mardi 4 octobre 2016

Bérénice Levet : « Le système scolaire tout entier est imprégné des fondements de la théorie du genre »

Le pape François a dénoncé la présence de la théorie du genre dans les manuels scolaires, ce qui a provoqué la « colère » de la ministre socialiste Nadjat Belkacem. La philosophe Bérénice Levet qui s’exprime dans les colonnes du Figaro Vox, cette idéologie est bien présente à l’école. Extraits.

FigaroVox — Dimanche 2 octobre, le pape s’en est pris « au sournois endoctrinement de la théorie du genre » que propageraient les manuels scolaires. La théorie du genre existe-t-elle en tant qu’idéologie ?

Bérénice Levet. — La théorie du genre ? Ça n’existe pas, nous tympanise-t-on, à commencer par Najat Vallaud-Belkacem. La seule expression légitime serait « études de genre » qui aurait pour avantage de respecter la pluralité des travaux. Mais pour qu’il y ait des études de genre, encore faut-il que ce petit vocable de genre ait été conceptualisé, théorisé. Or, lorsque nous parlons de théorie du genre, nous n’affirmons rien d’autre. Judith Butler se définit elle-même comme théoricienne du genre. Elle a été forgée afin d’affranchir l’identité sexuelle du sexe biologique. Au commencement est la neutralité, en quelque sorte, et seule la machine sociale vous « affecte » à une identité — ce que l’on retrouve dans les manuels.

Il faut bien comprendre que le vocable de « genre » ne sert pas simplement à distinguer le donné naturel et les constructions culturelles, mais à les dissocier. Simone de Beauvoir est restée, aux yeux des promoteurs du genre, comme en retrait par rapport à sa propre intuition. Lorsqu’elle dit « On ne naît pas femme, on le devient », le Genre lui réplique, puisqu’on ne naît pas femme, pourquoi le deviendrait-on ? En l’absence de tout étayage dans la nature, on doit se jouer de toutes les identités sexuées et sexuelles. « Le travesti est notre vérité à tous », dit Judith Butler. Ce petit vocable de genre soutient en outre — et c’est là qu’il est instrument de lutte — que les différences sexuelles sont construites, mais construites par des mâles blancs hétérosexuels donc selon un ordre exclusivement inégalitaire.



Najat Belkacem veut profiter de l'école pour glisser question orientation sexuelle et identité du genre

Voilà le message qui est délivré à la jeunesse. « Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle, ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin », apprennent les lycéens dans le manuel Hachette. Pour aiguiser leur rage, les convertir à la cause de la déconstruction, il convient de les convaincre que ces représentations inégalitaires.

On raille le Pape, parce qu’il ne suffirait pas d’apprendre ces axiomes pour ipso facto aspirer à changer de sexe. Sans doute et la différence des sexes ayant un fondement dans la nature, contrairement à ce que soutient le Genre, tout comme l’hétérosexualité, quand même on cherche à les chasser, elles reviennent au galop, mais l’enfant ou l’adolescent est un être fragile, si on le persuade que tout est construit, alors la tentation est grande de s’essayer à toutes les identités et toutes les sexualités. La question dans les cours de lycées est désormais : « Alors, tu es bi, hétéro, homo ?». Je rapporte dans mon livre des paroles d’adolescents qui nourrissent un véritable sentiment d’infériorité de se sentir « désespérément » hétérosexuels.


Extrait plus long de Najat Belkacem au magazine LGBT Yagg : déconstruire les stéréotypes pour promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes et quelles que soient l'orientation sexuelle ou l'identité de genre...

Le Pape a raison de dire que l’endoctrinement se fait sournoisement, car le Genre avance toujours masqué : c’est au nom de l’égalité, du respect des différences, que s’opère la déconstruction du masculin et du féminin. C’est au chapitre « l’égalité homme-femme », ou plutôt selon l’injonction de Najat Vallaud-Belkacem, « l’égalité femme-homme », que l’élève apprend que le masculin et le féminin sont de pures conventions, et qu’il lui appartient de s’en délier. Le Genre se veut notre nouvel Évangile, il vient nous annoncer la bonne nouvelle que les identités sexuées et sexuelles n’étant que des constructions, elles peuvent être déconstruites. L’enseigner dans les établissements scolaires, c’est fabriquer une armée de soldats de la déconstruction.

