vendredi 11 janvier 2013

Pédophilie — Autre scandale dissimulé par la hiérarchie ?

Mise à jour 11 janvier 2013 — Un rapport d'enquête a dressé vendredi un catalogue accablant des abus sexuels commis en toute impunité pendant plus de 50 ans par l'ex-animateur vedette de la BBC Jimmy Savile aux dépens de victimes âgées de 8 à 47 ans, tandis que la justice a présenté ses excuses.

Jimmy Savile, décédé en 2011 à 84 ans, était un « prédateur sexuel » qui a profité de son statut de vedette pour commettre 214 « actes criminels », dont 34 viols, entre 1955 et 2009, indique le rapport de la police et des services de protection de l'enfance à l'issue d'une enquête de trois mois sur ce retentissant scandale.

L'ancien présentateur vedette des années 1970-80 au style excentrique, qui présentait une émission pour enfants et était impliqué dans de nombreuses œuvres caritatives, a sévi dans sa ville natale de Leeds et à Londres, dans des locaux de la BBC, dans des écoles, dans treize hôpitaux et dans un foyer pour jeunes, selon ce rapport accablant publié en ce jour.

La plus jeune victime connue est un garçon de huit ans à l'époque, mais plus de 80 % des victimes étaient des jeunes filles âgées de 13 à 16 ans.

Ces crimes étaient majoritairement « des agressions sexuelles commises quand l'occasion se présentait », mais certaines avaient été « préméditées », selon le document.

L'impunité dont Jimmy Savile a bénéficié de son vivant a donné lieu à des excuses de la part du Parquet, qui a publié vendredi un rapport sur les raisons ayant mené à la décision de renoncer à des poursuites en 2009 malgré des plaintes reçues par la police du Surrey (sud de l'Angleterre).

« Je voudrais saisir cette occasion pour présenter mes excuses pour les manquements du Parquet », a déclaré le Directeur des poursuites publiques (DPP), Keir Starmer, espérant que l'affaire « marquera un tournant décisif ».

Alison Levitt, conseiller juridique du DPP, a estimé que « si la police et les services avaient adopté une approche différente, des poursuites auraient pu avoir lieu concernant trois victimes », jugeant que leurs plaintes avaient été traitées «avec une circonspection qui n'était ni justifiée ni appropriée».

Pour Peter Watt, le directeur de l'agence britannique pour la protection de l'enfance, coauteur du rapport, l'étendue des abus « dépasse l'entendement ». Il a qualifié Jimmy Savile de «l'un des prédateurs sexuels les plus actifs que nous ayons jamais connu».

« Il est clair que Savile a sournoisement bâti toute sa vie professionnelle de manière à avoir accès à des enfants sans défense afin de commettre ses abus », a-t-il dit.

Comme on le verra ci-dessous, l'employeur de Jimmy Savile, la BBC, avait auparavant enterré un reportage qui jetait une lumière crue sur les agissements de son ancien présentateur. Il avait fallu attendre un reportage de son concurrent pour que le scandale éclate publiquement.

Mise à jour 24 octobre 2012 — Après avoir lancé deux enquêtes internes pour faire la lumière sur les faits, il estime n'avoir « pas encore assez d'informations pour dire à quel point c'était endémique ». George Entwistle, qui a semblé se réfugier derrière les investigations en cours, a été accusé par plusieurs élus d'avoir manqué de curiosité pour la vie interne du groupe qu'il dirige. Les têtes ont déjà commencé à tomber dans ce scandale.Lundi, Peter Rippon, rédacteur en chef du prestigieux magazine d'information Newsnight, a été suspendu pour avoir justifié de façon erronée sa décision de ne pas diffuser une enquête consacrée aux agissements de Savile, un mois après sa mort il y a un an. [...]

Un climat de «guerre civile» règne à la BBC depuis la révélation de cette affaire. Le groupe est sur la sellette pour avoir laissé sans sourciller son animateur abuser de quelque 200 victimes supposées pendant plus de cinquante ans.  [...]

