jeudi 29 mars 2012

Alberta — La loi qui devait imposer la rectitude politique aux enfants instruits à la maison meurt au feuilleton

Une nouvelle loi en éducation en Alberta (projet de loi numéro 2) devait imposer aux parents, dans leurs propres foyers lorsqu'ils enseignent à leurs enfants, le correctivisme politique, et notamment la lutte à l'hétérosexisme qui considère l'hétérosexualité comme plus naturelle que l'homosexualité.

Lundi, le gouvernement conservateur albertain a officiellement déclenché des élections provinciales. Ceci signifie que toutes les lois qui n'ont pas adoptées en troisième lecture meurent au feuilleton. C'est le cas du projet de loi 2. S'il devait jamais être loi, il devra à nouveau être présenté en première lecture au parlement albertain après les élections. Rien n'est moins certain, les conservateurs albertains étant dépassés dans les sondages par un nouveau parti, plus conservateur, le Wildrose Party. Lors d'une manifestation (voir 3e vidéo), le Wildrose avait promis d'abrogé l'article 16 de la loi qui se lisait :

16 Tous les cours et les programmes d'études offerts, ainsi que le matériel pédagogique utilisé dans une école, doivent refléter la nature et l'héritage diverses de la société en Alberta, promouvoir la compréhension et le respect d'autrui, et honorer et respecter la Charte canadienne des droits et libertés et la Alberta Human Rights Act.


Les parents albertains (y compris des parents d'écoles catholiques) avaient tenu plusieurs manifestations contre le projet de loi n° 2.


(Vidéo en anglais, première minute est silencieuse)




Avec l'honorable Thomas Lukaszuk (Ministre de l'Éducation) et Rob Anderson (critique du parti Wildrose en éducation) en présence de la chef du Wildrose Party, Danielle Smith.





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Royaume-Uni — un adulte sur cinq est analphabète

Selon un rapport publié ce jeudi par la Fondation pour l’alphabétisation, entre 6 et 8 millions d’adultes britanniques ont des difficultés à lire une notice de médicaments ou à utiliser un chéquier. Outre-Manche, c’est donc un adulte sur cinq qui serait analphabète ! Un fléau qui coûte chaque année 81 milliards de livres au Royaume-Uni (en pertes de revenus et en dépenses sociales supplémentaires). C’est deux fois plus que l’Allemagne et trois fois plus que la France.

Dans l'Union européenne, seule l’Italie et l’Irlande parvienne à faire pire. L’auteur du rapport, Andrew Kay, ne mâche pas ses mots : « Nous devons traiter l’analphabétisme comme une maladie à éradiquer ». En effet, de tels chiffres sont « choquants en 2012 » et seule une « intervention précoce peut éviter une vie de misère, de pauvreté et de souffrance pour un enfant, un adolescent ou un adulte qui a du mal à lire ou à écrire ». La fondation préconise par conséquent de considérer « l’éradication de l’analphabétisme » comme « un investissement plutôt qu’un coût ». Dans le monde, environ 800 millions de personnes sont analphabètes.

Les dépenses en Grande-Bretagne consacrées à l'éducation ont doublé entre l'an 2000 et 2007, sans que cela ait eu le moindre effet sur l'analphabétisme. À cette même époque, alors que doublaient les dépenses, la proportion d'écoliers britanniques qui apprennent une langue étrangère a diminué des deux tiers à la suite de la décision du gouvernement de ne plus imposer l'apprentissage d'une langue étrangère dans les écoles publiques.

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Post-Thatcher Britain: Corporatist Champion of Pathologies and the Soviet Union with Supermarkets

Enfants gâtés pourris, les dégâts du sentimentalisme




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Il faut responsabiliser les parents pour qu'ils choisissent ; l’État peut les épauler, pas choisir à leur place

Parents informés, voire surinvestis, parents démissionnaires, parents simplement vigilants ou inquiets à la veille du conseil de classe… C’est peu dire que la relation entre les parents et l’école est complexe et variée. Si chacun reconnaît que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants, les avis divergent quand il s’agit de leur ouvrir les portes de l’école. Anne Coffinier, normalienne, directrice de la Fondation pour l’école, et Jean-Paul Brighelli, lui aussi normalien, professeur agrégé et auteur de La Fabrique du crétin, en ont débattu pour Famille Chrétienne.

Anne Coffinier – Les parents sont les premiers éducateurs et les premiers responsables de leurs enfants. C’est une affirmation constante du magistère de l’Église et c’est aussi une vérité expérimentale vivement ressentie par chaque parent ! Il revient en revanche à l’État et aux organismes d’intérêt général compétents de mettre à la disposition de tous une information la plus complète, honnête et exhaustive possible sur la réalité de l’offre scolaire existante.

Il faut bien voir que l’on est face à un choix de société fondamental. Pour qu’il y ait un véritable État de droit, il faut tout d’abord que le choix de l’école soit reconnu et garanti constitutionnellement aux parents, que l’information sur la qualité de l’offre soit accessible à tous et que les parents aient les moyens financiers de jouir effectivement de ce droit.

Si l’État s’arroge le droit de choisir le destin de nos enfants à notre place, nous sommes dans une société de type totalitaire caractérisée par l’emprise de la sphère publique sur les familles et les consciences. C’est hélas en partie le cas aujourd’hui. Dans la mesure où l’État rend gratuit un seul type d’enseignement, impose la carte scolaire et interdit, à coup de lois, à l’école privée d’être gratuite, il pèse lourdement sur le choix des familles, surtout des plus démunies.

Aujourd’hui, l’institution scolaire entretient une relation très ambiguë avec l’autorité des parents qu’elle prétend reconnaître et même vouloir renforcer, mais qu’en pratique elle sape consciencieusement. Les parents sont infantilisés, tenus à bout de gaffe loin de la salle de cours. Leur autorité est souvent bafouée par une Éducation nationale qui s’aventure impudiquement jusque dans la formation des consciences des enfants à travers l’éducation civique ou sexuelle, ou l’invasion plurimorphe du politiquement correct dans la vie de l’école.

Qu’ils soient discrets, et on décrie le caractère démissionnaire des parents ; qu’ils expriment leurs critiques, et on les qualifie instantanément d’« enquiquineurs ». Les parents ne sont peut-être pas parfaits mais ce sont encore eux qui sont les plus légitimes à agir sur le destin des enfants.

Cela ne donne pour autant pas droit aux parents de se mêler de tout et de ne pas respecter les décisions des professeurs et directeurs. C’est parfois très compliqué, y compris dans les écoles hors contrat où les parents ont payé, fait beaucoup de sacrifices, et estiment en conséquence avoir un pouvoir à faire valoir.

Jean-Paul Brighelli – Si je peux me permettre, c’est le talon d’Achille de tout le système privé payant. On se retrouve à peu près dans la même situation que les annonceurs par rapport àla presse. Impossible de déplaire à une firme à laquelle la régie publicitaire fait les yeux doux — quoi qu’elle ose…

A. C. – Sauf si vous diversifiez les annonceurs. Ce que vous dites est vrai si vous dépendez de quatre parents. Quand vous avez suffisamment de charisme et d’attractivité, ce n’est plus le cas, notamment si vous avez des listes d’attente. Le parent sait qu’il y a une règle, une charte d’établissement, et que c’est cette règle qui rend l’école féconde.

On le dit aux parents : soit vous êtes d’accord, et vous ne pouvez manifester votre mécontentement que si l’école ne tient pas ses promesses. Soit vous désirez finalement autre chose que ce qu’on vous a promis et il est préférable que vous retiriez votre enfant de l’école pour le confier à un établissement qui réponde mieux à vos attentes. C’est la règle du jeu.

L’histoire du « j’ai payé donc j’ai le droit » existe dans les boîtes à bac lucratives, mais je vous garantis que ça n’existe pas dans les écoles associatives indépendantes dont la Fondation pour l’école s’occupe.

J.-P. B. – Les trois quarts des parents ne connaissent rien au système éducatif — par manque de formation, d’information ou de temps. Et encore moins aux matières enseignées, qui bien souvent diffèrent de celles qu’on leur a jadis enseignées. L’idée qu’ils puissent choisir librement l’école de leurs enfants est pour moi une vue de l’esprit.

Quant à la carte scolaire, elle a été largement assouplie, mais aujourd’hui encore, c’est la proximité qui est le premier facteur dans le choix des parents. Tout le monde n’a pas le loisir d’amener ses enfants dans un établissement situé à des kilomètres. Ou de les faire amener. Il y a un univers où les gens travaillent, et travaillent tôt, vous savez…

Et je préfère me battre pour que toutes les écoles soient d’excellence, plutôt que de voir une foire d’empoigne pour inscrire ses rejetons dans quelques établissements réputés, que cette réputation soit ou non fondée.