FigaroVox — Les propos du pape François sont forts. Il parle notamment de « guerre mondiale pour détruire le mariage » et de « colonisation idéologique » destinée à « changer les mentalités ». Comprenez-vous ces mots historiquement lourds de sens ?

Bérénice Levet. — Ils ont une vérité. Le projet de « changer les mentalités » définit le programme des progressistes depuis la décennie soixante-dix.

Le Genre travaille à disqualifier les représentations du masculin et du féminin qui sont des significations partagées, héritées, et qui cimentent une société. Le Genre est le dernier avatar de cette grande offensive menée contre la civilisation occidentale depuis les années soixante par le structuraliste Michel Foucault ou Jacques Derrida. La filiation est d’ailleurs revendiquée par les adeptes du Genre.

Les formulations du Pape sont sans doute excessives, mais là encore il y a une certaine vérité. Le genre est un militantisme, et la gauche y est acquise ainsi qu’une bonne partie de la droite. En étendant le mariage à des couples de même sexe, la loi Taubira en destituait le sens, qui n’est pas de consacrer l’amour, mais la procréation et la filiation. Et dessinait le cadre pour une reconnaissance de la « filiation » aux homosexuels.

Quant à la colonisation idéologique, les promoteurs du Genre entendent bien investir les esprits à travers le monde, semer le trouble dans le Genre, c’est-à-dire dans les identités sexuées, et défaire le Genre — pour reprendre les titres programmatiques de deux ouvrages de Judith Butler — et bon nombre de pays d’Amérique du Sud se laissent séduire.

FigaroVox — Le souverain Pontife a également déclaré : « La théorie du genre continue à être enseignée, alors que c’est contre les choses naturelles ». Cette évocation d’une nature humaine est-elle devenue un tabou aujourd’hui ?

Bérénice Levet. — En effet. La rébellion contre le donné naturel et le consentement comme fondement de la légitimité définissent le projet moderne. L’homme doit « se rendre comme maître et possesseur de la nature » et les seuls liens légitimes sont ceux que le sujet contracte volontairement. Or, l’identité sexuelle n’est pas choisie par le sujet, elle est donc perçue comme oppressive. Naître, c’est recevoir, recevoir un corps, une histoire, un passé hypertrophie de la volonté. Nous sommes endettés par nature, dit magnifiquement l’anthropologue Marcel Hénaff.

Cette récusation de toute forme de donné naturel nous voue à une abstraction dont Merleau-Ponty nous invitait à méditer les conséquences pour la condition humaine : « Une ontologie qui passe sous silence la Nature s’enferme dans l’incorporel et donne, pour cette raison même, une image fantastique de l’homme, de l’esprit et de l’histoire ».

La nature ne décide pas de tout cependant. « On naît femme et on le devient ».

FigaroVox — Najat Vallaud-Belkacem a réagi au micro de France Inter. Elle s’est dit « peinée » et « très en colère » par ces paroles « légères et infondées ». Elle a précisé qu’il n’y avait pas de « théorie du genre — qui d’ailleurs n’existe pas — dans ces livres ». Que pensez-vous de la réaction du ministre de l’Éducation nationale ?

Bérénice Levet. — Elle sait parfaitement que les postulats du Genre sont enseignés dans les établissements scolaires. Elle aurait même pu se défausser en incriminant un de ses prédécesseurs, Luc Chatel [d'un parti prétendûment de droite]. C’est en effet sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en 2011, que l’enseignement du Genre a été introduit dans les manuels de « Sciences de la Vie et de la Terre » des classes de Premières.