Selon une avocate des victimes de Jimmy Savile, « il existe de sérieuses accusations qu'un réseau pédophile opérait à la BBC ». Le premier ministre David Cameron a jugé « préoccupant que la BBC ait changé sa version des faits ». John Wittingdale, député membre de la commission de la culture et des médias, estime que «la gestion par la BBC a été lamentable». (Le Figaro)

13 octobre 2012 — Il ne s'agit ni de la hiérarchie d'une célèbre équipe junior de football américain, ni de la hiérarchie scolaire d'une école laïque, ni de Scouts Canada pour des actes commis par des animateurs laïcs, ni des Scouts laïcs américains,  mais de la vénérée BBC.

En effet, le fantasque Jimmy Savile, monument du patrimoine télévisuel britannique adulé par des générations de jeunes dans les années 60-90, est frappé de disgrâce un an après sa mort, accusé d'abus sexuels sur mineures qui éclaboussent la BBC soupçonnée d'avoir fermé l'œil sur ses agissements.

Le scandale a éclaté après la diffusion début octobre sur la chaîne ITV d'un documentaire où cinq femmes affirment avoir été agressées sexuellement par Jimmy Savile alors qu'elles étaient mineures. Les faits auraient été commis dans les locaux de la BBC, dans la Rolls Royce de la star et dans une école notamment, selon les témoignages qui semblent avoir délié les langues.

Sir Jimmy Savile à l'époque de Top of the Pops
Scotland Yard, qui a qualifié Jimmy Savile de « délinquant prédateur sexuel », a annoncé mardi avoir enregistré huit plaintes, dont deux pour viol, courant sur quatre décennies à compter de 1959. La police évalue le nombre de victimes entre « 20 et 25 », précisant que les faits allégués visent « principalement des jeunes filles adolescentes, donc entre 13 et 16 ans ».

Les derniers témoignages recueillis par la presse indiquent que Jimmy Savile aurait aussi agressé sexuellement de jeunes patientes dans des hôpitaux pour lesquels il collectait des fonds.

Ces révélations, un an après sa mort à l'âge de 84 ans, ont provoqué une véritable onde de choc au Royaume-Uni où l'animateur, reconnaissable à ses cheveux platine dans le cou, ses tenues loufoques et son cigare, avait acquis le statut de vedette.

À l'origine de son extraordinaire popularité, deux émissions de télévision: « Jim'll Fix It », où il a permis à des centaines de gamins de réaliser leurs rêves d'enfants (manger des biscuits en forme d'éléphants, voir un renne en vrai, etc.); et « Top Of The Pops », où des chanteurs à la mode venaient se produire sur le plateau, provoquant l'hystérie des ados.

Jimmy Savile était aussi très respecté pour son engagement caritatif, qui avait permis de récolter quelque 50 millions d'euros et lui avait valu d'être anobli par la reine Elizabeth II et décoré par le pape Jean-Paul II.

Mais en quelques jours, le "trésor national" vient de tomber de son piédestal.

Abasourdies par les accusations, plusieurs villes ont fait dévisser des plaques érigées à son nom. Son imposante pierre tombale avec l'épitaphe jugée désormais provocante — « C'était bien le temps que ça a duré » — a été démontée à la demande de sa famille et réduite en morceaux.

Témoignant du profond émoi au Royaume-Uni, le Premier ministre britannique David Cameron a qualifié les accusations visant Jimmy Savile de "totalement consternantes". Il a aussi exigé des explications de la part de la BBC, mise en cause par plusieurs employés dans cette affaire. Les agissements présumés de Jimmy Savile étaient « un secret de polichinelle », a affirmé la semaine dernière Liz Kershaw, ancienne animatrice de Radio 1, où la star avait aussi une émission. Il était "considéré comme une divinité", se rappelle Esther Rantzen, journaliste à la BBC.

Les faits reprochés à l'ancienne vedette remontent à une période, les années 60 et 70 notamment, où les « comportements scabreux étaient monnaie courante et acceptés dans le monde de la musique », souligne le Daily Telegraph.