Il y a a contrario des familles qui ont démissionné en terme d’éducation…

J.-P. B. – La relation avec les parents, c’est en effet très complexe. D’un côté on a des parents informés, voire surinformés, qui à la limite viennent vous expliquer ce que vous devez faire en classe. De l’autre, certains sont en dessous de tout. Et au milieu, la grande masse des parents qui font confiance au système qui les a formés eux-mêmes.

Nous partageons la même idée de la culture. Quand vous connaissez l’ambiance des quartiers nord de Marseille, vous vous dites parfois qu’il n’est pas sain que les élèves rentrent chez eux le soir. Il faudrait dans certains cas les couper de la culture familiale, si on veut les arracher à un milieu totalement acculturé. Il n’y a pas quarante mille cultures, culture des quartiers, culture jeune, culture religieuse, ou que sais-je, mais une seule, la culture dominante. Bourgeoise. C’est pour ça que l’État, si son offre est fiable, a un rôle véritable. Par exemple avec les internats, qu’il faudrait multiplier.

A. C. – Sur le rôle des parents, je reconnais qu’il y a un monde entre l’idéal etla réalité. Ils sont incarnés, faillibles. Mais attention à ne pas prendre des décisions générales à partir de cas exceptionnels. C’est toujours comme cela que l’on supprime les libertés.

Confier le pouvoir éducatif à l’État sous prétexte qu’il existe des parents indignes est irrecevable. Toute société libre doit être fondée sur la confiance dans les citoyens. Si vous établissez une société sur la défiance, vous sombrez dans le totalitarisme. On ne peut pas transgresser cette règle d’or.

Tout doit être fait pour responsabiliser les parents, pour les placer dans une situation où ils seront contraints à poser des choix, donc à se renseigner pour choisir au mieux de l’intérêt de leur enfant. Là encore, des organismes d’intérêt général et l’État même peuvent les épauler, les éclairer, pas choisir à leur place.

J.-P. B. – L’État a tout à fait les moyens d’imposer nationalement à tous les établissements des règlements internes qui, par exemple, interdiraient les portables ou obligeraient à avoir une tenue correcte — sans que ce soit nécessairement un uniforme. C’est le cas dans mon établissement, ce qui met un terme aux concours de strings et décolletés plongeants comme aux petits films qu’on prend du prof quand il s’énerve ou de la copine dans les toilettes. Il faut aussi l’expliquer aux parents qui rechignent à laisser partir leur petit sans son portable pour pouvoir le joindre.

C’est un problème de société. De plus en plus de gosses vont à l’école pour se servir à l’étalage en quelque sorte. Un prof un peu exigeant devient vite un enquiquineur et un tyran, transformé par les gosses et revu par les parents. De même, les parents ont été les premiers à applaudir à la semaine de quatre jours en primaire — ça collait avec leur conception de la fin de semaine –, mais pas avec des programmes scolaires un peu exigeants.

Propos recueillis par Clotilde Hamon – Article paru dans le numéro 1784 de Famille Chrétienne daté du 24 au 30 mars 2012.




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« Les lycées mixtes ont d’abord été ouverts pour des raisons idéologiques et financières [...] sans étude scientifique »

Il est sans aucun doute le psychiatre français le plus médiatique. À 74 ans, Boris Cyrulnik, qui a grandi dans un milieu très modeste où l’aventure intellectuelle n’était pas valorisée, il revient sur son expérience d'écolier et de collégien.

Vous étiez dans un lycée de garçons. Quelles étaient vos relations avec les filles ?

Boris Cyrulnik — Nous leur parlions avec déférence. On les vénérait parce qu’il n’y avait pas de mixité à l’école. Et il y avait une sorte de barème dans les vêtements. D’abord la culotte courte, pour les petits, la culotte golf ensuite, puis le pantalon long pour les adolescents. Mettre un pantalon long impressionnait les filles ! Pour moi, la mixité est un leurre d’adulte. Les lycées mixtes ont d’abord été ouverts pour des raisons idéologiques et financières, sans que cela ne soit précédé, ni suivi, d’aucune étude scientifique. Donc, on ne sait pas ce que provoque la mixité.

J’habite aujourd’hui à Toulon et, lorsque je prends le bateau pour la rade, deux choses m’étonnent. Les filles sont plus grandes, plus matures, ont des seins, travaillent… Et les garçons sont d’une brutalité stupéfiante avec elles.

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Éric Zemmour — Eric Zemmour : « Hollande, les grandes écoles et les quotas »

Voulant accentuer la lutte contre les échecs de l'intégration des populations issues de l'immigration et des « inégalités sociales » François Hollande a confié, lors d'une émission du Bondy Blog diffusée dimanche prochain sur La Chaîne parlementaire, qu'il voulait voir 4 à 6 % des élèves de terminale (la dernière année du cégep) intégrer une classe préparatoire aux grandes écoles, quel que soit leur lycée d'origine.

Cette proposition s'inscrit dans la volonté « de démocratiser :» davantage l'accès à ces formations qui créent les élites françaises de demain. Mais, du côté de l'actuel gouvernement, on répond que la mission est déjà remplie avec, depuis 2007, le doublement du nombre de boursiers intégrant une prépa. Ils sont à présent près de 30 % en classes préparatoires.

« La démocratie, c’est merveilleux. C’est l’alibi de de toutes les démagogies, toutes les régressions, tous les renoncements. Toutes les hypocrisies aussi » remarquait mercredi Éric Zemmour. Le chroniqueur dénonce sur RTL la volonté affichée par François Hollande de « diversifier l’accès aux classes prépas ». « Diversité, c’est le nom de code pour dire "banlieues", "enfants d’immigrés", "discrimination positive" », précise-t-il à l’intention de ceux qui ne parlent pas la novlangue.

Autrement dit, c’est une « discrimination positive sournoise » que souhaite mettre en place François Hollande. Qui « n’ignore rien des conséquences » d’une telle proposition : « soit les grandes écoles abaisseront leur niveau pour laisser entrer [les jeunes des banlieues], soit elles leur fermeront la porte au nez, suscitant frustration et colère, soit, à la manière de Sciences Po, elles feront une place privilégiée aux enfants de la diversité au détriment de jeunes qui avaient le bon niveau mais pas la bonne origine ou la bonne classe sociale. Soit, dernière solution, les élèves faussement élus seront dirigés vers des prépas de catégories inférieures, les Formule 1 [des hôtels bon marché] des classes prépas qui pullulent et jamais dans les grands lycées parisiens ou de province, les quatre étoiles luxes des classes prépas qui ouvrent les vraies portes des grandes écoles. » Encore plus fort, Hollande veut que les « élèves des bacs technologiques  », « qui n’ont déjà pas le niveau pour suivre en universités où ils subissent depuis des années une véritable hécatombe », aient, eux aussi, accès aux classes préparatoires ! Des réactions à droite ? Pas du côté des amis du président-candidat, en tout cas. Comme le note avec fatalisme Zemmour, « la droite sarkozyste ne s’oppose aux socialistes que pour crier au voleur »…


La « gauche » en avait rêvé, la « droite » le fait

Comment Valérie Pécresse [ancienne ministre de l'Éducation supérieure en France, désormais porte-parole du gouvernement] peut-elle intimer l’ordre aux Grandes écoles d’édulcorer leurs concours afin de les ouvrir à la « diversité », comme elle vient de le faire dans son discours de clôture du colloque annuel de la Conférence des Grandes écoles ? Parce qu’ils sont objectifs et anonymes, ces concours sont jusqu’à présent le seul rempart de la méritocratie républicaine et la seule vraie chance de promotion sociale pour les élèves de tous milieux ayant de bonnes capacités d’intelligence et de travail. Si Mme Pécresse réussit à casser cet outil et la juste sélection qu’il permet, elle aboutira à désorganiser l’enseignement à l’intérieur même des écoles et à dégrader ainsi les derniers centres d’excellence et d’expertise existant dans le système français d’enseignement supérieur.

dimanche 25 mars 2012

La révolution silencieuse de l'école italienne

Dans son livre La fatale perversion du système scolaire français, Yves Morel s’intéresse particulièrement à la décentralisation de l’institution scolaire italienne intervenue en 1997. II revient sur ce sujet dans la présente tribune libre pour montrer en quoi cette « décentralisation scolaire », désormais mise en place, contribue à l’amélioration de la qualité des écoles italiennes.

L’Italie a opéré une très importante réforme politique, administrative et pédagogique de son système d’enseignement par la loi 59 du 15 mars 1997. Il s’agit d’une décentralisation audacieuse de l’institution scolaire. L’État italien conserve des attributions importantes : cadrage des plans d’études, définition du contenu des examens et diplômes, évaluation du système éducatif, responsabilité de la formation continue des maîtres. Mais les régions ont charge du cadrage des plans d’études personnalisées, du contenu et de la garantie des examens et certifications de fin de troisième et de quatrième années, du financement des activités pédagogiques, et, pour l’enseignement professionnel seulement, du recrutement et de la formation des enseignants et chefs d’établissements. Donc, une répartition judicieuse entre l’État et les régions sur les plans administratif et budgétaire, qui constitue une nouveauté relativement à l’ancienne centralisation.