Les spécialistes du déni nous objectent que le Genre n’est pas enseigné à l’école primaire, au collège puisque le mot ne figure nulle part. Peut-être, mais là n’est pas la question, ce qui est bel et bien diffusé, ce sont les postulats du Genre, et pas seulement dans et par les manuels. Les livres lus dès le Primaire, dont les élèves doivent rédiger une fiche de lecture, en sont les émissaires. C’est d’ailleurs, ce qui m’avait conduite à me pencher sur cette question du Genre, lorsqu’en 2012, mon neveu qui était alors en classe de CM1, est rentré de l’école avec pour devoir la rédaction d’une fiche de lecture consacrée à un ouvrage de David Wallians, Le Jour où je me suis déguisé en fille. Cet ouvrage d’une indigence littéraire qui aurait dû suffire à l’écarter d’une institution censée transmettre la langue et l’art d’écrire — mais les lectures scolaires n’ont plus d’autres finalités que de former des indignés et surtout pas des héritiers —, véhiculait un des axiomes majeurs du Genre : l’identité sexuée, le masculin et le féminin ne sont que des conventions, des normes imposées, travaillant précisément à « normaliser » les individus. Le Genre et la gauche s’emploient ainsi à déconstruire, à défaire les représentations, les significations qui cimentent une société. Sans doute le masculin et le féminin sont-ils, en partie, dans la continuité du donné naturel cependant, construits — chaque civilisation compose sa propre partition sur cet invariant —, mais ces représentations constituent un lieu commun au sens littéral, les membres d’une même société s’y retrouvent, elles tissent un lien. Observons que cette même gauche n’a qu’un mot à la bouche « créer du lien social ».

Najat Vallaud-Belkacem invite le Pape à consulter les manuels scolaires, non seulement il vérifiera que l’idéologie du Genre imprègne bien les chapitres consacrés à l’égalité des sexes, mais surtout, lorsqu’il parle de manuels, il entend assurément les programmes scolaires dans leur entier. Bon nombre de professeurs n’ont guère besoin de directives ministérielles pour inscrire à leur programme des ouvrages qui sont les vecteurs de cette idéologie. Les spectacles destinés aux écoles sont également édifiants.


Québec — Analphabétisme fonctionnel et diplomation sont en hausse



Même si le taux de diplomation est en augmentation au Québec, les données sur l’analphabétisme démontrent au contraire que la situation est loin de s’améliorer.

En 2003, 47 % des Québécois étaient considérés comme analphabètes fonctionnels alors que ce chiffre est passé à 53 % en 2013. Au Canada, cette proportion est de 49 %.

Selon Caroline Meunier, du Regroupement des groupes populaires en alphabétisation au Québec, les statistiques sur l’analphabétisme au Québec sont plus révélatrices que le taux de diplomation, puisque ces chiffres indiquent clairement quel est le niveau de compétence d’une population par rapport à l’écrit, au-delà du diplôme obtenu.

Selon Le Journal de Montréal, le ministère de l’Éducation décernerait également des diplômes à des jeunes qui sont analphabètes fonctionnels et qui peinent à lire sans aide.

Ces finissants (élèves de dernière année) ont obtenu un « certificat de formation préparatoire au travail », un programme créé par Québec pour les élèves en difficulté qui a fait son apparition dans les écoles secondaires il y a une dizaine d’années, avec l’arrivée de la réforme scolaire.

Bon an mal an, Québec décerne environ 4500 diplômes de ce genre, que l’on appelle des « qualifications ». Certains, comme le CFPT, sont décernés après 900 heures de stage en milieu de travail, peu importe le niveau scolaire de l’élève. Ces diplômés — dont plusieurs sont analphabètes fonctionnels, comme le Journal de Montréal a pu le constater — sont inclus dans le calcul du taux de diplomation provincial.

Ce constat est d’autant plus troublant que l’analphabétisme est décrit par plusieurs observateurs québécois comme un drame national, qui prend des proportions inquiétantes.


L'éducatrice Tania Longpré n’est pas surprise :

Ça vous surprend ? Pas moi. Lorsqu’on œuvre en éducation depuis près d’une décennie comme c’est mon cas, on sait que le cas de Jonathan Côté figurant dans ce reportage n’est que la pointe de l’iceberg : ils sont des milliers dans la même situation.

Pourtant, les préoccupations des gouvernements sont plutôt du côté du bilinguisme : on s’inquiète que nos jeunes [francophones] ne soient pas assez bilingues, alors qu’environ 50 % des francophones ont des problèmes à lire et à écrire dans leur langue maternelle. C’est une véritable catastrophe nationale.

C’est ce qui m’inquiète le plus dans l’avenir du Québec : le fait qu’on soit obnubilé par la diplomation au point de diplômer tout le monde, sans se soucier des problèmes que les gens auront au cours de leur carrière, s’ils sont en mesure d’en avoir une.

