[En France] Une grande loi de refondation de l’école est annoncée pour la fin de l’année civile. Nul doute qu’aucune refondation véritable ne sera possible sans la revalorisation préalable de la condition enseignante.
C’est un fait : le prestige et le statut social des professeurs sont profondément dégradés dans notre pays. La figure du professeur n’inspire plus ni aux élèves ni à leurs parents le respect sacro-saint qui s’attachait à elle il y a quelques décennies. L’actualité, avec son lot désormais habituel de violences contre les professeurs, en apporte chaque semaine la triste preuve. Mais il ne suffit pas de déplorer cette situation ; encore faut-il en comprendre l’origine.
Ce n’est pas fondamentalement le salaire des professeurs qui pose problème : les pays nordiques ne paient pas plus leurs professeurs et pourtant ces derniers jouissent d’un prestige social incontesté. Nous faisons l’hypothèse que sa cause principale est tout simplement l’impuissance dramatique des professeurs. Impuissance à obtenir le renvoi ou la sanction d’un élève qui leur a manqué de respect ou qui perturbe le cours ; impuissance à obtenir le redoublement d’élèves qui n’ont pas le niveau requis pour passer dans la classe supérieure.
Impuissance qui s’accompagne du déni de ce qu’une saine conception de leur métier devrait faire considérer comme leurs droits imprescriptibles : déni de leur droit de choisir leurs méthodes pédagogiques (sauf à accepter d’être mal notés et mal vus dans la salle des professeurs) ; déni de leur droit à choisir les œuvres qu’ils étudient ou à définir librement, sinon les programmes, du moins les progressions pédagogiques (car c’est réglé par la Rue de Grenelle à coup de publication au Bulletin officiel) ; obligation de participer à des projets transversaux souvent chronophages et peu rigoureux dans leurs méthodes comme dans leurs objectifs ; déni de leur droit à constituer des groupes de niveau pour permettre à chaque enfant d’avancer à son rythme sans retarder ou être retardé par les autres…
Dans de telles conditions, comment s’étonner que les professeurs soient si malheureux ? Le plus triste est d’entendre ceux-là mêmes qui ont sapé l’autorité légitime des professeurs par la mise en place du carcan que nous venons de décrire se lamenter de la situation. Ainsi en est-il de Philippe Meirieu, qui écrit, dans l’ouvrage collectif Vocation enseignant, qu’« un monde qui ne fait pas sa place aux enseignants est un monde perdu ». Mais on peut légitimement douter de la capacité de cet indéboulonnable “expert” à apporter des solutions ! « Dieu, disait Bossuet, se rit des hommes qui déplorent les conséquences dont ils chérissent les causes. »
En rupture avec cette inconséquence, il y a un moyen simple de sortir par le haut du problème de la désespérance des professeurs : il s’agit rien de moins que de leur rendre la liberté ! On le sait encore trop peu, mais il existe des professeurs qui choisissent librement leur école, leur pédagogie, leurs méthodes, leurs manuels scolaires, des professeurs qui sont soutenus par la direction de leur établissement en matière disciplinaire, que ce soit pour sanctionner ou pour récompenser, des professeurs qui jouissent de la considération des parents comme des enfants. Sur une autre planète ? À l’étranger ? Non! En France, dans les écoles indépendantes !
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C’est un fait : le prestige et le statut social des professeurs sont profondément dégradés dans notre pays. La figure du professeur n’inspire plus ni aux élèves ni à leurs parents le respect sacro-saint qui s’attachait à elle il y a quelques décennies. L’actualité, avec son lot désormais habituel de violences contre les professeurs, en apporte chaque semaine la triste preuve. Mais il ne suffit pas de déplorer cette situation ; encore faut-il en comprendre l’origine.
Ce n’est pas fondamentalement le salaire des professeurs qui pose problème : les pays nordiques ne paient pas plus leurs professeurs et pourtant ces derniers jouissent d’un prestige social incontesté. Nous faisons l’hypothèse que sa cause principale est tout simplement l’impuissance dramatique des professeurs. Impuissance à obtenir le renvoi ou la sanction d’un élève qui leur a manqué de respect ou qui perturbe le cours ; impuissance à obtenir le redoublement d’élèves qui n’ont pas le niveau requis pour passer dans la classe supérieure.
Impuissance qui s’accompagne du déni de ce qu’une saine conception de leur métier devrait faire considérer comme leurs droits imprescriptibles : déni de leur droit de choisir leurs méthodes pédagogiques (sauf à accepter d’être mal notés et mal vus dans la salle des professeurs) ; déni de leur droit à choisir les œuvres qu’ils étudient ou à définir librement, sinon les programmes, du moins les progressions pédagogiques (car c’est réglé par la Rue de Grenelle à coup de publication au Bulletin officiel) ; obligation de participer à des projets transversaux souvent chronophages et peu rigoureux dans leurs méthodes comme dans leurs objectifs ; déni de leur droit à constituer des groupes de niveau pour permettre à chaque enfant d’avancer à son rythme sans retarder ou être retardé par les autres…
Dans de telles conditions, comment s’étonner que les professeurs soient si malheureux ? Le plus triste est d’entendre ceux-là mêmes qui ont sapé l’autorité légitime des professeurs par la mise en place du carcan que nous venons de décrire se lamenter de la situation. Ainsi en est-il de Philippe Meirieu, qui écrit, dans l’ouvrage collectif Vocation enseignant, qu’« un monde qui ne fait pas sa place aux enseignants est un monde perdu ». Mais on peut légitimement douter de la capacité de cet indéboulonnable “expert” à apporter des solutions ! « Dieu, disait Bossuet, se rit des hommes qui déplorent les conséquences dont ils chérissent les causes. »
En rupture avec cette inconséquence, il y a un moyen simple de sortir par le haut du problème de la désespérance des professeurs : il s’agit rien de moins que de leur rendre la liberté ! On le sait encore trop peu, mais il existe des professeurs qui choisissent librement leur école, leur pédagogie, leurs méthodes, leurs manuels scolaires, des professeurs qui sont soutenus par la direction de leur établissement en matière disciplinaire, que ce soit pour sanctionner ou pour récompenser, des professeurs qui jouissent de la considération des parents comme des enfants. Sur une autre planète ? À l’étranger ? Non! En France, dans les écoles indépendantes !
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