mardi 10 septembre 2024

La rentrée littéraire automne 2024, moins de romans mais toujours trop


Selon le magazine de la profession, Livres Hebdo, le nombre de parutions à la rentrée d’automne 2024 n’est que de 459 romans. C’est 1,5 % de moins que les 466 de l’année précédente.

Moins de romans, mais encore trop pour les libraires : les éditeurs réduisent légèrement leur offre pour la rentrée littéraire 2024, même si les rayons de livres débordent toujours.


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Le magazine de la profession, Livres Hebdo, recense 459 romans prévus en août, septembre et octobre, dont 68 premiers romans (9 % de moins de primo-romanciers, ils étaient 74 en 2023) ainsi que 148 livres étrangers (trois de plus qu’en 2023). C’est 1,5 % de moins que les 466 de l’année précédente et 35 % de moins que le record de 2010, où les librairies avaient été submergées par 701 nouveautés.

« Pour la troisième année consécutive, le nombre de parutions à la rentrée d’automne 2024 sera sous la barre des 500 titres », commente Livres Hebdo sur son site internet. On retrouve ses habituelles têtes de rentrée dont Amélie Nothomb, Emma Becker, Muriel Barbery, mais également Gaël Faye, Philippe Jaenada, Grégoire Bouillier, Maylis de Kerangal…

Un appel à une « baisse draconienne »


La rentrée littéraire est une tradition française bien établie, où les grands éditeurs placent des titres qui concourent aux grands prix d’automne (Goncourt, Renaudot, Femina, etc.), tandis que les moins connus espèrent profiter de la fréquentation des librairies à cette époque.

Les libraires, justement, quoiqu’ils profitent de ce coup de projecteur médiatique sur la littérature, sont devenus très critiques face à la surabondance.

Pour donner un exemple de ce qui les attend : sur deux jours seulement, le mercredi 21 et le jeudi 22 août, ce sont près d’une centaine de romans qui sortent simultanément. Les mettre tous immédiatement en rayon ? Impossible. Pourtant, être présent en librairie est une question de vie ou de mort pour chacun de ces titres.

« Nous appelons à une baisse draconienne de cette production », disait à la presse début juin la vice-présidente du Syndicat de la librairie française (SLF), Amanda Spiegel. « Ce serait une mesure très saine pour toute la profession, pour l’environnement et pour les lecteurs ».

« Aujourd’hui, des nouveautés, il y en a quatre fois plus que dans les années 80 (…) alors que le lectorat s’est certainement rétracté », expliquait-elle. Pour ces libraires, cela implique des choix, qui ont tendance à bénéficier aux auteurs les plus connus. « Évidemment qu’on n’achète pas toute la production. Sinon, on aurait des librairies des années 70 avec des livres du sol au plafond », selon Mme Spiegel, qui est libraire à Montreuil à côté de Paris.

Une « option stratégique »

Le SLF plaide pour un accord collectif des entreprises du syndicat national de l’édition pour se fixer un objectif chiffré de réduction du nombre de romans. Les éditeurs y voient une utopie. « Un accord général avec l’ensemble de la profession pour produire moins est illusoire », disait déjà en 2018 l’éditeur Olivier Nora, le respecté patron de Grasset, à Livres Hebdo.

Restreindre peu à peu l’offre se heurte à une difficulté pratique. Cela signifie refuser certains livres d’auteurs fidèles à une maison ou recruter moins de nouveaux auteurs, avec le risque de laisser filer des talents chez la concurrence.

Mais publier moins « est une option stratégique sur laquelle nous allons nous pencher et il est possible que l’on baisse un peu ce nombre de références », disait en avril Arnaud Lagardère, alors PDG de Hachette Livre, qui a depuis abandonné ses fonctions après avoir été mis en examen dans le cadre d’enquêtes sur le financement de dépenses personnelles par ses sociétés.

Cela n’empêche pas Grasset, maison phare du numéro un français de l’édition, de publier une dizaine de romans en août et septembre, quand Albin Michel en fait paraître une vingtaine et Gallimard une douzaine.