« Cela ne peut en rien excuser » les agissements présumés de Jimmy Savile, a insisté la BBC, extrêmement embarrassée par ces "allégations horribles".

Pour la BBC,  il s'agit d'un désastre à grande échelle.

D'une part, le scandale n'a fait surface cette année qu'en raison d'un documentaire diffusé sur la chaîne de télévision ITV rivale de la BBC. Dans ce documentaire au moins 10 femmes disent avoir été agressées sexuellement par Savile, certaines de ces agressions ont lieu dans les bâtiments BBC.

Le reportage Exposure d'ITV

Il est apparu plus tard que le programme d'enquêtes de la BBC, Newsnight, avait enquêté sur des allégations de mauvais traitements infligés par Saville l'année précédente, mais que la diffusion de ce reportage avait été annulée, parce que celui-ci n'aurait pas respecté les normes éditoriales de la BBC. Beaucoup de gens pensent que l'association de Savile avec la BBC a mené la vénérée maison britannique à laisser tomber l'histoire, malgré les dénégations des producteurs de l'émission.

D'autres soutiennent l'idée d'une dissimulation. Un ancien producteur de la BBC a déclaré au journal britannique The Sun qu'il avait confronté Savile pour l'accuser d'abuser d'une jeune fille qui avait l'air « très, très jeune » dans les années 1970. Quand il a rapporté cet incident à ses supérieurs, ils auraient haussé les épaules. « Tout le monde savait ce qui se passait. Y compris les Cela comprenait les cadres de la BBC — ainsi que la direction aux plus hauts niveaux ».

Le scandale n'est d'ailleurs pas limité à Savile, et il est l'occasion de se pencher plus profondément sur la culture sexuelle de l'organisation dans les années 1960 et 70. John Peel, un DJ de radio de la BBC, récemment décédé était l'une des personnes les plus vénérées de l'histoire de la musique britannique. Il a également été accusé à titre posthume d'engrosser une jeune fille de 14 ans dans les années 1960. The Guardian rapporte que le cas de Peel fait actuellement l'objet d'une enquête. Si les accusations étaient avérées, la BBC a affirmé qu'elle reverrait son intention de nommer Peel un de ses bâtiments.

Pour tenter de calmer le jeu, le groupe audiovisuel d'État a, fait rarissime, présenté ses excuses aux victimes présumées, et promis une enquête interne, une fois que la police aura fini de se pencher sur l'affaire.

Source 

Voir aussi

Complicité de la hiérarchie de l'institution pour dissimuler de nombreux cas de pédophilie

États-Unis — Pédophilie dans une école primaire

Canada — La pédophilie : une orientation sexuelle comme l'hétérosexualité pour des experts

Scouts Canada s'excuse des cas de pédophilie qui auraient pu survenir

Pédophilie dans l'enseignement

États-Unis — pédophilie et sévices sexuels dans les écoles américaines

École laïque et républicaine — Enseignants pédophiles, on n'en parle que depuis récemment

Deux poids, deux mesures ? (artistes pédophiles excusés par des journaleux)

Mark Steyn: Penn State's institutional wickedness (avec des détails scandaleux)




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Pour le ministre de l'Éducation français, le socialisme est une religion

Vincent Peillon en verve
Le nouveau ministre socialiste de l'Éducation français, Vincent Peillon, est docteur en philosophie pour qui « la Révolution française n’est pas terminée », parce que cette Révolution est « un évènement religieux », une « nouvelle genèse »  un « nouveau commencement du monde », une « nouvelle espérance » qu’il faut porter à son terme, à savoir : « la transformation socialiste et progressiste de la société tout entière ».

