mercredi 4 décembre 2024

Le système éducatif de l'Inde est-il à l'origine des problèmes du sous-continent ?

Pendant la majeure partie de l’histoire, les économies de l’Inde et de la Chine ont progressé au même rythme. En 1970, les deux pays étaient presque aussi riches l’un que l’autre. Mais aujourd’hui, le PIB par habitant de la Chine, qui s’élève à environ 13 000 dollars, est près de cinq fois supérieur à celui de l’Inde. Ce gouffre s’explique traditionnellement par l’ouverture de leurs économies. La Chine est devenue l’usine du monde, ce qui a dopé la croissance. L’Inde en est devenue le service administratif. Mais qu’est-ce qui a façonné ces trajectoires ?

Selon une nouvelle étude de Nitin Kumar Bharti et Li Yang, la politique de l’éducation est un facteur important et sous-estimé. Les chercheurs du World Inequality Lab de l’École d’économie de Paris ont suivi l’évolution de l’éducation dans les deux pays entre 1900 et 2020. Au début du XXe siècle, moins de 10 % des enfants indiens et chinois allaient à l’école ; aujourd’hui, presque tous les enfants y vont. Mais le chemin vers l’éducation universelle a été remarquablement différent et a eu des effets profonds sur le développement.


La Chine a adopté une approche « ascendante » de la scolarisation. Dans les années 1950, les responsables de la toute nouvelle République populaire ont donné la priorité à l’élargissement de l’accès à l’enseignement primaire et secondaire. L’Inde indépendante, en revanche, a adopté une approche « descendante ». Cela signifiait soutenir des universités de haute qualité, telles que les instituts indiens de technologie, au détriment des écoles primaires.

En 1980, 93 % des enfants chinois étaient inscrits à l’école primaire, mais seulement 1,7 % des jeunes étaient inscrits à l’université ; en Inde, les proportions équivalentes étaient de 69 % et 8 %.

Une autre différence frappante concerne les études des jeunes en âge d’aller à l’université. En Chine, ils sont plus enclins à poursuivre des études d’ingénieur. En Inde, ils préfèrent les sciences humaines, le commerce ou le droit. Les diplômes professionnels sont également traités plus sérieusement en Chine. Depuis les années 1980, plus de 40 % des jeunes Chinois ont suivi une formation professionnelle, contre seulement 10 % en Inde.

Tout cela a créé des forces de travail différentes au fur et à mesure que leurs économies se libéralisaient. En 1988, environ 60 % des adultes indiens étaient analphabètes, contre 22 % en Chine. Cette situation a empêché les Indiens de quitter l’agriculture pour occuper des emplois plus lucratifs. Cela a également réduit leur productivité. En outre, la proportion plus élevée de diplômés en ingénierie et en formation professionnelle en Chine, combinée à une scolarisation primaire plus répandue, a contribué à la prospérité de son secteur manufacturier. L’avantage relatif de l’Inde en matière d’enseignement supérieur l’a rendue plus apte à une croissance axée sur les services.

Les approches contrastées de l’éducation ont des racines historiques. À la fin du XIXe siècle, les dirigeants de la dynastie chinoise des Qing (Ts’ing) se sont concentrés sur les compétences professionnelles afin d’équiper leurs armées. Les dirigeants coloniaux britanniques de l’Inde voulaient un système scolaire qui produise des administrateurs anglophones pour gérer leur empire. Après l’indépendance, les dirigeants indiens ont renforcé ce biais.

Depuis lors, cependant, l’Inde a tenté de résoudre ces problèmes. Dans les années 2000, l’accès à l’enseignement primaire a été considérablement élargi, mais au détriment de la qualité. Le gouvernement encourage également l’enseignement professionnel. Et dans l’enseignement supérieur, de plus en plus d’Indiens suivent des études d’ingénieur. Mais il est peut-être trop tard. De nombreux économistes estiment que l’Inde n’est plus à l’ère de la croissance tirée par l’industrie manufacturière. Un rapport publié en septembre confirme ces craintes. Sur les 1,5 million d’étudiants en ingénierie qui obtiendront leur diplôme au cours de l’exercice financier en cours, seuls 10 % devraient trouver un emploi dans l’année qui suit leur sortie de l’université.


 
Source : The Economist

France — Éducation à la sexualité à l'école : de quoi parle-t-on ?

Charlotte d'Ornellas fait le point sur le programme d'Éducation à la sexualité en France dans l'émission Face à l'info du 02/12/2024 sur CNews.

 

 Éducation à la sexualité : l’Enseignement catholique émet à son tour des réserves

L’Enseignement catholique et l’Association de parents d’élèves de l’enseignement libre (Appel) ont à leur tour exprimé leurs « sérieuses réserves » face au projet de programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. La ministre de l’Éducation nationale refuse toujours toute modification du texte.

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Keir Starmer : la droite a délibérément fait exploser l’immigration plutôt que de former des Britanniques à certains métiers

Mise à jour du 4 décembre

Eugénie Bastié souligne que le Premier ministre britannique de gauche Keir Starmer accuse la droite britannique d’avoir organisé « des pénuries de compétences partout » pour rendre l'économie « désespérément dépendante de l’immigration ». Selon la journaliste, il met le doigt sur une dimension essentielle de la question migratoire aujourd’hui : l'addiction organisée des économies occidentales à l’importation continue de main d’œuvre sous-payée et sous-qualifiée. Car ce serait bien ce qui se cache derrière ces discours qu’on entend aussi en France (et au Canada ainsi qu'au Québec) sur le fait que nous ne pourrions nous passer d’immigration. Pour Eugénie Bastié, il s'agirait d'une idée profondément antisociale et il est temps que ceux qui se prétendent de gauche s’en rendent compte.


Billet du 2 décembre

Keir Starmer, élu en juillet, a subi la plus forte baisse de popularité de tous les premiers ministres britanniques de l'ère moderne après les élections. Dans un discours récent (voir la vidéo sous-titrée ci-dessous), ce travailliste a accusé la droite d’avoir délibérément fait exploser l’immigration plutôt que de former des Britanniques à certains métiers. Il promet d'être nettement plus strict en matière d'immigration.