[...]

À quand des programmes de français intensifs ?

Le chiffre fait sourciller. Parmi les Québécois de 16 à 65 ans qui détiennent un diplôme universitaire, 27 % ont des difficultés en lecture et peuvent même être considérés comme analphabètes fonctionnels.

Cette statistique peut s’expliquer par le fait qu’il est possible de « désapprendre » à bien lire au fil des ans, si l’on ne pratique pas régulièrement, explique Paul Bélanger, professeur à l’UQAM et ex-président du Conseil international de l’éducation aux adultes.

« On parle de gens qui sont allés à l’école, parfois assez longtemps, mais qui ont perdu de leurs compétences parce qu’ils n’ont pas pratiqué. La lecture, c’est un peu comme l’espagnol. Si tu suis un cours, mais que tu ne pratiques pas pendant des années, tu ne te rappelleras plus grand-chose. »

On ne parle pas ici de perdre complètement sa capacité à lire, mais plutôt d’être un moins bon lecteur qu’avant, d’avoir plus de difficulté à comprendre des textes complexes ou plus longs. C’est ce qui peut arriver à des gens qui ne lisent pas dans le cadre de leur travail ou dans la vie quotidienne, même s’ils ont un diplôme.

C’est ce qui expliquerait en partie pourquoi le Québec compte une proportion étonnante d’analphabètes fonctionnels même dans les rangs de ses diplômés universitaires. Pensez à un ingénieur qui travaille avec des chiffres à longueur de journée ou à un informaticien qui utilise principalement l’anglais au bureau, par exemple.

Parmi les diplômés de niveau secondaire, 63 % sont considérés analphabètes fonctionnels. Les analphabètes fonctionnels sont capables de lire, mais ils ont de la difficulté à comprendre toutes les informations tirées de textes plus complexes. Ils peuvent lire un article de journal décrivant un fait divers ou un match de hockey, mais ils auront du mal à comprendre toutes les nuances d’un éditorial ou d’une chronique d’opinion, par exemple.

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https://www.erudit.org/revue/haf/1985/v39/n1/304327ar.pdf

Québec — Trois nouveau-nés sur dix ont au moins un parent né à l’étranger

Parmi les 86 800 bébés québécois nés en 2015, trois sur dix ont au moins un parent né à l’extérieur du Canada, une proportion qui s’inscrit dans une tendance à la hausse, écrit l’Institut de la statistique du Québec dans son portrait sociodémographique publié ce matin.

« L’augmentation de 21 % à 30 % observée par rapport à l’année 2000 s’explique surtout par des naissances issues de deux parents nés à l’étranger, dont la part est passée de 13 % à 20 %. Quant à la proportion des nouveau-nés dont un des parents est né à l’étranger et l’autre au Canada, elle se maintient à environ 10 % », peut-on lire.


Les principaux pays de naissance des parents nés à l’étranger sont demeurés pratiquement inchangés au cours des dernières années, est-il encore écrit. « Chez les mères comme chez les pères, les trois principaux pays sont le Maroc, l’Algérie et Haïti. Parmi les autres pays fréquemment déclarés, on retrouve la France, la Chine, le Liban et les États-Unis. La plupart de ceux-ci correspondent également aux principaux pays de naissance des immigrants récents. »


Si, dans l’ensemble du Québec, 30% des nouveau-nés de 2015 ont au moins un parent né à l’extérieur du Canada, cette proportion varie grandement d’une région administrative à l’autre. Deux de celles-ci se distinguent avec des proportions beaucoup plus élevées que dans le reste du Québec. Montréal est, de loin, la région qui affiche la part la plus élevée en 2012 (plus récentes données finales disponibles): presque les deux tiers des bébés ont au moins un parent immigrant. La part de naissances ayant au moins un parent né à l’étranger est aussi particulièrement forte dans la région de Laval, avec une naissance sur deux en 2012.


L'Institut de la statistique du Québec relève une particularité des enfants nés de parents canadiens : ils ne sont pas mariés, alors que c'est diamétralement le contraire pour les couples dont un parent est né à l'étranger : « Lorsqu'au moins un des parents est né à l'étranger, 74 % des bébés sont issus d'un couple marié. Quand la mère et le père sont nés au Canada, cette proportion est d'environ 22 %. »


Rappelons que la fécondité des francophones au Québec est très basse (1,49 enfant par femme en 2006, or la fécondité générale au Québec a constamment baissé depuis lors) et plus particulièrement sur l'île de Montréal (1,1 enfant par femme en 2006).