L’éducation a un rôle capital dans son système idéologique, car l’école est « un instrument de l’action politique, républicaine et socialiste ».  Plus encore, l’école est un instrument de la religion laïque dont il se fait le prophète :
« c’est au socialisme qu’il va revenir d’incarner la révolution religieuse dont l’humanité a besoin » [1].
Et évidemment, l’école sera le temple de cette nouvelle religion :

« c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle Église, avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la Loi » [2].
On comprend alors dans le détail les grands thèmes qu’il impose à l’éducation nationale :

— La scolarisation précoce des enfants,

des enfants de moins de trois ans annoncée le 10 septembre par le premier Ministre Jean-Marc Ayrault dans le but, selon lui, de « lutter contre la délinquance », mais qui correspond en tous points à l’idée  de coupure totale de l’enfant d’avec autre chose que la République socialiste :
« Il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel… »[3].
Pour Peillon,  il y a un « infini flottant dans l’âme de l’enfant », et l’éducation « se fixe pour tâche de lui donner une forme »[4]. Éducation qui sera assurée par l'État.

— La morale laïque

À la lecture des déclarations et des écrits des socialistes au gouvernement en France, le but de la morale laïque, c’est de former de futurs électeurs socialistes qui acceptent comme vérité d'évangile la théorie du genre, l’enseignement des « grands homosexuels de l’histoire », la lutte contre les discriminations et l’imposition d’une morale non pas seulement laïque, mais au moins a-religieuse, voire anti-religieuse.

La morale laïque correspond en tous points à la ligne Buisson de la laïcité que Peillon s’est tracée – en référence à Ferdinand Buisson, l’acteur de premier plan de l’expulsion des congrégations religieuses, auquel Peillon a consacré un ouvrage en 2005. Cette ligne Buisson de la laïcité, c’est « de forger une religion qui soit non seulement, plus religieuse que le catholicisme dominant, mais qui ait davantage de force, de séduction, de persuasion et d’adhésion, que lui. ». Aussi, si « la République socialiste perdure dans la mort de Dieu », elle perdure également dans la mort de son incarnation terrestre, l’Église…

— La fronde contre l’enseignement catholique

Peillon commence à s’attaquer aux retraites des enseignants du privé (déjà dévalorisée de quasiment 30 % par rapport à celles du public), puis à produire une circulaire (en fait une bulle pontificale)  qui enjoint les recteurs « à rester vigilant envers l’enseignement catholique » parce que ce dernier s’était prononcé contre le mariage homosexuel. « Rester vigilant envers l’enseignement catholique » veut dire, dans son système, qu’aucune idée philosophique, morale ou religieuse ne peut se transmettre en dehors des cadres dogmatiques de la République socialiste.

Dans sa lettre du 4 janvier adressée aux recteurs, Vincent Peillon affirme sa volonté de révolutionner la société en se servant de l’école : « le gouvernement s’est engagé à s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités, notamment par le biais d’une éducation au respect de la diversité des orientations sexuelles », affirme-t-il en début de lettre. On remarque les termes : « s’appuyer sur la jeunesse » pour « changer les mentalités ». Qui ? Le gouvernement.

Le professeur Philippe Nemo s'est également insurgé contre la morale que veut imposer le ministre Peillon :


« Je n’enverrai certainement pas mes enfants, petits-enfants aux cours de morale laïque de M. Vincent Peillon… M. Vincent Peillon est un philosophe donc vous savez il appartient à la corporation et il a des idées, ce qui est tout à fait légitime, et il a écrit un livre qui s’appelle La Révolution française n’est pas terminée et alors si vous avez une minute je vais quand même vous dire ce qu’il dit hein, la Révolution française elle n’est pas terminée donc il faut la terminer, donc maintenant qu’il est ministre j’imagine qu’il va essayer de la terminer et il nous dit ce que c’est que la Révolution française :
« C’est l’irruption dans le temps de quelque chose qui n’appartient pas au temps c’est un commencement absolu c’est la présence et l’incarnation d’un sens, d’une régénération et d’une expiation du peuple français — et donc il a de cet évènement une vision religieuse et il le dit en toutes lettres — 1789 l’année sans pareille est celle de l’engendrement par un brusque saut de l’histoire d’un homme nouveau et la Révolution est un évènement métahistorique, un évènement métapolitique c’est-à-dire un évènement religieux et la Révolution implique l’oubli total de ce qui précède la Révolution et donc l’école a un rôle fondamental puisque l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines – c’est écrit en toutes lettres – pour l’élever jusqu’à devenir citoyen et c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle église, dit-il, — c’est la thèse de la Franc-Maçonnerie ! —, cette nouvelle église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la loi. »
Alors je dis M. Peillon est un ignorant, bien qu’il soit agrégé de philosophie, parce qu’il fait comme s’il n’y avait pas de morale avant 1789 et comme s’il fallait dépouiller les enfants de France de tout ce qui a précédé 1789. »