En revanche, l’enseignement lui-même et les méthodes éducatives et pédagogiques relèvent désormais, et il s’agit là de l’innovation la plus radicale de cette réforme de 1997, de la responsabilité des seules régions. Désormais, la loi définit uniquement les compétences que les élèves doivent acquérir au cours de chaque cycle de leur scolarité ; les établissements ont l’entière responsabilité des programmes et des méthodes d’enseignement.

Les établissements (les scuola elementare primaires et les scuola media, équivalents de nos collèges) assurent chacun 1 000 heures annuelles d’enseignement par classe : 800 pour les enseignements généraux à caractère « national », pourrait-on dire, et 200 pour les enseignements portant sur des sujets d’ordre régional.

Trois dispositifs assurent la cohérence du système éducatif. Il s’agit d’assurer une liaison satisfaisante entre les établissements, les familles et les pouvoirs régionaux et locaux, et, ainsi, de garantir l’adéquation de l’autonomie des écoles avec l’intérêt de leurs usagers et de la collectivité. Ces dispositifs sont le projet éducatif d’établissement (PEI), le plan de l’offre de formation (POF) et le plan d’études personnalisé (PSP). Ce dernier est élaboré à partir du PEI et suivant les objectifs éducationnels (lesquels ont remplacé les programmes nationaux du ministère), les besoins de la région et les exigences personnelles de chaque élève. Les établissements travaillent en liaison étroite avec les collectivités territoriales, les associations familiales, sociales, économiques et culturelles et les entreprises. Ils reçoivent l’aide intellectuelle, documentaire, technique de bureaux scolaires régionaux et de divers établissements publics nationaux, tels l’Institut national pour l’évaluation du système d’instruction (INVALSI) et l’Institut national de la documentation pour l’innovation et la recherche éducative (INDIRE).

Le système éducatif italien public a donc été donc décentralisé, depuis la loi du 15 mars 1997, et non pas libéralisé au sens économique du terme, non pas privatisé. Il se caractérise en vérité par une collaboration permanente et équilibrée entre l’État, les régions et les établissements et entre les intérêts les plus personnels des élèves et les besoins locaux, régionaux et nationaux.

Il existe aujourd’hui, en Italie, un consensus autour de cette réforme. La classe politique, les intellectuels, les enseignants de tous niveaux, les parents, estiment qu’elle a « désenkysté » le système éducatif de sa routine, qu’elle a mis fin à sa sclérose et à sa décrépitude et qu’elle lui a donné une dynamique, et même, carrément, une vie nouvelle. Tous les établissements ont dû innover et se montrer constamment soucieux de s’améliorer, selon une universitaire italienne, et l’Italie rejoint aujourd’hui le groupe des pays développés les plus efficaces en matière d’enseignement.

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samedi 24 mars 2012

« Même si code criminel canadien interdit formellement l'euthanasie...»

Selon le Journal de Montréal, même si code criminel canadien interdit formellement l'euthanasie, la Commission s'appuie sur le Barreau du Québec et soutient que ce n'est pas un obstacle pour aller de l'avant. La députée péquiste Véronique Hivon croit que le Procureur général pourrait émettre une directive au Directeur des poursuites criminelles et pénales afin de s'assurer qu'un médecin, qui se conforme aux lois québécoises, ne puisse faire l'objet de poursuites.

De la part de qui ? Du gouvernement québécois, mais pas d'un particulier... Un ayant-droit, par exemple.

Pour sa part, le réseau Vivre Dans la Dignité (VDD) considère le rapport de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité, rendu public hier, comme une trahison délibérée du processus démocratique.

« Au début du processus de consultation de la CSQMD, on a promis aux Québécois que leurs voix seraient entendues et leurs directives suivies. À cause de cette promesse, les Québécois ont manifesté leur forte opposition à l'introduction de l'euthanasie et du suicide assisté dans le système de santé. La Commission a renié, d'une manière arrogante et irresponsable, les promesses faites aux personnes dont les opinions étaient censées l'influencer, » déclare le Dr André Bourque, président de VDD.

Le Dr Bourque attire l'attention sur une analyse impartiale des mémoires soumis à la CSQMD, démontrant que les deux tiers des personnes ayant présenté des mémoires rejettent toute introduction de l'euthanasie et du suicide assisté dans le système de santé.

Un tiers des personnes entendues par la Commission étaient en faveur de l'euthanasie et à peine deux pour cent en faveur du suicide assisté.


Le Dr Bourque ajoute que, malgré ces résultats, la CSQMD n'a tenu aucun compte des opinions exprimées de manière démocratique, et a cédé aux pressions de petits groupes cherchant (de façon obsessive) à décriminaliser l'euthanasie et le suicide assisté au Québec.

De nombreux observateurs se demandent si la décision de céder aux pressions de ces groupes a été prise avant même le début de la consultation publique. Le Dr Bourque rappelle aussi aux Québécois que des députés membres de la Commission ont fait un voyage en France, Belgique et Hollande pour se renseigner sur l'euthanasie, alors qu'ils devaient s'informer sur ce que la population québécoise en pensait.

« Pourquoi gaspiller presque un million de dollars en fonds publics pour en arriver à une conclusion déterminée à l'avance ? Les audiences étaient-elles un simple coup publicitaire ? Si oui, la prochaine élection donnera l'occasion aux Québécois de demander des comptes aux députés qui les ont trahis. »

Le Dr Bourque mentionne un autre élément : le gouvernement de M. Charest n'est aucunement lié par les recommandations du rapport et peut refuser de suivre la CSQMD, créée à l'instigation du Parti Québécois. Le cabinet doit donner aux Québécois la garantie que l'euthanasie et le suicide assisté ne seront pas considérés comme des soins en fin de vie. De plus, le gouvernement doit faire porter ses efforts sur l'amélioration des soins palliatifs et les rendre accessibles à tous les citoyens qui en ont besoin.

« Les audiences ont démontré hors de tout doute que 99 pour cent des Québécois veulent que les soins palliatifs soient financés convenablement et offerts dans toute les régions », affirme le Dr Bourque. « La plus grande trahison est que nous semblons avoir perdu deux années et beaucoup d'argent, qui auraient pu être utilisés pour donner aux habitants du Québec ce qu'ils désirent, c'est-à-dire un plan de développement des soins palliatifs et leur financement. »

Notons qu'à la page 86 du rapport de la Commission « Mourir dans la dignité :», on retrouve un passage qui oblige les médecins qui refusent d'effectuer eux-même l'euthanasie à collaborer à un acte qu'il trouve abject en référant leur patient à un médecin n'ayant pas ces problèmes de conscience...

Voir aussi

Grande Bretagne — proches non informés que leur parent est sur le chemin de l'euthanasie

Euthanasie — comité d'experts de la SRC partial ? Outil politique pour justifier un choix préétabli sur un sujet sensible ?

Sondage — 81 % des Québécois craignent que, si l’euthanasie est légalisée, on ne mette fin à la vie des malades sans leur consentement

L'Écosse rejette la légalisation de l'euthanasie

Priorité aux soins palliatifs, méfiance grandissante face à l'euthanasie





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vendredi 23 mars 2012

Plus d'inscrits pour l'an prochain à l'Université de Montréal malgré la hausse de droits annoncée

L’Université de Montréal, malgré la hausse des droits annoncée pour l’automne, a déjà, au moment où on se parle, 6 % d’étudiants inscrits pour 2012-2013 DE PLUS que l’an dernier à pareille date.

À noter que la population potentielle typique qui peut s'inscrire pour la première fois à l'Université diminue doucement au Québec (l'effet de la contraction continue de la démographie).

Nombre de jeunes au Québec en 2011

Âgés de 16 ans —   94 472
Âgés de 17 ans —   96 764
Âgés de 18 ans — 100 408
Âgés de 19 ans — 105 169
Âgés de 20 ans — 108 432
Âgés de 21 ans — 107 005

L'étudiant québécois débourse 9 000 dollars, alors qu'il en coûte 90 000 au cégep et à l'université pour lui offrir les cinq années d'études après le DES. Ce sont les deux ordres de gouvernement, et principalement celui du Québec, qui absorbent le gros de la facture. En fait, en proportion de nos moyens financiers, l'effort de notre secteur public en faveur de l'enseignement universitaire est le plus élevé de la planète, juste derrière celui du Danemark et celui de la Norvège. Subvention payée par tous  les contribuables, même ceux dont les enfants ne seront pas diplômés, des gens pourtant plus pauvres en moyenne que les parents des diplômés !

Notons que les faibles frais de scolarité au Québec appauvrissent les universités québécois et ne garantissent pas une plus forte fréquentation et encore moins une plus forte diplomation qu'ailleurs.

