mercredi 9 novembre 2011

Corée du Sud — les garderies en anglais sont du gaspillage et néfastes au développement de votre enfant

Réaction en chaîne. La concurrence pour les bonnes places à l'université
se fait sentir jusqu'en garderie...
Les parents en Corée du Sud qui inscrivent leurs enfants dans des garderies privées qui enseignent l’anglais gaspilleraient leur argent et pourraient par là ralentir le développement éducatif de leurs enfants.

C'est le message qu'un groupe de pression en éducation, Monde sans souci au sujet de l'enseignement privé, tente de faire passer dans une société où la pression concur­rentielle pour réussir aux examens a créé une industrie des cours particuliers et une augmentation du nombre de garderies préscolaires qui offrent des cours d’anglais.

Un monde sans souci a distribué 200.000 exemplaires de leur dernière brochure « Quel gaspillage – l’éducation privée en anglais » dans l’espoir de convaincre les parents que leurs enfants sont susceptibles d'acquérir plus d'anglais s'ils commencent à l’apprendre plus tard. Le fascicule de 36 pages présente 12 mythes liés à un apprentissage précoce de l'anglais. La brochure comprend des contributions de spécialistes de l'éducation, de journalistes et de parents.

Des recherches effectuées en 2009 indiquent que les Sud-Coréens dépensent plus de 18 milliards de dollars annuellement sur l'enseignement privé, principalement dans des hagwons (학원), des écoles de bachotage ou de bourrage de crâne selon l’opinion que l’on s’en fait. Le gouvernement estime qu'il existe 95 000 hagwons dans le pays et jusqu'à 84 000 tuteurs privés. Les hagwons ouvrent leurs portes à la fin de la journée scolaire et les enfants s’y retrouvent en classe jusque tard dans la nuit.

Selon Kim Seung-Hyun, directeur des politiques de Monde sans souci, la demande pour ces cours privés du soir a comme cause la peur des parents qui craignent que leur enfant ne puisse pas obtenir une des rares places dans les meilleures universités du pays. Mais, selon M. Kim, les parents sont mal informés sur la valeur de ces écoles de bachotage.

« Nous pensons de ces cours du soir sont inutiles et mêmes parfois dangereux pour les enfants », déclare M. Kim. « Nous essayons de rassurer les parents et de leur épargner de l’argent et des efforts. C’est pourquoi nous avons publié notre fascicule. »
 Kim Seung-Hyun

Le message principal de la brochure consiste à dire que les très jeunes enfants font peu de progrès en anglais dans les garderies où on leur parle en anglais. « Un professeur qui a enseigné dans des hagwons à des enfants d'âge préscolaire pendant 10 ans nous a dit qu’un enfant qui apprend l’anglais à partir de huit ou neuf ans apprend en six mois ce qu'un enfant qui a suivi des cours d’anglais à partir de cinq ans a appris en deux ans», d’affirmer M. Kim Seung-Hyun.

Monde sans souci recommande que les enfants commencent à apprendre l’anglais à 10 ans quand les élèves maîtrisent mieux leur langue maternelle, font montre de plus de compétences cognitives et ont plus envie d’apprendre. Monde sans souci ne semble pas se pencher sur l’importance croissante du chinois dans la région et sur la raison pour laquelle l’anglais monopolise encore l’apprentissage des langues étrangères.

M. Kim déclare également que les études qui ont comparé le développement des enfants dans les garderies de langue anglaise à celui de leurs homologues inscrit dans des établissements préscolaires qui évitent l’utilisation d'une langue étrangère sont favorables à un apprentissage plus tardif.

« Les résultats démontrent que les enfants qui vont aux jardins d'enfants normaux ont de meilleurs résultats dans les tests de langue et de créativité. La quantité de temps et d'énergie que les jeunes enfants consacrent à l'anglais est néfaste à leur développement de compétences essentielles. »

On évalue que les parents coréens dépensent jusqu’à 1000 $ par mois en frais d’inscription dans les hagwons. Certains observateurs sont inquiets de la ponction que cela représente sur le budget familial.

Le taux de natalité en Corée du Sud de 1,19 enfant par femme, l'un des plus faibles parmi les pays industrialisés. Le gouvernement a tenté de freiner les dépenses qu’occasionnent ces hagwons depuis 2008 quand il a instauré un couvre-feu et une réglementation concernant les hagwons plus stricte, mais Kim affirme que ces mesures sont peu susceptibles de changer les comportements.

« Le rôle du gouvernement devrait être de changer l'environnement concurrentiel, et non pas d'essayer de changer l’attitude des parents. »

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