samedi 18 mars 2023

Québec — avortement à 38 semaines de grossesse confirmé

Bébé né à 38 semaines de grossesse
Selon l’Institut national de santé publique du Québec, « Votre bébé sera considéré comme à terme à partir de 37 semaines et pourrait naître n’importe quel jour dans la période qui va de 37 à 42 semaines après votre dernière menstruation. » 

Les partisans pro-avortements aiment à dire que, malgré l’absence de limite à l’avortement au Canada, les avortements tardifs ne s’y pratiquent pas et que la question morale entourant ces avortements tardifs ne se pose pas. En effet, avant la Covid-19, le Québec envoyait les femmes enceintes au troisième trimestre aux États-Unis, puisqu’aucun médecin québécois ne voulait pratiquer ces avortements. Depuis, au Québec, une vingtaine de femmes se feraient avorter au troisième trimestre chaque année, soit après 23 semaines.

On vient  d’apprendre par la bande qu’une grossesse de 38 semaines a été avortée à Montréal. C’est en effet ce qui nous apprend un article du Journal de Montréal qui prétend que des partisans pro-choix auraient été « agressifs » au téléphone alors qu’ils appelaient l’hôpital où se pratiquait cet avortement, le mal nommé hôpital du Sacré-Cœur de Montréal.

Le 1er février, des informations au sujet d’une femme enceinte de 38 semaines sur le point de subir un avortement à l’hôpital du Sacré-Cœur ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Le groupe pro-vie Campagne Québec-Vie (CQV) a donc envoyé un courriel à ses membres pour leur demander de prier pour que cet avortement n’ait pas lieu, a confirmé son président Georges Buscemi.  En soirée, plusieurs appels ont été reçus à l’hôpital. Selon les sources de la journaliste, des gens téléphonaient pour connaître le nom de la patiente, d’autres disaient vouloir adopter l’enfant. 

Le Journal de Montréal tente de justifier cet avortement au terme de la grossesse, alors que l’enfant est pleinement formé : « Ces histoires sont des drames humains. Toutes sortes de raisons poussent les patientes à faire ce choix (maladies, toxicomanie, violence, pauvreté, etc.) »

Dans une vidéo en ligne, une femme du groupe CQV dit avoir appelé à l’hôpital vers 18 h 30, et a réussi à parler à un employé du département d’obstétrique, qui lui a confirmé la procédure à venir.

« Elle m’a dit qu’effectivement c’était triste et que toute l’équipe aussi était triste de la situation, raconte Marie-Josée Rivest. J’étais sûre qu’elle allait mettre fin à l’appel, mais à ma grande surprise, elle ne l’a pas fait. » 

Mme Rivest a aussi demandé à l’employé de suggérer à la mère d’opter pour l’adoption, plutôt que l’avortement.

La journaliste ne se penche pas sur l’humanité de cette offre, sur la possibilité rendre légale cette adoption in extremis, non la gazetière s’inquiète plutôt que le public puisse être tenu au courant de ces avortements très tardifs alors que l’enfant à naître, à 38 semaines, est arrivé au terme de son développement intra-utérin. On comprend son inquiétude : comme nous l’apprend un sondage de 2020, la grande majorité des Québécois s'oppose à ces mises à mort de l’enfant à naître pratiquées pendant le troisième trimestre de grossesse.

Sondage 1er février 2020 : près de 66 % des Québécois sont opposés aux avortements tardifs et sélectifs

Il faut donc éviter que ce genre d’information ne s’ébruite et que le public ne réagisse. 

Pour ne pas faire son travail de journaliste, la folliculaire militante du Journal de Montréal invoque le secret : « Ce témoignage soulève des questions sur la confidentialité des dossiers médicaux. La direction du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) du Nord-de-l’Île-de-Montréal a refusé de dire si une enquête interne est en cours à ce sujet. “C’est un bris clair de confidentialité, réagit Me Patrick Ménard Martin, spécialisé en santé. C’est la sécurité même du patient et de l’équipe qui est remise en question.” 

Quant à la sécurité de l’enfant à naître tué alors qu’il était arrivé à terme… Motus.

Comment ce bébé complètement formé a-t-il été tué au fait ? Chut ! 