Rien ne semble indiquer qu’une hausse des frais de scolarité réduise l’accessibilité aux études universitaires. Il suffit de se pencher sur la situation en Ontario et en Nouvelle-Écosse. Ces deux provinces ont les frais de scolarité les plus élevés du Canada, tout en ayant également le plus haut taux de fréquentation universitaire. Du côté du Québec, les frais de scolarité et la fréquentation universitaire sont tous les deux parmi les plus bas au Canada.

À ce sujet, une étude de Statistique Canada a confirmé que la hausse des frais de scolarité n’avait pas d’impact sur la fréquentation des universités. Entre 1993 et 2001, les frais de scolarité ont augmenté de 77 % au Canada. S'il est vrai que le taux de fréquentation universitaire dépend fortement des revenus et des études des parents, durant cette même période, les jeunes issus de familles à revenu moyen ou faible n’étaient pas moins susceptibles de fréquenter l’université en 2001 qu’ils ne l’étaient en 1993.

En fait, comme le révèle le tableau ci-dessus, les jeunes Québécois ne souffrent pas principalement d'un problème d'accès aux études universitaires, mais bien plutôt d'un problème de persévérance jusqu'au diplôme.  Est-ce que les fortes subventions n'encouragent pas indirectement ce décrochage universitaire dont les frais sont épongés par tous les contribuables ?




Sources JdM et Stats Québec,

Voir aussi

Les faibles frais de scolarité appauvrissent les universités québécoises et ne garantissent pas un meilleur accès

Frais de scolarité, taux de diplomation et dette du Québec

Universités — Appel à la violence d'un comédien subventionné (pléonasme) de gauche (idem) ?

Belgique — Polémique autour d’une BD homosexuelle explicite présentée en classe

Une brochure comportant une bande dessinée traitant de la forte séropositivité chez les homosexuels a causé une polémique après avoir été distribuée par un bureau dit de « planification familiale » [sexuelle] dans des classes du premier degré du secondaire (12-13-14 ans) d'une école de Charleroi. L'école a retiré la brochure jugée par la plupart des personnes impliquées comme inappropriée à un si jeune public.


La BD en question, Alex et la vie d'après, publiée en 2008 par l'association homosexuelle Ex Aequo, dénonce les risques du virus du Sida. Elle comporte certaines scènes montrant des hommes en plein acte sexuel.

Le centre de limitation des naissances « Infor Famille Charleroi » l'a distribuée à des élèves du premier degré d'une école de l'entité de Gosselies au cours d'une séance de prévention, ce qui a choqué certains parents d'élèves, révélait RTL jeudi.

La coordinatrice du centre de limitation des naissances s'est défendue de toute faute.

Première plainte

Mme Nicolas affirme que cette brochure est destinée à un public âgé entre 12 et 18 ans. « Cela fait des mois qu'on utilise cette brochure et c'est la première fois que nous avons une plainte », explique-t-elle. « Nous l'avons déjà distribuée dans plus de 80 classes. Les maisons de jeunes ainsi que les autres plannings familiaux s'en servent également de la même manière que nous le faisons ».

Ex Aequo annonce cependant de son côté que la bande dessinée est destinée à un public adulte homosexuel dans le but de les sensibiliser aux dangers du HIV. La directrice de l'école concernée s'est déclarée choquée du contenu de la BD et la juge inappropriée pour de si jeunes élèves.

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« Nous avons fait appel au planning familial dans un but d'information. Après avoir dénombré de plus en plus de grossesses chez de jeunes élèves, nous avons jugé qu'il était opportun de les informer sur la vie affective et sexuelle et notamment sur la contraception », déclare la directrice.

Prévention

Dans ce genre d'échange entre les élèves et les assistantes des plannings familiaux, les écoles restent généralement en retrait et ne vérifient pas ce qui est donné aux élèves. « C'est leur travail et nous leur faisons confiance. Mais nous regrettons que ce document ait choqué certains parents , termine la chef de l'établissement scolaire qui a fait retirer la brochure de ses classes.

« Il est clair que cette BD n'avait rien à faire entre les mains de si jeunes adolescents », précise-t-on au cabinet de la ministre de l'Enseignement obligatoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Marie-Dominique Simonet, où on insiste pour dire que ce cas malheureux ne doit pas entacher le bon travail fait de manière générale en matière de prévention dans les écoles...

jeudi 22 mars 2012

Cour suprême : Enfant envoyé par un juge en garderie pour le « socialiser » après que seuls les experts de la DPJ ont pu témoigner

Plusieurs se demandent ce qu'il en est de la cause au Québec en faveur d'une famille à qui la cour avait ordonné d'envoyer ses enfants à l'école et à la garderie comme « mesure temporaire ».

Rappelons les faits.

En novembre 2010, lors d'une comparution à la Chambre de la jeunesse, les autorités interdisent aux parents le droit de présenter une contre-expertise, alors que les témoins experts des procureurs de la prétendue direction de la « protection » de la jeunesse (DPJ) eux sont autorisés, même s'ils n'ont jamais rencontré les enfants en question ! Cette contre-expertise était nécessaire pour contrer les allégations  de négligence parentale exprimées par les fonctionnaires québécois qui bénéficient d'une immunité. Lorsque l'avocat des parents a insisté sur le fait que la déposition de ce témoin était nécessaire dans le but d'assurer un procès équitable, il s'est fait menacé d'outrage au tribunal.

Mars 2011 — La Chambre de la jeunesse rend son jugement qui stipule que les enfants étaient , selon elle, en situation de compromission et qu'ils doivent fréquenter l'école et la garderie, à moins que les parents soumettent un plan de scolarisation et de socialisation qui puisse être approuvé par la DPJ.

Les parents, la HSDLA et leurs avocats tentent alors d'expliquer à la DPJ qu'il n'est pas de leur ressort d'approuver des plans de scolarisation. Les parents devaient se soumettre à cette prérogative de la cour et ont présenté un plan très élaboré, qui leur a permis de poursuivre chez eux l'instruction et l'éducation de leurs enfants.

Ceci constituait en soi une victoire pour les parents. Toutefois, cette cause n'aurait jamais pas dû aller aussi loin et aboutir devant un juge.

En outre, ceci ne s'est pas fait sans de continuelles intrusions dans la vie des parents. La DPJ a toujours droit d'accès à leur domicile et les parents sont étroitement supervisés pour ce qui est des nombreux rendez-vous médicaux qui faisaient déjà partie de leur quotidien, compte tenu de l'état de santé de leurs enfants.

Avril 2011 - Appel est fait à la Cour supérieure du Québec à la suite du refus d'entendre le témoin-expert des parents.

Novembre 2011 - Le tribunal statue qu'une deuxième opinion n'est ni utile ni nécessaire. Les parents en appellent à la Cour d'appel du Québec.

Janvier 2012 - La permission d'en appeler dans le but d'obtenir la déposition du témoin-expert est refusée sur la base que cette procédure ne s'applique pas encore puisqu'aucun jugement final n'a encore été rendu. Toutefois, bien évidemment, le refus d'expertise a pu déjà avoir un effet préjudiciable pour les parents..

Pour la HSLDA, il est donc primordial d'empêcher qu'une situation semblable ne se reproduise encore et que les droits des parents de faire entendre leurs experts est fondamental.

Vendredi 9 mars 2012 — la HSLDA a donc déposé à la Cour suprême du Canada une requête pour aller en appel dans cette cause. Notre plaidoyer s'appuie sur la violation subie par cette famille de leur liberté fondamentale d'être entendue par la cour, en raison du refus des instances juridiques d'entendre leurs témoins. La Direction de la « protection » de la jeunesse (DPJ) a présenté en cour un témoin qui n'avait jamais rencontré les enfants et qui prétendait que les enfants devaient être protégés. D'autre part, quand la famille a tenté de présenter comme témoins leurs propres experts médicaux qui allaient à l'encontre de ce témoignage, la cour a refusé de les entendre. Selon la HSLDA, il s'agit d'une erreur de justice et une erreur que nous espérons voir corrigée par la Cour suprême, non seulement pour cette famille, mais pour toutes les familles au pays qui pourraient se retrouver dans une situation semblable.

Contexte détaillé (notre billet de mai 2011 et 3 vidéos)

Suède – Père veut instruire son enfant à la maison : « un fanatique des droits de l'homme » selon les autorités

Mise à jour : 22 mars 2012

Les autorités suédoises se sont dites préoccupées de constater que Domenic était trop affectueux avec les autres enfants, les étreignant et les baisant sur la joue pour les saluer. Ils ont appelé ce comportement « déviant ».

Le père du petit Domenic, Christer, a ensuite été qualifié de « fanatique des droits de l'homme ».

Selon Christer, lesdites autorités suédoises ont tout fait pour empêcher que Domenic soit rendu à sa famille. Et toutes les preuves comme quoi les parents de Domenic étaient de bons parents ont tout simplement été ignorées.

