jeudi 13 septembre 2007

Le Ministère de l’Éducation remercie le Journal de Montréal

M. Jean-Philippe Pineault, dont nous avions déjà dénoncé un article d’une rare mauvaise foi et d’une partialité insigne sur les mennonites et l'éducation en Ontario, a eu l’honnêteté de signaler cette fois-ci sa source d'inspiration en terminant son article par « Source : Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) ».

En effet, M. Pineault laisse tomber le masque du journaliste objectif dans sa description de parents qui expriment leur désapprobation face à un Ministère qui imposera sous peu à tous les enfants du Québec un programme empreint, selon eux, de relativisme moral. On a la désagréable impression que ce journaliste cherche à ridiculiser ces parents et qu'il considère que son rôle est de défendre le programme du Ministère quand il est trop sévèrement attaqué par des gens pour lesquels il n'a aucune sympathie. Citons deux exemples typiques du dernier article de M. Pineault :
« ce qui fait rager une nouvelle coalition de parents »

« Frustrés qu'on oblige leurs enfants à suivre le nouveau cours »
Voyez par vous-mêmes comme ces parents ont l'air enragés lors de cette conférence de presse...

Maintenant, il suffit de comparer ces « rager » et « frustrés » avec l’équanimité – telle que rapportée par le prisme de M. Pineault – des parents laïques qui s’opposent aussi à ce programme, mais uniquement au primaire :
« Le Mouvement laïc du Québec est en faveur de la disparition du cours de religion pour le remplacer par un cours de culture religieuse générale. « On a une réserve sur le fait de donner ce cours au primaire », affirme le président de l'organisme, Henri Laberge, qui croit qu'on aurait dû limiter le programme au secondaire. »
Aucune immixtion du journaliste dans cette relation-ci, aucun mot déplaisant de la part du reporter, là soudainement M. Pineault retrouve une plume neutre...


Évidemment, comme d’habitude, le Ministère de l’Éducation ne s’émeut pas des protestations de ces parents. En effet, quel choix ont-ils puisque le Ministère est juge, partie et monopole ?

On n’attend plus qu’un de ces communiqués où le Monopole nous dira qu’il « accompagnera » les parents de cette coalition quand il voudra dire qu’il s’affaire à les faire rentrer dans le rang, à les faire céder ou fuir comme les parents mennonites.

Ce qu'on nous concocte comme « école laïque »

Reportage de Radio Canada (ou, en cas de difficultés techniques, le même reportage mais avec publicité) sur ce qu'on nous concocte comme école laïque au Québec...

Ou comment préparer les professeurs au nouveau programme obligatoire d'éthique et culture religieuse, leur proposer des argumentaires pour répondre aux craintes des parents, les aider à limiter les demandes d'accommodements religieux. Bref, comment imposer à tous, mêmes aux parents récalcitrants, la laïcité telle que la comprend le Ministère de l'Éducation.

Soulignons les propos de Rachida Azdouz, psychologue à l'Université de Montréal, quand elle déclare (à partir de 8 minutes 17 secondes) :
« des parents arc-boutés sur leur pratique religieuse – on appréciera la neutralité laïque dans la description – ne sont pas disposés à permettre à leur enfant de mieux cohabiter avec les autres, car ils transmettent à leur enfant que leur croyance est la seule, l’unique et la meilleure. Et c’est là qu’intervient l’école et le rôle des intervenants scolaires c'est d'apprendre à cet enfant de composer avec des enfants qui ont d’autres croyances religieuses et dire qu’elle est tout aussi légitime que la leur ou, des enfants qui n’ont pas de croyances religieuses et que cette position-là est tout aussi légitime que la leur. »
D’une part, il est faux que des parents ou des enfants qui croient vraiment en leur religion – ceux qui croient qu’elle est la meilleure et l’unique – ne peuvent cohabiter avec d’autres enfants : le respect n’implique pas que l’on pense que l’autre puisse avoir raison. C'est plus facile, mais pas obligatoire. D’autre part, quel nom donner à l’intervention de l’école préconisée par Mme Azdouz si ce n’est le relativisme moral ? Car enfin que signifie dire que toutes les autres religions ou même l’athéisme sont légitimes, si ce n’est que tout se vaut ?

Autres déclarations révélatrices : celles du théologien (!) Jacques Racine qui participe à la laïcisation des écoles. Il rappelle que pour Québec la réussite des élèves ne doit pas être que scolaire (10:55) car
« les textes ministériels les plus récents nous rappellent que c’est de la réussite éducative dont il est question, et que cette réussite éducative signifie que l’école est responsable de faire en sorte que chaque élève puisse réussir sa vie et non seulement réussir ses examens. »
Bref, il s'agit de transmettre des valeurs morales communes à tous les élèves québécois, même si cela empiète sur les prérogatives des parents dont on ne demandera d'ailleurs pas vraiment l'avis. Car le gouvernement se soucie-t-il encore de ces géniteurs un peu gênants ? Alain Touraine remarquait déjà que « [l]es parents n'ont pas démissionné, ils ont été licenciés. »

Ces déclarations rejoignent celles de l’ancien ministre de l'Éducation Fournier qui déclarait en novembre 2006 à l’Assemblée nationale de Québec, lors du débat sur les écoles que Québec avait déclarées illégales, que la raison pour laquelle il ne fallait « pas perdre » les enfants de ces écoles était qu’il fallait s’assurer que ces enfants partagent les valeurs de la société québécoise : « il est important pour [ces enfants] de faire partie de la société, de connaître l'ensemble des valeurs de cette société-là et de les partager avec tout le monde. » Pardon ? De partager les valeurs québécoises qu'ils ne connaîtraient pas sans l'étude du programme officiel ? Mais cela implique donc bien la substitution de valeurs culturelles et morales par l'État ! Comme si les valeurs actuelles de ces enfants et de leurs parents posaient un problème aujourd'hui et devaient être changées...

Reportage sur l'instruction en famille en France

« On estime à 30 à 40.000 le nombre d'enfants qui ne vont pas à l'école... L'instruction leur est donnée à la maison par un précepteur comme autrefois.. ou par leurs propres parents.. La loi l'autorise et l'état procède même à des contrôles réguliers... »
Reportage au 20 heures de France 2