Voir aussi

Suisse : pas de dépénalisation de l’avortement (2023)

Affaire Gosnell : l’absence des médias autour d’un avortoir sanguinolent

La Chine veut réduire le nombre d’avortements réalisés “sans motifs médicaux” (2021)

Éric Zemmour : “Quand Joe Biden et le pape François jouent contre les évêques américains [lesquels condamnent l’avortement]”

Russie — aides aux familles, baisses des avortements, naissances en hausse en mars 2021

Sondage — Forte opposition au Québec et Canada aux avortements tardifs et sélectifs (2020)

La CAQ [dite conservatrice…] veut rapatrier les avortements tardifs jusqu’à présent pratiqués aux États-Unis (2020)

“Soin de santé” : ces femmes qui ont avorté à contrecœur

“Vérification des faits” par JdM : l’avortement est (et devrait continuer d’être ?) un soin de santé…

Belgique — 60 % des députés flamands contre l’allongement des délais de l’avortement à 18 semaines, 90 % des députés francophones pour (2019) [18 semaines… 20 semaines de moins que le bébé à naître tué à Montréal]

« Trop et trop vite » : des économistes mettent en garde contre la politique d'immigration libérale « pro-affaires »

La rhétorique du gouvernement ne correspond pas à la réalité en ce qui concerne les objectifs d’immigration plus élevés et les pénuries de main-d’œuvre, affirment trois économistes du travail. Pour ceux-ci, il faudrait envisager des mesures qui augmenteraient la prospérité économique par habitant plutôt que de viser une simple augmentation du produit national brut en termes absolus.

 
Mais Lisa Lalande (ci-contre), PDG de la Century Initiative, soutient que les économistes qui critiquent les objectifs plus élevés en matière d’immigration adoptent une « perspective très étroite » et devraient s’intéresser à d’autres mesures de la prospérité économique que le revenu par habitant.

Les trois économistes qui ont parlé au Hill Times ont déclaré qu’ils soutenaient l’immigration au Canada, mais pas la forte augmentation prévue de l’immigration économique. L'article a été publié le 16 mars, sa traduction suit.

La décision du gouvernement libéral d’admettre un nombre record d’immigrants pour combler une prétendue « pénurie de main-d’œuvre » a suscité des mises en garde de la part d’économistes ayant des années d’expérience dans l’étude de l’immigration au Canada.

Le gouvernement présente ce changement de politique comme un moyen de stimuler la croissance économique et « d’aider les entreprises à trouver des travailleurs ».

Or, selon les économistes interrogés par le Hill Times, rien ne prouve que le projet d’accueillir un demi-million de nouveaux résidents par an profitera au résident canadien moyen, même s’il pourrait aider les entreprises à la recherche d’une main-d’œuvre bon marché.

Les objectifs plus élevés en matière d’immigration — ainsi que l’augmentation du recours aux travailleurs étrangers temporaires et aux étudiants étrangers sous le gouvernement libéral — pourraient faire baisser les salaires des travailleurs les moins bien payés du pays, dont beaucoup sont des immigrants ou des réfugiés récents, selon eux.    

« En bref, les arguments avancés ne sont tout simplement pas étayés par les faits. Ce n’est même pas dans l’ordre des choses, ce n’est même pas proche », a déclaré Mikal Skuterud, économiste du travail à l’université de Waterloo et directeur du Forum canadien de l’économie du travail (Canadian Labour Economics Forum).

Le Hill Times s’est entretenu avec trois économistes ayant des dizaines d’années d’expérience dans la recherche sur l’immigration et l’économie du travail au Canada. Tous trois ont déclaré qu’ils ne pensaient pas que les mesures prises par le gouvernement pour augmenter ses objectifs en matière d’immigration et pour remédier à la « pénurie de main-d’œuvre » augmenteraient le PIB par habitant, une approximation du bien-être financier moyen de la population.

« Je pense que le gouvernement envisage d’en faire trop, trop vite », a déclaré Christopher Worswick, économiste du travail à l’université Carleton d’Ottawa, qui a publié de nombreux articles sur l’immigration et les revenus des immigrés.

Le pic d’immigration pourrait accroître l’inégalité des revenus


Le système d’immigration économique du Canada est censé donner la priorité aux candidats les plus qualifiés. En théorie, cela devrait permettre d’accueillir des immigrants ayant de meilleures compétences professionnelles et un meilleur potentiel de revenus que le résident canadien moyen, ce qui est censé augmenter la productivité de la main-d’œuvre et le PIB par habitant.

Cependant, la réalité est que les immigrants au Canada gagnent moins, en moyenne, que les travailleurs nés au Canada.

En 2016, les immigrants présents au Canada depuis dix ans gagnaient en moyenne 40 700 dollars, alors que la moyenne pour l’ensemble de la population était de 58 100 dollars, selon une étude réalisée en 2022 par Worswick, Skuterud et Matthew Doyle, économistes à l’université de Waterloo, qui ont utilisé des données de Statistique Canada.

Les immigrants économiques de cet échantillon gagnaient en fait un revenu supérieur à la moyenne de 62 500 dollars, mais leurs conjoints et les personnes à leur charge gagnaient beaucoup moins, ce qui faisait baisser la moyenne.