« Peu importe si nous avons des professeurs et des médecins qui viennent nous défendre. Cela n'avait pas d'importance », a-t-il ajouté.

Le modèle « suédois »

Exaspéré, Christer a décidé de ramené Domenic chez lui sans la permission des autorités gouvernementales en novembre 2010. La police fortement armée et accompagnée de chiens a ensuite perquisitionné leur domicile, puis a enlevé Domenic. Christer, pour sa part, a été mis en prison pendant deux mois.

« Le cas de Domenic Johansson est une tragédie pour l'instruction à la maison de la Suède. Je crois que c'était tout simplement une erreur, » a déclaré Jonas Himmelstrand directeur de l'Association suédoise de l'instruction à domicile (Rohus).

« Les autorités ne se sont pas rendues compte qu'elles ne pouvaient pas enlever pour la simple raison qu'il était instruit à la maison. Elles ont donc inventé toutes sortes d'autres raisons - pour ne pas parler de l'orgueil typique des autorités suédoises, qui n'admettent jamais avoir commis une erreur », a-t-il dit.

Pour Michael Donnelly, un avocat de la Home School Legal Defense Association (HSLDA), une organisation qui prête son aide aux Johansson, « Je m'étonne que les gouvernements de pays libres au courant de cette affaire ne s'implique pas davantage dans ce dossier. »

Donnelly a comparé le comportement du gouvernement suédois à celui de l'Union soviétique.

« Ce gouvernement régional, désormais soutenu par les tribunaux suédois [on hésite à écrire la Justice suédoise], a montré qu'il est capable de perpétrer les actes les plus totalitaires à l'encontre de ses propres citoyens, qui rappellent de l'Union soviétique et les pays communistes de l'histoire récente », de déclarer Donnelly.

Reportage en anglais sur ce sujet

Billet original : mars 2010

Deux importants organismes américains qui défendent les droits des parents à instruire eux-mêmes leurs enfants à la maison se penchent sur la possibilité d’aider un couple indo-suédois dont le fils de sept ans a été saisi par la police et les services sociaux parce que ses parents avaient choisi de l’instruire à la maison.

Il y a près de huit mois Christer et Annie Johannson, ainsi que le jeune fils Dominic, prenaient place dans un avion à destination de l’Inde où ils avaient prévu de longue date de mener un projet humanitaire. Quelques instants avant le décollage de l’avion, la police suédoise est intervenue, a arrêté les parents Johannson et emmené Dominic pour le livrer aux services sociaux du pays.

La vie des Johansson venait brutalement de tourner au cauchemar. Les policiers qui avaient emmené l’enfant n’avait aucun mandat et ils n’accusèrent les Johansson d’aucun crime. La raison de leur intervention ? Dominic était éduqué à la maison et les services sociaux de la Suède qu’il quittait voulait s’assurer qu’il recevait une éducation conforme.

M. Johansson a déclaré « être prêt à coopérer, comme par le passé, avec les services sociaux, mais ceux-ci nous répètent que ne nous savons pas comment nous occuper de notre fils. Bien que nous fassions certaines choses différemment de la plupart des Suédois, nous n’avons enfreint aucune loi et n’avons fait aucun tort à notre enfant. Nous avions décidé en famille de nous établir en Inde pour être plus proches de la famille de ma femme. Mais le gouvernement a pris le contrôle de notre vie et elle est devenue un cauchemar. »

Depuis ce mois de juin, les autorités suédoises ne permettent aux parents de voir leur fils qu’une heure toutes les cinq semaines.

Dans un communiqué de presse conjoint, la Home School Legal Defense Association (HSLDA) et l'Alliance Defense Fund (ADF) ont declaré qu’ils coopéraient désormais ensemble afin de conseiller la famille et d’explorer toutes les manières de faire en sorte que l’enfant soit rendu aux parents le plus tôt possible. Dominic vit actuellement dans une famille d’accueil qui collabore avec les services sociaux suédois.

En décembre 2009, la Cour suprême administrative de Suède a rejeté le dernier appel des Johansson et donner raison aux services sociaux qui insistaient qu’ils ne faisaient que protéger le « droit à une éducation » de Dominic brimé par ses parents. Les travailleurs sociaux se sont plaints de la décision des parents de ne pas faire vacciner Dominic et de ne pas traiter deux caries à des dents de lait.

Selon Mike Donnely, avocat de la HSLDA pour ce dossier, « la manière dont cette famille est traitée par l’administration suédoise est tout simplement inhumaine. Ils traitent ces parents comme s’il s’agissait de criminels, comme s’ils avaient maltraité ce garçon ».

« Ils s’en sont occupés pendant 7 ans, il n’est jamais tombé malade. Ils lui ont toujours prodigué tout ce dont il avait besoin, de nombreux jouets et de nombreuses occasions d’apprendre » d’ajouter Donnelly.

Donnelly a ajouté qu’il était permis de ne pas se faire vacciner et que puisqu’un des parents d’Annie est dentiste en Inde, la famille voulait que Dominic se fasse soigner par lui. Mais le cœur de l’affaire tourne autour du fait que les Johansson avaient décidé d’instruire leur fils à la maison.

En prévision de leur départ imminent pour l’Inde, Christer et Annie avaient pris la décision de retirer leur enfant de l’école gouvernementale et de l’instruire à la maison comme il est permis en Suède. Annie est citoyenne indienne. Selon les Johansson, l’administration scolaire leur aurait dit qu’il leur suffisait de rentrer en contact avec le directeur de l’école gouvernementale locale pour qu’il fournisse à Dominic le matériel pédagogique approprié. Le directeur en question aurait cependant refusé de leur fournir ce matériel, s’assura que la commission scolaire locale leur inflige une amende avant de contacter les services sociaux pour qu’ils enquêtent sur leur cas.

Le tribunal suédois a décrété que Dominic était « socialement isolé » de par le fait qu’il ne fréquentait pas une école. Ceci démontre, d’ajouter le tribunal, « que les parents ne sont pas conscients de l’impact que leur décision d'instruire leur fils à la maison a sur le développement et la vie de Dominic. »

Me Donnelly a déclaré que la HSLDA et l’ADF évaluaient actuellement la possibilité d’intenter une autre action devant les tribunaux suédois tout en considérant avoir recours à des tribunaux internationaux.

Entretemps, les parents de Dominic coopèrent avec les travailleuses sociales dans l’espoir de voir leur enfant revenir plus rapidement parmi eux. La HSDLA a révélé que les parents ont été soumis à des visites de la part des services sociaux qui désiraient s’assurer de leur capacité à éduquer leur fils. Mais un avocat suédois, sous promesse d’anonymat, a affirmé à la HSLDA qu’il ne fallait pas voir dans ces rencontres un signe avant-coureur d’un prochain retour de Dominic dans sa famille, mais qu’il s’agissait plutôt de s’assurer de leur « soumission complète au système ».

Ces mésaventures ont ébranlé les parents tant au plan physique que psychologique. Me Donnelly a révélé que les Johansson ne se remettent que lentement du choc et que Annie Johansson a été admise à plusieurs reprises à l’hôpital afin de traiter une dépression et des troubles cardiaques.

The Economist, une prestigieuse revue d’actualité internationale, a récemment souligné la contradiction patente dans cette triste histoire entre le conformisme exigé par l'administration suédoise et le principe de liberté. L’article attirait également l’attention sur la situation désespérée d’une autre famille suédoise, les Angerstig, dont la permission gouvernementale d’instruire leurs enfants a été révoquée. L’administration suédoise a menacé d’infliger une sévère amende à Lisa Angerstig (à droite), « une mère de quatre enfants détentrice d’un MBA ».

Sur ces entrefaites, comme nous l’indiquions précédemment, il semble bien que la Suède veuille suivre l'exemple de l’Allemagne et interdire complètement l’instruction à domicile sauf pour des cas exceptionnels. La nouvelle loi abrogerait, en outre, l’interdiction de sanction criminelle pour non-respect de la loi sur l’instruction. Alors qu’aujourd’hui, ce n’est pas un crime d’instruire son enfant à la maison en Suède, mais parfois un délit, si cette nouvelle loi venait à être promulguée, les parents qui désirent rester les premiers éducateurs de leurs enfants en les éduquant à la maison pourraient être poursuivis pour crime !
Voir aussi (en anglais) : longue analyse du projet de loi suédois sur l'instruction à domicile.

Source : HSLDA






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Un professeur « pourrit la Toile » et piège ainsi ses élèves

Quand un professeur de lettres classiques en a marre de voir ses élèves recopier bêtement les fiches Wikipédia pour alimenter leurs dissertations, il décide d’agir et de « pourrir le Web ». C’est ce qu’explique Loys dans un billet sur son blog la Vie moderne. Enseignant dans un lycée parisien, il a décidé de prendre ses élèves à leur propre jeu.

