ne parviennent pas à échapper à une question sur « La religion est l'opium du peuple » sans aucune mise en contexte. Marx voit, en effet, un double caractère à la religion que l'on comprend mieux en citant le contexte de la célèbre citation : « La détresse religieuse est en même temps l'expression de la vraie détresse et la protestation contre cette vraie détresse. La religion est le soupir de la créature opprimée, le cœur d'un monde sans cœur, tout comme elle est l'esprit d'une situation sans spiritualité. Elle est l'opium du peuple. »
Le texte ne rappelle pas, par exemple, que cette image de la religion comme opium n'est pas de Marx, que Heine l'a déjà utilisée en 1840, mais dans un sens plutôt positif ou du moins nettement moins négatif : « Bénie soit une religion, qui verse dans l'amer calice de l'humanité souffrante quelques douces et soporifiques gouttes d'opium spirituel, quelques gouttes d'amour, foi et espérance. » (Ludwig Börne, Eine Denkschrift par Heinrich Heine, 1840)
Ce même article nous apprenait aussi que le mot d'athéisme avait été banni des manuels d'ECR.
Que dira-ton [sic] aux enfants lorsque viendra le temps d'aborder la question de la non-croyance? (Pour compliquer les choses, le mot « athéisme » ne fera pas partie du vocabulaire employé dans les manuels. Dans un excès de rectitude politique qui frise le ridicule, le Ministère a jugé que ce terme était péjoratif)Eh bien ! Si les manuels d'ECR ne peuvent pas utiliser ce terme, les cahiers d'activités ECR qui sont bel et bien utilisés en classe (comme les règlements le permettent), eux, peuvent parler de l'athéisme et en prononcer le nom.
C'est ainsi que le « cahier-manuel » d'éthique et de culture religieuse publié par les éditions de la Pensée en 2008 et destiné à la 2e année du 2e cycle du secondaire (soit secondaire IV) y consacre cinq pages explicitement.
(page 183, du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)
On a droit à deux pages sur Karl Marx, Jean-Paul Sartre et Simone Beauvoir. Simone de Beauvoir est l'auteur du livre Le deuxième sexe devenu l'ouvrage de référence du mouvement féministe selon les auteurs de ce cahier d'ECR qui déjà consacrent ailleurs 28 pages au féminisme.
(page 185, du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)
Le livre demande à l'élève d'expliquer ce qu'il pense de cette pensée de Jean-Paul Sartre : « Il suffit qu'un seul homme en haïsse un autre pour que la haine gagne de proche en proche gagne l'humanité entière. »
Pensée généreuse et simpliste. Il aurait été plus intéressant de confronter cette façade avec d'autres déclarations de J.-P. Sartre : « En ce premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre. » (dans la préface des Damnés de la terre par Frantz Fanon, Paris, Maspéro, 1961, p. 16)
Ou encore « Les derniers liens furent brisés, ma vision fut transformée : un anticommuniste est un chien, je ne sors pas de là, je n'en sortirai plus jamais. » (dans Situations, IV, 1961)
Les auteurs ne parviennent pas à échapper à une question sur « La religion est l'opium du peuple » sans aucune mise en contexte. Marx voit, en effet, un double caractère à la religion que l'on comprend mieux en citant le contexte de la célèbre citation : « La détresse religieuse est en même temps l'expression de la vraie détresse et la protestation contre cette vraie détresse. La religion est le soupir de la créature opprimée, le cœur d'un monde sans cœur, tout comme elle est l'esprit d'une situation sans spiritualité. Elle est l'opium du peuple. »
Le texte ne rappelle pas, par exemple, que cette image de la religion comme opium n'est pas de Marx, que Heine l'a déjà utilisée en 1840, mais dans un sens plutôt positif ou du moins nettement moins négatif : « Bénie soit une religion, qui verse dans l'amer calice de l'humanité souffrante quelques douces et soporifiques gouttes d'opium spirituel, quelques gouttes d'amour, foi et espérance. » (Ludwig Börne, Eine Denkschrift par Heinrich Heine, 1840)