Pendant longtemps au Québec, les femmes de langue maternelle française ont eu une fécondité assez élevée, supérieure à celle des femmes de langue anglaise ou autre. À la fin des années 1950, on comptait encore plus de quatre enfants par femme en moyenne chez les francophones. (Ce chiffre avait baissé dans les années trente pour atteindre plus près de trois enfants en moyenne.) Leur fécondité a cependant connu une importante diminution durant les décennies 1960 à 1980, plus marquée que celle affichée par les autres groupes linguistiques durant cette période (Lachapelle, 1988; Corbeil et autres, 2010). Depuis, les femmes de langue maternelle française affichent une fécondité semblable à celle des femmes de langue anglaise. Celle-ci se caractérise par des indices très faibles, largement en deçà du seuil de remplacement des générations qui est de l’ordre de 2,1 enfants par femme dans les populations où la mortalité est très faible de la naissance aux âges de fécondité.

Si les femmes de langue maternelle autre que le français, l'anglais et les langues autochtones (les « immigrantes ») ont un taux de fécondité inférieure à celle des femmes de langue autochtone (environ 3 enfants par femme), elle dépasse celle des francophones et des anglophones dans des proportions variant de 10% à 30% selon la période. En 2001-2006, leur indice de fécondité s’établit à 1,8 enfant par femme. Il importe toutefois de préciser qu’on retrouve une grande diversité dans les comportements de fécondité chez les femmes allophones. En témoigne la figure ci-dessous, qui compare sept langues ou groupes. La fécondité des femmes de langue maternelle autochtone telle que mesurée ici est probablement légèrement sous-estimée. En effet, l’ajustement visant à redresser le nombre d’enfants afin de tenir compte de la mortalité en bas âge a été fait de manière uniforme pour tous les groupes linguistiques, à l’aide d’un facteur correspondant à la mortalité moyenne des enfants au Québec. Le compte d’enfants du groupe de langue maternelle autochtone aurait été un peu plus important si un facteur d’ajustement reflétant la mortalité plus élevée de ce groupe avait été appliqué.


On y voit que les femmes ayant l’arabe comme langue maternelle affichent une fécondité autour de 2,5 enfants par femme. Outre ces dernières, seules les femmes de langue indo-iranienne ont maintenu une fécondité supérieure à 2 enfants en 2001-2006. Les femmes ayant une langue créole ou l’espagnol comme langue maternelle avaient un indice d’un peu plus de 2 enfants par femme au cours des périodes 1991-1996 et 1996-2001, mais il est descendu sous ce seuil en 2001-2006. Les femmes appartenant aux trois catégories linguistiques situées à droite de la figure ci-dessus ont, quant à elles, une fécondité inférieure à celle des francophones et des anglophones. Ces catégories regroupent les femmes dont la langue maternelle est une langue chinoise, une langue slave (principalement le russe et le polonais) ou une langue latine différente de l’espagnol (italien, roumain et portugais).

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Pape condamne les écoles qui enseignent qu'on peut choisir de devenir homme ou femme

Au retour de son voyage en Géorgie et en Azerbaïdjan, le pape François a dénoncé la « colonisation idéologique » de la « théorie du genre », précisant aux journalistes ce qu’il avait voulu dire, samedi, en parlant de « guerre mondiale contre le mariage » :

« Ce que j’ai critiqué, est le mal qu’il y a dans le fait d’ériger la théorie du genre en doctrine. Un papa français m’a raconté qu’un soir, en famille […]. Il demande à son fils de 10 ans : “que veux-tu faire quand tu seras grand ?”  “Être une fille !”, lui répond son fils. »

Le père s’était alors rendu compte que dans les livres du collège (selon certaines sources), on enseignait la théorie du genre. Ceci est contre les choses naturelles ! Pour une personne, une chose est d’avoir cette tendance, cette option, et même de changer de sexe, autre chose est de faire l’enseignement dans les écoles sur cette ligne, pour changer la mentalité. C’est cela que j’appelle la colonisation idéologique. »