Préambule

Pendant ma première année au lycée, j’ai donné à mes élèves de Première une dissertation à faire à la maison. Avec les vacances scolaires les élèves avaient presque un mois pour la rédiger : c’était leur première dissertation de l’année.



Plus tard, en corrigeant chez moi, je me suis aperçu que des expressions syntaxiquement obscures étaient répétées à l’identique dans plusieurs copies. En les recherchant sur Google, j’ai trouvé des corrigés sur un sujet de dissertation voisin vendus à 1,95€. Interloqué, j’ai immédiatement arrêté de corriger les copies, ne sachant plus à quoi ou à qui j’avais affaire et ayant l’impression de travailler dans le vide.

Plus tard, la même année, j’ai donné sur table à une de mes classes un commentaire composé, sur un passage d’une œuvre classique. Je n’ai pas particulièrement surveillé l’épreuve, le commentaire composé étant, comme la dissertation ou le sujet d’invention, un bon exemple d’exercice on ne peut plus personnel, où copier sur le voisin n’a absolument aucun sens. En corrigeant chez moi les copies, j’ai constaté, dans une copie, des choses étranges : des termes ou des expressions qu’un élève de Première n’emploierait pas, une introduction catastrophique mais un développement convenable. En tapant une des expressions sur Google, j’ai réalisé que l’élève avait utilisé son smartphone pendant le cours et recopié le premier corrigé venu sur Google en tâchant maladroitement de le maquiller. En rendant les copies j’ai tenu un discours sévère à la classe sans indiquer qui avait triché. Après le cours, l’élève concerné, en pleurs, a reconnu les faits.

J’ai donc décidé de mener une petite expérience pédagogique l’année suivante : j'ai pourri le web !

Tendre sa toile...

Vers la fin de l’été de cette même année, j’ai exhumé de ma bibliothèque un poème baroque du XVIIème siècle, introuvable ou presque sur le web. L’auteur en est Charles de Vion d’Alibray. Le date de composition du poème est inconnue, ce qui empêche toute spéculation biographique.

SONNET

Ainsi que l’arc-en-ciel tout regorgeant de pleurs
Prend devant le soleil cent couleurs incertaines,
Et périt quand se cache ou s’en va luire ailleurs
Cet astre dont le feu rend fertiles nos plaines ;

Tout de même à l’aspect du sujet de mes peines,
Je prends en un instant cent diverses couleurs,
Je pâlis, je rougis sous l’effort des douleurs,
Et de l’eau de mes pleurs sens regorger mes veines.

Mais ni de voir en moi ce triste changement,
Ni de savoir combien j’aime fidèlement,
Ne touche mon ingrate ou d’amour ou de honte ;

Tant s’en faut, elle rit de me voir endurer,
Et pour en rendre même encor ma fin plus prompte,
Elle fuit et s’en va d’autres lieux éclairer.

1re étape : j’ai créé un compte pour devenir contributeur sur Wikipédia et, pour montrer patte blanche, apporté plusieurs contributions utiles sur quelques articles littéraires. J’ai ensuite modifié la très succincte notice biographique de Wikipédia consacrée à Charles de Vion d’Alibray en glissant ce petit ajout : « Son amour célèbre et malheureux pour Mademoiselle de Beaunais donne à sa poésie, à partir de 1636, une tournure plus lyrique et plus sombre. »

2e étape : j’ai posté sur différents forums des questions relatives à ce poème en me faisant passer pour un élève posant des questions de compréhension littérale ou d’interprétation sur le poème. Puis, me reconnectant en me faisant passer pour un érudit, j’ai donné des réponses en apparence savantes et bien renseignées, mais en réalité totalement ineptes, du type interprétation christique tirée par les cheveux. La plupart de ces pages ont depuis malheureusement disparu dans les abysses du web ou ne sont plus référencées.

3e étape : j’ai rédigé un pseudo-commentaire, le plus lamentable possible, avec toutes les erreurs imaginables pour un élève de Première  [1re année du cégep], et même quelques fautes d’orthographe discrètes, tout en prenant garde à ce que ce commentaire ait l’air convaincant pour quelqu’un de pas très regardant ou de pas très compétent.  Pour  les amateurs de littérature ou les professeurs de lettres, ce corrigé absurde est d'ailleurs assez amusant. J'avoue avoir même pris un certain plaisir à le rédiger.

Introduction

Avec ce texte, Charles de Vion Dalibray (ou d’Alibray), grand auteur du XVIIe siècle qui appartient à une famille noble, nous livre, dans ce style inimitable dont il a le secret, un sonnet de cour presque romantique, plein de grâce et de préciosité, en hommage à une jeune femme dont il a fait la connaissance à Tours, Anne de Beaunais, et dont il s’est vivement épris. Dans ce sonnet, le poète décrit l’arc-en-ciel et ses cent couleurs majestueuses et fait, à travers lui, la description de sa bien-aimée. En guise de problématique, nous montrerons que ce sonnet de cour est original en étudiant deux grands axes : la composition typique du sonnet français s’opposant à son esthétique foncièrement baroque.

I. Une composition typique de sonnet français
a) La structure rimique

À la manière italienne, Charles de Vion alterne savamment les rimes masculines et féminines. Dans les deux quatrains, les rimes sont d’abord croisées puis ensuite embrassées, ce qui indique une rapide métamorphose des sentiments du narrateur. Les rimes croisées renvoient d’abord à la rencontre, et les rimes embrassées à la naissance de l’amour, soulignée par une magnifique oxymore : « je rougis, je pâlis » (v. 7).

b) L’organisation rigoureuse des strophes

Respectant les règles classiques, les deux quatrains, consacrés à l’arc-en-ciel, sont suivis de deux tercets plus courts, ce qui accélère le rythme de l’action. L’amour naissant devient un amour impossible, souligné par l’adverbe d’opposition « mais » (v. 9). Charles de Vion éprouve un « triste changement » renforcé par le champ lexical des « douleurs » (v. 7) car la jeune fille aimée, dit-il non sans une certaine amertume, est « ingrate » (v. 11) : elle ne reconnaît pas ses sacrifices amoureux.

c) Un rythme particulier

Au niveau des alexandrins, les coupes régulières à l’hémistiche occasionnent un rythme heurté, qui souligne les « pleurs » répétés du poète (v. 1 et v. 8). L’amour est sans cesse renouvelé, prenant cent formes différentes (« Je prends en un instant cent diverses couleurs ») : à la manière précieuse, l’amour est comparé à un arc-en-ciel coloré et scintillant avec fugacité.

II. Une esthétique particulièrement baroque
a) Une belle déclaration d’amour

Le motif de l’arc-en-ciel est tout à fait typique de l’esthétique baroque. Par ses jeux de lumière, il symbolise la beauté miroitante (avec notamment l’hyperbole répétée « cent couleurs » v. 2 et v. 7) et la richesse opulente (« regorgeant » v. 1 et « regorger » v. 8), signes d’un amour sans égal et source de vie (« fertiles » v. 4). Le rejet à l’hémistiche de « j’aime » (v. 10) insiste sur l’amour fidèle du poète (« fidèlement » v. 10). Il est à remarquer que le mot « amour » (v. 11) n’apparaît qu’à la fin du premier tercet, ménageant ainsi le suspense d’une déclaration qui ne veut pas se dire.

Contrairement aux poèmes d’amour que composera ensuite un Pierre de Ronsard, la jeune fille n’est pas ici nommée car Charles de Vion veut respecter l’honneur de sa lignée. C’est pourquoi il emploie, de façon répétée et avec infiniment de pudeur et de délicatesse, le pronom indéfini « elle » (v. 12 et v. 14). Il n’y a d’ailleurs pas d’épitaphe au début du poème.

b) Une fin tragique

En peignant l’arc-en-ciel qui « fuit » (v. 14), mise en abîme de la jeune fille, Vion termine sur une  tonalité plus sombre qu’au début du poème, ce qui crée un effet de contraste saisissant avec les deux premiers quatrains. Anne « s’en va » (v. 14), laissant Charles seul et abandonné, en dépit de son hommage à la beauté rayonnante de sa bien-aimée.

Malgré sa déception, Charles de Vion célèbre encore la joie pure et ingénue de la jeune fille qui « rit » (v. 12), mais sans aucune malice, des malheurs du poète (« tant s’en faut » est une expression vieillie signifiant « sans se rendre compte »). La jeune fille demeure chaste et innocente car, à la manière de la déesse Diane fuyant Actéon, elle veut conserver sa candeur, sa pureté virginale (« elle fuit et s’en va » v. 14). Malgré son désespoir, Vion ne cesse donc jamais d’aimer cette jeune fille, à la manière des poètes romantiques et de leurs amours contrariées, comme en témoigne le dernier terme optimiste qui, en ultime pied-de-nez au destin tragique, clôt le sonnet ainsi qu’un jet de lumière : « éclairer » (v. 14). Le poète est ainsi capable de rebondir et de ne pas désespérer de l’amour.

