mardi 25 septembre 2018

Québec — Près de 2 millions $ pour effacer le mot « amérindien » des manuels...

Radio-Canada essaie de nuancer (justifier ?) ces rééditions qui sont bien motivées politiquement (donner plus d’importance aux amérindiens et le passage indirect des Français au rang de Seconde nation et plus de peuple fondateur ?) 

Extraits :

L’histoire a fait couler beaucoup d’encre la semaine dernière après que des médias eurent rapporté que des livres d’histoire avaient été récemment renvoyés chez l’éditeur en raison du mot « Amérindien », qui n’est généralement plus d’usage [Par qui ? Qui définit l’usage ? Quelques experts, des bureaucrates ?]. Les quatre manuels ne dataient en outre que de 2016, au moment de la réforme du programme d’histoire du secondaire.

La réédition et la réimpression des manuels — effectués en réponse aux recommandations de la Commission vérité et réconciliation — ont coûté au gouvernement 1,6 million de dollars.

« L’angle des médias donnait l’impression que c’était un caprice des Premières Nations », souligne Ève Bastien, conseillère aux communications du CEPN.

Au moins 70 changements ont été apportés aux livres, dit-elle. À la demande de Radio-Canada, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur a énuméré quelques-unes des modifications effectuées :
  • Modification des images pouvant représenter les Premières Nations de manière stéréotypée ;
  • Plus grande représentativité de la participation des Autochtones et de leur apport à la trame historique du Québec et du Canada (par exemple, ajouts de portraits ou de biographies d’Autochtones) ;
  • Meilleure prise en compte de la perspective autochtone quant à certains événements marquants, comme la période des pensionnats ;
  • Nuances à propos des alliances lors de la guerre anglo-américaine.
  • « Ce qui ressort de l’exercice de finalisation du programme d’études qui a conduit aux ajustements des manuels scolaires est une valeur ajoutée importante », indique le porte-parole du Ministère, Bryan Saint-Louis.

Radio-Canada n’a pu consulter qu’un seul des quatre livres. Il s’agit de Chroniques (des Éditions du renouveau pédagogique), publié au début de l’été pour les classes de 3e secondaire. Le manuel contient de nombreux encadrés sur l’histoire autochtone. Les termes « Autochtones » et « Premières Nations » sont employés.







Page dithyrambique sur le profond respect des « Amérindiens » pour la Terre (c’est en partie vrai, mais pas plus que le paysan européen de l’époque, peut-être moins) tirée d’un manuel ECR pourtant récent. Faudra-t-il aussi le réimprimer ?

Les commissions scolaires l’ont appris au début des vacances estivales. On leur annonçait alors que les livres neufs acquis en 2016 et 2017 lors de l’implantation du nouveau programme d’Histoire du Québec et du Canada n’étaient plus bons ; il fallait « bonifier » le contenu traitant des peuples autochtones, disait une sous-ministre. La nouvelle n’avait pas fait grand bruit. Qui oserait se plaindre ? Ce serait raciste...


Il appert que le ministère a décidé de payer de nouveaux livres d’histoire à tous les adolescents du Québec pour rayer le terme « Amérindiens ». « Les organisations scolaires ont dû récupérer les manuels de l’an passé pour les renvoyer à la maison d’édition. Et la maison d’édition a renvoyé les manuels avec les termes corrigés », raconte au Soleil le président de la Société des professeurs d’histoire du Québec, Raymond Bédard.

« Ce sont des changements de dernière minute qui ont dû être faits. Il y a eu des décisions ministérielles de dernière minute qui ont fait en sorte qu’il a fallu revoir les manuels pour des questions de terminologie », ajoute-t-il. « C’est pour les Autochtones en particulier. “Amérindiens”, ce n’est plus le bon terme. C’était le terme qui a été utilisé depuis fort longtemps, mais semble-t-il que ceux qui ont représenté les Premières Nations auprès du ministère ont décidé qu’ils ne souhaitaient plus cette appellation. »

Notons que ces représentants ne devraient pas décider de la langue française, elle ne leur appartient pas en propre. Le mot est présent dans les dictionnaires et il n’y en a pas un seul qui le dénonce. Il serait apparu en France dans les années 1930. L’O.Q.L.F. l’a officialisé en 1997. Il n’est pas péjoratif et s’intègre tout naturellement au français international. On s’étonnera de la célérité et de l’empressement du Monopole de l’Éducation du Québec pour plaire à cette police linguistique qui s’insurge comme le terme « amérindien ». Nous soupçonnons que l’insistance sur le terme Premières nations est d’abord motivée par des considérations politiques et qu’il s’agit surtout de faire comprendre que les autres (notamment les Français au Canada) font simplement partie des immigrants venus par la suite, peut-être tous à mettre dans le même sac puisque l’on ne parle plus guère aujourd’hui des deux peuples fondateurs du Canada.

Et puisque la demande de correction a été faite par le Monopole de l’Éducation, c’est le gouvernement national qui a ramassé la facture. Autour de 1,6 million $, indique le responsable des relations avec la presse, Bryan Saint-Louis, qui confirme que « les principales modifications traitent, notamment, de l’utilisation du terme “Premières Nations”, plutôt qu’“Amérindiens” ». Il affirme qu’il fallait également « mettre en valeur des perspectives autochtones et des éléments propres aux Inuits [Esquimaux] ».

Demande tardive

Le professeur d’histoire Raymond Bédard a siégé au comité-conseil ayant guidé le ministère dans la production du nouveau cours. Il rappelle que tous les intervenants ayant une opinion sur le contenu avaient pu se prononcer avant l’édition des livres.

La demande de modification terminologique est arrivée après l’approbation du programme dont la gestation a été pour le moins difficile et longue. « Il y a eu beaucoup de consultations. C’est d’ailleurs le programme où il y a eu le plus de consultations. »

« Un programme d’histoire nationale qui fasse l’unanimité de tous, c’est à peu près impossible. C’est à peu près impossible de satisfaire tout le monde. Au moins, le programme actuel […] satisfait la très grande majorité. »

« C’est un peu dommage parce qu’il y a des frais derrière cette opération-là », évalue M. Bédard. « Mais si c’est ça que ça prend pour avoir un certain consensus… On y est arrivé finalement. »

Chez lui, à la commission scolaire des Patriotes, les livres ont été livrés en août et les élèves ne lisent plus sur les Amérindiens, plutôt sur les Premières Nations.

Le changement de bouquin n’a toutefois pas été fait dans tous les établissements scolaires. À la Commission scolaire des Découvreurs de l’ouest de la capitale, des élèves auraient en main des ouvrages répercutant la vieille terminologie, selon le conseiller en communications, Alain Vézina.

Aux éditions CEC, le service à la clientèle note que le livre Les Périodes destiné à l’enseignement de l’histoire au secondaire a dû être réédité, réimprimé, puis échangé : « C’est pour le terme “Premières Nations” ».

Le vice-président de l’éditeur, Martin Vallières, soutient néanmoins qu’il y avait « plus que la terminologie » à modifier.

Le Soleil de Québec n’a pas été en mesure d’obtenir le nombre de livres à remplacer auprès du ministère de l’Éducation.

L’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador explique que le terme « Amérindiens » n’est plus d’usage. Il faut privilégier « Premières Nations », « Inuit » et « Métis ». Et pour faire référence à l’ensemble formé par ces trois groupes, il faut utiliser « Autochtones ».

Les changements ont été effectués dans le programme scolaire à la suite des recommandations émises par la Commission de vérité et réconciliation du Canada.