Évidemment, la ministre socialiste Nadjat Belkacem a nié que l’école de « la République » enseigne la théorie du genre. France 2 s’est même fendu avec diligence d’un reportage qu’on n’enseigne pas la théorie du genre au collège (12-15 ans) mais qu’en Sciences de la vie et de la terre (SVT) on abordait le sujet des inégalités et de l’identité sexuelles en première (16-17 ans). Il semble que cette insistance sur le collège ne soit qu’un effet de la traduction (un colegio en espagnol, c’est toute école secondaire, y compris le lycée... En Italie, on parle de liceo pour tout le secondaire.) L’ennui pour France 2, c’est qu’il n’y a pas que SVT où l’on aborde la question du genre...

Le programme de seconde en Sciences économiques et sociales, daté d’avril 2010, prévoit un chapitre intitulé : « Comment devenons-nous des acteurs sociaux ? »

Les indications à l’usage du professeur mentionnent : « On montrera que la famille et l’école jouent chacune un rôle spécifique dans le processus de socialisation des jeunes. On prendra en compte le caractère différencié de ce processus en fonction du genre et du milieu social. »

Lorsqu’on découvre le traitement de ce chapitre par les livres Hachette (éd. 2014), Magnard (2010) , Nathan et Hatier (éd. 2014), on se trouve devant une orientation qui épouse la théorie du genre. Le chapitre intitulé « On ne naît pas femme, on le devient », du manuel Magnard, donne déjà la réponse avant d’avoir posé la question ! L’objectif de ce manuel est de « montrer que les rôles sociaux sont construits ».


Hachette : chacun s’évertue à inculquer le genre des jeunes enfants (les méchants !)

Quant au cahier d’activités Magnard, il pose la question : « Nait-on fille ou garçon ? » Pour instiller un doute ?


Évidemment, les parents (et même les enseignants pour Hatier) sont présentés comme les responsables de la socialisation différenciée des garçons et des filles, puisqu’on prétend dans ces manuels que l’identité sexuelle ne relève pas de la nature. On peut vraiment se demander en quoi c’est une mission de l’État de changer les stéréotypes culturels que les parents perpétueraient ?


Notons au passage, la grande sélectivité des manuels. C’est qu’ainsi que le manuel d’Hachette après avoir montré que les hommes ne participent pas aux tâches ménagères « équitablement » (les coupables !) reproduit un article du Monde qui affirme que « l’homme qui fait le ménage est plus heureux que les autres » car il se sentirait moins coupable... Le manuel ne mentionne pas une autre étude selon laquelle Plus un homme participe aux tâches ménagères, plus il y a risque de divorce...

Hachette : Culpabilisons, puis offrons une étude en omettant d’autres

De même, les manuels ne proposent qu’une cause possible pour les choix professionnels des filles et des garçons : ils sont les objets de vils stéréotypes intériorisés. Voir le manuel Magnard ci-dessous. Jamais on n’évoque la possibilité que ces choix soient rationnels et liés en partie au moins à la maternité et à la nature des filles. Rappelons à ce sujet que c’est dans les pays les moins progressistes envers les droits des femmes que les filles choisissent le plus les carrières techniques (genrées masculines en France) ! Et cela sans cours pour lutter contre les « stéréotypes genrés ».



Notons enfin que le Québec s’apprête très officiellement à faire de même (pour le bien de vos enfants bien évidemment)... Le programme semble vouloir permettre l’« exploration de nouvelles valeurs et normes en matière de sexualité, au-delà de celles de la famille » :


Les parents sont évacués ! Les normes à explorer vont au-delà des normes familiales... Depuis quand l’État doit-il s’arroger ce rôle ?

Le programme du Monopole se lamente également que les jeunes qui sont ouverts et « flexibles » au niveau de l’identité sexuelle sont ramenés par la pression sociale « grandissante » à des rôles et identités stéréotypées « traditionnels » et « nuisibles » (voir ci-dessous). Tout ceci ressemble très fort à des jugements de valeur en fonction d’une certaine conception de l’homme, à de l’idéologie. La lecture du programme gouvernemental donne parfois l’impression de lire un programme concocté par des officines militantes...