Aujourd’hui, certains signes indiquent que le gouvernement libéral pourrait aggraver le problème en s’apprêtant à abandonner le système de sélection des travailleurs hautement qualifiés pour répondre à la demande des employeurs qui recherchent des travailleurs moins qualifiés.

« Je m’inquiète beaucoup du langage utilisé par le gouvernement fédéral en ce qui concerne le niveau de compétence des immigrants », a déclaré M. Worswick.

Selon les économistes, ces signes comprennent les changements que le gouvernement va apporter à son programme d’entrée express, l’accent mis sur la résolution des soi-disant « pénuries de main-d’œuvre », l’augmentation des objectifs en matière d’immigration économique et une approche laxiste à l’égard du nombre croissant de travailleurs étrangers temporaires et d’étudiants étrangers.

Selon M. Worswick, l’augmentation du nombre d’immigrants admis impliquera de ratisser plus large parmi les candidats et de choisir des candidats dont les compétences professionnelles sont, en moyenne, moins rentables que celles des personnes qui seraient admises avec un objectif plus restreint.

« Vous faites venir des personnes qui contribueront moins en termes de PIB par habitant à la marge. S’ils se situent bien en dessous de la moyenne, vous aggravez probablement les inégalités salariales en les admettant plutôt qu’en ne les admettant pas », a déclaré M. Worswick.

David Green, professeur à l’école d’économie de l’université de Vancouver, critique également la décision du gouvernement d’augmenter l’immigration. Il a exposé ses arguments dans une tribune publiée dans le Globe and Mail en décembre, puis dans une interview accordée au Hill Times.

Le redressement commence par l'éducation et il ne s'agit pas de dépenser plus en éducation

Tiré d'un entretien entre le politologue Jérôme Fourquet et l'historien Pierre Vermeren paru dans Le Figaro du 10 mars 2023.

Pierre VERMEREN. - En tant que professeur, je pense qu’il faut commencer par le commencement, à savoir la formation et l’école. Il faut clairement repartir de zéro, parce que ce n’est pas avec des universités scientifiques vides et des classes prépa ingénieurs qui ferment à tour de bras, que l’on va réindustrialiser la France. De même, on ne sortira pas de la crise agricole sans ingénieurs agronomes en quantité. Le système scolaire est à bout de souffle, et non seulement on refuse d’y remédier, mais beaucoup le fuient. Bien des bourgeois envoient leurs enfants pour quelques trimestres dans des universités étrangères, exactement comme le font les Libanais, parce qu’ils imaginent que leur avenir ne sera probablement pas en France, mais loin de nos problèmes. Il faut faire en sorte que chaque élève acquière au moins un savoir minimum, ce que la IIIe République a très bien su faire avec infiniment moins de moyens. Cela suppose des exigences fermes dans le domaine de l’éducation: on en est très loin. À ce stade, le pays ne peut pas se relever en cinq ans, il faut voir sur le long terme. Ce sera l’affaire d’une ou deux générations, à condition de le vouloir. L’autre solution: le bateau ivre.

Jérôme FOURQUET . - Je suis tout à fait d’accord avec Pierre Vermeren, il faut partir des fondamentaux, c’est-à-dire l’éducation. Et il est nécessaire de poser un diagnostic général sur l’ensemble des secteurs en perdition. C’est un préalable nécessaire pour que des courants d’opinions et des responsables politiques s’emparent de ces sujets. Aujourd’hui tout le monde parle de la désindustrialisation, mais il faudrait que l’on comprenne vraiment quelle est la source du problème, et que des personnes décident d’y remédier. Si on veut être objectif vis-à-vis de nos dirigeants actuels, il est vrai que des mesures sur la politique de l’offre ont été prises, que ce soit par la baisse des impôts de production, ou le travail sur l’image de la compétitivité économique française, et ont porté quelques résultats encourageants. En effet, juste avant la crise du Covid, la balance entre les fermetures et les ouvertures des sites industriels était repassée dans le vert. Cela montre bien qu’on peut encore agir, mais il faut établir un constat lucide sur notre situation, avoir le courage d’affronter tous ces problèmes, et essayer de mobiliser le plus grand nombre des composantes de la société française dans un projet commun. Il y a quelques semaines, on a parlé dans l’actualité du cas d’un projet d’usine de pain brioché en Bretagne, qui se trouve confronté à une opposition des habitants. On voit donc que l’impératif de la réindustrialisation n’est pas encore partagé par tout le monde et que toute une partie des passagers du paquebot France n’a pas pleinement conscience que les cales se remplissent dangereusement d’eau.