Conclusion

En quatorze vers d’une grande beauté formelle, entre baroque échevelé et romantisme déçu, dépression et euphorie, Charles de Vion nous offre ainsi un voyage virevoltant à travers le ciel et dans les transports amoureux de son cœur et nous délivre un message optimiste. Si l’arc du poète n’a pas su atteindre le cœur d’Anne de Beaunais, il n’en décoche pas moins sa plus belle flèche, prouvant que l’amour, même déçu, peut rester éternel.
Je me suis ensuite inscrit comme auteur, sous le nom de Lucas Ciarlatano (ça ne s'invente pas), à deux sites proposant des corrigés de commentaires et de dissertations payants (Oodoc.com et Oboulo.com). Sachez qu'il en existe bien d’autres. Après quoi j’ai envoyé mon commentaire à ces deux sites, dont les comités de lecture ont validé sans barguigner mon lamentable commentaire, leur but étant moins celui d'une diffusion humaniste du savoir que purement mercantile. D'ailleurs aucun des deux n'a pris la peine de vérifier si le corrigé était protégé par des droits d'auteurs et ils ont publié exactement le même corrigé, en mettant en ligne gratuitement l’introduction, le plan et des extraits importants, le reste étant en vente pour quelques euros.

4e étape : j’ai posté un peu partout sur le web des liens vers ces différentes pages (Wikipédia, les forums, les sites de corrigé) afin d’améliorer le référencement sur Google avant la rentrée de septembre.

5e étape : à la rentrée, j’ai accueilli mes deux classes de Première en leur donnant deux semaines pour commenter ce poème à la maison et en leur indiquant la méthodologie à suivre. Je les ai bien sûr invités à fournir un travail exclusivement personnel. Une de mes élèves est venue s'excuser : en cours de déménagement, elle n'avait pas accès à internet. Je me suis contenté de sourire.

Deux semaines plus tard j’ai ramassé les commentaires et grâce aux différents marqueurs que j’avais méticuleusement répartis sur le web j’ai pu facilement recenser quels sites avaient été visités par quels élèves et recopiés dans quelle proportion. À titre d'exemple de marqueurs, la notice biographique de l’auteur de Wikipédia évoquait « Melle de Beaunais », mais le commentaire composé sur Oboulo et Oodoc était plus précis en parlant d'« Anne de Beaunais ».

Cette femme aimée sans retour par le poète est évidemment un personnage tout à fait imaginaire (Anne de Beaunais = Bonnet d’âne)...



Pris au piège

Sur 65 élèves de Première [1re année du cégep], 51 élèves - soit plus des trois-quart - ont recopié à des degrés divers ce qu’ils trouvaient sur internet, sans recouper ou vérifier les informations ou réfléchir un tant soit peu aux éléments d’analyses trouvés, croyaient-ils, au hasard du net. Je rappelle qu'ils n'avaient pour cet exercice aucune recherche à faire : le commentaire composé est un exercice de réflexion personnelle.

L'erreur la plus vénielle fut d'utiliser sans discernement les informations de Wikipédia : rien n’indiquait en effet que le poème avait été composé au sujet de Melle de Beaunais. Le raccourci était abusif et non fondé, comme l'aurait montré une recherche plus approfondie : c'était un simple manque de rigueur à l'égard des sources historiques.

Les erreurs les plus graves étaient en revanche les erreurs d’interprétation, voire même de compréhension littérale du poème : des expressions, des phrases et même des paragraphes entiers étaient recopiés sur le net, parfois au mot près, trahissant une incompréhension tant du poème que de la méthodologie du commentaire composé.

J’ai rendu les copies corrigées, mais non notées bien évidemment - le but n'étant pas de les punir -, en dévoilant progressivement aux élèves de quelle supercherie ils avaient été victimes. Ce fut un grand moment : après quelques instants de stupeur et d’incompréhension, ils ont ri et applaudi de bon cœur.

Mais ils ont ensuite rougi quand j’ai rendu les copies en les commentant individuellement…

La morale de l'histoire

On recommande aux professeurs d'initier les élèves aux NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la communication).

Je crois que j'ai fait mon travail et que la conclusion s'impose d'elle-même : les élèves au lycée n'ont pas la maturité nécessaire pour tirer un quelconque profit du numérique en lettres. Leur servitude à l'égard d'internet va même à l'encontre de l'autonomie de pensée et de la culture personnelle que l'école est supposée leur donner. En voulant faire entrer le numérique à l'école, on oublie qu'il y est déjà entré depuis longtemps et que, sous sa forme sauvage, il creuse la tombe de l'école républicaine.

Avec cette expérience pédagogique j'ai voulu démontrer aux élèves que les professeurs peuvent parfois maîtriser les nouvelles technologies aussi bien qu'eux, voire mieux qu'eux.

J'ai ensuite voulu faire la démonstration que tout contenu publié sur le web n'est pas nécessairement un contenu validé, ou qu'il peut être validé pour des raisons qui relèvent de l'imposture intellectuelle.

Et enfin j'ai voulu leur prouver que, davantage que la paresse, c'est un manque cruel de confiance en eux qui les pousse à recopier ce qu'ils trouvent ailleurs, et qu'en endossant les pensées des autres ils se mettent à ne plus exister par eux-mêmes et à disparaître.

Ai-je réussi ? Ce serait à mes élèves de le dire. Une chose est sûre : cette expérience a, je pense, marqué mes élèves et me vaut aujourd'hui une belle réputation dans mon lycée.

Pour ma part je ne crois pas du tout à une moralisation possible du numérique à l'école.

Et je défends ce paradoxe : on ne profite vraiment du numérique que quand on a formé son esprit sans lui.



mardi 20 mars 2012

La place des parents à l'école

Anne Coffinier, directrice de la Fondation pour l’école, et Jean-Paul Brighelli, professeur agrégé et auteur de La Fabrique du crétin, débattent de la place des parents dans l'école. Extraits :

« Anne Coffinier – Les parents sont les premiers éducateurs et les premiers responsables de leurs enfants. C’est une affirmation constante du magistère de l’Église et c’est aussi une vérité expérimentale vivement ressentie par chaque parent ! Il revient en revanche à l’État et aux organismes d’intérêt général compétents de mettre à la disposition de tous une information la plus complète, honnête et exhaustive possible sur la réalité de l’offre scolaire existante. Il faut bien voir que l’on est face à un choix de société fondamental. Pour qu’il y ait une véritable État de droit, il faut tout d’abord que le choix de l’école soit reconnu et garanti constitutionnellement aux parents, que l’information sur la qualité de l’offre soit accessible à tous et que les parents aient les moyens financiers de jouir effectivement de ce droit.

Si l’État s’arroge le droit de choisir le destin de nos enfants à notre place, nous sommes dans une société de type totalitaire caractérisée par l’emprise de la sphère publique sur les familles et les consciences. C’est hélas en partie le cas aujourd’hui. Dans la mesure où l’État rend gratuit un seul type d’enseignement, impose la carte scolaire et interdit, à coup de lois, à l’école privée d’être gratuite, il pèse lourdement sur le choix des familles, surtout des plus démunies.

Aujourd’hui, l’institution scolaire entretient une relation très ambiguë avec l’autorité des parents qu’elle prétend reconnaître et même vouloir renforcer, mais qu’en pratique elle sape consciencieusement. Les parents sont infantilisés, tenus à bout de gaffe loin de la salle de cours. Leur autorité est souvent bafouée par une Éducation nationale qui s’aventure impudiquement jusque dans la formation des consciences des enfants à travers l’éducation civique ou sexuelle, ou l’invasion plurimorphe du politiquement correct dans la vie de l’école. [...]

Jean-Paul Brighelli – Les trois quarts des parents ne connaissent rien au système éducatif — par manque de formation, d’information ou de temps. Et encore moins aux matières enseignées, qui bien souvent diffèrent de celles qu’on leur a jadis enseignées. L’idée qu’ils puissent choisir librement l’école de leurs enfants est pour moi une vue de l’esprit.

Quant à la carte scolaire, elle a été largement assouplie, mais aujourd’hui encore, c’est la proximité qui est le premier facteur dans le choix des parents. Tout le monde n’a pas le loisir d’amener ses enfants dans un établissement situé à des kilomètres. Ou de les faire amener. Il y a un univers où les gens travaillent, et travaillent tôt, vous savez… Et je préfère me battre pour que toutes les écoles soient d’excellence, plutôt que de voir une foire d’empoigne pour inscrire ses rejetons dans quelques établissements réputés, que cette réputation soit ou non fondée. [...]