Source : Le Figaro

Brevet — Confusion entre « la » ou « l’a» n’est pas considérée comme une faute car l'élève a eu l’idée du son

 Myriam Meyer (professeure de français et de latin) affirme que « Pour le brevet des collèges, si l’élève écrit "la" ou "l’a", cela n’est pas considéré comme une faute car il a eu l’idée du son. C’est l’une des consignes que nous recevons. »

 

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Myriam Meyer se confie sur ses années en tant que prof dans un collège appartenant à un réseau d'éducation prioritaire (REP) et nous livre son regard sur les actions de l'Éducation nationale.

 

 LA VRAIE VIE D’UNE PROF DE BANLIEUE

Pendant six ans, cette jeune prof a enseigné le français, le latin et le grec dans un collège de la banlieue parisienne. Avoir encore foi en son métier quand on se retrouve face à des enfants de culture étrangère, dans une société qui ne croit plus à l’exemplarité ni à la transmission, est un combat de tous les jours. Elle le raconte avec talents dans un livre publié chez Robert Laffont, « Wesh, Madame ?! ».

Ses élèves l’ont baptisée la « Sénégauloise », parce que Myriam Meyer est née au Sénégal, où sa mère était prof et que non, elle n’est pas « une rebeu qui a réussi », même si elle s’appelle Myriam. En découvrant son prénom, les enfants de l’immigration du collège du Val-de-Marne où elle enseignait pensaient volontiers qu’elle était arabe – à l’époque où elle y a été parachutée, elle ne portait pas encore le nom de son mari, Meyer. A l’Éducation nationale, les affectations dépendent d’un système complexe de points. Au bout de trois ans seulement d’expérience professionnelle, enseigner en réseau d’éducation prioritaire (REP) n’était pas le choix de cette trentenaire. Mais avec le recul, ces six années auront été « les plus fécondes, les plus riches et les plus fortes » de sa carrière, comme elle l’écrit dans l’avantpropos de son livre. Myriam Meyer a le talent de faire partager ses émotions au lecteur de Wesh, Madame ? ! Rires et larmes d’une prof de banlieue. Enseigner le français, mais aussi le latin et le grec à des jeunes qui ne parlent parfois que la langue de leurs parents, sans même l’écrire, est une gageure. Cette frêle jeune femme relève le défi avec humour.

Au début, les cours de langues mortes de « Madame Vieuxmots » – un autre de ses surnoms – n’attirent pas les foules. Elle n’a que six élèves. Les collégiens sont réticents, pour des raisons parfois incongrues. Elle s’entend dire : « J’veux pas faire de latin, Rome, c’est trop la honte […] Ça a fait les Roumains. C’d’la merde les Roumains, les Roms. »

CONTRE LA VICTIMISATION

Mais les malentendus finissent par être levés et Myriam Meyer se retrouve avec des classes de 25 élèves. Les parents, dans ces banlieues où le chômage sévit, pourraient douter de l’utilité du latin et du grec pour leur progéniture, mais c’est souvent le contraire qui se produit selon le professeur : « Pas mal de parents me suppliaient de prendre leur enfant parce qu’ils étaient convaincus que c’était le meilleur moyen qu’il se retrouve avec de bons élèves. Du coup, je pouvais avoir dans la même classe des gamins superbrillants, superdisciplinés, et des vrais terribles qui passaient six mois à se demander ce qu’ils faisaient là. »

En cours, l’enseignante montre « à des enfants qui viennent d’environnements et de pays très différents que la France appartient à une culture commune, fondatrice pour notre civilisation, la littérature, la philosophie, la poésie, l’art en général. » Le récit des conquêtes romaines lui permet, au passage, de démonter les discours de victimisation identitaire en expliquant qu’ « Européens ou Africains, on a tous été colonisés à un moment donné, qu’il n’y a pas les oppresseurs et les opprimés ».

Pas facile de lutter contre les idéologies délétères, mais aussi contre ce que Myriam Meyer appelle les « forces obscures », « l’attraction des écrans et de l’argent facile », à une époque où, regrette-t-elle, « l’exemplarité a disparu, dans les familles comme dans la société ». Mais à la lire, elle y parvient souvent, entre rires et larmes.

Wesh, madame ?!,
Rires et larmes d'une prof de banlieue,
par Myriam Meyer
publié chez Robert Laffont,
le 22 août 2024,
240 pp,
ISBN-13 : 978-2221277225