Comme le disait Éric Zemmour ci-dessous : « La gauche d’aujourd’hui n’a plus ces pudeurs, elle juge qu’elle ne fait pas de politique elle dit seulement le bien, elle n’endoctrine pas elle prêche, cela ne ne s’appelle pas du bourrage de crânes, mais le progrès, elle n’enfreint pas les principes de neutralité elle fait la morale, elle a repris les méthodes de l’Église pour mieux la remplacer. »






Sources

Vincent Peillon par lui-même :




[1] La Révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 195

[2] La Révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 18

[3] Entretien au Journal du dimanche, 2 septembre 2012

[4] La Révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 194


Sylviane Agacinski : « L’égalité n’est pas l’identité »

Opinion de la philosophe française de gauche, Sylviane Agacinski, épouse de l'ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin : 

« Deux personnes se mariaient en raison de leur volonté de lier leurs familles et de procréer. En ce domaine, les deux sexes ne sont pas interchangeables. L’égalité n’est pas l’identité… Le mariage [homosexuel] ne peut pas construire la filiation, et il faut dissocier les deux. »

« La différence sexuelle, ou asymétrie, reste fondamentale dans la construction de la filiation. L’adoption elle-même garde une structure asymétrique, avec deux parents possibles, non identiques – père et mère. Sinon, pourquoi deux, plutôt que trois ou plus ? »

« Être père ou mère dépend du sexe, non de l’orientation sexuelle… »

« En excluant a priori de la filiation soit le père, soit la mère, l’homoparentalité créerait une inégalité institutionnelle entre les enfants. »

« Bien des enfants nés de dons anonymes de sperme veulent connaître leur histoire et se révoltent contre le secret organisé de leur naissance. Ce problème serait aggravé, pour les enfants nés de l’insémination d’une lesbienne, par l’effacement complet du père. De plus, si des couples d’hommes demandaient également l’accès à la PMA [procréation médicalement assistée], le recours aux mères porteuses s’imposerait. Or cette pratique est inacceptable… »

« Ne méprisons pas ces questions au nom d’une bonne conscience soi-disant progressiste et forcément de gauche. Ne courons pas derrière le système californien de fabrication d’enfants à la demande selon une tarification précise. Un discours ultralibéral et cynique prétend que tout se vend dans le monde, y compris les ventres et les enfants. Ce n’est pas ma conception du socialisme. »

Sylviane Agacinski

Le Nouvel Observateur 10/1/2013 (extraits)




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Dérive théocratique de l'État détenteur de la vérité à inculquer à la jeunesse

Lettre ouverte d'Anne Coffinier, directrice générale de la Fondation pour l'école, publiée dans Les Échos. On remarquera que le gouvernement québécois fait exactement la même chose (voir aussi ici) qu'en France, mais que les médias sont unanimes pour le soutenir, des syndicats soutiennent ces dérives et les grands partis politiques acquiescent ou se taisent sur le sujet. Et cela dans une province qui prétend valoriser la diversité et le débat.

Dans sa lettre du 4 janvier adressée aux recteurs, Vincent Peillon affirme sa volonté de révolutionner la société en se servant de l’école : "le gouvernement s’est engagé à s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités, notamment par le biais d’une éducation au respect de la diversité des orientations sexuelles", affirme-t-il en début de lettre. On remarque les termes : "s’appuyer sur la jeunesse" pour "changer les mentalités". Qui ? Le gouvernement.

