mardi 1 mars 2016

Bébé vendu aux Pays-Bas : le père biologique débouté, il restera aux plus offrants

Autre époque — Le jugement de Salomon
Fresque de Raphaël en 1518, 
Loggia de Raphaël au Vatican
Née d’une mère porteuse belge, Donna, vendue par Internet, restera aux parents les plus offrants.

Pour trancher un conflit entre deux femmes à propos d’un bébé, le roi Salomon avait laissé parler l’instinct maternel. Pour régler le sort d’une fillette de trois ans, réclamée par deux couples, le tribunal d’Utrecht a donné raison… au plus offrant. La petite Donna, née d’une mère porteuse belge qui l’avait revendue à un couple de Néerlandais, après l’avoir « promise » au Belge Bart Philtjens, son père biologique, et à sa compagne stérile, restera donc aux Pays-Bas.

« D. est un petit enfant qui a besoin de protection afin de bien se développer. Pour D., la relation la plus importante de sa vie est celle avec ceux qui l’élèvent, ses parents adoptifs. Elle n’a jamais connu d’autres parents qu’eux », a estimé le tribunal.

Les juges n’ont même pas accordé de droit de visite au père biologique… Ils ont cependant permis que les services de protection de l’enfance puissent organiser une éventuelle rencontre. Le tribunal a également ordonné que les parents adoptifs soient placés sous surveillance de ces services pour un an, précisant qu’ils avaient donné « l’impression » de ne pas être « assez conscients des exigences que l’histoire particulière de D. leur pose en tant qu’éducateurs ».

La partie adverse étudie la possibilité de contester le jugement. « Nous ne comprenons pas qu’un enlèvement d’enfant, que représente la vente de ma fille sur Internet, puisse être avalisé dans un pays européen », se lamente Bart Philtjens.

Mais, en novembre 2005 puis octobre 2007, la justice néerlandaise avait déjà estimé que Donna devait rester aux Pays-Bas : « L’enfant est bien traitée par ses parents » adoptifs, avait-elle tranché, tandis que Bart Philtjens et sa compagne n’ont « jamais connu de vie de famille » avec elle.

Cette sordide histoire commence en avril 2004 lorsque Anne Blomme, une jeune Flamande, entre en contact via Internet avec Bart Philtjens et Geertrui Praet, en mal d’enfant. Elle leur propose de porter leur bébé, contre un défraiement de 8 000 euros. En juin, Anne Blomme se retrouve enceinte, à la suite d’une insémination artificielle avec le sperme de Bart. La paternité sera ensuite établie grâce à une expertise d’ADN.

Commercialisation du corps humain

Jusqu’au septième mois, la grossesse se déroule normalement. Les échographies révèlent une petite fille, que les futurs parents choisissent d’appeler Donna. Mais, en décembre, ils reçoivent un terrible courriel : « À cause du stress, j’ai perdu l’enfant ! » En fait, n’ayant pas réussi à soutirer une somme d’argent supplémentaire à Bart et à Geertrui, la mère porteuse aurait entrepris de démarcher, sur lnternet, un couple d’homosexuels, puis des Néerlandais qui viennent de perdre un enfant… Finalement, ce sont ces derniers qui « remporteront le marché », pour 15 000 euros ! Le 26 février 2005, Anne Blomme accouche, et entame aussitôt la procédure d’adoption au bénéfice des Néerlandais, Wim et Nathalie Janssen.

Ayant appris le mensonge, Bart et Geertrui tentent immédiatement de récupérer Donna. Le couple d’homosexuels, compatissant, leur fournit toutes les preuves nécessaires. Dans un premier temps, un juge belge donne raison au père biologique, s’appuyant sur une loi réprimant le trafic d’êtres humains. Mais la cour d’appel contredira ce premier jugement, estimant qu’il appartient à la justice néerlandaise de statuer…

En France, avoir recours à une mère porteuse est interdit. En Belgique, c’est possible, mais aucune loi n’encadre le statut de la mère porteuse, ni le droit des parents « commanditaires ». La terrible histoire de Donna a néanmoins ouvert le débat : certains veulent interdire les mères porteuses, d’autres proposent de réglementer sévèrement la pratique, de façon à empêcher toute commercialisation du corps humain. Pendant ce temps aux Pays-Bas, Anne Blomme, qui a l’an dernier tenté en vain de récupérer la petite Donna, continue, semble-t-il, à proposer ses services sur Internet.

Entretemps, l'indignation croît du côté pro-avortement


Source : Le Figaro

France — Manuels scolaires : une vision idyllique, orientée et tronquée de l'immigration

Deux chercheurs en anthropologie de l’EHESS ont épluché 21 manuels d’histoire-géographie pour reconstituer la conception de l’immigration proposée aux collégiens français. Leur conclusion : ces ouvrages en relaient une vision positive et rassurante, pour les migrants comme pour les pays d’accueil, loin des drames migratoires actuels et de l’hostilité croissante de la population.
Image extraite d’un manuel d’Histoire-Géographie de 3e (14-15 ans), Paris, Magnard, 2014, p. 179
(Le Film Indigènes est pourtant un film très peu historique† qui valorise le rôle des soldats maghrébins et tend à dévaloriser celui des soldats européens)

[...] Afin de reconstituer la conception de l’immigration proposée aux enfants scolarisés en France, nous avons analysé vingt et un manuels d’histoire-géographie, parus de 1999 à 2014 et destinés aux classes de quatrième et de troisième du collège.

Le discours de tous les manuels présente un haut degré de cohérence et de constance. En même temps, il donne à voir un certain nombre de contradictions qui semblent révélatrices non seulement d’une représentation de l’immigration, mais aussi d’une image que la société française cherche à construire d’elle-même, tout en l’inscrivant dans les cadres d’une véritable vision du monde, inculquée aux enfants par le truchement de l’enseignement scolaire.