A. C. - Sur le rôle des parents, je reconnais qu’il y a un monde entre l’idéal et la réalité. Ils sont incarnés, faillibles. Mais attention à ne pas prendre des décisions générales à partir de cas exceptionnels. C’est toujours comme cela que l’on supprime les libertés. Confier le pouvoir éducatif à l’État sous prétexte qu’il existe des parents indignes est irrecevable. Toute société libre doit être fondée sur la confiance dans les citoyens. Si vous établissez une société sur la défiance, vous sombrez dans le totalitarisme. On ne peut pas transgresser cette règle d’or. Tout doit être fait pour responsabiliser les parents, pour les placer dans une situation où ils seront contraints à poser des choix, donc à se renseigner pour choisir au mieux de l’intérêt de leur enfant. »




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Les écoles à charte américaines

Le développement des écoles à charte aux États-Unis fait désormais partie de la réflexion éducative menée sur l’ensemble du territoire américain. Selon les propos de Robin Lake, éditeur du dernier bulletin annuel du « Centre pour la Réinvention de l’Éducation Publique » (CRPE) intitulé « Espoirs, Peurs et Réalités », « les responsables scolaires en milieu urbain se rendent compte qu’une approche centralisée, taillée selon un format unique pour tous, n’est tout simplement plus viable et qu’ils ont besoin de partenariats réunissant le talent entrepreneurial et les équipes éducatives conscientes de leur mission ».

Un exemple concret en est donné avec ce reportage sur la Noble Charter School de Chicago.



Le mal dont souffre le système scolaire américain est facile à définir : l’argent déversé dans les innombrables programmes d’aménagement du système est inversement proportionnel à la dégradation des conditions scolaires et des chances des élèves à développer leur potentiel personnel et à accéder aux formations universitaires qu’ils auraient envisagées. Les budgets ne cessent de progresser alors que les évaluations du niveau des élèves de l’enseignement public sont en régression au niveau national et international. Les parents, quant à eux, recherchent désespérément les écoles où leurs enfants auront la meilleure chance d’être préparés à leur vie adulte.

Pourtant, dans quarante États des États-Unis, l’expérience des écoles à charte ("charter schools") ne cesse de rallier les parents et les élèves originaires de divers milieux sociaux culturels et ethniques en raison des succès incontestables qu’elles obtiennent du point de vue de la bonne intégration des élèves et de la qualité de leur formation. Ces écoles bénéficient de par la loi d’une prise en charge financière, mais sont libres de choisir leur gestion budgétaire et pédagogique ainsi que leur forme de vie scolaire. Le directeur et ses équipes enseignantes n’ont pas seulement un emploi, mais ils se sentent également investis d’une mission éducative.

L’enquête réalisée à la Noble Charter School de Chicago depuis 1999 démontre la réussite d’une école autre, basée sur des principes de liberté, de responsabilité, de discipline, de motivation du personnel et de diminution drastique des contraintes administratives. S’ajoutent à ces critères la liberté de choix des familles et l’adhésion des élèves à leur école. L’évidence se confirme d’année en année : ce type d’écoles est de plus en plus attractif pour la seule et unique raison qu’elles « fonctionnent ». Le niveau et les résultats des élèves progressent, leurs perspectives d’accéder aux études universitaires s’améliorent, les conditions de vie scolaire sont considérablement meilleures. Le nombre d’heures d’enseignement a augmenté au point de gagner un an de scolarisation effective sur l’ensemble du cursus scolaire (journée scolaire de 7 heures par jour contre 5 heures ou 5 h 30 dans l’école publique). De par les témoignages recueillis chez les élèves, ce rythme scolaire se réalise sans malaise ni stress excessif.

La plus forte opposition au réseau des Noble charter schools provient de la Chicago Teachers’ Union, le syndicat enseignant majoritaire. Il s’agit en fait d’une résistance farouche qui se traduit par des déclarations incendiaires des délégués syndicaux, des dénonciations virulentes des privilèges que représentent de tels établissements, des manifestations de rue qui vont jusqu’aux affrontements avec les forces de l’ordre, incitant ces dernières à arrêter des manifestants pour alerter et rallier l’opinion publique à la cause syndicale. En dépit de ces vociférations, l’école continue d’attirer les enfants de toutes catégories sociales et ethno-culturelles, au grand dam de l’extravagante présidente du syndicat enseignant Karen Lewis qui se fait une gloire de faire un jour partie des représentants syndicaux arrêtés.

Bien plus, des procès sont intentés à Noble par le même syndicat, d’ailleurs sans aboutir, en raison du statut totalement légal des écoles à charte. Occasion pour le maire démocrate de Chicago Rahm Emanuel, défenseur convaincu du développement du réseau des écoles Noble, de faire remarquer que le temps des éducateurs est mieux utilisé dans les salles de classe que dans les salles de tribunal.

Bill Olsen, directeur de l’école, souligne la fausseté des arguments utilisés à l’encontre de ce type d’écoles : contrairement aux accusations qui leur sont faites, et de la bouche même des enseignants interrogés, le recrutement n’est pas basé sur le revenu des familles, mais il est aléatoire : les élèves sont sélectionnés suivant un système de loterie. L’accusation d’écrémage des élèves suivant leur niveau est contredite par le fait que le taux de renvoi ou d’abandon d’élèves est extrêmement faible. A noter que les écoles à charte sont tenues légalement par l’obligation du NCLB (No child left behind) « N'abandonner aucun enfant ».

Par ailleurs, on constate que les salaires des enseignants du public en Illinois sont en moyenne de 74 000 $ par an et de 120 000 $ pour les responsables administratifs, alors que ceux des écoles à charte sont nettement moins élevés et plus proches de la moyenne salariale en Illinois de 50 000 $ par an. Pourtant la grande majorité des enseignants préfère le statut, les conditions, l’atmosphère et les relations humaines dont ils bénéficient dans leur établissement par rapport aux écoles publiques. Cela ne diminue en rien leur motivation ; celle-ci est renforcée par le soutien des parents et la satisfaction de constater la réussite des élèves, attestée par leur taux d’inscription dans les universités les plus sélectives.

Il apparaît donc que les professeurs préfèrent être respectés et s’impliquer dans leur mission d’éducateurs plutôt qu’être rémunérés à un taux plus élevé pour un travail qui ne les satisfait pas. Ils affirment par ailleurs ne regretter nullement de ne pas être syndiqués pour la simple raison qu’ils n’en éprouvent ni la nécessité ni le besoin.

Il faut noter que des signes d’échec de ce type d’école seraient rapidement sanctionnés par la suppression de leur financement. Rester compétitives au regard des autorités éducatives de contrôle est donc pour elles une affaire de survie. Elles sont tenues de fournir annuellement leur « rapport de progression » (AYP, adequate yearly progress report) aux organismes locaux ou d’État responsables de l’évaluation éducative (LEA, local education agency, et SEA, state education agency), ce qui les oblige constamment à faire leurs preuves en termes de qualité pédagogique et de bonne gestion avec la coopération et l’engagement du corps enseignant, des élèves et de leurs familles.

Noble Charter School ne badine pas avec le règlement intérieur de l’établissement. Ce qui nous paraîtrait trop strict ne l’est pas dans le contexte des quartiers difficiles de Chicago où se trouve l’école. Pas de pantalons tombants, pas de tatouages visibles, pas de piercings, pas de boucles d’oreille pour les garçons. Le port de l’uniforme est obligatoire et lors des compétitions sportives, l’attribution de drapeaux aux différentes équipes suscite fierté et émulation dans les classes. Des heures sont consacrées à des services communautaires (community service) et renforcent la cohésion des élèves et le sentiment de leur appartenance à une communauté de vie au sein de leur établissement.

Les écoles à charte démontrent ainsi, toutes preuves à l’appui, et avec un succès grandissant, la vérité et la mise en œuvre effective de leur objectif : offrir plus d’éducation avec moins de moyens.

Nous remercions M. Pierre Barthe pour le compte-rendu de ce reportage.


Ce carnet émet, cependant, quelques réserves par rapport à ces écoles à charte :

  1. elles sont toujours redevables aux autorités politiques plutôt qu'aux parents limitant de la sorte le choix pédagogique et de programme aux options approuvées par des politiciens ou des bureaucrates et non les parents ;
  2. les places sont alloués par loterie, ce qui semble empêcher par exemple la formation d'écoles confessionnelles à charte ayant une population homogène aux niveaux des convictions, elles défavorisent donc les parents religieux. ;
  3. le recours aux tests standardisés pour les évaluer peut conduire à limiter les options éducatives  et n'est pas exempt de fraudes potentielles.

Voir aussi


Angleterre — Écoles libres : la libéralisation de l’Éducation ?

Fascination française pour l'« Amérique d'Obama » et ses écoles à charte

Suède — Le monopole de l'Éducation incapable de répondre à tous les désirs

États-Unis — fraude systématique depuis dix ans dans les écoles publiques d'Atlanta

Washington (D.C.) — Des bons scolaires pour les pauvres plutôt que des subventions pour avorter

France — les écoles libres (hors contrat) n'en font qu'à leur tête




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