En réalité, c’est donc lui qui choisit les orientations politiques et morales qui doivent prévaloir dans la société. Ce n’est plus la famille, l’école et la société adulte qui éduquent la jeunesse. Contrairement à la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948, c’est donc désormais l’État en France qui se pose en seul détenteur de la vérité. On assiste à une dérive théocratique de l’État républicain actuel. Et cette jeunesse, qui, par définition, ne possède pas encore les repères lui permettant de poser des choix par elle-même, il la mobilise dans le sens qu’il juge bon, selon le schéma de la révolution culturelle.

La position de Vincent Peillon est vraiment choquante. Lorsqu’il s’appuie sur la jeunesse comme moteur révolutionnaire, renouant avec l’esprit de 1968, le gouvernement sort à l’évidence de son rôle : il instrumentalise la jeunesse à des fins politiques, pour changer les représentations sexuelles et morales dominantes. Ce faisant, il change les règles du jeu au sein de l’École publique en abandonnant ostensiblement l’exigence de neutralité.

L’État sort également de son devoir de neutralité et de respect des droits éducatifs familiaux et de l’intimité des enfants lorsque le ministre demande aux recteurs de renforcer les campagnes d’information sur la ligne azur. Ainsi, contrairement à ce qui est affiché, il ne s’agit plus de lutter contre des stigmatisations homophobes en tant que telles, il s’agit bien plutôt d’inciter activement les jeunes en recherche d’identité (comme le sont par construction tous les adolescents) à explorer pour eux-mêmes la voie de l’homosexualité ou de la transsexualité.

De même, lorsque le ministre encourage les recteurs à faire intervenir davantage les associations de lutte contre l’homophobie, il encourage en pratique l’ingérence dans l’enceinte de l’école d’associations partisanes engagées dans la banalisation et la promotion des orientations sexuelles minoritaires, si l’on se réfère à la liste des associations agréées par l’Éducation nationale pour intervenir sur ces thématiques dans les établissements. Il favorise donc des prises de paroles unilatérales auprès des jeunes, sur un sujet qui n’a pas encore été tranché par le législateur. [Note du carnet : et même si la législature socialiste tranchait, pourquoi cela devrait-il se faire ? Elle est élue par un système électoral verrouillé qui favorise deux partis institutionnels et amplifie leur victoire.]

Tout cela relève-t-il vraiment du rôle de l’État ? Est-ce davantage le rôle de l’école ? Est-ce judicieux si l’on veut que les familles aient une relation confiante et paisible envers l’institution scolaire ? Si l’État se donne pour mission de promouvoir l’homosexualité, il prend la grave responsabilité de discriminer frontalement les familles attachées au modèle familial qui est celui que vit la grande majorité des Français, et de heurter les convictions de tous ceux, juifs, chrétiens, musulmans et bien d’autres, qui jugent que ce modèle est la seule référence conforme à la réalité naturelle et par là au bien de l’enfant.

Une telle politique de l’État alimentera infailliblement le communautarisme déjà à l’œuvre dans la société. Si l’État n’est pas neutre, s’il se sert de son pouvoir pour promouvoir au sein des services publics des options philosophiques, morales, sexuelles, religieuses particulières et nettement minoritaires, il conduira mécaniquement un nombre croissant de familles à déserter les services publics. Lorsque l’État refuse la neutralité, il prend la responsabilité d’alimenter une balkanisation politique, religieuse et morale de la société lourde de conséquences.

L’école, publique comme privée, doit se recentrer sur sa mission propre et se garder de vouloir traiter à chaud les sujets polémiques. En histoire comme dans les autres domaines de la connaissance, l’école ne doit pas se précipiter dans l’ultraactualité, au risque de manquer de rigueur, de recul critique, de discernement. Il ne convient pas davantage que l’école [publique?] conduise les jeunes – inconsciemment ou pas – à se prononcer publiquement sur leurs choix et opinions personnelles sur des sujets touchant aux convictions intimes (religion, politique, sexualité, etc.).

Ces prises de position n’ont pas de fonction éducative ; elles peuvent en revanche conduire les jeunes à révéler les opinions familiales, s’exposer eux-mêmes au jugement de leurs camarades ou de leurs professeurs, au mépris de leur droit à l’intimité et de leur liberté d’opinion, de conscience et de religion. À quoi bon voter dans l’isoloir si l’école trouve le moyen par le biais de vos enfants de connaître vos opinions politiques ?

Durant la période soviétique, comme durant d’autres périodes totalitaires, il était habituel de se servir des enfants pour démasquer et sanctionner les opinions dissidentes des parents. C’était l’époque de la délation par ses propres enfants. Revenir à de telles pratiques inhumaines et profondément immorales serait une grave régression de l’État de droit.

Non content enfin de mettre au pas les écoles publiques, le gouvernement entend aussi museler les écoles privées en bafouant clairement leur caractère propre. Il est évident que les écoles dont le projet éducatif et l’identité sont fondés sur la foi seront opposées à la légalisation du mariage homosexuel. Leur demander d’être neutres sur ce sujet n’a aucun sens, si ce n’est celui de leur faire renier purement et simplement leur vocation spécifique.

"Le caractère propre de ses établissements ne saurait leur permettre de déroger au strict respect de tous les individus et de leurs convictions", affirme le ministre. La formulation dialectique est habile, car qui peut s’opposer au respect des individus et de leurs convictions ? Mais elle est doublement défectueuse. Philosophiquement, car elle passe par pertes et profits la différence fondamentale qui existe entre la critique d’une position politique ou morale et celle d’une personne. On respecte les personnes, on débat librement des idées. S’il fallait respecter toutes les opinions sans discuter, cela voudrait dire qu’il serait interdit d’étudier le fond des problèmes.

Mais bien entendu, la réalité est autre : il s’agit de réprimer les vues différentes de l’idéologie officielle. S’il est interdit de penser et de débattre sur un sujet comme le supposé mariage de deux personnes d’un même sexe, cela veut dire que pour ne pas se faire traiter d’homophobe on est contraint de fait d’accepter le mariage homosexuel. Que reste-t-il alors de la liberté de penser ?

Politiquement en outre la formulation est défectueuse. Les établissements catholiques respectent les convictions de leurs élèves, mais sont catholiques, c’est leur raison d’être, protégée par toutes les déclarations et instruments juridiques relatifs aux Droits de l'Homme.

En revanche l’Éducation nationale, du moins telle que la voient nos dirigeants, impose sous couvert d’égalité et de lutte contre les discriminations la promotion active de l’homosexualité, présentée comme un des rares comportements humains échappant par nature à tout débat. Où est la neutralité du service public d’Éducation ? Où est le respect des convictions de citoyens ?







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École, lecture et sciences cognitives : Quand expérimentation rime avec tradition

Alors que 120 000 enfants arrivent au collège [en France : donc 12-16 ans] en ne maîtrisant ni la lecture ni l’écriture (chiffres de l’Education Nationale), Canalacadémie, la radio de l’Académie Française, a consacré une émission fort intéressante à l’apprentissage de la lecture. Jean-Michel Blanquer, directeur de l’enseignement scolaire, Marie-Danièle Campion, recteur de l’académie de Clermont-Ferrand et Stanislas Dehaene, psychologue cognitif, professeur au Collège de France et académicien, évoquent le projet P.A.R.L.E.R. développé dans l’Académie de Grenoble (« Parler Apprendre Réfléchir Lire Ensemble pour Réussir »), et louent la réussite de cette méthode qui revient à des principes pédagogiques traditionnels.



Inscrit dans le cadre de prévention de l’illettrisme et de l’échec scolaire le programme P.A.R.L.E.R. (Parler Apprendre Réfléchir Lire Ensemble pour Réussir), a été réalisé par une équipe de recherche du Laboratoire des Sciences de l’Éducation de l’Université Pierre-Mendès-France de Grenoble et menée par Michel Zorman (médecin et chercheur, groupe Cogni-sciences, de cette université et du centre de référence des troubles du langage du Centre hospitalier universitaire de Grenoble).

Ce programme mis en place de 2005 à 2008 dans l’académie de Grenoble visait à réduire les inégalités sociales par un enrichissement langagier et cognitif sur toute la durée du cycle 2, avec des actions pédagogiques centrées sur le développement des compétences en compréhension, vocabulaire, phonologie, code, assemblage, fluence, production d’écrits…

L’essence de ce projet, présenté comme une « expérimentation » et une « innovation », apparaît surtout comme un retour plein de bon sens à des méthodes éprouvées : apprentissage systématique et répétitif, travail oral sur les sons, les syllabes et les rimes, développement du vocabulaire, apprentissage des codes syllabiques, tout cela en grande section de maternelle.

Les nouveaux outils pédagogiques utilisés s’appuient sur les avancées des sciences cognitives et de l’imagerie médicale, qui donnent à voir le fonctionnement du cerveau lors des processus d’apprentissage. La recherche scientifique n’apporte guère d’élément vraiment novateur, mais vient en réalité corroborer la pertinence des méthodes que l’expérience des âges avait établies. Parmi les pratiques conseillées, l’apprentissage simultané de l’écriture et de la lecture, avec une insistance sur l’écriture cursive. Stanislas Dehaene affirme en effet que « les grands principes du code analytique doivent être enseignés aux enfants dès la maternelle ».

Il condamne sans ambiguïté les méthodes globales et semi-globales, sans complaisance envers ce que la journaliste, Élodie Courtejoie, appelle « l’éternel débat méthode globale – méthode syllabique », débat qui n’a rien d’éternel, si l’on se souvient de la jeunesse de toutes ces innovations pédagogiques mises aujourd’hui en défaut. Stanislas Dehaene rappelle encore que seuls les exercices répétitifs, loin des variations incessantes censées retenir l’attention de l’enfant, ont une vraie efficacité. Ils ont en outre la vertu de donner confiance à l’enfant, confiance sur laquelle insiste aussi Marie-Danièle Campion.

Les apprentissages doivent être à la fois échelonnés et réguliers. C’est pourquoi, selon Stanislas Dehaene, « la concentration de l’école sur 4 jours est une absurdité. C’est une erreur, massive, qu’on a faite récemment ». Le témoignage d’une institutrice vient souligner l’efficacité du programme P.A.R.L.E.R., qu’elle applique dans sa classe de grande section de maternelle. Cette institutrice n’hésite pas à organiser sa classe en groupes de niveau (4 groupes, aux frontières perméables), notion qui commence à retrouver droit de séjour à l’école après des décennies de dénigrement.

Cette expérimentation et les échos élogieux qu’elle reçoit ont donc de quoi réjouir tous ceux qui sont investis dans des écoles mettant en œuvre des pédagogies traditionnelles, car ils prouvent la validité de leurs choix et la qualité de leur travail. L’Éducation Nationale ne devrait d’ailleurs pas hésiter à profiter de l’expertise des écoles indépendantes dans ce domaine !

Enfin, alors que beaucoup d’écoles publiques ou sous contrat accueillent les enfants dans des classes très chargées, les écoles indépendantes apparaissent encore comme les bons élèves à imiter : avec leurs effectifs réduits, elles semblent les seules, avec quelques classes rurales comme celle évoquée dans l’émission, à pouvoir assurer « la personnalisation du parcours selon chaque enfant » prônée par Jean-Michel Blanquer et Marie-Danièle Campion.

Le mot de la fin est laissé au directeur de l’enseignement scolaire : « Tenir compte de la recherche scientifique » permet « la conciliation entre tradition et modernité, ce qui est une définition qu’on peut donner du rôle de l’école ».

Article écrit par Virginie Subias-Konofal, docteur en lettres classiques.




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